Enfin ! Après un épisode 5 qui avait légèrement déçu à sa sortie, avant de devenir un des meilleurs volets de la série au fil des extensions, le dernier Civilization est sorti vendredi 24 octobre. Dans ce nouveau Civilization sous-titré “Beyond Earth”, Fixaris nous propose pour la première fois, comme son nom l’indique, de quitter le plancher des vaches et de partir à la conquête de l’espace. Un choix osé quand on connait les réticences des joueurs dès qu’on touche à leurs repères.
Alors pari gagnant ou mauvaise idée ?
Avant de débuter ce test, jetons un coup d’œil à la configuration matérielle requise :
Configuration minimale :
OS : Windows Vista SP2 / Windows 7
Processeur : Intel Core 2 Duo 1.8 GHz ou AMD Athlon X2 64 2.0 GHz
Mémoire : 2 Go de RAM
Carte graphique : ATI HD3650 ou nVidia 8800 GT
Espace disque : 8 GB
Configuration recommandée :
OS : Windows Vista SP2/ Windows 7,
Processeur : 1.8 GHz Quad Core,
Mémoire : 4 Go de RAM
Carte graphique AMD HD5000 ou nVidia GT400.
Espace disque : 8 GB
Cette configuration reste tout à fait abordable, la génération des GT 400 étant sorti il y a déjà presque 5 ans.
La référence des jeux 4X est de retour
Pour débuter, faisons un bref rappel pour ceux d’entre vous qui ne connaîtraient pas (les malheureux !) ce qu’est la série Civilization.
Civilization est le père des jeux dits 4X, c’est-à-dire des jeux de stratégie dans lesquels le joueur contrôle un empire et dont le gameplay est fondé sur quatre principes : eXploration, eXpansion, eXploitation et eXtermination. Ces jeux mélangent stratégie et gestion et sont réputés pour la profondeur et la complexité de leur gameplay. Un mal profond semble toucher les fans du genre, le célèbre « Un dernier tour et j’arrête », qui se conclut généralement par l’arrêt effectif du jeu deux bonnes heures après avoir prononcé cette phrase. La série des Sid Meier’s Civilization, débutée en 1991, est depuis la référence absolue du genre.
Faire une suite, surtout d’une série aussi mythique, n’est jamais chose aisée. Si le jeu reste trop classique, le joueur a souvent la désagréable sensation de payer plein pot pour une simple extension. Si le jeu se démarque trop de ses racines, c’est l’essence même de la franchise que l’on perd. Voyons donc si, malgré un voyage dans l’espace, le jeu va pouvoir retrouver ses repères et satisfaire ses fans.
Vers l’infini et au delà !
Il vous faudra choisir un riche sponsor pour votre expédition
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne faut pas beaucoup de temps avant de constater les premiers changements. Fini les Césars, Napoléon ou autre Gandhi avec leurs grandes civilisations et leurs caractéristiques prédéfinies, place aux sponsors, équivalent à des continents fictifs. Aux bonus de ces sponsors vous pourrez ajouter ceux apportés par le type de vaisseau, de cargaison et de colons choisis : plus de culture ou de nourriture, carte des côtés offerte ou unités gratuites… De nombreux choix s’offrent à vous pour personnaliser votre empire et vous offrir des débuts de partie très différents.
Votre nouveau monde
Votre civilisation créée, vous êtes prêt à débuter la construction de votre empire.Dès les premiers pas en jeu, les vétérans de la série retrouveront aisément leurs repères. Pour les novices, pas de panique, un didacticiel très complet vous permettra de vous familiariser avec les mécaniques. La désormais célèbre Civilopédia répondra à toutes les questions que vous pourrez vous poser.
Votre conseiller vous apportera une aide précieuse lors de vos premiers pas
Les mécaniques sont donc les mêmes que dans les opus précédents. Vous vous déplacez sur une carte composée d’hexagones en explorant votre monde et développant vos villes. Dans un premier temps vos premières tâches seront de choisir l’emplacement de votre capitale avant de partir à la recherche de ressources et d’étendre votre territoire afin de produire toujours plus de nouvelles structures. Comme dans les épisodes précédents, il faudra toujours garder un œil sur votre santé (qui remplace le bien-être, c’est à dire la satisfaction de votre population), votre énergie (qui se substitue à l’or) et, bien sûr, votre culture, élément essentiel à votre développement.
Quelques nouveautés…
Vous voila bien installé sur votre nouvelle planète, il est donc temps de partir en excursion. Vous vous en rendrez vite compte, la faune locale n’a pas attendu votre arrivée pour se développer, et les extraterrestres primitifs que vous allez rencontrer représentent un danger bien plus important que les barbares des épisodes précédents. En effet, ne comptez pas vaincre un des terribles vers des sables ou un kraken des mers sans plusieurs unités de marines rompus au combat. Si la plupart des formes de vie sont pacifiques à votre arrivée, il peut arriver quelles s’en prennent à vos unités si celles-ci s’approchent trop de leur territoire. Enfin, pour ne rien arranger, la carte est également parsemée de miasme, un étrange gaz toxique qui blesse les unités qui auraient le malheur de s’arrêter dessus.
Bref, vous l’avez compris, ce nouveau monde n’est pas des plus accueillant, à vous de voir si vous souhaitez l’apprivoiser ou le conquérir ! C’est notamment là que les affinités rentrent en jeu.
Les affinités, 3 nouvelles voies pour obtenir des bonus et la victoire
Outre les traditionnelles victoires militaire, scientifique et économique, 3 nouvelles voies de succès s’offrent à vous dans ce Civilization :
- L’Harmonie, qui prône la symbiose avec votre nouveau environnement
- La Suprématie, qui vise à imposer la domination de l’homme et de la robotique
- La Pureté, qui cherche à préserver l’héritage culturel de la race humaine
Une fois au sommet d’une de ces voies, vous pourrez construire une merveille associée pour obtenir la victoire. Chacune de ces affinités imposera donc au joueur de jouer sa partie très différemment selon le type de victoire qu’il souhaite obtenir. L’affinité choisie impactera vos décisions mais également l’aspect de vos bâtiments et de vos unités.
L’apparition d’un système de quêtes
En plus de ce système d’affinités, Civilization voit pour la première fois apparaître des quêtes. Celles-ci peuvent aller de la simple prise de décision politique, par exemple choisir entre privilégier les populations civiles ou militaires (et obtenir le bonus qui va avec ce choix), à la chasse aux extraterrestres en passant par l’établissement de routes commerciales. Si l’idée est intéressante sur le papier, les quêtes restent trop simplistes pour révolutionner le genre. On se contentera souvent de prendre le bonus qui nous paraît le plus utile sans autre considération, nos choix n’ayant le plus souvent pas de conséquence sur l’environnement.
Ces deux ajouts, les quêtes et les affinités, sont certainement les éléments les plus marquants de ce Beyond Earth et représentent une évolution appréciable.
La recherche scientifique revue de fond en comble
Les quêtes ne sont cependant pas le seul moyen de progresser dans votre affinité, la recherche technologique vous permettra également d’accumuler des points précieux dans votre évolution.
La recherche scientifique n’est plus linéaire
L’arbre de recherche a été entièrement repensé par rapport aux épisodes précédents. Un choix logique puisque nous sommes désormais dans le futur, la réalité historique n’a donc plus cours. Pour la première fois depuis le lancement du jeu, le joueur aguerri se retrouve devant une fonctionnalité qu’il doit entièrement (re)découvrir. La toile de recherche proposée est réellement tentaculaire et il faudra une période d’adaptation pour vous y habituer. Pendant les premières parties, il ne sera pas rare de vous trouver bloqué dans votre évolution, faute d’avoir anticipé la recherche qui vous permettra de construire le bâtiment ou l’unité voulue. Certaines de ces recherches vous permettront également de gagner des points dans l’affinité qui lui est associée.
Ce nouveau système, plutôt effrayant pour les néophytes, nécessitera donc une certaine durée de prise en main pour révéler toute sa profondeur. Si le choix de ce nouvel arbre plus fourni est logique dans un univers futuriste, espérons qu’il ne rebutera pas trop les nouveaux joueurs.
… Pour compléter des bases solides
Un des reproches qui revenait le plus à la sortie de Civilization V était l’absence de certaines mécaniques propres à la série. Il avait fallu attendre des extensions pour réparer ces manquements. Civilization : Beyond Earth a retenu la leçon et reprend les bases qui ont fait le succès de la série.
La culture, toujours présente
Si l’énergie est le nerf de la guerre et la santé permet d’éviter les soulèvement, la culture est le troisième pilier de votre empire. Cette culture vous permet de développer vos Vertus (qui remplacent les doctrines sociales), réparties en 4 branches : production, génie militaire, culture et science. Chaque branche offre des bonus très appréciables et, tous les 4 points dépensés, vous obtenez également un bonus de synergie améliorant la production d’une ressources.
Une diplomatie 2.0
Dans les épisodes précédents vous deviez parcourir le monde pour entrer en contact avec de nouvelles civilisations. Bonne nouvelle pour vos chaussures de l’espaces, les nouvelles technologies vous permettent d’entrer en contact avec vos nouveaux voisins dès l’instant où ils posent pied sur votre planète. Le voisinage n’est jamais chose aisé et les sources de possible conflit sont nombreuses : construction trop près de votre capitale, troupes menaçantes, relation un peu trop amicale avec un allié de votre voisin, tapage nocturne, ou différence de point de vue sur la façon de traiter la faune locale. Heureusement vous pourrez également garder vos relations au beau fixe en multipliant les échanges commerciaux et en offrant des « faveurs », c’est à dire en offrant des ressources dans l’optique de peser dans de futures négociations
L’espionnage est de retour…
Mais la diplomatie n’est pas le seul moyen d’obtenir des avantages des autres empires. Vous pouvez également tout simplement vous servir sur place. Pour éviter un conflit ouvert, rien de mieux que l’espionnage. Le système est très simple à prendre en main : une fois vos premiers agents recrutés vous pouvez les assigner à une ville puis choisir leur type de mission (vol d’énergie, collecte d’informations, etc). Plus votre agent réussi de missions sans se faire repérer, plus il acquière d’expérience, de quoi réussir plus vite et plus facilement ses futures missions.
De plus, la présence de votre espion dans une ville augmentera le niveau d’intrigue de celle-ci. Plus ce niveau augmente (jusqu’à un maximum de 5), plus les missions accessibles à votre agent secret deviennent néfastes. Avec un haut niveau d’intrigue, vous pourrez déclencher un coup d’état ou une explosion nucléaire ! L’espion est donc une arme essentielle dans votre course vers la victoire.
… Les routes commerciales aussi
Grandes absentes de Civilization V, il avait fallu attendre l’extension Brave New World pour qu’elles soient finalement implantées, les routes commerciales sont de nouveau disponibles. Pour les utiliser, rien de plus simple, il vous suffira de produire des unités commerciales (limitée à 2 par ville, 3 avec la recherche adéquat) et sélectionner leur destinations. La seul contrainte pour commercer avec un autre empire est d’avoir découvert un chemin viable, c’est à dire sans miasme, reliant vos deux cités. Ces routes sont essentielles pour votre essor économique et pour l’entretien de vos relations diplomatiques. Il faut également noter que l’importance des unités commerciales et leur limitation par ville, pousseront le joueur à construire de très nombreuses villes pour profiter à plein régime de son réseau commercial.
Quelques défauts graphiques et d’ergonomie
Si ce nouvel opus apporte son lot de nouveautés bienvenues, tout en se s’appuyant sur des bases solides, il n’en reste pas moins que certains défauts tenaces collent au jeu.
Le premier d’entre-eux est, malheureusement, la patte graphique du titre. Un jeu de stratégie / gestion ne repose pas autant sur sa qualité graphique qu’un FPS ou jeu d’aventure, pourtant il faut reconnaître que la direction artistique de ce Civilization Beyond Earth est particulièrement fade, notamment la faune ou les nouvelles ressources. Il ne faudra donc pas vous attendre à être émerveillé devant un paysage extraterrestre inconnu. Plus grave encore, la carte est très peu lisible. Il est difficile de différencier les collines des terrains plats, et il n’est pas rares de stationner par mégarde une de vos unités dans une case de miasme peu visible. Si, en tant que joueur il est facile de passer outre une direction artistique moyenne, cela devient beaucoup plus compliquée quand celle-ci nuit, même légèrement, à l’expérience de jeu.
Le second concerne la gestion de vos unités commerciales et de vos espions. Dès leur mission terminée (entre 3 et 25 tours, selon l’unité et la mission), il faut en réassigner une nouvelle. Si cela ne pose par de réel problème en début de partie, cela devient de plus en plus fastidieux au fur et à mesure de votre expansion. Il est ainsi courant de débuter les tours par la réassignation de plusieurs unités commerciales et de la mission d’un agent. Un système automatisé aurait été appréciable, notamment pour le commerce.
Conclusion
En quittant la terre ferme pour nous envoyer dans l’espace, Firaxis a pris un pari risqué pour sa franchise culte.
Les mécaniques de base, les déplacements sur des cases hexagonales, la développement de nos cités grâce à trois ressources principales, la diplomatie, etc, sont toujours bien présentes, mais heureusement les développeurs ont su intégrer suffisamment de nouvelles fonctionnalités pour que le joueur n’ait pas l’impression de jouer à un Civilization V spatial. Les affinités et l’arbre de recherche apportent une véritable profondeur, et une touche d’originalité au titre, ce qui lui permet de se démarquer de ses prédécesseurs.
Malheureusement, quelques soucis esthétiques et d’ergonomies viennent ternir l’ensemble. De plus, la grande complexité du jeu, un véritable atout pour les férus de stratégie, pourra se révéler handicapante pour les nouveaux joueurs.
Malgré ces quelques défauts, le joueur amateur du genre 4 X devrait néanmoins toujours trouver autant de plaisir à jouer « juste un tour de plus ». On espère que les futures extensions amélioreront ce titre, comme « Gods and Kings » et « Brave New World » avaient su le faire pour Civilization V.
Les plus :
- Une personnalisation plus poussée de notre empire, dès sa création
- De nouveaux bâtiments, ennemis, soldats, etc
- Le système d’affinités qui a un réel impact sur votre stratégie
- Durée de vie théoriquement infinie
- Le retour de l’espionnage et des routes commerciales
- Les extraterrestres bien plus menaçants que les barbares
- Arbre de recherche complet…
Les moins :
- … Mais peut-être trop, notamment pour les néophytes
- Direction artistique fade et carte peu lisible
- Quelques soucis d’IA lors des relations diplomatiques
- Les quêtes qui ne sont pas assez poussées
Le système de recherche est vraiment pénible à maitriser, mais ce jeu reste génial !
merci du test ! ;)