Moins d’un an après la sortie d’Assassin’s Creed Origins, Ubisoft dépoussière la Grèce antique avec un nouvel opus qui amène pleinement la licence vers son nouvel horizon d’action-RPG. Réussite herculéenne ou échec titanesque ? La réponse dans notre test Assassin’s Creed Odyssey.
Shut up and give me your money
Une chose est sûre : Assassin’s Creed Odyssey ne nous rapproche pas de Jésus, bien au contraire. Ubisoft nous emmène 400 ans avant les événements d’Assassin’s Creed Origins pour nous raconter l’histoire de Kassandra et Alexios, car pour la première fois dans l’histoire de la série, il sera possible d’opter pour un héros masculin ou féminin pour toute la durée de la partie. Comprenez par là que, contrairement à Syndicate, il est impossible d’alterner entre les deux personnages. Quel que soit votre choix, vous vivrez la même aventure à quelques détails près.
Étant donné que mon cœur a penché pour Kassandra, c’est son nom que nous utiliserons dans ce test Assassin’s Creed Odyssey. Kassandra est une mercenaire, ou misthios en grec, ce qui représente déjà un excellent point puisque là où on avait du mal à croire que Bayek doive réaliser n’importe quelle basse besogne du type “va me cueillir des fleurs” sous prétexte que môssieur est protecteur du peuple (aka Medjaÿ, tmtc), il est en revanche beaucoup plus crédible qu’un mercenaire, qui cherche avant tout à amasser du flouze, accepte un peu tout ce qui passe pour amarrer un yacht dans la baie de Saint-Tropez.
Kassandra a été séparée de sa famille étant petite et les événements l’amèneront bientôt à partir à la recherche de son père, entamant ainsi une odyssée dangereuse et haletante dont je me garderai bien de vous révéler les détails.
L’histoire de Kassandra m’a donné envie de connaître la suite des événements à chaque instant.
Le scénario d’Assassin’s Creed Odyssey présente une histoire de personnage plus captivante que celle de Bayek dans Assassin’s Creed: Origins. L’histoire de Kassandra m’a donné envie de connaître la suite des événements à chaque instant et les révélations apportées au niveau de la métahistoire sont un peu plus velues que dans l’épisode précédent. Je suis ressorti très satisfait de cet épisode sur le plan scénaristique, même si accrocs et ficelles narratives sont visibles sur la tapisserie du destin.
Fait important : pour la première fois, Assassin’s Creed Odyssey introduit les choix dans les dialogues, avec la promesse de conséquences sur le monde et l’histoire. Les résultats sont clairement là même s’il faut les nuancer. Pour commencer de nombreux choix de dialogue sont identiques (“où est ma cible ?” et consorts), ce dont Ubisoft aurait largement pu faire l’économie, comme j’ai fini par le faire. Même chose en ce qui concerne certains des fameux choix : trop souvent prendre une option ou une autre donne en fin de compte le même résultat. Dans cette optique, inutile de faire croire au joueur qu’il a une quelconque influence.
Côté [conséquences de choix], je dois bien l’avouer, Ubisoft m’a agréablement surpris.
En revanche, il faut souligner des conséquences bien réelles, qu’elles soient anecdotiques ou déterminantes. Lors de moments charnières, vous orienterez de manière décisive la suite de l’aventure et des événements parfois bien lointains. De ce côté, je dois bien l’avouer, Ubisoft m’a agréablement surpris.
Nom de Zeus
Le monde d’Assassin’s Creed Odyssey est riche, immense et varié. Au bout de trente heures de jeu dit “normal” (priorité sur la quête principale, quelques quêtes secondaires et lieux explorés ainsi que les fails de rigueur – à noter que j’ai parcouru le titre en mode difficile), à peine la moitié de la carte était révélée, ce qui donne une bonne idée de la vastité du jeu d’Ubisoft. Immense est bien le mot utilisé, et ce n’est pas pour rien. Les développeurs ont déclaré proposer plus qu’Assassin’s Creed: Origins, je leur accorde sans aucun problème.
Au bout de trente heures de jeu dit “normal”, […] à peine la moitié de la carte était révélée.
Les paysages sont variés, allant du volcanique aux champs de blé en passant par de superbe étendues boisées multicolores et même un peu de neige, un gros avantage offert par le choix du lieu de l’action. Le résultat est évident : on en prend plein les mirettes et l’œil du joueur n’a pas le temps de s’ennuyer.
Le moteur graphique d’Assassin’s Creed Odyssey fait des merveilles et propose des scènes détaillées de même que des panoramas à couper le souffle. Les personnages sont très bien représentés et on note un bel effort sur les expressions faciales. Vraiment, Assassin’s Creed Odyssey n’a pas à rougir si ce n’est d’orgueil. Bien entendu, il ne faut pas rêver, le nouveau titre d’Ubisoft est un monde ouvert, ce qui ne se fait pas sans concession. Avec une distance d’affichage énorme arrivent du clipping, quelques scintillements et des déchirures d’image. Plus près de nous, et c’est bien dommage, on note quelques textures bien vilaines, heureusement que l’œil est attiré par l’ensemble.
La qualité graphique se retrouve aussi dans les conflits entre Spartes et Athènes, dans lesquels vous pouvez faire un combat à la “300”, le but étant de bouffer la barre de l’adversaire jusqu’à la faire disparaître : le jeu ne bronche pas malgré l’affichage de nombreux personnages. Notons au passage que ces combats sont débloqués après avoir suffisamment diminué l’influence d’un gouvernement en place (il y a de nombreux territoires, tous disputés), vous pouvez alors choisir de vous battre pour les attaquants ou les défenseurs. Une caractéristique sympathique de cet Assassin’s Creed Odyssey mais qui peine à prouver son intérêt.
Illuminati confirmed
Ce n’est pas le tout de proposer un monde magnifique, encore faut-il le remplir. Pas de soucis à ce niveau-là puisque les fameux lieux font leur retour. Vous aurez de nombreux endroits à explorer et dans lesquels réaliser des objectifs, malheureusement toujours aussi répétitifs malgré l’ajout d’objectifs spécifiques à l’influence gouvernementale. En plus des lieux, beaucoup de quêtes secondaires sont proposées partout sur les îles grecques, pas toujours franchement passionnantes, il faut dire ce qui est, mais bien mieux intégrées que par le passé. En effet, une bonne partie de ces missions sont intégrées dans le fil conducteur du scénario, qui est en fait triple : l’odyssée de Kassandra/Alexios, la première civilisation et le Culte de Kosmos.
Le Culte de Kosmos remplit la fonction de l’Ordre des Anciens et de celui des Templiers : il agit dans l’ombre pour contrôler le monde. Bien plus généreux que l’Ordre des Anciens sur les cartes de membre (qui accordent une réduction de 10% sur celle de “Méchant titulaire”), le Culte de Kosmos rassemble de nombreux agents que vous devrez démasquer et assassiner jusqu’à déterminer qui est le Fantôme, leur grand patron. Là où les choses sont bien gérées du point de vue du jeu, c’est que beaucoup de membres sont identifiables grâces à des indices trouvés dans le monde ou sur leurs collègues, mais une partie est reliée à plusieurs quêtes secondaires qu’on prend soin de ne pas vous indiquer. Autrement dit, vous démarrez une quête secondaire comme n’importe quel autre et là paf ! Un indice sur l’identité d’un membre du Culte. Ce genre de truc ça vous tombe sur le coin de la tronche.
On a clairement le sentiment que les quêtes secondaires, tout du moins une partie, ont une réelle importance.
La conséquence directe est qu’on a clairement le sentiment que les quêtes secondaires, tout du moins une partie, ont une réelle importance et, de fait, on prend plus de plaisir à les faire que s’il s’agissait du rab de la cantine – je n’ai jamais rechigné à aller cherche du rab, mais vous voyez ce que je veux dire. Les quêtes secondaires peuvent en fait être listées selon trois catégories :
- Membres du Culte de Kosmos
- Informations supplémentaires
- Tâches à la con
Pour la dernière catégorie, je ne vous fais pas de dessin. Avec un monde aussi grand, il était quasi certain qu’il y aurait du remplissage – et Kassandra a beau être une mercenaire, franchement parfois… Malgré tout, les deux autres catégories sont vraiment intéressantes et ne se présentent pas comme tel. Autrement dit vous ne saurez pas nécessairement en abordant un personnage que sa quête vous mènera – parfois plusieurs missions plus tard – à la révélation d’un agent du Culte. “La vie c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur qui on va tomber” – Socrate.
Le seul gros soucis du déroulement de l’aventure, ce sont ces moments de flottement où vous n’avez pas le niveau nécessaire pour entreprendre la prochaine quête principale et où vous devez farmer les missions secondaires.
Le seul gros soucis du déroulement de l’aventure, ce sont ces moments de flottement où vous n’avez pas le niveau nécessaire pour entreprendre la prochaine quête principale et où vous devez farmer les missions secondaires. C’est un peu comme les choux de Bruxelles avant ton plat préféré : ça gave (je tiens à préciser que je n’ai rien contre les Belges ; tenez, j’ai de très bons amis belges). C’est particulièrement vrai pour les arcs narratifs de la première civilisation et du Culte du Kosmos qui réclament sur la fin un niveau bien plus élevé que l’odyssée.
En parlant de flottement, mentionnons le retour de la navigation. Sympathique au plus, elle se révèle être une tannée lorsqu’il faut rallier une île lointaine et que l’on doit se contenter d’attendre que ça se passe, un peu comme un départ en vacances le week-end du 15 août. L’essentiel de ces phases consiste à viser et tirer puis se mettre à couvert des tirs ennemis. Mouais. L’intérêt est un poil relevé par l’abordage, qui n’a toutefois rien à offrir de plus qu’une séquence à terre. On note la possibilité d’améliorer son navire, de nommer des lieutenants et de customiser son équipage. Ça ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, comme vous pouvez le constater – l’objectif est clairement de faire plaisir aux fans de cette caractéristique tant aimée dans Black Flag.
Gravure de mode
Dans notre test d’Assassin’s Creed: Origins était soulignée la demi-mesure de ce jeu sur beaucoup de plans, ce qui sous-entendait que le virage serait pleinement effectué dans Assassin’s Creed Odyssey. C’est effectivement le cas et je vous mentirais si disais que ça ne fait pas du bien. La nouvelle mouture de la célèbre licence a amélioré son système de loot et d’équipement. Il n’est pas encore parfait mais est déjà bien plus satisfaisant que celui de son prédécesseur. Exit les simples costumes pour habiller son assassin, chaque partie du corps dispose enfin d’un élément d’armure distinct comprenant statistiques et bonus.
De plus, les loots évoluent avec vous, terminés donc les coffres vous octroyant une vieille lame pourrie, vous vous retrouverez quoi qu’il arrive avec quelque chose de décent, et bien souvent suffisamment intéressant pour que vous ouvriez votre inventaire. Le petit manquement se situe du côté de l’uniformité : dans la plupart des cas, tel niveau de rareté correspond à tel niveau de statistiques. Autrement dit trois armes grises de niveau 5 feront exactement les mêmes dégâts, de mêmes que trois lames bleues de niveau équivalent. Ça manque un peu d’aléatoire tout ça.
Exit les simples costumes pour habiller son assassin, chaque partie du corps dispose enfin d’un élément d’armure distinct comprenant statistiques et bonus.
En revanche, il est possible d’améliorer ses équipements chez un forgeron pour les amener au niveau du joueur, ce qui permet de se constituer une belle collection de sets légendaires. On note aussi la présence des gravures qui permettent de conférer un bonus supplémentaire et améliorable à chaque pièce d’équipement. En gros, la personnalisation est bien au rendez-vous, d’autant qu’elle se retrouve aussi du côté des aptitudes et donc du style de jeu.
Pour récolter du nouvel équipement, vous pourrez éliminer des mercenaires lancés à vos trousses. Plus vous en tuerez, plus vous grimperez d’échelons, ce qui augmentera le niveau de récompense que vous pourrez obtenir. S’ajoutent à cela des contrats que vous pouvez récupérer sur des tableaux d’affichage disséminés dans le monde et qui vous permettent de récolter notamment une monnaie unique permettant d’acheter des équipements qui le sont tout autant.
Impossible de parler de monnaie unique sans évoquer le fameux magasin, dont on ne se prive pas de vous vanter les mérites dans les astuces des écrans de chargement. Vous pouvez donc acheter des costumes supplémentaires ou, chose que je trouve toujours aussi profondément ridicule, des time savers, qui permettent en fait après avoir acheté le jeu, d’acheter de la progression rapide dans celui-ci. Certes ce contenu n’est pas envahissant, mais il est là.
Il a beaucoup de talent
Trois arbres de talents composent les compétences disponibles dans Assassin’s Creed Odyssey :
- Chasseur
- Guerrier
- Assassin
Ces capacités ont un réel intérêt et impact sur le gameplay. Entre le déluge de coups de la branche guerrier, les assassinats enchaînés façon La Terre du Milieu: l’Ombre de la Guerre de celle de l’assassin et la pluie de flèches du chasseur, il y a de quoi s’adapter à toutes les situations ; et ce ne sont pas les seules compétences intéressantes, loin de là. À chaque branche correspond un niveau de dégâts qui s’améliore en fonction de l’équipement de l’investissement réalisé dans les compétences. Si vous êtes plutôt combat en face à face, libre à vous de dépenser tous vos points du côté guerrier, en ce qui me concerne j’ai choisi la voie de l’assassin, non sans raison.
Prenons un instant pour parler des mercenaires. Kassandra n’est pas la seule à exercer la profession et vous ferez très rapidement la connaissance de ses collègues qui présentent une caractéristique somme toute intéressante : ils veulent vous égorger. Ubisoft a ajouté de la profondeur au gameplay d’Assassin’s Creed Odyssey avec eux, tout simplement parce que si des témoins vous voient voler ou tuer, cela remplira progressivement une barre au bas de l’écran. Celle-ci est graduée par 5 casques, chacun correspondant à l’arrivée d’un mercenaire sur vos talons.
Et quand je dis “sur vos talons”, je n’exagère pas. À n’importe quel moment, si vous êtes repéré à un endroit où vous ne devriez pas être ou bien si vous commettez un délit/crime devant témoin, ils débouleront pour vous maraver la tronche. Ça peut être pendant l’attaque d’un fort, ça peut être pendant un combat de boss lors d’une quête (même principale). Fais-moi mal, Johnny,
Assassin’s Creed Odyssey redonne de l’intérêt au concept phare de la série
Pourquoi vous parlé-je de ces joyeux drilles ? Tout simplement parce qu’ils peuvent faire de votre vie un enfer et renverser en un clin d’œil une situation. Je parle en (profonde) connaissance de cause. Aussi ai-je choisi la voie de l’assassin, pour augmenter considérablement mes chances de nettoyer des camps entiers sans me faire repérer. En ce qui me concerne, Assassin’s Creed Odyssey redonne de l’intérêt au concept phare de la série.
Jusqu’ici et depuis bien longtemps, se faire repérer n’avait pas d’importance : il suffisait de se tailler un chemin à travers les ennemis. À présent (je répète que j’ai effectué le jeu principalement en mode difficile, bien entendu le mode normal change la donne, sans parler du mode facile), se faire repérer est meurtrier. Il est beaucoup plus difficile de tenir face à trois ennemis, alors si des mercenaires avec des compétences et de grosses barres de vie déboulent…
Cela faisait une éternité que je n’avais pas pris soin de cacher les corps ou de planifier mes attaques et purée, que ça fait du bien. D’autant que les dégâts d’assassinat sont rarement suffisants pour tuer les capitaines et autres personnages élites, les développeurs ont eu la bonne idée d’intégrer une compétence d’assassinat critique, ce qui permet de booster les dégâts, à condition de rester appuyer sur la touche correspondante. Autant dire qu’il vaut mieux ne pas se faire gauler pendant l’acte.
Les combats en eux-mêmes sont également beaucoup plus intéressants qu’auparavant. Il n’est plus possible de maintenir la touche de parade enfoncée, vous êtes obligé de déclencher une parade au bon moment ou bien d’esquiver – si vous réalisez une esquive pile au bon moment, le temps ralentit. Le dynamisme qui en découle enfonce le clou concernant la réussite du gameplay de ce nouvel opus. Qu’il s’agisse d’assassiner ou de combattre on s’éclate, car la facilité absolue n’est plus le dogme en place (merci).
Voyage initiatique
Assassin’s Creed Odyssey redonne ses lettres de noblesse à la licence, que c’est bon ! Il reste du chemin à parcourir mais Assassin’s Creed Odyssey constitue en ce qui me concerne le meilleur opus auquel j’ai joué depuis longtemps, si ce n’est le meilleur de la série. Le contenu est énorme et propose beaucoup à explorer. Si l’on regrette les quêtes secondaires de remplissage, on ne peut que saluer celles qui apportent une vraie valeur ajoutée au titre ainsi que des choix aux conséquences très concrètes proposés aux joueurs. Visuellement magnifique, scénaristiquement haletant (même si ça s’essouffle un peu sur la fin de l’odyssée), Odyssey propose en plus un gameplay enrichi et renoue avec le concept d’assassinat sans pour autant trop contraindre le joueur qui dispose de voies de recours s’il se retrouve comme un lapin pris dans les phares d’une voiture. Ce qui était rébarbatif dans Origins est ici bien intégré et donne une vraie vision du nouveau visage de la licence. Je terminerai en disant qu’Odyssey assume enfin réellement le mysticisme de la série, sans en dire davantage pour ne rien vous spoiler. Assassin’s Creed Odyssey est très bon, montre à Ubisoft qu’il va dans la bonne direction.
Voilà, c’est ça qu’on attendait
War Legend a bénéficié d’une copie PS4 Pro fournie par Ubisoft.
Assassin’s Creed Odyssey est disponible sur PS4/Pro, XB1/X et PC.