Après un écart futuriste, la série Anno revient à l’essentiel avec une plongée en pleine révolution industrielle… dans le vieux comme le nouveau monde.
Touche pas à ma sœur
Après avoir reçu une lettre de votre sœur vous informant de faits graves, vous prenez la décision de rentrer du nouveau monde pour retrouver votre patrie natale : le Royaume-Uni. Votre famille est disgraciée à cause de votre père qui a osé trahir la couronne et votre oncle en profite pour vous saigner à blanc. Décision est donc prise de redorer votre blason en partant fonder une colonie avec ceux et celles restés fidèles à votre nom.
Chose relativement inédite, Anno 1800 offre un scénario intéressant qui, s’il ne casse pas non plus des briques, a le mérite de bien accompagner le déroulement de la campagne solo.
La BO, superbe.
J’ai bien apprécié cette histoire teintée de drame familiale, bien en phase avec l’époque du jeu, tout comme la BO, superbe. Il s’agit de l’élément qui m’a le plus interpellé en démarrant Anno 1800 – j’ai marqué un temps de pause devant mon écran pour écouter la musique qui, en jeu, se montre à toute épreuve : situation d’urgence, vieux monde, ancien monde…
Consommez, rendez-moi riche !
La campagne d’Anno 1800 nous laisse découvrir le jeu avec facilité, même si certains concepts mériteraient d’être un peu plus expliqués afin qu’on ne se dise pas, 10h de jeu plus tard : « aaaaahhhh donc on peut faire ça aussi, mais ça change tout ! »
On passe de petit village à grande communauté en faisant évoluer ses villageois et ses bâtiments. Tout commence avec un marché, quelques masures et les premiers outils de production qui permettent avant tout de ramener davantage de travailleurs.
Le tout est bien ficelé.
Et puis rapidement, on passe au stade suivant : des biens de consommation, de luxe, les services, etc. Le tout est bien ficelé et complètement lié aux types de population – chacun apporte son lot de bâtiments qui permettent de développer ses îles.
Expansion anno ralentir sous aucun prétexte
Car il est bien question de plusieurs îles. Une fois que vous aurez de quoi fabriquer des vaisseaux, vous pourrez aller découvrir les autres nations afin de commercer ou guerroyer avec elles. De plus, vous pourrez envoyer vos bateaux sur d’autres îles pour y construire des ports et démarrer de nouvelles colonies afin d’étendre votre empire naissant.
Et pourquoi s’arrêter à un continent ? Constituez-vous une flotte et lancez des expéditions pour remplir divers objectifs, notamment explorer le nouveau monde, ce qui vous permettra de partir à la conquête de celui-ci.
Anno 1800 a quelque chose d’exaltant dans sa découverte et conquête de nouveaux territoires.
Anno 1800 a quelque chose d’exaltant dans sa découverte et conquête de nouveaux territoires, en partie lié au fait qu’il vous faut obligatoirement jouer avec les routes commerciales pour assurer votre autonomie. Une nouvelle colonie sera bien démunie au départ, pensez à charger des ressources dans vos navires pour lui donner un coup de pouce.
Ces nouvelles colonies vous permettront aussi de récupérer des ressources introuvables sur votre île de base, ce qui bloque parfois toute une chaîne de production et peut vous empêcher de satisfaire des besoins. Or pour que votre population évolue, il faut que les habitants d’un logement (rempli à craquer) voient tous leurs souhaits exaucés. Et bien évidemment, plus la population est aisée, plus elle se montre exigeante.
Liberté de la censure
D’une manière globale, il faut apprendre à gérer le bonheur de sa population et cela se fait principalement par 2 moyens en plus des besoins de consommation : l’attrait de la colonie et le journal.
L’attrait de la colonie est déterminé par 6 facteurs tels que la pollution, la culture, etc. Plus vous aurez de charbonnières, plus la ville sera polluée, plus vous aurez d’embellissements comme des arbres, des puits, etc. plus vos colons apprécieront.
Le journal, quant à lui, peut constituer un précieux outil de propagande. Vous pouvez laisser votre rédacteur en chef totalement libre de ce qu’il écrit, quitte à ce que cela nuise à votre image ou au bonheur de votre population – cet certains chefs de faction vous admireront pour cela -, mais vous pouvez aussi user de bonus d’influence pour changer certains articles afin d’en modifier les effets. D’ailleurs, le comportement de votre rédacteur en chef à votre encontre évoluera en fonction de votre propension à censurer – le mien dit dans mon dos que je suis un gros idiot.
Le journal, quant à lui, peut constituer un précieux outil de propagande.
Ces moyens d’influer sur le bonheur sont assez sympathiques et, avec les autres, forment un set de possibilités assez complet, d’autant qu’il est aussi possible de modifier la cadence de production des bâtiments : plus vos travailleurs peuvent se la couler douce, plus ils sont heureux. On regrette cependant qu’il n’y ait pas de possibilités politiques comme des décrets ou lois.
C’est le car à Ib
Côté commerce, il faut absolument développer sa flotte pour pouvoir s’en sortir économiquement à un stade avancé du jeu. Le menu permettant de programmer les routes commerciales est très simple et permet de gérer son empire naissant en toute simplicité.
Le truc un peu déroutant, c’est que des demandes peuvent être remplies si rapidement qu’on peut se retrouver à annuler tout ce qu’on s’est cassé le fion à faire, parce qu’avant même d’avoir pu confirmer la route, il est trop tard : les demandes ont déjà trouvé réponses. Il ne faudra pas hésiter à faire pause pour éviter ce genre de désagrément et récupérer les marchés.
Mais l’aspect maritime ne se cantonne pas au commerce : il vous faudra une flotte de bateaux armés pour faire face non seulement aux factions ennemies mais aussi à ces sagouins de pirates. Ils sillonnent les mers, toujours prêts à couler l’un de vos navires. Ainsi des frégates, par exemple, peuvent escorter vos bateaux marchands, ou vous pouvez les envoyer directement assiéger les ports adverses pour essayer de récupérer une île pour votre compte.
La voie maritime est la seule possible et la variété de navires n’est pas folle.
Il aurait au passage été appréciable de pouvoir prendre les colonies adverses par d’autres moyens, par exemple débarquer des troupes sur les plages. La voie maritime est la seule possible et la variété de navires n’est pas folle – mais d’un autre côté, il ne faut pas oublier qu’on est dans la gestion plus que dans la stratégie.
Pour lancer des expéditions à travers le monde, vous aurez aussi besoin de vaisseaux, que vous chargerez avec des biens et objets afin de booster le moral des troupes et permettre certaines actions le moment venu. En effet, pour chaque expédition, vous devrez faire des choix face à des situations données, et certains seront indisponibles si vous n’avez pas satisfait les exigences au moment d’embarquer. Cela peut bien entendu conduire à limiter drastiquement vos expéditions et peut mener à des naufrages.
Messire, soyez mon garçon d’écurie
Notons enfin la possibilité de remplir des quêtes pour différentes factions ou même vos propres loyaux sujets. Les premières consistent le plus souvent à employer votre flotte (escorter une cargaison sensible, couler des mécréants, récupérer des caisses en mer…) tandis que les secondes se montrent plus… triviales. Une paysanne peut par exemple vous demander de lui trouver un mari, ou encore de retrouver son élevage de cochon. Derrière cette apparente différence, un même procédé : cliquer sur la quête dans le menu pour centrer la vue sur l’objectif, le repérer dans la foule et cliquer dessus pour boucler la quête.
Si au début ces quêtes sont un ajout sympathique qui dynamise un peu le gameplay, il devient vite rébarbatif
Si au début ces quêtes sont un ajout sympathique qui dynamise un peu le gameplay, il devient vite rébarbatif dans le cas des quêtes de vos sujets (d’autant que bon, niveau cohérence, demander à son seigneur de retrouver ses cochons, c’est au mieux pas très professionnel, au pire pas franchement cohérent).
En revanche, les récompenses sont assez intéressantes et variées. Selon ce que vous récupérez, vous pouvez donner des bonus de productivité à certains bâtiments, charger les bateaux avec quelques bonus, notamment utiles pendant les expéditions, etc.
Les eaux d’Angleterre n’ont jamais été aussi belles
Visuellement, Anno 1800 se défend très bien : le jeu est magnifique, et cette mer… La direction artistique se montre clairement au niveau, avec de très beaux décors – j’ai un petit faible pour le nouveau monde, forcément.
On prend plaisir à voir évoluer ses colonies grâce à l’évolution des bâtiments et des villes en général, qui gagnent fortement en ampleur.
Par ailleurs, les foules sont un excellent point : ça grouille de partout, et chaque sujet vit sa vie, vaque à ses occupations. Bref, c’est vivant et ça fait plaisir. Vos loyaux sujets peuvent même organiser des manifestations, pour saluer votre superbe gestion par exemple (moi j’ai eu ça, mais c’est parce que vraiment je suis un souverain exemplaire).
Tout est à portée de main, simple, intuitif et clair
L’interface est probablement ce qui m’a le plus marqué, et c’est suffisamment rare pour le noter : tout est à portée de main, simple, intuitif et clair. D’un simple coup d’œil on aperçoit le bonheur global d’une île, la répartition de sa population, les quêtes en cours et les possibilités de construction en fonction de la catégorie de population. Pour les constructions les plus courantes, un clique droit fait apparaître une roue bien pratique. Par ailleurs, tous les menus sont très compréhensibles, notamment pour les besoins et satisfactions des colons.
En revanche, en ce qui concerne les quêtes, lorsqu’il s’agit de les accepter ou de les décliner, on se retrouve uniquement avec le texte d’ambiance et il faut déplacer la vue vers le personnage concerné pour voir exactement de quoi il retourne. Pas franchement pratique. Le plus gênant, c’est quand une faction vous demande si elle peut occuper une île : vous ne savez absolument pas de laquelle elle parle et n’avez pas moyen que ça change.
Annon, vraiment ça déboîte !
Anno 1800 fait un superbe retour sur la scène du jeu de gestion. On sent l’expérience salutaire de Blue Byte. Très beau à l’oreille comme à l’œil, Anno 1800 offre de nombreuses activités à entreprendre afin de faire prospérer ses colonies. L’aspect commercial est généralement ce qui me rebute le plus, mais ici j’y ai au contraire pris véritablement plaisir. En dehors de quelques petits soucis, l’interface est exemplaire. Mon nouveau jeu de gestion favoris.
► Points forts
- Fort chouette à regarder.
- Scénario dans le ton et relativement bien écrit.
- Très bonne BO.
- Interface ultra soignée.
- Possibilité de ne pas se contenter que d’un continent.
- Les objets sont un ajout sympathique pour offrir des boosts.
- Ça vit de partout !
- Outils de gestion complets et très clairs.
► Points faibles
- Des efforts peuvent être faits sur la présentation des quêtes au moment de les accepter et les îles concernées par les demandes d’annexion.
- À la longue, les quêtes des sujets sont lassantes.
Anooo… gureatu gaimu desu ne
War Legend a bénéficié d’une copie fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080
- CPU : Intel i7-9700K @5GHz
- RAM : 16 Go
- HDD
Anno 1800 est disponible sur PC.
Achat goclécd.fr.