Modern Warfare revient (oui, encore) avec pour proposition le reboot de la série et un ravalement de façade de la célèbre licence FPS.
Bons baisers de la mère patrie
Modern Warfare vous fait enfiler les bottes de 3 bidasses dont l’objectif va rapidement être commun, à savoir récupérer un gaz particulièrement dangereux qui a été volé dans une base russe. Vous alternerez entre terrains orientaux et occidentaux, avec notamment un certain capitaine Price à vos côtés.
La situation de Call of Duty: Modern Warfare est un peu particulière, et on ne vous en voudra pas si vous êtes un peu paumé. Le 1er épisode de cette sous-série de la licence Call of Duty a fait l’objet d’un remaster il y a peu, et voilà qu’un nouveau titre fièrement estampillé “Modern Warfare” déboule. Qu’en est-il ? Il est question ici d’un reboot qui revient donc aux origines, avant la création de la Task Force 141.
J’ai été agréablement surpris par la campagne de Modern Warfare.
J’ai été agréablement surpris par la campagne de Modern Warfare qui traite de sujets particulièrement sensibles tels que le terrorisme et plus spécifiquement les attentats, mais aussi les victimes civiles en Orient aux mains de puissances occidentales. On a affaire à plusieurs scènes assez dures mais plutôt bien menées. Dommage qu’Infinity Ward se dégonfle un peu et qu’on retienne les forces russes comme les gros méchants que c’est de leur faute – même si plusieurs moments côté américain sont très borderlines.
Malgré tout dans l’ensemble, la maturité de cet opus fait du bien, y compris en ce qui concerne l’écriture, qui nous épargne – Dieu merci – des punchlines désinvoltes radicalement hors de propos juste pour faire la bonne blaguounette. Le ton est grave, est lorsque les militaires s’envoient de petites saillies, elles sont justes et maîtrisées.
Au passage, Call of Duty: Modern Warfare met en scène des femmes puissantes à des rôles clés de la meilleure des manières : normale. À aucun moment on a le sentiment qu’on nous pointe ça du doigt en mode : “hé vous avez vu ? Nous aussi on soutient les femmes !” Non, c’est fait correctement, autrement dit sans en faire une montagne. On met des femmes à ces rôles clés parce que ça n’a rien à voir avec leur sexe, mais bien avec leur personnage, tout simplement.
De l’ombre à la lumière
On l’attendait depuis des années, Call of Duty a enfin eu droit à un vrai lifting graphique digne de ce nom. Modern Warfare présente de très chouettes textures et animations accompagnées par un moteur flambant neuf. Truc tout bête, mais les éliminations des ennemis sont beaucoup plus réalistes, ce qui participe beaucoup à l’immersion dans un jeu pareil.
Modern Warfare présente de très chouettes textures et animations accompagnées par un moteur flambant neuf.
Les alliés enjambent les corps (j’avoue ne pas avoir réussi à déterminer si le fait qu’un corps se trouve sur le chemin d’un ami était scripté ou non), les explosions sont bien plus réalistes et on a enfin un Call of Duty qui n’a pas à en rougir – il était temps !
C’en est au point où les cinématiques sont bien souvent moins réussies que les séquences tournées avec du gameplay. De fait je me demande pourquoi Infinity Ward a souhaité en utiliser, puisque leur moteur leur offrait tout ce qu’il fallait pour réaliser de chouettes séquences. D’autant que les fameuses cinématiques buguent pas mal : chacune – et je dis bien chacune – a bloqué l’espace de quelques secondes avant de pouvoir poursuivre.
Il ne vous aura par ailleurs sans doute pas échappé que Call of Duty: Modern Warfare embarque la technologie RTX de NVIDIA, mais uniquement pour les ombres locales. Le résultat ? Mitigé. CoD a toujours bougé vite, très vite. Même si ici on a des exceptions à cette règle, bien souvent il faut être attentif pour repérer les changements, mais ils sont bel et bien là. Les ombres se montrent plus diffuses et beaucoup plus réalistes, ce qui renforce la crédibilité globale d’une scène. Une fois que vous avez profité de ces ombres, vous aurez du mal à vous contenter des contours très délimités sans RTX (mais hey, si vous voulez voir comme ça peut vraiment dépoter, allez plutôt faire un tour du côté de Control).
Notez que le coût en performances est assez important, d’autant que Modern Warfare ne propose pas le DLSS qui permet de l’alléger : entre 20 et 30% de baisse de framerate. Néanmoins, sachez que le jeu reste malgré tout fluide quoi qu’il arrive, ce qui est en fin de compte exactement ce qu’il faut. Les plus exigeants prendront toutefois soin de retirer le RTX en multi.
Dans le mille
Le feeling Call of Duty est authentique. Au niveau gameplay pur, j’ai eu l’agréable surprise d’avoir quelques séquences qui n’étaient pas simplement du shoot bas du front et qui, si elles ne brillent pas par l’intérêt de leur gameplay, ont le mérite d’offrir un peu de variété et de laisser le joueur souffler.
Les armes bénéficient d’un très bon sound design, ce qui participe à donner probablement le meilleur gunfeel de la série. Puisqu’on parle des armes, l’arsenal est bien entendu assez étoffé avec la collection habituelle de M4A1 et autres MP5, mais on note quelques petites originalités comme le Kar98 tout droit issu de Call of Duty: World War II.
Probablement le meilleur gunfeel de la série.
Ces armes, vous pouvez les modifier de manière assez poussée puisque, comme à l’accoutumée, le multijoueur vous proposera de débloquer non seulement de nouvelles armes mais aussi des accessoires au fur et à mesure de votre progression ; plus précisément, le niveau de joueur conditionne les armes débloquées et le niveau d’une arme celui de ses accessoires. Autrement dit, plus vous zigouillez avec un MP5, plus vous débloquez de quoi le modifier, et cela vaut aussi pour la peinture.
L’équilibre est plutôt bon et je n’ai pas vraiment repéré d’arme particulièrement puissante, snipers compris – ce qui permet d’éviter la frustration de Call of Duty: World War II. Je n’ai pas remarqué la possibilité de quickscope – la visée étant très longue avec les snipers de Modern Warfare. Certains seront déçus, moi je m’en réjouis.
On remarque de chouettes ajouts tout couillons mais efficaces comme la possibilité de s’allonger ou bien de se servir d’un élément de décor pour poser son arme et ainsi augmenter sa précision façon mitrailleuse.
En revanche je ne sais pas trop quoi penser du fait que l’on entend régulièrement les signalements des ennemis et leur emplacement dès qu’un joueur les voit. “Ennemi dans la cour”, “Ennemi près du restaurant” & co me laissent un peu pantois quant à l’éternelle volonté d’Activision/Infinity Ward de faciliter toujours plus la vie des joueurs, à moins que l’objectif ne soit d’augmenter la cadence des affrontements ? C’est possible, ça ?
Pour une poignée de neurones
Point de mode Zombies pour Modern Warfare, mais plutôt un mode coopération, qui permet de défourailler à tout-va en montant une équipe composée de jusqu’à 4 joueurs. Vous aurez pour cela 3 missions à votre disposition qui fonctionnent très bien et permettent de passer de bons moments entre amis. Il n’y a pas grand-chose de plus à en dire si ce n’est que cela vous permet de débloquer des skins de personnages pour le multijoueur.
Et si vous voulez coopérer ou affronter d’autres joueurs sur d’autres supports, c’est possible puisque Modern Warfare inclut la possibilité du cross-play. De même, si vous préférez éviter il s’agit d’une simple option à décocher, comme ça tout le monde trouve son compte.
En revanche, impossible de passer à côté du cross-play pour le fameux mode Guerre terrestre opposant 64 joueurs. Sûrement une crainte de se retrouver avec un mode dépeuplé. Ce mode empiète assez largement sur le terrain de Battlefield puisqu’il est question d’une sorte de conquête au rabais/domination à grande échelle. Sauf qu’on n’est pas dans Battlefield et le problème, c’est que ça fait un peu foutoir géant tout ça. Le gameplay résolument plus arcade d’un Call of Duty ne colle pas vraiment, d’autant que les possibilités stratégiques ne sont pas franchement au rendez-vous, même si Infinity Ward essaie un peu avec la réapparition sur les membres d’escouade… et c’est tout.
On n’est pas dans Battlefield et le problème, c’est que ça fait un peu foutoir géant tout ça.
Les véhicules sont relativement peu nombreux et pas franchement évidents à manier tandis que les séquences de capture sont tout simplement des invitations à se faire trucider par tous les ennemis alentours, là où un Battlefield offre une zone de capture plus étendues avec des possibilités pour se cacher et tendre des embuscades. Vraiment j’ai du mal à comprendre l’intérêt de ce mode en dehors du simple fait de vouloir encore une fois plaire à tout le monde – c’est Activision, faut pas oublier.
Les autres modes sont quant à eux relativement classiques, du match à mort à la recherche & destruction en passant par la domination, mais on sent tout de même que le but est de déployer un grand filet et de racler le fond de l’océan du public FPS. Malgré tout on ne peut pas affirmer que ça ne fonctionne pas : les 2v2 résolument orientés affrontements brefs fonctionnent plutôt bien, tandis que les 6v6 de Cyber attaque (coucou Rainbow Six Siege) sont plutôt efficaces – j’ai aimé la possibilité de pouvoir réanimer mes alliés, cela donne une dimension stratégique assez intéressante. Toutefois, là encore, si vous voulez du Rainbow Six… ben allez jouer à Rainbow Six en fait, c’est juste bien mieux parce que c’est fait pour ça tout simplement.
CoD Modern Warfare tourne bien, que ça soit dans ses concepts ou ses performances, mais je note tout de même des problèmes d’IA très embêtants – quand on est un Spetsnaz et qu’on n’est pas capable de se mettre correctement à couvert, j’appelle ça un problème embêtant.
Quand on est un Spetsnaz et qu’on n’est pas capable de se mettre correctement à couvert, j’appelle ça un problème embêtant.
En plus de cela, quelques problèmes liés à l’interface – écran grisé sans possibilité autre que de rallumer le jeu après le chargement d’une nouvelle partie multi – ainsi qu’aux graphismes – des textures non chargées, des explosions (littéralement) de couleur à mettre à terre un car d’épileptiques – sont à déplorer, mais globalement l’expérience se montre rarement entachée par autre chose que par le cerveau des ennemis, doté de 2 neurones.
Retour en force
Modern Warfare offre un joli reboot et fera à coup sûr office de nouvelle référence de la série. Avec une campagne aux thématiques fortes (mais qui n’est pas loin de se transformer un peu en kloug quand même) et revenant aux origines, un gunfeel prenant et des séances multijoueurs endiablées sur des cartes bien foutues, la panoplie du Modern Warfare nouveau est complète. J’espère que vous l’aimez ce nouveau moteur, parce qu’on est probablement reparti pour 10 ans/opus.
► Points forts
- Enfin un moteur digne de ce nom
- Une campagne forte qui parvient à être poignante
- Cross-play… ou pas !
- Un gunfeel qui fait du bien
- Le mode coop fonctionne vraiment bien
- Grosse customisation des armes
- 21 cartes (4 variantes de nuit)
- Pas de season pass…
► Points faibles
- … mais des battle pass
- Tant qu’à faire, il fallait creuser la campagne jusqu’au bout
- IA en vacances
- Quelques bugs frustrants dont certains obligeant à redémarrer le jeu
- Le mode Guerre terrestre a sa place. Chez Battlefield
- Au lieu de se renouveler sur son gameplay, CoD Modern Warfare essaie avant tout de piller les autres licences FPS
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080
- CPU : Intel Core i7-9700k @ 5GHz
- RAM : 16 Go DDR4
- Installé sur SSD M.2
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse PC fournie par l’éditeur de ce jeu.
Call of Duty: Modern Warfare est disponible sur PC, PS4 et XB1.
Le premier Call of qui me donne vraiment envie.