Parmi les sorties du mois d’avril se dressait un jeu indépendant qui a fortement piqué ma curiosité. Avec son ambiance colorée et son pitch aguicheur, Cloudpunk avait tout pour caresser dans le sens du poil l’amateur de cyberpunk que je suis. Après quelques heures de jeu, le verdict est-il toujours aussi optimiste ? Eh bien, oui et non.
Rania, la grande gueule
Développé par le petit studio allemand Ion Lands, Cloudpunk nous met dans la peau de Rania, une jeune femme tout juste arrivée dans la ville décadente et dystopique de Nivalis. Afin de survivre, elle acceptera de travailler en tant que livreuse pour la mystérieuse — et pas toujours légale — société Cloudpunk.
Cloudpunk est avant tout un jeu narratif.
Au cours de ses livraisons, Rania sera amené à rencontrer de nombreux individus qui permettront au joueur d’en apprendre plus sur l’univers qui l’entoure via une multitude de dialogues. Car autant vous le dire tout de suite, Cloudpunk est avant tout un jeu narratif. Vous allez passer le plus clair de votre temps à discuter avec quelqu’un. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose en soi, d’autant que l’on en apprend beaucoup sur l’univers grâce à ça, mais cela pourra créer chez certaines personnes une sorte de frustration.
En effet, il arrive assez régulièrement que le personnage de Rania s’attarde sur des choses soit évidentes soit pas forcément pertinentes pour le joueur — et comme le titre ne propose aucun choix de réponses, on est obligé de “subir” certains dialogues, impuissant.
Sans atteindre la qualité d’écriture d’un Pillars of Eternity, on aurait aimé que certains dialogues ne s’éternisent pas autant pour rien.
Outre cette déconvenue et ma frustration mise à part, on est tout de même rapidement plongé dans cet univers fascinant. L’intrigue est assez lente à se mettre en place, mais c’est toujours avec plaisir que l’on enchaîne les missions afin d’en apprendre plus sur le passé de Rania ou sur les habitants de Nivalis. Durant la première moitié du jeu, celles-ci ne seront d’ailleurs qu’une succession de petites histoires, parfois drôles, parfois tristes, mais jamais forcées.
Niva pas si lisse
Mais il faut être honnête, si Cloudpunk titille autant la curiosité des joueurs, c’est avant tout grâce à son atmosphère absolument sublime, à la frontière entre Blade Runner et Le Cinquième Élément. Jamais un monde réalisé en voxels n’aura été aussi beau. Véritable protagoniste principal du jeu, la ville de Nivalis — à la fois colorée et pourtant si froide — prend littéralement vie devant nos yeux.
Jamais un monde réalisé en voxels n’aura été aussi beau.
La bande originale de Cloudpunk y est pour beaucoup et Harry Critchley nous livre de superbes morceaux à grand coup de synthétiseur analogique dans la pure tradition cyberpunk.
Nivalis est donc une réussite, et heureusement. Puisque l’on va passer le plus clair de son temps à faire des aller-retour en son sein, s’il y avait une chose qu’il ne fallait pas louper, c’était bien ça.
Mais Cloudpunk n’est pas exempt de défauts et pourra décevoir les joueurs sur de nombreux aspects. Alors, remontons nos manches et plongeons les mains dans le cambouis.
Tout d’abord, il faut savoir que le titre n’intègre aucune forme de défis. Malgré votre travail de livreur “borderline”, vous aurez tout le temps nécessaire pour effectuer vos missions. Pourtant, le jeu vous apprend très tôt qu’il vaut mieux naviguer sur les autoroutes afin d’aller plus vite, au risque cependant de percuter les nombreux véhicules qui y circulent. Cependant, le jeu ne nous y invite à aucun moment. Pas de missions chronométrées, pas de courses poursuite, rien qui justifierait l’utilisation des autoroutes si ce n’est la volonté d’expédier au plus vite les différentes missions afin de passer à autre chose (ce qui serait dommage et gâcherait l’intérêt même du titre).
Pourquoi diable prendre le risque d’endommager son véhicule (et donc de payer des réparations coûteuses) en empruntant ses fameuses autoroutes ? D’autant que Cloudpunk nous invite sans cesse à l’exploration et rien n’est plus satisfaisant que de slalomer entre les divers buildings qui jonchent Nivalis.
Laissez-moi jouer
Pour cela, le jeu nous offre la possibilité de customiser son véhicule au travers de diverses améliorations.Une composante qui ne sert à rien pour l’aventure, mais apporte un confort de jeu supplémentaire.
Et c’est là que le titre se prend les pieds dans le tapis. Son concept n’est qu’un prétexte au scénario, il n’apporte absolument rien en matière de gameplay. Il en va de même pour les différents marchands et dealers qui parsèment le monde. Vous pouvez leur parler, leur acheter des produits, mais ils sont inutiles en dehors de certaines quêtes.
Cloudpunk se présente comme un jeu semi-ouvert avec de grandes zones interconnectées que vous pourrez explorer librement. Une feature qui n’apporte finalement pas grand-chose en dehors des missions de livraison, à part nous imposer des temps de chargement un poil longuets. Les plus collectionneurs d’entre nous pourront bien parcourir le monde à la recherche de tous les collectables, mais l’intérêt s’arrête ici.
Le concept de Cloudpunk n’est qu’un prétexte à son scénario et n’apporte rien au gameplay.
Et c’est bien dommage, car nos premiers pas dans Cloudpunk nous laissent penser que nous sommes dans un jeu en monde ouvert dense et fourmillant d’activités annexes. Au final, on se retrouve avec un jeu possédant une excellente composante narrative, certes, mais dont la seule liberté d’action se résume à ramasser des trucs posés aux quatre coins de la carte. En totale opposition avec sa réussite visuelle, Nivalis est un échec ludique.
Un potentiel parasité
En définitive, Cloudpunk est un excellent jeu narratif qui plongera le joueur dans un univers riche et complexe, sublimé par une direction artistique et une bande originale de toute beauté. Néanmoins, le titre de Ion Lands oublie de nous proposer une expérience ludique digne de ce nom et se contente de nous balancer à la suite ses différentes péripéties. Une fois son service terminé, le joueur se retrouve donc avec le sentiment désagréable de n’avoir été qu’un simple spectateur.
Ce qu’on a aimé :
- La direction artistique sublime
- La bande originale signée Harry Critchley
- La narration
- Les doublages de bonne qualité
- La ville de Nivalis
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Une composante ludique quasi inexistante
- Les dialogues qui n’en finissent plus
- Pas de carte de Nivalis
- La caméra lors des phases à pied
- Les temps de chargement un poil longs
Ce jeu est fait pour vous si :
- Vous aimez le Cyberpunk
- Vous aimez Blade Runner
- Les quêtes Fedex ne vous dérangent pas
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
- Vous préférez le gameplay à l’histoire
- Vous n’aimez pas les Legos
Configuration de test :
- GeForce GTX 1080
- AMD Ryzen 5 1600X
- 16Go RAM
- Installé sur HDD
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Cyberpunk est disponible sur PC et prochainement sur PS4, Xbox One et Switch.