La montagne, ça vous gagne qu’ils disaient. Ils ne savaient pas à quel point ils avaient raison, mais pour les mêmes raisons, enfin vous voyez quoi. C’est parti pour Children of Morta.
Prendre la pilule rouge…
La lignée des Bergson garde la montagne depuis toujours. Depuis quelque temps, des événements étranges se déroulent dans la forêt autour de leur maison ancestrale. Une corruption insidieuse se répand dans le vivant. La famille va devoir prendre les armes pour protéger tout ce qui compte, et pour y parvenir, il faudra se serrer les coudes.
Sur fond de divinités, Children of Morta peint sa toile centrée sur l’amour et la famille, 2 thèmes forts et, il faut bien le dire, assez récurrents. Malgré tout, le scénario du titre de Dead Mage a quelques petites originalités à revendre, sans que les bras ne nous en tombent non plus – ça tombe bien, il nous les faut pour massacrer du corrompu.
Mais c’est la narration et l’atmosphère qui retiennent l’attention dans Children of Morta. Une voix sombre et rauque nous relate les événements qui se déroulent sous nos yeux, comme Père Castor au coin du feu, mais en pas ridicule du tout. Vous n’entendrez jamais la voix des personnages, vous les verrez seulement mouvoir leurs pixels pendant que le narrateur vous racontera ce qui est en train de se passer.
L’écriture de Children of Morta est superbe.
Pour ce genre d’exercice, il y a intérêt à ce que l’écriture soit au rendez-vous, et fort heureusement c’est le cas. L’écriture de Children of Morta est superbe, et la traduction française accomplit régulièrement de belles prouesses – mais si vous appréciez la langue de Shakespeare, je ne peux que vous recommander de prêter l’oreille.
Descendre avec les Bergson au fond du donjon…
Children of Morta vous propose d’explorer 3 mondes distincts, découpés en 2 à 3 secteurs à chaque fois, eux-mêmes étalés sur 2 à 4 niveaux. Votre objectif dans chaque cas consiste à libérer un esprit afin de tous les réunir et d’affronter le boss final.
Pour cela, vous pourrez incarner l’1 des 6 combattants de la famille Bergson :
- Lucy
- Joey
- Linda
- John
- Kévin
- Mark
Au début, vous n’aurez accès qu’à John et Linda, les autres étant débloqués par la suite. Chaque personnage a son propre arbre de talents et ses spécificités. Lucy lance des boules de feu, mais doit rester immobile pour le faire, tandis que sa sœur Linda constitue une archère hors-pair qui peut tirer en se déplaçant. Afin de mettre l’accent sur l’importance de la famille, Dead Mage a tenu à ce que l’évolution d’un personnage profite à toute la smala : à 5 paliers situés entre les niveaux 1 et 20, des atouts sont débloqués pour tous, ce qui fait 24 passifs communs allant de l’augmentation de la santé max à des runes supplémentaires liées à tel ou tel personnage.
Le sentiment de puissance est là.
Tous ont des capacités propres à débloquer : Joey peut frapper le sol de son marteau, John fait pleuvoir des lames, etc. Et ce n’est pas tout puisque vous pourrez trouver des objets spécifiques dans les donjons : les grâces divines ajoutent des passifs assez variés (les ennemis prennent feu, apparition d’une arme volante pour vous assister…) ; les runes ajoutent des effets aux capacités et armes ; les reliques divines donnent des pouvoirs activables en plus. Comme vous pouvez le constater, c’est assez étoffé, et le résultat est plutôt explosif, notamment dans des donjons particulièrement peuplés. Tout cela fonctionne très bien, à la manière d’un bon vieux Diablo où l’on se retrouve à démembrer tout ce qui passe. En bref, le sentiment de puissance est là.
Sauf avec les persos corps-à-corps…
En revanche, il est quand même vachement moins présent quand il s’agit de jouer avec un personnage corps-à-corps, ce qui représente quand même l’essentiel de notre roster. Le problème vient du fait que contrairement à un Diablo (je reprends le même exemple, je suis fainéant, ça sert à rien de le dire tout haut quitte à vexer), le regain de santé se fait presque exclusivement via des potions qui tombent au sol après avoir tué des ennemis. Autrement dit, il n’y a pas de touche sur laquelle appuyer pour se régénérer, et ça devient vite le dawa dans les donjons, avec des tonnes d’ennemis qui vous sautent à la gorge. Donc vous vous en prenez plein la tronche, mais sans moyen de vous protéger : les compétences défensives sont relativement inefficaces et présentent un délai de recharge important.
Résultat : je me suis retrouvé à ne jouer presque qu’avec Linda, tout simplement parce qu’on sent que le jeu a été développé principalement avec elle en tête. D’ailleurs, je ne vois pas comment j’aurais pu vaincre certains boss avec des persos de corps-à-corps à moins d’avoir pile le bon set d’items (et c’est aléatoire). Bien entendu, à niveau plus élevé, ces personnages deviennent plus potables, mais ça reste toujours laborieux, à moins d’opter pour la coopération à 2 joueurs où pour le coup la complémentarité fait le taf. Seul John parvient un peu à sortir la tête de l’eau grâce à son bouclier, et encore.
En parlant des combats de boss, ceux-ci sont plutôt bien équilibrés et intéressants, exception faite du tout dernier, ce qui est tout de même un peu dommage – mais on s’en sert en réalité plus pour l’aspect symbolique qu’autre chose, et sur ce plan ça fonctionne.
Et profiter du paysage…
Children of Morta cartonne probablement le plus sur son ambiance. Entre le narrateur susmentionné et la BO assez géniale, on se retrouve avec une atmosphère toute particulière dans laquelle on prend plaisir à replonger à chaque nouveau lancement du jeu.
Les décors sont assez fouillés et originaux, pour des tableaux parfois superbes, souvent magnifiques.
Et puis il faut bien dire que la direction artistique claque quand même pas mal, avec une belle personnalité. Les décors sont assez fouillés et originaux, pour des tableaux parfois superbes, souvent magnifiques. Je pense que l’adjectif “dépaysant” n’est pas de trop quand on parle de Children of Morta, même si les niveaux dans lesquels on évolue se révèlent un peu en dessous – et encore, je ne parle pas des pièces renfermant des événements, qui pour le coup valent bien souvent le détour.
Dommage que les personnages manquent de ces détails qui peuplent les décors. Au milieu de tout ça, ils font un petit peu “cheap” en comparaison.
Rencontrer des gens uniques…
Les 3 univers proposés ont des atmosphères spécifiques à vous proposer, depuis les cavernes arachnéennes jusqu’aux ruines cyberpunk en passant par les steppes désertiques. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on voyage.
Côté level design, on est sur quelque chose d’assez bateau : un réseau de couloirs connectant des salles – aucune secrète, dommage -, avec parfois une sorte de barrière magique, indiquant un lieu particulier. Il s’agit souvent d’endroits où vont se dérouler des événements, et ceux-ci sont très nombreux. C’est bien simple, en dehors des mini-jeux, je n’ai jamais eu 2 fois le même, et pour cause : il s’agit de petits scénarios secondaires, des sortes “d’instantanés” permettant notamment de sauver des personnages sans défense ou bien simplement de récupérer des matériaux utiles pour la progression de quêtes secondaires. Cela participe à étoffer l’univers, l’investir d’une vie.
À chaque fois que l’on rentre à la maison des Bergson, il y a toujours une nouvelle péripétie à raconter.
En plus de cela, à chaque fois que l’on rentre à la maison des Bergson, il y a toujours une nouvelle péripétie à raconter pour le narrateur, on retrouve une fois encore cette sensation d’ouvrir le livre de leur vie pour en écouter rien qu’un petit bout, pour le plaisir…
Mais surtout défourailler un max
Children of Morta est une très belle expérience qui gagnerait fort à travailler sur l’équilibrage de ses personnages corps-à-corps, mais elle vaut vraiment le coup qu’on passe une grosse dizaine d’heures à arpenter ses donjons. Le level design n’est pas dingue, le sound design peu soigné et on a quelques bugs ça et là, mais l’atmosphère, l’écriture, le gameplay des persos distance et la foule d’événements uniques à vivre devraient franchement vous inciter à vous plonger dans cette belle aventure.
► Points forts
- 3 univers bien distincts à explorer
- De superbes tableaux à découvrir
- Une foule d’événements secondaires
- Très chouette BO
- Accent mis sur la famille jusque dans le gameplay
► Points faibles
- Le sound design pourrait bénéficier d’un peu plus de travail
- Le level design est assez bateau
- Personnages corps-à-corps vraiment en dessous
Dans la droite lignée du hack ‘n’ slash
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080
- CPU : Intel Core i7-9700k @ 5GHz
- RAM : 16 Go DDR4
- Installé sur SSD M.2
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Children of Morta est disponible sur PC.