Vous êtes commandant d’un vaisseau impérial dans un univers où l’empire à disparu, c’est comme un gros lendemain de cuite dans l’espace en beaucoup mieux.
Plutôt deux fois que Dune
Crying Suns prend ses racines dans plusieurs choses. Le jeu vidéo d’abord avec une influence Faster Than Light manifeste, mais aussi la littérature avec Fondation d’Isaac Asimov et Dune de Frank Herbert. Un robot (ou OMNI) à l’allure bien inquiétante vous réveille pour vous informer d’une situation bien grave : l’empire est en déliquescence, et vous feriez bien de trouver pourquoi. Si en plus au passage vous pouviez le restaurer, vous seriez un chou.
Autre info de taille : vous êtes mort. En réalité, votre conscience a été téléchargée dans l’un des milliers de clones à disposition de l’OMNI qui gère le centre dans lequel vous vous êtes éveillé. Cela donne bien sûr une explication scénaristique à vos futurs décès dans le vide intersidéral.
Votre but est donc de comprendre ce qui a mené à la fin de l’empire, empire qui était entièrement dépendant des OMNI. Ceux-ci se sont soudainement arrêtés de fonctionner, et depuis c’est l’anarchie : des ferrailleurs (des fans de Karine Ferri) chassent les vaisseaux et pillent les planètes, des pirates jouent aux pirates, une église remplie de fanatiques mène une croisade à travers les étoiles… comme vous le constatez, le quotidien n’est pas facile là-haut.
Crying Suns a le mérite de vouloir proposer un scénario mystérieux, sombre et intéressant.
Crying Suns a le mérite de vouloir proposer un scénario mystérieux, sombre et intéressant pour le joueur et on sent effectivement bien les influences littéraires mises en avant par le développeur Alt Shift. Nous sommes peu à peu amenés à comprendre les événements passés, mais aussi le fonctionnement de feu cet empire grâce à diverses interactions, avec notre équipage et notre OMNI comme avec des étrangers rencontrés au hasard des voyages.
Trek à travers les étoiles
C’est notamment par son écriture que Crying Suns m’a mis le grappin dessus. La VF est vraiment bonne (oui c’est un studio français, non ça ne veut rien dire) et installe le joueur dans des dialogues captivants qui ont malheureusement le tord de venir à se répéter trop rapidement. En effet, Crying Suns joue aussi sur des événements aléatoires qui surgiront à presque chaque nouvelle planète explorée. Sauf qu’une fois qu’on sait ce qui va se passer… ben on le sait quoi, et ça ampute tout de même pas mal le plaisir de ce côté-là, pour moi très important.
[Crying Suns] installe le joueur dans des dialogues captivants qui ont malheureusement le tord de venir à se répéter trop rapidement.
L’ambiance est aussi boostée par la mise en scène et la qualité des animations. On est sur du pixel art et des dessins à la mano qui ont fière allure avec une bonne diversité des couleurs, dans la mesure du possible pour un contexte spatial. Le fait de voir en quasi permanence à travers la grande baie vitrée du vaisseau, l’équipage posté devant, donne une chouette impression Star Trek.
Rien de tel que de voyager d’un système à l’autre avec cette mise en scène, de débouler en vue d’une planète nimbée d’un halo vert devant laquelle est postée le vaisseau d’un ferrailleur et entamer le sauvetage d’otages pendant qu’on occupe le capitaine. Car c’est la force des événements de Crying Suns : vous avez le choix. Maintenant, comme dit plus haut, une fois qu’on connaît l’issue, en dehors des choix 50/50 qui vous donne 1 chance sur 2 de réussir, eh bien on sait immédiatement où cliquer.
Toute Fondation se base sur des ressources
Parlons un peu d’exploration spatiale. Il existe plusieurs vaisseaux que vous pouvez débloquer et améliorer pour augmenter les capacités. Chacun embarque des officiers, des armes, du carburant et des commandos. Le carburant est disponible en quantité relativement limitée et il faudra siphonner des structures OMNI ou passer dans des stations marchandes pour faire le plein. C’est très important car vous devez rester en mouvement sans quoi vous serez rattrapé par des ennemis particulièrement puissants lancés à vos trousses.
[Chaque planète] a quelque chose à offrir, qu’il s’agisse d’un événement, d’un combat ou d’une expédition planétaire.
Grâce à la carte des étoiles qui m’a bien fait penser à Void Bastards comme il faut, vous pouvez choisir la route à emprunter en direction du boss de zone, tout à droite. Vous discernez à chaque fois le nombre d’anomalies, la présence de ferraille, mais surtout le nombre de planètes à explorer. Chacune a quelque chose à offrir, qu’il s’agisse d’un événement, d’un combat ou d’une expédition planétaire.
Les expéditions planétaires vous permettent d’envoyer un équipe dirigée par un officier à la surface d’une planète pour récolter des ressources (ferraille, armes, officiers…). Vous les suivez grâce à une carte holographique (forcément) et n’avez que peu de contrôle sur les événements. Tout se résout au jet de dés (vous ne jetez rien, c’est automatique) et vous pouvez seulement battre en retraite ou continuer à intervalles réguliers. Cette partie du jeu est un peu frustrante tant la place laissée au hasard est grande, mais j’apprécie tout de même le fait qu’en tant que commandant du vaisseau, on est obligé de regarder les choses sans pouvoir intervenir. Même un commandant peut parfois être impuissant.
Lorsque vous avez fini d’explorer le système, vous pouvez passer au suivant, et ainsi de suite jusqu’à ce que vous boucliez le chapitre et passiez au suivant après avoir dessoudé le boss. Crying Suns est très répétitif, mais ça ne devient un problème qu’à partir du moment où l’on connaît bien les événements aléatoires.
Ekumen l’espace et braquer les Rocannon sur l’ennemi
Là où Crying Suns brille le plus – en dehors de son atmosphère et de son écriture, bien sûr -, c’est dans les combats. Dès qu’un affrontement se déclenche on passe en vue top-down et un quadrillage se dessine pour laisser apparaître un terrain de bataille.
Chaque vaisseau doit alors gérer 3 éléments : les escadrons, les armes et la coque. Le principe de la coque est plutôt évident, je pense : si elle est détruite, vous êtes mort. Les armes se chargent après quelques dizaines de seconde et permettent de faire feu sur les escadrons ou le vaisseau adverses.
Les escadrons, quant à eux, ont un délai de réapparition bien plus réduit et permettent de partir à l’assaut directement sur le terrain. Chacun a ses forces et faiblesses – par exemple les drones éclatent les frégates, les frégates éclatent les chasseurs, les chasseurs éclatent les drones, vous voyez le délire – et il vous faudra user habilement de vos troupes pour venir à bout de l’adversaire, d’autant que le terrain est parfois miné (astéroïdes, tourelles, etc.).
Ce qu’il y a de palpitant dans les combats de Crying Suns, c’est que tout peut se jouer en 10 secondes.
Ce qu’il y a de palpitant dans les combats de Crying Suns, c’est que tout peut se jouer en 10 secondes. Vous pensiez défoncer ce vaisseau pirate tranquille ? Il fait feu sur vos 2 frégates puis fait immédiatement apparaître une foule de drones qui se lance à l’assaut de votre coque. Vous réagiriez bien, seulement vos docks sont en train d’appareiller les escadrons et il leur faudra 9 secondes pour cela, et vous venez d’utiliser vos armes, rendez-vous dans 25 secondes. Sauf que d’ici 5 secondes, votre coque va exploser…
La porte vers les étoiles
Crying Suns constitue une belle aventure spatiale digne de ses influences. L’écriture et les choix de design nous installent dans l’atmosphère et le personnage tandis que les combats mettent à l’épreuve notre sens de la stratégie, mais aussi notre réactivité face à l’imprévu. On pourra cependant lui reprocher un nombre d’événements trop peu conséquent qui conduit à une répétitivité précoce. De même, l’inspiration FTL est bien là, mais il faut bien avouer que la difficulté et la richesse de son gameplay n’y est pas pour autant.
► Points forts
- Digne de ses inspirations littéraires
- Écriture et atmosphère aux petits oignons
- Combats haletants
- Durée de vie confortable
► Points faibles
- Ça manque de défi
- Les événements viennent trop vite à se répéter
- Expéditions planétaires laissant trop au hasard
Assez de carburant pour nous mener dans les étoiles
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080
- CPU : Intel Core i7-9700k @ 5GHz
- RAM : 16 Go DDR4
- Installé sur SSD M.2
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Crying Suns est disponible sur PC.