3D Realms est ce qu’on peut considérer une légende du jeu vidéo. Aujourd’hui, ils sont plus réputés pour le temps de développement de Duke Nukem Forever, qui leur a pris pas moins de 14 ans à développer, mais c’est avant tout une équipe talentueuse ayant marqué l’histoire vidéoludique avec des jeux tels que Duke Nukem 3D (ah, ça et Doom, toute mon enfance…), Rise of the Triad et Shadow Warrior. Racheté par Interceptor Entertainment en 2014, la célèbre marque veut aujourd’hui reprendre du poil de la bête et nous propose dans cette perspective Bombshell, leur premier jeu en 10 ans. Loin des FPS qui ont fait leur gloire, ce nouveau titre est présenté comme un action-RPG avec une nouvelle héroïne bien badass comme il faut: Shelly Harrison et son bras mécanique. Pari gagnant pour Interceptor et 3D Realms?
Shelly Harrison est là pour casser des bouches
Ce qu’on aime d’emblée dans Bombshell, c’est son personnage principal. Les développeurs ont eu la bonne idée de choisir un héros féminin pour remplacer Duke Nukem (Bombshell était pour rappel censé être le nouveau Duke Nukem) et, surtout, de lui donner une personnalité badass bien comme il faut avec des éléments que l’on attribue d’habitude plutôt au genre masculin. Voyez-vous, Shelly a un amour dans sa vie, et c’est sa bagnole, que les aliens ont détruit; c’est pour cela qu’elle répète régulièrement, en massacrant des ennemis à la chaîne, que prendre leur vie est une vengeance parfaitement appropriée et mesurée considérant l’objet du délit. Bon, d’une manière générale, on ne va pas se mentir, l’humour osé et politiquement incorrect a pour ainsi dire disparu et de ce côté-là, on a perdu au change. C’est un peu dommage pour l’ambiance mais soit. On retrouve tout de même quelques petites perles. Parmi elles, le fameux canon flak, devenu le “Motherflakker” – épique – et énormément de références aux jeux développés ou produits par 3D Realms/Apogee, mention spéciale au cadavre de Commander Keen, retrouvé au hasard d’une planète glaciale, dont Bombshell dira qu’il aurait vraiment dû manger ses légumes… Les fans comprendront ce dont je parle!
L’histoire en elle-même n’a que très peu d’intérêt et, en même temps, ce n’est pas vraiment pour ça qu’on vient faire tâter de notre mitrailleuse. La Terre est soudainement attaquée par un grand méchant – interprété par le talentueux Jon St. John, voix de Duke Nukem, qu’on entend trop peu: dommage – et ses sbires aliens. Ceux-ci capturent le président des Etats-Unis et Shelly doit bien entendu la sauver (car le président aussi est une femme) en même temps que les milliards d’humains menacés par une arme de destruction massive qui réduirait la planète bleue en cendres. Duke Nukem sans les boobs, en somme; et comme je le disais, c’est un vent de fraîcheur bienvenu puisque Shelly a elle aussi un charisme fou. En parlant de Duke Nukem, on voit l’empreinte de son univers littéralement partout. A ce stade, ce n’est même plus de la référence, c’est un pied de nez. L’EDF (pas votre fournisseur d’électricité mais bien les Earth Defence Forces) sont devenus les GDF (Global Defence Forces). 3D Realms et Interceptor nous offrent une blague sans le savoir: on est passé de l’électricité au gaz, c’est beau. On remarque aussi que le bruit de téléportation est le même que dans Duke Nukem 3D et quand on fouille dans les fichiers du jeu, on fait référence à celui-ci avec le titre “DukeGame”. Même les ennemis de base devraient réveiller en vous des souvenirs du FPS d’anthologie.
De l’action à foison, du RPG discret
On me dit action-RPG, j’attends donc que ces deux genres soient représentés. Pour l’action, absolument aucun problème puisqu’elle est omniprésente: on défonce tout ce qui bouge sans autre forme de procès et sans manière aucune. Le feeling est bon, on s’amuse et le rythme est effréné. On dispose de 9 armes variées, allant du fameux Motherflakker, qui est en fait une sorte de fusil à pompe, au Maxigun (mitrailleuse gattling) en passant par le bon vieux lance-roquettes. Le bras mécanique de Bombshell se transforme à loisir et chaque flingue est améliorable avec l’argent que vous ramassez et au fur et à mesure que vous gagnez en niveau. Chacun peut d’ailleurs emprunter deux chemins différents, en fonction de comment vous souhaitez personnaliser l’arme. Une caractéristique sympathique mais qui n’est au fond pas tellement déterminante. Vous avez en tout cas de quoi passer de bonnes heures de fun.
Là où ça se corse, c’est quand on en vient à l’aspect RPG du titre. Il ne suffit pas de mettre une barre d’expérience, des stats et quelques compétences à débloquer pour faire un véritable RPG. L’appellation est donc ici un peu facile puisque vous ne pouvez améliorer que votre santé, votre armure et votre énergie, ainsi que quatre compétences (dont deux sont très similaires). D’accord, on peut ajouter à cela la personnalisation des armes, mais dans l’ensemble ce n’est pas foufou et on aurait très bien pu se passer de tout ça dans l’aventure. Lorsque je passais un niveau dans Bombshell, j’avais franchement tendance à laisser traîner les points à dépenser, ne les sentant absolument pas vitaux. M’enfin n’oubliez pas d’acheter les niveaux supplémentaires d’armes, sinon vous aurez l’impression de tirer avec des balles en mousse et je ne donne pas cher de votre peau.
Une direction artistique peu inspirée
Le problème quand on s’appelle 3D Realms, c’est qu’on génère tout un tas de fantasmes dans l’esprit des gens à la simple mention de son nom. Même en faisant abstraction de cela le plus possible, je ne peux pas dire avec honnêteté que le jeu casse des briques artistiquement parlant. Si les graphismes sont à un niveau correct (la pluie du tout premier niveau, encore sur Terre, est géniale grâce au travail d’Nvidia), l’inspiration semble avoir défailli quelque peu dès qu’on arrive chez nos amis les aliens – et c’est 10 min max après avoir démarré le jeu. On passe d’abord par le monde du feu, tout est rouge et ardant, puis on passe au monde de la glace, où le bleu devient la couleur dominante, avant d’atterrir dans le monde mécanique. C’est moi ou c’est pas folichon tout ça? Je ne serai toutefois pas injuste: c’est joli. On souhaiterait simplement un poil plus d’originalité. Le level design est assez sympathique mais manque aussi un peu de créativité. Au final – mais c’est une affaire de goût purement personnel – j’aurais largement préféré avoir beaucoup plus de temps de jeu sur Terre. On peut saluer au passage la présence de quelques secrets à chercher ça et là ainsi que la possibilité d’effectuer des missions secondaires.
Le savoir-faire 3D Realms
D’une manière globale, je considère que le pari est réussi pour 3D Realms. Même si Bombshell souffre de quelques défauts qui, fussent-ils mieux élaborés, feraient de ce titre une véritable bombe vidéoludique (ce jeu de mot est librement inspiré des journalistes du 13h de TF1), le cœur de son gameplay et de ce qui fait son intérêt est indéniablement teinté du talent de l’équipe de développement. On défouraille dans tous les sens et avec plaisir. En plus de cela, pas de lock du viseur sur l’ennemi comme dans un Diablo, non, ici vous devez visez mesdames et messieurs, et ça rajoute un petit quelque chose sympathique. Shelly Harrison est par ailleurs un vrai héros badass bien comme il faut et je remercie 3D Realms et Interceptor de ne pas avoir renoncé à lui donner une vraie personnalité qui tâche, ne la privant pas du même traitement qu’un Duke Nukem. Je terminerai sur le bande-son qui est absolument géniale (que l’édition deluxe, pour 5$ de plus, vous permet d’obtenir entre autres choses), mon deuxième coup de cœur ces derniers temps avec celle de Psycho Starship Rampage par Lionel Davoust. Elle nous fait littéralement retomber dans l’ambiance des jeux du studio, 20 ans en arrière, et c’est un pur plaisir d’avoir du bon métal qui tâche à l’ancienne. Tout cela rythme une aventure de cassage de bouches, d’exécutions (celles des boss sont dans le plus pure tradition du studio) et de références bien senties.
3D Realms is back.
[Points Positifs]
- De l’action qui démonte
- Une bande-son qui nous met bien
- Une héroïne badass
- Gameplay fun à souhait
- Des tonnes de références qui instillent la nostalgie
- 34,99$
[Points Négatifs]
- Direction artistique et level design peu inspirés
- Aspect RPG trop limité
- Durée de vie plutôt short
Retrouvez notre émission consacrée à Bombshell samedi soir de 18h à 20h sur la WebTV! D’ici là, vous pouvez acheter le jeu, qui vient de sortir sur PC, Xbox One et PS4 au même moment que la publication de ce test, chez notre partenaire GoCleCd.fr.
thanks pour l’article !
Bonne chance pour que ce jeu arrive à percer.
Merci, on va aller tester ce petit jeux!!
fat kray