Assassin’s Creed Origins signe le retour de la licence d’Ubisoft après deux ans d’absence. Attendu comme le renouveau de la série, cet opus offre effectivement de belles perspectives mais il reste de la route à faire pour la confrérie des assassins.
Une intrigue qui vous rappellera un bon souvenir d’Italie
Origins se propose de vous ramener à l’origine de l’organisation qui fait depuis bien longtemps face aux templiers. Vous n’incarnez désormais plus un joueur ou un employé d’Abstergo ou que sais-je (merci, sincèrement) en vue à la première personne mais Layla, une femme qui n’est pas vraiment dans les petits papiers des Templiers, ce n’est rien de le dire. Dans une grotte, elle s’est fabriqué son propre Animus perso – ça force le respect – et celui-ci lui permet de visiter la mémoire génétique de personnes qui ne constituent même pas ses ancêtres. Autrement dit, un outil d’information extrêmement puissant ; et celui-ci vous permet de revenir à l’époque de l’Egypte ancienne, alors dominée par le macédonien Ptolémée Ier
Vous vous retrouvez dans la peau de Bayek et l’aventure démarre sur les chapeaux de roue puisque vous assassinez d’emblée l’un des personnages marqués d’une sombre conspiration qui a par le passé assassiné votre fils. Vous aurez aussi l’occasion d’incarner parfois Aya, la femme de Bayek, notamment pour des batailles navales qui rencontrent toujours le succès depuis Black Flag.
Cette histoire ne manquera pas de vous rappeler ce bon vieux Ezio Auditore. On sent un peu la volonté des développeurs de renouer avec le second opus de la licence – généralement le favori des fans -, son héros désirant lui aussi venger sa famille en assassinant les responsables dans la hiérarchie du Vatican. Mais ici, il n’est pas encore question de Templiers et d’Assassins mais de l’Ordre Ancien et des deux parents assoiffés de revanche. Votre traque vous amènera donc à parcourir les déserts d’Égypte et à tuer tout votre soûl.
Le scénario du personnage en lui-même est sympathique sans être criant d’originalité – de fait – mais c’est surtout la narration qui fait sa force. Auréolée de mysticisme, l’histoire de Bayek est agréablement mise en scène. On regrette en revanche que les missions secondaires ne soient pas un peu plus originales : ramassez des bottes de foin puis tuez tel type, trouvez tel péquenot puis tuez-le, et ainsi de suite, toujours suivi de “tuez-le”. Ces missions secondaires sont de fait peu intéressantes pour les histoires qu’elles racontent et c’est un peu dommage, mais il s’agit du prix de la quantité, car celle-ci est bel et bien là : il y a pléthore de missions à réaliser dans le très grand territoire qui vous est proposé.
Le scénario du personnage en lui-même est sympathique sans être criant d’originalité mais c’est surtout la narration qui fait sa force
Le personnage de Bayek en lui-même est plutôt bien constitué et sa tendance à aider tout le monde (ramasser les bottes de foin, tout ça, vous vous rappelez ?) est même expliquée par le fait qu’il est un medjaÿ, soit un protecteur de la royauté mais aussi du peuple. Malgré cela, on ne pourra pas s’empêcher de trouver parfois curieux que, malgré son empressement et sa soif de vengeance, il cède à la moindre requête, parfois en ayant opposé une maigre résistance de type : “non je le ferai pas”, “alleeeeeeezzzz, steuuppléééé”, “bon d’accord”. Le doublage est très bon et ne souffre que de rares faiblesses.
Les autres personnages profitent également d’un bon jeu d’acteur dans la globalité. Sur la quête principale, il aurait été souhaitable d’avoir un peu plus de cohérence sur les fameux personnages masqués que l’on cache : pour des gens qui agissent dans l’ombre et dissimulent leur identité, ils sont décidément très faciles à trouver. Rien de bien méchant toutefois, notez bien.
Du sable à perte de vue
Ubisoft a décidé de vous gâter avec cet Assassin’s Creed. La modélisation est comme d’habitude irréprochable, avec un monde ouvert tout simplement superbe et criant de vérité ; on ne peut que saluer bien bas le travail des designers de chez Ubi et on comprend sans problème que l’usage des Assassin’s Creed puisse aller jusqu’à l’éducatif via la découverte des pays mis en scène. Les paysages vous décrocheront la mâchoire et les détails sont au rendez-vous jusque dans les costumes et les pellicules de sable qui s’envolent du haut des pyramides – je vous recommande un coucher de soleil du haut de la pyramide de Gizeh, vous m’en direz des nouvelles.
Les animations sont plutôt soignées même si les personnages secondaires font toujours un peu plastique (dans un monde ouvert aussi gigantesque, il faut savoir choisir ses batailles en tant que développeur). Je précise au passage que sur la version testée, sur PS4 Pro, ce jeu fourmillant de détails tournait comme un charme, avec quelques rares baisses de framerate, et jamais au mauvais moment (en combat, par exemple).
La modélisation est comme d’habitude irréprochable, avec un monde ouvert tout simplement superbe et criant de vérité.
Mais que faire avec tout ce sable, Guy ? Eh bien ne vous inquiétez pas puisqu’il y aura largement de quoi faire. Vous ferez rarement plus de trois cent mètres sans trouver quelque chose à vous mettre sous la dent : régulièrement, des donneurs de quête se tiendront sur votre chemin mais les développeurs ont aussi eu la bonne idée de proposer de nombreux lieux à visiter, chacun proposant des objectifs qui raviront le joueur et la joueuse avide de tout compléter.
Ce que l’on regrette au final, c’est la redondance de ces éléments : pour les lieux, il s’agit toujours de cibles à assassiner et de trésors à trouver ; pour les missions secondaires, presque tout se finit invariablement par assassinat et/ou combat. C’est Assassin’s Creed me direz-vous, c’est dans le titre. Certes, mais un peu de variété n’a jamais fait de mal à aucun jeu. Malgré tout, la fluidité du personnage et le plaisir qu’on éprouve à s’infiltrer en allant de cible en cible (au passage, pitié Ubisoft, il est grand temps de faire un travail plus en profondeur sur l’IA) font que ce titre garde un goût de reviens-y. On aurait juste aimé être plus happé par ce titre qui nous a tant promis.
Pour résumer, vous aurez toujours quelque chose à faire, et même si la redondance provoquera des temps de pause, vous y reviendrez toujours avec plaisir.
Frustration
Oui, frustration car Ubisoft a une fois de plus tout mis dans la quantité au niveau du gameplay et la qualité au niveau du visuel. Le problème côté gameplay, outre la redondance déjà évoquée, est qu’Assassin’s Creed Origins ne va pas assez loin. Lors de l’E3 2017, Yves Guillemot nous a présenté avec fierté le système de loot et de stats aléatoires. Enfin, un vrai changement dans AC, et qui semble en fin de compte constituer une évolution naturelle.
Plus besoin d’aller chez le forgeron, c’est dans vos pérégrinations que vous trouverez votre équipement. Enfin vos armes. Oui car les tenues cosmétiques sont conservées – vous ne pouvez pas, à la manière d’un action RPG tel que Dark Souls ou Diablo, changer vos éléments d’armure. Le potentiel était pourtant tellement grand pour un jeu tel qu’Assassin’s Creed, la déception ne l’est que plus.
Espérons simplement qu’Ubisoft affinera ce potentiel, et pas seulement dans le prochain jeu.
Mais ne boudons pas les armes, qui sont nombreuses et proposent des attaques de puissance plutôt sympathiques. Vous aurez ainsi des épées, épées courbes, lances, sceptres, etc. de même que des arcs et la traditionnelle lame d’assassin. Quelques équipements (permanents) dont la fameuse lame peuvent être améliorés (boostant vos stats au passage) grâce à des matériaux à trouver un peu partout.
Plutôt sympathique sans être indispensable. Concernant les armes et le système de loot, ce n’est pour l’instant pas aussi intéressant que les autres titres du même style. En effet, même s’il existe plusieurs degrés de rareté, on trouve tout de même en très grande majorité des équipements aux stats relativement similaires à ce que l’on porte déjà. Je ne retrouve pas pour le moment ce petit frémissement au moment d’ouvrir un coffre. Mais l’intention est bonne et AC va clairement dans la bonne direction. Beaucoup – dont moi – seront déjà contents de ce que propose Origins. Espérons simplement qu’Ubisoft affinera ce potentiel, et pas seulement dans le prochain jeu.
Par ailleurs, vous pourrez aussi explorer des tombeaux (dont les très célèbres pyramides) à la manière d’un Tomb Raider et vous pourrez y trouver des trésors. Ces séquences à la torche apportent un peu de variété mais malheureusement, une fois encore le potentiel est sous-exploité. Ubisoft aurait dû pousser le “vice” plus loin en allant complètement dans la direction d’un Tomb Raider avec des énigmes, des acrobaties et, surtout, dans compétences/armes uniques et fort utiles à récupérer au bout.
En l’état actuel, ils constituent des ajouts sympathiques qui auraient pu apporter plus au titre. La frustration se retrouve aussi du côté des combats, bien plus agréables et naturels qu’auparavant mais pourtant bateaux car plutôt faciles : il s’agit principalement de spammer la touche d’attaque, mis à part quelques coups puissants pour briser la garde d’un adversaire.
Dommage car les échanges d’attaques paraissent plutôt naturel (de même au passage que le parkour, qui n’a jamais été aussi facile et réaliste). Malgré tout, c’est à l’image du reste : un bon potentiel, voire très bon, à creuser. L’inspiration est Dark Soulsienne et Ubi aurait dû aller au bout du délire. Là, on comprend clairement que le but premier a été de ne pas frustrer le joueur outre-mesure en lui imposant des combats plus poussés, mais le résultat à la longue est bel et bien la frustration.
Et si on arrêtait de vouloir faire dans l’homogène ?
Au passage : toutes les idées des autres jeux Ubi ne doivent pas forcément se retrouver à travers tous les titres Ubi. La vision d’aigle a été remplacée par un aigle qui fait plus ou moins le job de l’appareil photo de Far Cry en repérant les ennemis et points d’intérêt, sauf qu’il nous est demandé de le ressortir à CHAQUE FOIS qu’on approche d’un objectif. Rébarbatif et inutile. D’autant qu’à la longue, une fois qu’on a pris le coup de main, on se contente véritablement de deux ou trois coups de joystick pour isoler la cible. Il aurait été plus intelligent de le proposer avec parcimonie, notamment pour les prises de lieux, quitte à trouver un autre système pour les autres quêtes ou donner directement l’endroit exact ou se rendre.
Ressortir [l’aigle] à CHAQUE FOIS qu’on approche d’un objectif. Rébarbatif et inutile.
Avant de passer à la conclusion, soulignons qu’Ubisoft a avancé qu’Origins contiendrait de loot boxes mais les a présentées comme un moyen de dépenser l’argent du jeu qu’on avait en rab. Ah, l’art de la communication… Assassin’s Creed Origins propose un magasin directement en jeu, dans lequel il est possible de dépenser de l’argent tout à fait réel pour obtenir non seulement des drachmes (monnaie du jeu) mais aussi des packs de matériaux d’artisanat, des équipements… la totale. Ces loot boxes sont donc bel et bien les mêmes que celles de l’Ombre de la Guerre.
Ah, et il est bien sûr possible d’acheter ce qui est catégorisé comme des “Time Savers”, autrement dit des points d’aptitude, des boosts, inutile de faire la liste complète, cela permet pour ainsi dire de boucler le jeu sans avoir l’expérience prévue à l’origine par les développeurs. En gros, c’est pour terminer le jeu en ne faisant que la quête principale. Nous n’aurons de cesse de le répéter : les microtransactions dans les jeux vidéo sont un procédé toxique à éradiquer, surtout quand on met bien en avant la touche pour accéder au fameux magasin directement dans le menu du joueur – qu’il va consulter incessamment.
Pas le renouveau attendu, mais un renouveau quand même
Malgré les quelques défauts avancés, gardez bien en tête que dans tous les cas, l’idée sous-jacente est : “mais c’est bien quand même”. Fâché depuis quelques années avec la direction prise par la licence, je suis certes déçu qu’Ubisoft n’ait pas voulu pousser le bouchon plus loin dans ces différents domaines (une année de développement supplémentaire aurait-elle été si impossible à tenir ?), mais je suis content que ces changements aient été amorcés. Origins est loin d’être une révolution, mais c’est une continuité qui a le mérite de faire de nouvelles propositions. Notez au passage que j’ai certes pu observer quelques bugs (sur une telle production, très honnêtement, c’est largement acceptable) mais rien de commun avec le lancement d’un Unity, pour ne citer que lui.
Les graphismes et la direction photo sont à couper le souffle, le système de loot apporte une fraîcheur bienvenue, même si on aurait espéré un blizzard avec plus de trouvailles incroyables et surtout des éléments d’armure à looter plutôt que des skins tout faits, le combat est dynamique, naturel et boosté, même s’il fallait pousser le bouchon plus loin et ne pas avoir peur de bousculer un peu le joueur pour le rendre vraiment intéressant et moins redondant.
En définitive, Assassin’s Creed Origins est un bon jeu, apporte des améliorations bienvenues et vous aurez plaisir à le faire, mais il ne constitue pas un si grand renouveau que cela. Pour ma part, il est parvenu à renouveler mon intérêt pour Assassin’s Creed, pourtant usé jusqu’à la moelle depuis des années. Si vous avez suivi la licence depuis tout ce temps, AC Origins ravivera la flamme, bien mieux que ses prédécesseurs, si vous êtes nouveau, c’est un excellent point de départ.
► Points forts
- Graphismes et direction photo magnifiques
- Des combats plus naturels et fluides
- Contenu dantesque
- L’histoire de Bayek, teintée de mysticisme et très bien mise en scène
- Le retour d’un vrai personnage pour la méta-histoire : Layla
- Possibilité de looter les armes
- Tant à explorer
- Bon doublage
► Points faibles
- Quitte à faire un système de loot, autant aller jusqu’au bout
- Quitte à faire des tombeaux à la Tomb Raider, autant aller jusqu’au bout
- Quitte à s’inspirer de Dark Souls pour les combats, autant aller jusqu’au bout
- Pollution des microtransactions
Nouveau départ
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse PS4 offerte par Ubisoft. Testé sur PS4 Pro.
Assassin’s Creed Origins est sorti sur PC, PS4/Pro et Xbox One/X.
Assassin’s Creed Origins est disponible sur GoCleCd (PC) et Amazon (PS4/XB1).
Je dois avouer que c’est celui qui me tente le plus depuis le 2e opus de la licence. Dans quelques mois p-e que j’y taterai un peu ^^
Black Flag etait pas mal du tout. Ca se check
"Assassin’s Creed Origins propose un magasin directement en jeu, dans lequel il est possible de dépenser de l’argent tout à fait réel (…) . Ces loots boxes sont donc bel et bien les mêmes que celles de l’Ombre de la Guerre. (…) Nous n’aurons de cesse de le répéter : les microtransactions dans les jeux vidéo sont un procédé toxique à éradiquer, surtout quand on met bien en avant la touche pour accéder au fameux magasin directement dans le menu du joueur ."
Hop ! cette partie est suffisante. Mettons donc les bonnes paroles en acte et refusons de faire la promo de ces jeux et ne le achetons pas , ne les jouons pas , si l’on veut que ça cesse..
Sinon c’est être complice et c’est un choix de consommateur, l’industrie aura beau jeu ensuite de dire sa petite hypocrisie : "nous répondons a a la demande, la preuve nous avons du succès"…