Bayonetta revient sur Nintendo Switch et ça fait du bien. L’excellente série de Beat’em up développé par Platinum Games se voit portée dans sa totalité sur Switch alors que Nintendo possède les droits exclusifs du deuxième épisode. Que vaut cette nouvelle mouture des aventures de la sulfureuse sorcière de l’Umbra sur la petite console hybride ?
Ma sorcière bien-aimée
À peine l’excellent Bayonetta sorti en 2009, son créateur Hideki Kamiya (Devil May Cry) et Platinum Games planchaient déjà sortir un deuxième épisode. Malheureusement, vu les ventes en demi-teinte de Bayonetta et l’aspect niche du genre, aucun éditeur ou constructeur de console n’a voulu aider à financer la fin du développement du titre qui s’est compliqué au fil du temps.
Nintendo rentre en scène, signe un contrat d’exclusivité pour sa Wii U déjà en manque cruel de jeu et se voit doté en 2014 d’un soft qui tutoie le septième ciel, assez surprenant pour l’univers Nintendo, et qui a immédiatement gagné un statut culte. Nouvel échec, mais cette fois, c’est le faible parc de la Wii U à l’époque qui est fautif. Le jeu trouve donc preneur, mais uniquement chez les rares utilisateurs de la console de Nintendo et fait de nouveau un four. Mais bon, il fallait au moins ça pour pouvoir inclure l’héroïne au dos le plus cambré du monde du jeu vidéo dans un jeu Super Smash Bros.
Assez surprenant pour l’univers Nintendo, le jeu a immédiatement gagné un statut culte
La Switch aujourd’hui, en revanche, fait un carton. Bien décidé de porter tous ses bons jeux Wii U injustement boudés sur sa dernière console hybride, il était tout naturel que Bayonetta reçoive une réhabilitation digne de ce nom pour une série qui mérite enfin l’approbation du grand public. Et nom d’une sorcière au bûcher qu’est-ce que ça fait du bien.
Sorcière russe
Comme à l’époque sur Wii U, tous les possesseurs de Bayonetta 2 recevront un code de téléchargement pour le premier épisode. Le test ne s’attardera pas sur ce dernier puisque, s’il reste un excellent jeu qui mérite bien plus d’attention qu’il a reçu lors de sa sortie d’origine, le deuxième épisode est bien meilleur en tout point tout en restant très proche au niveau des mécaniques de jeu. La direction artistique a beaucoup muri et la mise en scène est encore plus ouate ze feuque.
Cependant, si votre premier réflexe est de mettre la cartouche de Bayonetta 2 dans votre Switch et de le lancer à peine revenu de votre magasin de jeu préféré ou de votre boîte aux lettres, il est conseillé de télécharger et de jouer au premier titre si vous n’y avez jamais touché. Pas pour son histoire qui en fait inutilement des tonnes, mais parce que le premier épisode vous paraîtra bien fade après avoir joué à Bayonetta 2. Ce qui serait vraiment dommage, vu ses réelles qualités qui ont juste un peu mal vieilli en comparaison. Promis, le plaisir n’en sera que décuplé.
Effeuillage burlesque en technival
Suite directe du premier épisode, Bayonetta 2 reprend là où la narration s’est arrêtée. Alors que les anges ont retrouvé la trace de Bayonetta, cette dernière perd le contrôle d’une de ses invocations démoniaques pour d’obscures raisons. Au milieu du chaos, son amie Jeanne perd son âme et part tout droit en enfer. Pas démontée, Bayonetta cherchera à tout prix à la récupérer et voyagera jusqu’aux portes de l’Inferno. C’était sans compter sur des hordes d’anges, bien décidés à lui barrer la route, et l’apparition d’un ancien ordre lié aux sorcières de l’Umbra censé avoir disparu.
Bon, la narration à la japonaise n’est jamais vraiment très claire et l’histoire est brouillonne pour pas grand-chose. Cependant, la mise en scène et les cinématiques sont de hautes volées et le caractère de femme forte de la sorcière donne du relief au personnage, où le joueur moyen se limitera à juger sa manière d’enchaîner les poses lascives (sans compter tous les sous-entendus sexuels). Encore plus que le premier épisode, Bayonetta n’est jamais vulgaire, parfois élégant et la direction artistique de ce deuxième volet est encore plus intéressante que le premier épisode tout en conservant quelques codes. Le relooking de l’héroïne a été justifié par la chara-designeuse par le fait que Bayonetta aime changer de style, puisque très coquette et libérée. Absolument tout est dosé et calibré, jusqu’au moindre détail.
La mise en scène et les cinématiques sont de hautes volées et le caractère de femme forte de la sorcière donne du relief au personnage.
Pieds et mains armés
Fort de l’expérience d’Hideki Kamiya et de l’amour du Beat’em up par Platinum Games, Bayonetta est aussi agréable à prendre en main qu’à regarder. À l’image de son héroïne, le système de combat à la fois subtil et rentre-dedans demande au joueur une attention de tous les instants, de l’expérimentation et un certain temps d’adaptation pour être maîtrisé. Avec des combos à rallonge et la possibilité de changer d’armes à la volée, devenir bon à Bayonetta est une récompense à la fois pratique et sensorielle. Maîtriser les esquives temporelles est primordial pour faire un maximum de dégâts et ne pas trop perdre de score. Si le jeu n’est pas très dur en étant un minimum concentré, ce dernier commence réellement quand le joueur décide de vouloir être le plus efficace possible en combat. Les esquives de dernière seconde et les combos qui vont bien (selon le type d’ennemi et les situations) deviennent une seconde nature et la fluidité du combat qui en découle se transforme en un plaisir de jeu immédiat.
À l’image de son héroïne, le système de combat à la fois subtil et rentre-dedans demande au joueur une attention de tous les instants.
Outre les combats ultra-jouissifs avec un peu d’entraînement, c’est surtout la mise en scène à leur service qui surprend dans Bayonetta. Avec des niveaux légèrement plus ouverts que le premier opus, chercher des objets cachés reste tout à fait banal, mais quand d’un coup un énorme monstre ange explose le décor pour mieux vous attraper et sans crier gare, ça part vite en grand n’importe quoi. Si certaines cinématiques peuvent être longues, l’action enchaîne très régulièrement sans aucun temps mort. Il arrive même que certaines cinématiques soient elles-mêmes le début d’un combat. On peut passer d’un simple groupe d’ennemis à un boss immense puis à combattre dans les airs façon DBZ à cent mètres du sol dans la même scène, et impossible de pouvoir prédire ce qu’il va se passer à l’instant suivant. Bayonetta 2 surprend tout le temps et en permanence.
Quand ce n’est pas le rythme effréné qui tient le joueur en haleine, c’est le gameplay flexible qui scotche au canapé (ou dans le siège du métro, dans le cas échéant). Force du premier épisode, on retrouve cette imprévisibilité de la mise en scène. Par exemple, un ange volant géant débarque et crée un tourbillon d’eau qui détruit tout sur son passage. Au-delà de la gratuité de la scène de destruction, Bayonetta se retrouve à surfer avec un pan de mur sur un des versants du tourbillon, tout en combattant le monstre. Plus tard dans un même combat, le joueur jongle entre un combat classique avec un ennemi unique et un autre où il contrôle directement une invocation géante, façon combat de Kaiju, ce qui change le gameplay instantanément et sans temps morts.
Quand ce n’est pas le rythme effréné qui tient le joueur en haleine, c’est le gameplay flexible qui scotche au canapé.
Ces rushs d’adrénaline, Bayonetta 2 en a plein sa besace tout le long de la dizaine d’heures qu’il faut pour boucler une fois l’histoire, et aucun ne se ressemble. Les chasseurs de score seront aux “anges” puisqu’un titre comme Bayonetta 2 s’adressera directement à eux, grâce à un système de médailles qui évalue vos performances au combat et à des combats cachés, qui ne demandent qu’à être découverts. Des modes de difficultés supplémentaires sont également à débloquer.
A Switch ? Burn, burn !
Bon, pour l’instant on ne fait que confirmer les qualités qu’avait Bayonetta 2 à son époque en 2014, mais cette version Switch, que vaut-elle ? Et bien, ce portage Switch est tout bonnement excellent.
La version Wii U tournait en 2014 en 720p à 60FPS. Seulement, le moteur retravaillé du premier Bayonetta n’était pas parfaitement optimisé et connaissait quelques ralentissements parfois gênants selon certaines scènes. Sur Switch, ces ralentissements ont disparu. Si le jeu n’est toujours qu’en 720p que ce soit en mode télé ou portable, le jeu reste d’une fluidité sans faille. Quelques ralentissements dans les quelques niveaux semi-ouverts sont à déplorer en mode portable, mais à part ça, rien à signaler.
Niveau jouabilité, il faut tout de même être honnête et avouer que de longues sessions avec les Joy-cons peuvent faire mal aux mains selon votre niveau de crispation sur les commandes. Rien de méchant, même si on ne peut que conseiller l’utilisation d’une manette pro.
Si le jeu n’est toujours qu’en 720p que ce soit en mode télé ou portable, le jeu reste d’une fluidité sans faille.
Les amiibos sont également supportés et chacun qui sera présenté au lecteur NFC de votre Joy-con pourra donner des Halos au joueur, jusqu’à 32 par jour. Si l’on peut y voir une certaine forme de tricherie, cette méthode reste tout à fait optionnelle, mais reste assez recommandée si le joueur veut débloquer les tenues secondaires de Bayonetta à un rythme convenable, ce dernier ne comptant pas finir le jeu en Platine pur à un niveau très élevé. Il est également possible de débloquer des éléments cosmétiques rigolos selon les amiibos activés, comme une tenue de Samus Aran.
Enfin, le mode Double Apothéose permet de participer à des combats en coopération en ligne, mais cette version Switch permet également de jouer en local, à condition que chacun possède sa console et sa propre cartouche du jeu.
Don’t miss me too much
Bayonetta 2 est toujours l’excellent Beat’em up sorti en 2014 qui a été perfectionné du côté technique. Bye bye les baisses de framerate, bonjour la flexibilité et la portabilité de la Switch. Il n’existe plus de raisons valables pour passer à côté de ce bijou du Beat’em up qui gardera le joueur en haleine pendant toute l’aventure, et plus si affinité. La rejouabilité est réelle, l’envie de progresser est là et le plaisir de casser des gueules d’anges reste toujours intact, quelle que soit la circonstance. Si vous possédez une Switch et que vous aimez les jeux d’actions, rendez-vous service et rendez justice, procurez-vous Bayonetta 2. Ce sera le meilleur moyen d’être hypé à mort pour un troisième épisode, d’ores et déjà annoncé.
► Points forts
- Des personnages féminins forts
- Combats exigeants, mais gratifiants
- Difficulté dosée
- Gameplay tentaculaire
- Rythme effréné
- Phases variées et uniques
- Pour amateur de Challenges
- On peut s’entraîner dans l’écran de chargement
- Plus fluide que sur Wii U
► Points faibles
- 720p également en mode télé
- Manque parfois de lisibilité
- Certains passages frustrants
- Histoire peu inspirante
- Certaines cinématiques sont vraiment longues
- Les amiibos un peu cheatés si on en a beaucoup
Rappel vital : ne pas faire chier une sorcière
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse offerte par l’éditeur de ce jeu.
Vidéo-test Bayonetta 2
Bayonetta 1 + 2 est disponible sur Nintendo Switch.
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