Le tactical RPG au tour par tour Black Legend promettait une bonne histoire dans une ambiance très attirante et mystérieuse. Après une quinzaine d’heures de jeu et quatre crashs, la fin du jeu a laissé comme un sentiment d’inachevé au fond de mon crâne.
Background mitigé cochon d’Inde
La première étape du jeu est la création du personnage. Rien de bien original en soi, mais l’entrée en matière reste tout de même appréciable. Le tour est vite joué entre les 4 catégories qui se battent en duel. 2 minutes se sont écoulées et vous avez déjà terminé, rapide et efficace, cette possibilité aide à l’immersion.
L’histoire débute avec votre arrivée à Grant. Vous rencontrez Maarteen qui vous briefe sur les conditions de vie et sur vous-même, un personnage qui permet l’introduction du jeu, mais qui ne va servir à rien d’autre ensuite, comme s’il devenait muet…
Vous êtes un mercenaire qui vient au secours de la ville. Votre but est de la libérer et si vous y arrivez, vous serez gracié par le roi qui est on ne sait où. La brume, qui s’est propagée dans Grant, est notre plus grande occupation. Bien que tous les habitants se soient cachés dans leurs maisonnettes, quelques patrouilles rodent par-ci par-là sous le nom de Méphrétiens, une armée levée par Méphisto, l’alchimiste responsable de cette brume oppressante. Le début d’histoire est attirant au premier abord, mais le background manque clairement de consistance.
L’histoire est attirante au premier abord, mais le background manque clairement de consistance.
L’ambiance proposée dans le jeu est respectée face à ce qui a été annoncé, et on s’intègre à cet univers aux couleurs ternes. Nos premières découvertes sont accompagnées d’une bande-son agréable, en plus des sons parasites de la ville, entre des hurlements douloureux, des cris de femme, des volets qui claquent. Le travail sur l’environnement fait le minimum syndical, mais ça fonctionne plutôt bien.
Il est où, le nord ?
Tandis que l’appropriation des divers éléments du jeu se fait en temps et en heure, la recherche de la map (qui est habituellement la première chose que je fais) n’a pas porté ses fruits. Vous découvrirez bien assez tôt que pour aller d’un point A à un point B de la ville, vous devez utiliser les panneaux et la boussole en haut de votre écran. Les panneaux sont nombreux et pourtant, ce système est déroutant.
Ce n’est pas que tout se ressemble, mais l’univers est quand même uniforme, le jeu manquant clairement d’environnements remarquables. On remarque les cimetières et la forme des maisons, mais la ville ne permet pas vraiment de s’orienter en elle-même. L’idée de base est bonne pour engager le joueur dans la navigation, mais les prérequis ne sont pas là.
Par conséquent, découvrir Grant c’est avant tout la parcourir, surtout si vous voulez savoir jusqu’où elle peut aller. Black Legend propose ainsi un monde semi-ouvert qui débloque des lieux au fil de l’histoire comme les raccourcis (grand classique). Heureusement, vous débloquez à un moment donné les tunnels qui permettent de se téléporter.
Ce n’est pas que tout se ressemble, mais l’univers est quand même uniforme, le jeu manquant clairement d’environnements remarquables.
Notons que Grant se découpe en quartiers. Ceux-ci sont divisés en plusieurs petits lieux : le centre-ville, le marché, l’hôtel de ville etc. L’ensemble est bien pensé, bien qu’il ne soit pas non plus innovant.
In fine, la fidélité graphique reste assez sommaire, bien que la direction artistique se veut un minimum recherché. C’est déjà ça.
On se tape un peu beaucoup dessus
Le tour par tour est un classique qui reste efficace. En revanche, il y a beaucoup d’informations d’un coup, entre les classes des personnages, les différentes attaques sans parler de l’élément principal du jeu : le système d’alchimie qui permet d’infliger davantage de dégâts durant les combats. Clairement, il faut un temps d’adaptation face aux instructions qui paraissent complètement abstraites. Malgré un tutoriel qui essaie fort, on comprend les mécaniques importantes qu’après s’être pris quelques coups dans les flancs.
Combattez en utilisant l’alchimie corporelle basée sur l’ancien concept d’humorisme. Maîtrisez les quatre instabilités différentes et combinez-les avec des attaques de catalyseur pour infliger d’énormes dégâts aux ennemis!
Utiliser des compétences permet d’appliquer ce que l’on appelle « des humeurs colorées » sur les ennemis. Seule réelle idée innovante du jeu, vous pourrez appliquer des humeurs de couleurs différentes en fonction de celles de vos compétences. Si les conditions le permettent, vous pourrez alors déclencher un combo très puissant avec l’aide d’une attaque standard. Attention, vos ennemis en feront de même.
Seule idée réellement innovante du jeu, vous pourrez appliquer des humeurs de couleurs différentes en fonction de celles de vos compétences.
La recherche des combinaisons est intéressante à traiter, surtout pour éviter des combats trop longs. En soi, ce jeu de plateau est distrayant, mais lorsqu’on doit faire trois combats de suite et que ça prend 45 minutes, c’est niet. Avec son système mécanique et ses attaques qui ne ratent jamais, Black Legend ne laisse pas de place à l’improvisation et les rebondissements, rendant la boucle de gameplay bien trop vite redondante. Étoffer la mise en scène aurait pu mitiger cela.
Naturellement, vos personnages gagnent en expérience, mais ce ne sont pas elles qui en profitent : ce sont vos classes. Afin d’apprendre de nouvelles aptitudes, il faut savoir jongler à la volée entre les 15 classes . Vous pouvez être un tireur d’élite, un alchimiste, un lansquenet… Tout ceci détermine vos compétences actives et passives, ainsi que l’évolution de vos statistiques.
Celles qui sont actives appliquent les humeurs et servent à infliger des dégâts tandis que les passives sont plutôt faites pour vous apporter des avantages. Il est tout à fait appréciable d’avoir une variété de classes aussi importante : on apprend à changer les classes des personnages et à tester toutes les armes, puisque la combinaison des deux détermine les compétences en cours d’apprentissage.
Avec son système mécanique et ses attaques qui ne ratent jamais, Black Legend ne laisse pas de place à l’improvisation et les rebondissements.
De ce fait, lorsque l’on débloque une classe et sa compétence que nous pouvons maxer, celle-ci peut être conservée même si on change de classe. L’intérêt est de trouver une combinaison qui fonctionnent et, on ne va pas se mentir, les classes à distance n’ont pas grand-chose à apporter, comparées à celles au corps-à-corps (vive les bonnes grosses haches).
En plus des capacités actives et des armes, vous pouvez utiliser des consommables attribuables aux mercenaires : des bombes, des boissons qui revigorent la jauge de vie ou encore des objets qui permettent de supprimer certains effets négatifs, dont les humeurs. Leur usage unique par combat leur fait prendre une dimension tactique intéressante et plutôt cruciale.
Pour ceux qui, comme moi, aiment les combats sans pour autant en faire toutes les deux secondes, un système d’infiltration permet d’éviter les cultistes. En effet, un combat se déclenche lorsque vous entrez dans le cône de vision des adversaires. On ne va pas se mentir, le système exploité ici n’est pas folichon, mais bon… plutôt ça que de progresser de 3 mètres en une heure, d’autant plus que les groupes d’ennemis réapparaissent après avoir été vaincus.
Le système d’infiltration n’est pas folichon, mais bon… plutôt ça que de progresser de 3 mètres en une heure,
Ah, et vos mercenaires ne regagnent pas de vie entre les combats… à moins de retourner à un quartier en particulier. Ça n’apporte rien au challenge et multiplie les allers-retours inutiles dans Grant.
Chaque étape de l’aventure est marquée par un boss (4 au total). Tous ces duels sont intéressants, puisqu’ils mettent notre groupe de mercenaires face à un personnage unique qui possède des aptitudes qui lui sont propres, ce qui apporte un petit renouvellement de gameplay bienvenu.
Chaque étape de l’aventure est marquée par un boss qui possède des aptitudes qui lui sont propres, ce qui apporte un petit renouvellement de gameplay bienvenu.
Malheureusement, et contrairement aux attentes, ces combats sont plus courts que les simples affrontements contre l’armée de Méphisto. Même si le boss a une barre de vie plus importante, ce dernier ne peut rien faire seul contre 4 mercenaires. Ce souci d’équilibrage fait perdre tout l’intérêt des duels.
Un gameplay decrescendo
Petit à petit, vous découvrez l’histoire de Grant et de ses habitants. Les personnages que nous sommes amenés à rencontrer sont pensés pour l’entraînement aux combats ou pour les quêtes. Ils sont peu développés et n’apportent pas un réel atout pour l’histoire, même s’ils permettent de caractériser Grant.
Alors que l’histoire prenait enfin son envol après une douzaine d’heures de jeu, c’est-à-dire au moment où je me suis finalement sentie investie dans ma mission, survient le combat final menant vers une fin des plus abrupte… Mais WTF, qu’est-ce que ça ?
L’histoire prend enfin son envol après seulement une douzaine d’heures de jeu, c’est-à-dire au moment où je me suis finalement sentie investie dans ma mission.
J’en suis même venue à me demander si c’était vraiment la fin, jusqu’à ce que ma seule alternative soit de retourner au menu, sans cinématiques, ni mise en scène, ni épilogue, rien. À la seconde où vous portez le coup final, vous êtes juste récompensé par : « vous avez gagné, waouh », sans parler d’un twist final très mal amené.
Pourquoi ne pas me donner des missions où j’aurais eu la capacité d’agir sur la situation ? Tandis que l’histoire me semblait prenante entre les nouveaux lieux et le scénario qui accélère, je suis restée sur ma faim (peut-être un peu blasée aussi). Mais quel dommage, vraiment… Il y avait à mon sens bien mieux à faire pour boucler le jeu.
Il y a bien des quêtes secondaires pour rallonger la durée de vie, mais elles sont basiques, en somme : aller chercher tel objet pour telle personne, ramener des ingrédients etc. Clairement, elles servent à faire des allers-retours dans les rues de la ville et ont une fonction de remplissage.
Un potentiel pas totalement développé
En définitive, Black Legend ne sert qu’à faire passer le temps. Grant est trop peu exploitée, le système de combat est intéressant même s’il s’essouffle trop rapidement, et au niveau du scénario, il peine à décoller avant de retomber aussitôt malgré un petit élan d’espoir. Finalement pas très engageant, très redondant et avec un flagrant manque de profondeur, le titre de Warcave avait du potentiel sur le papier, mais la réalité est toute autre.
Ce qu’on a aimé :
- Le contexte du scénario
- L’ambiance de Grant
- Le système des classes qui invite à la variété
- Le système d’humeurs colorées
- Une bande-son avec ses moments
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Les combats longs à la chaîne
- Une fin bâclée et sans réel dénouement
- Des mécaniques de jeu qui n’invitent pas à improviser
- Un level design sans saveur
- L’absence de minimap
- Des boss qui n’apportent aucune résistance
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous souhaitez vivre une petite aventure sans prise de tête, mais avec des prises de bec.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous êtes attachés aux bons scénarios qui ne tombent pas à plat ; vous passez votre temps à comparer les tacticals avec XCOM.
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2070
- CPU : Intel i7 9750H 2,60 Ghz
- RAM : 16 Go DDR4
- Installé sur SSD NVME
Black Legend est disponible depuis le 25 mars sur PC, PS4/5, Xbox One, Xbox Series X|S, Nintendo Switch.