Ça aura pris le temps, mais Age of Empires est de retour avec un nouvel opus. Entre qualités réelles et défauts bien sentis, le titre de World’s End évolue sur le fil.
Le pont entre les époques
16 ans ont passé, mais la ferveur est intacte. Age of Empires m’a accompagné à la suite de Warcraft II dans mes premiers pas dans le STR, et je n’ai plus jamais décroché depuis. Forcément, c’est avec une certaine impatience mêlée d’appréhension que j’attendais cet Age of Empires IV.
Dès les premières minutes, on apprécie le travail sur les cinématiques. Les campagnes proposent de revivre de grandes épopées de l’histoire, notamment l’invasion de l’Angleterre par Guillaume le conquérant. World’s End a fait le choix d’associer prises de vue réelles et créations graphiques. On revient sur les terres qui ont vu se jouer les batailles d’antan, et ça me parle particulièrement puisque je me suis toujours dit en visitant des sites historiques qu’il était absolument dingues que, quelques centaines ou milliers d’années auparavant, des gens totalement différents ont foulé la terre à ces endroits pour prendre part à des événements fondateurs. Oui, je suis un nerd.
Dès les premières minutes, on apprécie le travail sur les cinématiques.
Le problème de la prise de vue réelle dans un jeu vidéo, c’est que ça peut vite donner un aspect vintage pas franchement du meilleur goût. Sauf que là ça passe très bien puisque ça prend l’apparence du documentaire, sachant que les créations graphiques restent très simples : des silhouettes dorées, fidèles au reste de la charte graphique du jeu.
Et puis il faut le dire : le jeu est beau, alors ça aide grandement. Les premières images me laissaient plutôt sceptique, mais au final Age of Empires IV n’a pas à rougir de sa plastique, bien au contraire.
Les modèles sont bien réalisés, les textures le sont tout autant et les effets fonctionnent bien. Tout ceci tourne d’ailleurs plutôt bien puisque le titre tourne sans trop tousser en 4K sur ma RTX 2080 et mon i7-9700K à 5 GHz. Le seul moment compliqué est lorsqu’on arrive assez loin dans la partie et qu’il y a beaucoup d’unités à gérer (j’ai notamment eu quelques tressautements à 8 joueurs).
À travers les âges
Age of Empires IV nous propose un retour en terrain connu. On reprend les bons vieux réflexes qui consistent à récolter de la nourriture et du bois, créer des habitations pour commencer à étendre son royaume naissant puis rapidement passer aux soldats et à l’évolution à travers les âges.
On aura ainsi droit à 3 évolutions suite au premier âge qui permettront de débloquer bâtiments, technologies et unités ainsi qu’un témoignage graphique du passage au nouvel âge : les bâtiments changeront au fur et à mesure.
Age of Empires IV nous propose un retour en terrain connu.
Le passage à un nouvel âge se caractérise par la construction d’un monument. Il y a à chaque fois le choix entre 2 bâtiments, propres à chaque civilisation. Tous donnent divers bonus qui ont tendance à grimper en puissance en fonction de l’âge. L’âge impérial, 4e et dernier de la liste, permet par exemple aux Mongols d’obtenir un édifice faisant apparaître une petite armée de cavalerie toutes les 90 secondes. Autant vous dire que ça fait mal pour les adversaires.
Toutes ces évolutions sont bonnes à prendre, il n’y a pas vraiment d’âge où l’on se dit “moui bof”. Cela permet à votre civilisation de prendre progressivement son envol tout en manifestant son évolution grâce à des bâtiments marquants qui témoignent de sa puissance grandissante.
Les technologies se montrent relativement classiques : augmentation des dégâts, des points d’armure, etc. Ça manque un peu de funk tout ça – par exemple des technologies permettant d’accéder à de nouvelles unités ou de carrément changer une unité existante.
D’une civilisation à l’autre
Age of Empires IV propose 8 civilisations pour avancer à travers les époques : Anglais, Chinois, Rus’, Dynastie des Abbassides, Saint Empire Romain, Mongols, Sultanat de Delhi et Français.
C’est le point fort du jeu : les subtilités de gameplay entre chaque peuple. Non seulement les bâtiments différent d’une civilisation à l’autre, mais en plus de ça vous aurez des unités exclusives et des façons d’appréhender une partie propres à chaque civilisation. Par exemple les Mongols ne peuvent pas construire de mur. En contrepartie ils peuvent bouger tous leurs bâtiments, en bon peuple nomade.
Les Rus’ peuvent construire des murs, mais seulement en bois. Par contre ils peuvent aussi construire des tours défensives relativement puissantes qui peuvent abriter jusqu’à 8 unités. C’est pratique notamment pour construire des camps de mineurs relativement éloignés et protéger vos villageois, qui pourront se réfugier quelque part au lieu d’être décimés par les armées ennemies.
Age of Empires IV reste très classique dans son approche du STR.
En revanche, en dehors de ces particularités, Age of Empires IV reste très classique dans son approche du STR, ce qui fonctionne plutôt correctement en PvP. On lève des armées que l’on va envoyer guerroyer, de préférence en opposant les bonnes unités. On évitera donc, comme de bien entendu, de balancer sa cavalerie contre des lanciers.
On peut même élaborer des stratégies avec par exemple des prises à revers, notamment pour aller démonter l’artillerie d’un joueur peu prudent. Parlons cependant de l’artillerie un instant : celle-ci est extrêmement puissante dès lors qu’on sort trébuchets et canons.
Autant il est jouissif de détruire des défenses et bâtiments en quelques secondes, autant cela semble un peu trop “facile”. Avec 4 ou 5 canons et une armée pour les protéger, vous avez la garantie de mettre hors d’état de nuire un adversaire ou tout du moins de le mettre dans un état d’où il mettra longtemps à se relever.
Aucun entre deux
C’est surtout vrai avec l’IA, et c’est là le gros défaut d’Age of Empires IV : jouer contre l’IA en escarmouche ne représente que peu d’intérêt. Alors je sais ce que vous allez me dire : “comme dans tous les jeux de stratégie”. Sauf qu’il y a des degrés quand même.
Ici on nous propose plusieurs niveaux de difficultés. J’ai surtout fait des parties à 7 IA (le maximum), aucune alliance, en intermédiaire et en difficile. Le constat est sans appel : en intermédiaire, considérez que vous serez tranquille tout au long de la partie. Vous pourrez ainsi arriver jusqu’à l’artillerie avec une armée bien puissance et littéralement rouler sur les adversaires à travers la carte. En gros : aucun intérêt si vous recherchez un minimum de défi, là on est vraiment sur le plaisir de construire son camp, un peu genre Sims.
En intermédiaire, considérez que vous serez tranquille tout au long de la partie. […] En difficile, c’est carrément l’inverse : vous serez agressé en permanence.
En difficile, c’est carrément l’inverse : vous serez agressé en permanence par des armées de plus en plus importantes, si bien que les camps avancés, vous pouvez les oublier. De même, il vous sera bien compliqué de maintenir une armée capable à la fois de vous défendre et d’aller attaquer les autres. D’un coup, vous devenez la bête noire de la Terre entière, et je n’exagère même pas : peu importe qu’un adversaire construise une merveille, il ne sera pas embêté. Vous par contre pendant ce temps, 3 armées vous attaqueront en même temps. On se sent un peu comme dans Inception : l’intrus dans le rêve.
Ce que je ne vous ai pas dit, c’est que maintenir une merveille pendant 20 minutes permet de gagner la partie. Donc l’IA préfère me dégommer moi, qui ne représente littéralement aucune menace parce que je ne suis pas prêt de remplir une condition de victoire, plutôt que d’empêcher une autre IA de remporter la partie, en tout simplicité. Et j’ai bien regardé la barre de vie de la merveille en question : elle a dû perdre 15% en 20 minutes.
Bilan : soit vous roulez sur tout le monde, soit tout le monde vous roule dessus. Intérêt extrêmement limité.
Comme avant
Age of Empires IV est un STR sympathique et joli. Le jeu contre l’IA est clairement l’un des moins intéressants dont j’ai fait l’expérience, le titre ne prend son envol que lorsqu’il s’agit de jouer contre d’autres joueurs humains. Même là, on retient surtout qu’il s’agit d’un jeu de stratégie agréable à défaut d’être vraiment marquant malgré l’intérêt de la diversité de ses civilisations, surtout niveau gameplay. World’s End joue la carte de la sécurité plutôt que d’essayer de construire une identité forte. Un bon moment, sans plus.
Ce qu’on a aimé :
- Agréable à regarder
- 8 civilisations bien distinctes y compris au niveau du gameplay
- Des cinématiques façon documentaires pour les campagnes
- Bonne variété de cartes
- Fidèle à l’ADN Age of Empires
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Un chouille trop fidèle à l’ADN Age of Empires
- L’artillerie est quand même TRÈS puissante, même pour du end game
- Très peu d’intérêt contre l’IA, aux fraises
- Le système de technologie mériterait d’être étoffé
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous êtes ultra fan d’Age of Empires et vous voulez retrouver Age of Empires pour une aventure assez Age of Empires mâtinée d’Age of Empires, ou tout simplement vous cherchez un RTS sympathique pour passer le temps.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous jouez uniquement en solo
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080
- CPU : Intel Core i7-9700K @5GHz
- RAM : 16 Go DDR4
- Installé sur SSD
Age of Empires IV est disponible sur PC.