La franchise Call of Duty est de retour avec Black Ops 4 et un mode battle royale dans la besace. Le titre exclusivement multi ravive-t-il l’intérêt de la licence ?
Adieu campagne, vieille compagne
Call of Duty: Black Ops 4 se présente comme l’itération qui aura apporté son grain de sel dans le genre du Battle Royale, mais aussi celle qui se sera débarrassé de sa campagne solo au profit d’un QG des spécialistes.
Ce QG présente le background de chacun des 12 spécialistes (8 anciens, 4 nouveaux) à travers de petites cinématiques et missions d’initiation qui permettent de se familiariser avec leurs particularités. Il s’agit en fait du tutoriel de ce Black Ops 4.
Que nous reste-t-il donc ? Le multijoueur, bien évidemment, qui est ici découpé en 3 sections :
- Multijoueur classique
- Blackout (Battle Royale)
- Zombie
Appel aux larmes
Doté de 8 modes et 14 maps, le multijoueur “classique” de Call of Duty: Black Ops 4 offre bien peu de nouveautés. Déjà parce que seuls 2 modes sont inédits, ensuite parce qu’il a beau proposer 10 cartes de fraîche date, elle ne le sont que d’apparence.
Le level design n’offre aucune originalité et on ne retire donc aucune surprise de notre expérience malgré son efficacité dans une perspective de jeu très dynamique comme celle de Call of Duty.
En effet, le level design n’offre aucune originalité et on ne retire donc aucune surprise de notre expérience malgré son efficacité dans une perspective de jeu très dynamique comme celle de Call of Duty. Le fait que la verticalité ait disparu élimine l’intérêt que l’on retrouvait dans certaines maps de Black Ops 3 – je pense par exemple à Combine et son mur vertical suspendu au-dessus du vite permettant de courir dessus.
Le point positif est que, contrairement à Call of Duty: World War II, on ne trouve que très peu – voire pas du tout – d’étendues, ce qui permet d’éviter les batailles rangées de snipers (mais pas complètement).
Concernant les modes, Treyarch n’a pas vraiment joué la carte de l’originalité non-plus. Les deux petits nouveaux se démarquent un peu sans être révolutionnaires :
- “Contrôle” oppose attaquants et défenseurs dans une variante dynamique de Domination. Deux zones opposées doivent être capturées par trois fois en les occupant quelques secondes.
- “Hold-up” se montre le plus convaincant. Héritier de Recherche & Destruction et Capture de Drapeau, il lâche un sac plein de billets que chaque camp doit lutter pour ramener chez lui. Le petit plus est que ce mode s’inspire de Counter-Strike puisqu’il faudra acheter ses armes, munitions, équipements et atouts grâce à l’argent gagné durant les manches.
Mal aux douilles
Le gameplay de ce multijoueur classique ne dépayse pas non plus mais pour notre plus grand plaisir cette fois-ci. Toujours aussi nerveux, ce “nouveau” Call of Duty amène son lot d’affrontements à couteaux tirés avec plusieurs armes pour se défouler et des spécialistes qui proposent deux compétences chacun.
Les spécialistes sont tous sympathiques à jouer et leurs compétences ne déséquilibrent pas l’expérience pour une fois.
La première s’active assez rapidement et sera bien souvent utilisée en plein combat. La seconde met plus de temps à se charger mais offre un bonus plus important tel un lance-flammes ou un bouclier. Les spécialistes sont tous sympathiques à jouer et leurs compétences ne déséquilibrent pas l’expérience pour une fois.
En revanche, le fait de retrouver ce bon vieux gameplay est à double tranchant : à la fois on est content de replonger dans le défouloir, mais la lassitude pointe aussi plus rapidement le bout de son nez. Il faut dire qu’après tant d’années, l’évolution devrait être de mise.
Par ailleurs, je ne peux qu’être sceptique sur le fait que les grenades ne soient pas proposées dès le départ mais déblocables bien plus tard dans la progression (plusieurs dizaines de niveaux).
Il est bien entendu toujours possible de débloquer des atouts, séries d’élimination, accessoires et skins pour ses armes, de quoi se créer ses traditionnelles classes personnalisées.
Attardons-nous sur le retour du soin manuel de ce Black Ops 4. La santé ne revient plus automatiquement, mais doit faire l’objet d’une activation de votre part. Une bonne intention ruinée par le fait que cette capacité se recharge toutes les 8 secondes – pas de ressources à récupérer, ce qui revient exactement à la même chose qu’auparavant sauf que, cette fois-ci, il faut appuyer sur un bouton – idée de génie. Le seul aspect positif est qu’il permet un retour plus rapide au combat et appuie encore davantage le dynamisme des affrontements (mais en avaient-il besoin ? Telle est la question).
Z’ont bien repris la formule
Le mode Zombie fait aussi son retour avec Black Ops 4. 2 cartes inédites déboulent, accompagnées par 1 ancienne remise au goût du jour.
Vous pourrez donc explorer le Titanic version zombifié dans La Traversée du Désespoir et un autre lieu dans IX, davantage destiné à ceux souhaitant une expérience plus accessible.
Sang des Morts marque le retour de “Truands de la Mort”, une carte qui nous emmenait sur l’Île d’Alcatraz dans le DLC Uprising pour Black Ops II. Si vous êtes détenteur de Black Ops Pass, vous aurez immédiatement droit à une carte supplémentaire intitulée “Classified” – s’agissant d’un Season Pass, vous aurez aussi droit à toutes les futures maps payantes ainsi qu’à 4 personnages Blackout exclusif.
Impossible bien sûr de passer sur cette politique tarifaire lamentable qui réclame que vous achetiez l’édition Deluxe numérique à 100 bonbons ou bien le fameux Black Ops Pass séparément, à… CINQUANTE euros. Il est tout de même question de contenu sciemment coupé alors qu’il est déjà prêt (au moins en ce qui concerne la carte “Classified” et l’un des personnages Blackout). Ça fait so 2000’s tout ça, non ?
EA me dit que non.
Le bon côté des choses, c’est que Treyarch a décidé d’inclure plus ou moins régulièrement des contenus et événements à thème gratuits histoire de faire vivre le titre.
Dans l’ensemble le mode Zombie est très agréable et décalquer du mort-vivant tout en gérant sa progression et en améliorant son arsenal est sympathique.
À l’instar du multijoueur classique, tout cela manque de sang neuf.
Malgré tout, à l’instar du multijoueur classique, tout cela manque de sang neuf. On retrouve les mêmes mécaniques éculées, à l’exception des potions que l’on peut concocter grâce aux fioles que l’on récupère durant les parties. Il s’agit en fait tout simplement d’accumuler une monnaie virtuelle pour débloquer des élixirs octroyant des buffs en jeu. Ça ne casse pas trois pattes à un canard revenu dans les canards morts.
Blackout que coûte
Vu la vague Battle Royale qui a englouti le monde, ce n’était qu’une question de temps avec qu’Activision place ses pions sur le plateau. C’est désormais chose faite avec Call of Duty: Black Ops IIII à travers le mode Blackout, où la satisfaction se mêle étrangement à la frustration – et pas pour les bonnes raisons.
Doté d’une carte de taille satisfaisante sans être incroyable, ce mode propose de vous parachuter où vous le souhaitez en fonction de la trajectoire rectiligne d’un avion de transport. Une fois au sol, vous devez récupérer un maximum d’équipement, en particulier des armes, puis vous débrouillez pour survivre à mesure qu’un cercle mortel dans lequel vous devez rester se rétrécit au fur et à mesure.
Le rythme est intense […], mais fait aussi la part belle aux moments plus stressants
Le rythme est intense, comme on peut s’y attendre dans un jeu de tir arcade comme Call of Duty: Black Ops IIII, mais fait aussi la part belle aux moments plus stressants où vous regardez dans tous les sens pour être sûr qu’aucune menace ne pointe le bout de son nez.
Les parties sont de fait bien plus rapides qu’un PUBG et se rapprochent d’un Fortnite: Battle Royale sans la construction, ce que beaucoup accueilleront avec des louanges.
On note au passage un ajout sympathique. Certains largages aériens amèneront avec eux des zombies à zigouiller pour s’en emparer. Un élément de gameplay intéressant puisqu’en plus du risque habituel lié aux fameuses caisses de ravitaillement, il faudra en plus prendre le risque supplémentaire de faire beaucoup de bruit.
Mutation génétique
Ce qui fait franchement défaut à Blackout en revanche, c’est son système de progression radicalement foiré ainsi que son soi-disant système de balistique.
Pour gagner de l’XP, il vous faudra tuer. Vous pourrez ranimer vos coéquipiers, être un allié exceptionnel, tout le monde s’en tape. Ce qui compte c’est de trouer du peuple, sauf si vous finissez dans le top 15 minimum ; mais même là, ce que vous gagnez est tellement ridicule qu’il vaut mieux vous rabattre sur les kills.
Le résultat est une expérience frustrante dans laquelle vous montez les niveaux de manière léthargique.
Sauf que le résultat est une expérience frustrante dans laquelle vous montez les niveaux de manière léthargique. Cela constitue en plus un non sens du point de vue du genre en lui-même, le fait de choisir de tuer ou non – parfois de camper pour attendre bien sagement de s’en tirer vivant jusqu’à la prochaine étape – faisant partie intégrante de l’ADN du Battle Royale.
De son côté, la balistique ne m’a pas convaincu. Quelle que soit la portée, je n’ai eu aucun mal à viser directement un adversaire et le toucher, même s’il était assez loin. Pas de compensation de distance nécessaire.
Pour finir, ce mode Blackout n’apporte rien au genre. On voit avec une clarté absolue la volonté d’Activision et Treyarch de se la jouer Picsou et de plonger dans la piscine de billets. Non pas qu’on soit surpris ou que cela soit condamnable en soi, mais tant qu’à faire autant tenter de proposer une expérience rafraîchissante. Oui on s’amuse dans Blackout, mais de la même manière que dans les autres Battle Royale. PUBG s’approche davantage de la simulation, Fortnite: Battle Royale occupe déjà une place de choix côté arcade, Call of Duty Black Ops IIII se contente d’être un Fortnite sans constructions.
Crachez-moi cette version PC que je ne saurais voir
Là où il serait également temps de faire un effort, c’est sur les graphismes et la direction artistique. Alors non, Call of Duty: Black Ops IIII n’est pas moche, mais il accuse tout de même un peu le coup et ça ne lui ferait pas de mal de se reposer pour se refaire une beauté, entre autres.
La direction artistique, quant à elle, est tout simplement aux fraises puisqu’elle n’a vraiment pas grand-chose à offrir en dehors du mode Zombie. On se retrouve avec une agglomération de lieux sans réel lien et dont l’allure ne nous laisse pas un souvenir indélébile.
La direction artistique […] n’a vraiment pas grand-chose à offrir en dehors du mode Zombie.
La bande-son s’en sort mieux avec des musiques métal fidèles à l’héritage de la série. Pour le coup, elles sont plus agréables et percutantes que pour les épisodes précédents. De même, les effets sonores sont plutôt bien gérés avec des tirs clairs et qui donnent un gunfeel plus sympathique qu’auparavant.
Prenons maintenant un instant pour nous attarder sur la version PC de ce Call of Duty: Black Ops IIII, puisque notre test a été réalisé sur celle-ci.
Nous avons rencontré une foule de problèmes depuis le début de notre test : crashs intempestifs, erreurs fatales, délai d’affichage des textures assez important, etc.
Avouez qu’il est assez ironique de démarrer un jeu qui se veut désormais exclusivement multijoueur et, lorsque l’on clique sur “Multijoueur”, de le voir revenir sous Windows comme si de rien n’était. Le mode Blackout était en revanche disponible. Pour une partie à la fois (oui, après ça plantait).
Nous avons réussi à contourner ce problème pour ensuite constater que le jeu était incapable d’enchaîner deux parties de multijoueur sans crasher, de même qu’il était désormais impossible de finir une partie de Blackout sans écoper d’une “erreur fatale” qui porte très bien son nom. Avec une GTX 1080, un i7-4770K @ 3.50 GHz et 16 Go de RAM, permettez-moi de tousser poliment.
Voilà c’est fait.
À l’année prochaine
Call of Duty, c’est un peu ce pote vieux avant l’âge. Celui qui à 30 ans préfère les pantoufles aux concerts. Bien installé dans sa routine confortable, Call of Duty: Black Ops 4 n’a rien d’original à proposer. Il s’agit d’une énième répétition du même thème, à savoir son gameplay ultra dynamique, qui demeure sa force. À l’heure actuelle, Blackout constitue une bonne expérience Battle Royale typée arcade et s’assoit à côté de Fortnite.
Il serait temps que le dynamisme se transmette à l’évolution de la série, ce qui était d’ailleurs possible avec ce Black Ops 4 grâce notamment à l’arrivée de Blackout et la suppression de la campagne solo. Au final, Treyarch se contente du strict minimum (et encore, vu le nombre de plaintes concernant les plantages sur PC, ce minimum n’est pas pour tous). L’expérience Call of Duty, encore, avec un BR agréable en sus.
► Points forts
- Dynamisme des combats
- Mode Blackout sympathique
- Les nouvelles cartes du mode Zombie
- La bande-son est les effets sonores
- Mode Holf-up inspiré de Counter-Strike
► Points faibles
- Crashs incessants sur PC
- La VF est bien peu engageante
- Le QG des spécialistes est une maigre consolation pour les amateurs du contenu solo de la série
- Système de progression de Blackout raté
- Du pareil au même
- Dans le fond, très peu de nouveautés
- Quelle déception que ce retour du soin manuel tant il est inutile
- Graphismes et direction artistique ont besoin de se repoudrer le nez
Efficace dans son conformisme
War Legend a bénéficié d’une copie presse PC fournie par l’éditeur de ce jeu.
Call of Duty: Black Ops IIII est disponible sur PC, Xbox One et PS4.