Après un an de retard, voici enfin venir la suite tant attendue de Divinity: Original Sin par Larian Studios. Gonflé à bloc grâce à un Kickstarter – à l’instar de celui du premier opus – largement réussi et qui a quadruplé son financement, ce Divinity: Original Sin 2 nous arrive avec, entre autres, de la coopération jusqu’à quatre joueurs et un mode Game Master qui fleure bon le jeu de rôle papier.
“Oh, mais il exagère !”, “Putain de fanboy !” Oui, mais non. Divinity: Original Sin premier du nom m’avait véritablement séduit (charmé même), de même que l’écrasante majorité de ceux qui s’y sont essayé, mais je ne l’avais pas fait d’une traite malgré tout – je sais, honte à moi. Il n’en demeurait pas moins génial. Et justement, son petit frère fait tout mieux que lui et il est en plus extrêmement complet – il m’est strictement impossible d’appuyer sur le bouton “Quitter le jeu”. Commençons notre tour d’horizon par les graphismes, affinés et léchés plus que jamais pour ce second opus. Les visages sont plus doux que dans le premier et les effets sont à se damner. De grâce, prenez un mage et emmenez-le dans les sommets des niveaux élevés pour lui faire déchaîner une panoplie de sorts qui vous brûleront les mirettes et vous feront en redemander malgré tout. Même les héros tirant davantage sur les capacités physiques ne sont pas en reste et proposent des effets visuels soignés.
La direction artistique se révèle une fois de plus à toute épreuve et, la carte de campagne étant plus grande que jamais, vous passerez par de nombreux environnements fourmillant de détails et de coins et recoins à explorer. Les différentes races sont très bien représentées et offrent chacune leur identité visuelle propre. Les elfes détonnent particulièrement – on aime ou n’aime pas le choix design opéré par Larian Studios pour le peuple des oreilles pointues, il n’empêche que dans tous les cas, il est assumé et bien réalisé ; l’originalité et la singularité sont de mise, par rapport aux autres races, mais aussi aux autres jeux et représentations habituelles de ces êtres. Vous aurez donc le choix entre les traditionnels humains, les nains, les elfes, les lézards… et les morts-vivants ! qui sont en fait des déclinaisons squelettiques des quatre races susmentionnées, mais avec bien entendu des implications profondes, nous y reviendrons.
La direction artistique se révèle une fois de plus à toute épreuve et, la carte de campagne étant plus grande que jamais, vous passerez par de nombreux environnements regorgeant de détails et de coins et recoins à explorer
Quant aux différents builds qui vous sont proposés en début de partie, on en dénombre quatorze et ceux-ci offrent une belle diversité qui fera figure de choix cornélien pour vous. Détendez-vous, les développeurs ont eu la bonne idée de permettre aux personnages alliés que vous rencontrerez de vous offrir de changer de spécialisation pour prendre celle que vous préférez. Grâce à cette fameuse variété de presets, vous avez moult combinaisons à votre disposition pour rouler sur vos ennemis et libre à vous d’expérimenter quantité de combos, car c’est bel et bien largement possible. Vous noterez l’utilisation des mots “preset” et “build” plutôt que de “classe”, tout simplement parce qu’à l’instar d’un bon vieux jeu de rôle ou d’un Dark Souls, pour ne prendre que cet exemple, vous démarrez effectivement avec une base et c’est à vous ensuite de faire votre sauce. Vous pouvez ainsi vous autoriser toutes les folies et combinaisons possibles, du moment que ça vous plaise. J’ai pour ma part un soldat hydrosophiste et nécromant, un ranger pyrokinétique, un voleur métamorphe et géomancien, j’en passe et des meilleurs…
Ce qui fait incontestablement la force (enfin l’une d’entre elles…) de la licence Divinity, c’est sans conteste sa qualité d’écriture. Le légendaire Chris Avellone (littéralement, il est cerclé d’or pur, brille – super pratique pour retrouver ses clés dans le noir – et présente des caractéristiques incomparables), qui a travaillé sur Baldur’s Gate, Fallout: New Vegas, Planescape: Torment, Torment: Tides of Numenéra, Pillars of Eternity et Prey (entre autres – oui, c’est là que tu dois te dire : “attends il a bossé sur d’autres projets de cette trempe ? Quel CV mazette !”) a chapeauté l’écriture de ce Divinity: Original Sin 2… et il s’agit sans conteste d’une pierre à ajouter à l’édifice qui sera je l’espère bâti à sa gloire dans un futur proche. Les textes sont beaux, précis, et le travail sur la narration est superbe, tout simplement. L’humour est toujours aussi présent et subtil que dans le premier opus ; je me suis payé quelques bons fous rires durant l’aventure et j’en garde un souvenir tout aussi marquant que pour le précédent titre. Notez que Larian Studios a vu les choses en très grand puisque l’intégralité des textes sont doublés à la voix (en anglais seulement malheureusement), narration comprise, et cela ajouté à la force de l’écriture accouche d’un résultat envoûtant. Décidément, je n’arrive pas à m’ôter cette belle narration de la tête. Au passage, on parle ici de 1 200 personnages, 74 000 lignes de dialogue pour 80 acteurs.
Les textes sont beaux, précis, et le travail sur la narration est superbe, tout simplement.
Le scénario en lui-même n’est pas moins travaillé et vous propulse longtemps après les événements de Divinity: Original Sin. Ceux habités par la Source sont traqués et purgés de leurs pouvoirs par l’Ordre Divin, sorte de secte ultra-puissante et dominée par l’Évêque Alexandar, censé constituer la prochaine divinité, l’homme qui concentrera la bénédiction des sept dieux. Vous faites partie des Ensourceleurs emmenés à Fort Joie pour être “soigné” de votre Source et allez devoir vous battre pour vous en sortir et affronter les défis encore plus grands qui vous attendent par-delà la mer, en Rivellon, car le destin du monde se trouve dans la balance. Comme à l’accoutumée, je me garderai de vous spoiler quoi que ce soit et vais simplement vous demander de faire confiance à Chris Avellone et à l’équipe de scénariste – en gage de leur excellent travail, vous pouvez vous référer au précédent paragraphe.
Quelques mots sur la bande-son, que l’on avait trouvée un peu en dessous du premier opus lors de notre aperçu l’année dernière : le niveau est bel et bien remonté et je suis pour ma part très satisfait des bruitages et surtout des musiques qui accompagnent nos pérégrinations. En particulier, certains combats m’ont véritablement fait marquer un temps d’arrêt où je me suis dit : “hé, ça envoie ça !”
Alors, prends-toi en main… Dans Divinity: Original Sin 2, tous vos choix ont des conséquences. Bien entendu, tous n’ont pas le même impact en termes de gravité, mais une fois de plus vous devrez faire attention à la façon dont vous choisissez de résoudre les dialogues, car il pourrait en résulter des conséquences déplaisantes. En parlant des choix de dialogue, notons au passage que Larian Studios a eu l’excellente idée d’introduire un système dit “Historiques” qui vous permet d’incarner un personnage déjà paramétré au niveau de sa biographie (vous pouvez quand même choisir le build de départ qui vous chante) et de ses étiquettes. Ce qu’il y a de très bien à ce niveau est l’ajout d’un fil rouge propre à votre héros, une longue quête qui vous apprendra l’histoire de celui-ci et offrira des lignes de dialogue supplémentaires que vous pourrez parfois choisir pour creuser son passé et sa vie. Ajoutons que des PNJ vous reconnaîtront – certains ont des comptes à régler avec vous ! – et cela amènera des interactions particulières. Une fois de plus, les développeurs n’ont pas fait les choses à moitié puisque ce sont cinq personnages “Historiques”, chacun présentant une histoire complètement distincte de celles des autres, que vous pouvez incarner. Au sujet des étiquettes susmentionnées, ce sont des mots-clés que vous choisissez (jusqu’à deux) et qui permettent d’étoffer (encore !) les choix de dialogue : un passé de soldat vous donnera quelques facilités avec les gardes, mais aussi avec d’autres personnages qui partagent cette étiquette (à votre insu) ; en tant que hors-la-loi, vous aurez moins de mal à balancer quelques phrases bien senties, si vous voyez ce que je veux dire…
Son système de combat (ou distribution de mandales, c’est selon) est plus poussé que celui de XCOM 2. Je vous laisse relire la dernière phrase pour prendre sa mesure.
Votre destin, c’est aussi d’éclater des adversaires à tour de bras, et là aussi Divinity: Original Sin 2 donne une leçon à la concurrence. Son système de combat (ou distribution de mandales, c’est selon) est plus poussé que celui de XCOM 2. Je vous laisse relire la dernière phrase pour prendre sa mesure. Le fait est que vous êtes ici très libre de vos mouvements – dans la limite de vos points d’action – et les développeurs ont choisi de rester très proches du monde du jeu de rôle, notamment avec les attaques d’opportunité qui se déclenchent si vous avez le malheur de tenter de vous échapper de l’emprise d’un adversaire tenace au corps-à-corps. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte, comme le fait de se trouver en surplomb d’ennemis (dégâts améliorés grâce à une compétence, améliorable elle aussi pour que l’effet soit boosté), mais aussi et surtout l’interaction entre les éléments. Véritable fer de lance du précédent titre, celle-ci est toujours aussi présente et poussée. Vous n’aurez probablement pas assez d’une seule partie pour maîtriser toutes les opportunités tactiques de Divinity: Original Sin 2 : créer un nuage de vapeur pour l’électrifier, téléporter une barrique de goudron dans un feu de camp pour enflammer une troupe d’adversaires, faire pleuvoir du sang pour ensuite utiliser vampirisme pour se soigner et maudire ce qu’il reste au sol afin d’affliger ses adversaires… les possibilités stratégiques sont pour ainsi dire infinies et les combats vous offriront ainsi toujours quantité de portes de sortie… d’autant que le renouvellement apporté par la variété des compétences et domaines de compétences – et donc des combos de héros – est énorme.
Tout ceci pousse forcément à la rejouabilité, plus que le grand frère paru en 2014 à mon sens, d’autant que pour bon nombre de quêtes, vous aurez envie d’explorer les autres voies de sortie possibles. En définitive, DOS 2 vous offre une durée de vie dantesque, surtout si vous avez envie d’en explorer les moindres recoins tant au niveau de l’histoire qu’au niveau du gameplay. D’autant que vous pourrez faire l’expérience de jouer un mort-vivant et des différentes compétences raciales. C’est pourquoi je vous conseille de diversifier votre équipée sauvage – d’autant qu’il est désormais possible de jouer en coopération jusqu’à quatre joueurs ! Le groupe au complet débarrassé des IA ! Les elfes peuvent par exemple dévorer les cadavres pour se remémorer les derniers instants des gens, les morts-vivants peuvent se servir de leurs doigts squelettiques pour crocheter les serrures (mais le soin leur fait du mal tandis que le poison les soigne).
Et vous savez le pire dans tout ça ? C’est que je n’ai même pas fait le tour de tout ce que ce jeu a à vous offrir. Avant de nous attarder sur le mode Game Master, parlons deux secondes de l’artisanat et de l’inventaire. Le premier est simple d’utilisation et comprend même un système de runes, désormais. Vous pourrez apprendre des recettes tout au long de votre périple et les mettre en pratique très simplement. Les runes sont encastrables dans les équipements disposant d’emplacements disponibles et vous pouvez les retirer quand bon vous semble sans les perdre. Mon seul regret – j’ai bien dit le seul – est le manque de soin apporté à l’inventaire, toujours aussi bordélique qu’auparavant. L’ajout de catégories et d’une fonction recherche aurait largement été bienvenu ; là, j’ai systématiquement du mal à m’y retrouver et je m’use les yeux à chercher l’icône qui fera mon bonheur à chaque fois.
Bien, parlons jouissance – encore plus, je veux dire. Larian Studios réussit l’exploit de proposer un mode dans la plus pure tradition du jeu de rôle papier… avec presque autant de libertés ! Ma mâchoire s’est littéralement décrochée et je me suis retrouvé à imiter Marty McFly pendant cinq minutes (sans mentir) en regardant tout ce que proposait le mode Game Master de Divinity: Original Sin 2.
Je me rends compte à présent que, si l’édition collector du jeu est proposée en forme d’écran de MJ avec un socle en velours pour y jeter des dés, c’est complètement et sans doute aucun justifié, mérité et pertinent (c-c-c-combo !) ! Entrez dans ce mode pour créer vos campagnes de A à Z, en déterminant tout : carte, niveaux, cheminements, événements surprises. Et on va plus loin avec la possibilité simplissime de récupérer des illustrations sur son PC, partager ses campagnes, récupérer celles des autres et jouer avec des joueurs du monde entier ! On ne va pas s’arrêter en si bon chemin : créez vos dialogues avec choix multiples, récompenses, objets uniques/légendaires/divins… On vous offre quantité de niveaux déjà bâtis, vous n’avez plus qu’à les remplir. Et à partir de là, la liberté reste totale : créez autant de personnages que vous voulez, renommez-les, faites leurs stats, générez des événements, plusieurs scènes de niveau. Allez plus loin et paramétrez la musique d’ambiance, le temps qu’il fait, etc.
Ma mâchoire s’est littéralement décrochée.
Et il n’est ici question que de la phase de préparation. Car en jeu, vous pouvez être joueur, mais aussi, bien entendu, MJ, et vous pouvez tout à fait faire pause pour prendre le temps de narrer l’histoire à vos joueurs. Vous pouvez en plus vous servir de la banque de son de DOS 2 pour accompagner et rythmer votre récit en racontant par exemple qu’une porte de cellule s’ouvre soudainement et jouer alors le son d’ouverture de porte métallique. Le problème d’un jeu vidéo – n’importe quel joueur de jeu de rôle papier vous le dira – est qu’il est physiquement limité dans ses possibilités, tandis qu’un JdR traditionnel n’a que l’imagination pour frontière. Coup de bol, les développeurs sont également des férus de JdR papier et ont donc élaboré ce mode en gardant cette passion à l’esprit. Vous pouvez donc à tout moment passer par un menu pour réclamer un jet de dés (au nombre de faces de votre choix, cela va de soi) à vos joueurs en réclamant une réussite dans telle ou telle statistique (ou dans aucune en particulier). Larian Studios encourage au passage à ne pas se limiter à ce que le jeu peut “physiquement” faire : si les joueurs veulent jeter quelqu’un d’une falaise, un jet de dés et le MJ peut régler ça tout de suite, avec un peu de mise en scène si cela lui sied (et en bon MJ cela devrait). Bien entendu, le MJ peut aussi prendre possession des “méchants” pour se la jouer PvP contre les joueurs. Bref, je ne vous fais pas un dessin : c’est un carton plein.
Divinity: Original Sin 2 fait figure d’incontournable, c’est un fait. À une époque où le RPG fait son retour en force avec des titres aussi marquants et géniaux que Pillars of Eternity, Tyranny, Wasteland et j’en passe, DOS 2 constitue en ce qui me concerne le jeu que j’ai toujours attendu. Le titre de Larian Studios parvient à exceller sur tous les plans et le seul qui lui fait défaut est celui de l’inventaire, c’est dire… n’oublions pas que cette équipe de développement est connue pour proposer quelque temps après la sortie et à titre gratuit une “Enhanced Edition” qui apporte quantité d’améliorations. Je me demande bien où ils vont aller les chercher pour cet opus d’une qualité déjà remarquable, mais j’aimerais bien que ça soit du côté de l’inventaire – il serait temps. L’équipe de scénaristes sous la houlette de Chris Avellone a fait des merveilles et l’ambiance proposée ainsi que la qualité d’écriture globale sont tout simplement irréprochables. Le gameplay demeure à toute épreuve et se propose même de pousser le vice plus loin avec des options tactiques toujours plus poussées. Les arbres de pouvoirs et la personnalisation à l’extrême des personnages permettent toutes les combinaisons et c’est un véritable plaisir que d’expérimenter plusieurs combo de personnages éclectiques. Les interactions entre “éléments” se trouvent une fois de plus au sommet et la stratégie induite l’est tout autant. Vous pourrez profiter de tout ça sur fond de superbe musique avec des effets visuels décapants, de même qu’une direction artistique léchée, et le tout pour une durée de vie à toute épreuve. Enfin, je ne me remets toujours pas de ce mode Game Master, qui résonne tout particulièrement pour moi, car vraiment réussi (et la tâche était de taille, grande taille, genre tu comptes plus les X) même si je regrette qu’il ne soit pas facilement possible de créer ses propres niveaux – mais gardons à l’esprit que le jeu dispose du Steam Workshop et les petites mains s’activent déjà à proposer du contenu… Dans le fond, ce qui résume le mieux Divinity: Original Sin 2, c’est probablement la passion, celle qu’ont mis les développeurs dans ce jeu d’un genre qui les fascine, c’est une évidence.
Pour toutes ces raisons, Divinity: Original Sin 2 récupère très légitimement la note qui est la sienne.
► Points forts
- Effets visuels à décoller la cornée
- Direction artistique et graphismes superbes
- Environnements variés
- Arbres de talents multiples et étoffés
- Toutes les combinaisons de compétences sont envisageables, pour des combos passionnants
- Textes, doublages voix, scénario bétonnés
- Humour subtil et néanmoins bien présent
- Très jolies musiques pour agrémenter le tout
- Durée de vie dantesque
- Système de combat poussé aux possibilités stratégiques qui le sont tout autant
- Le mode Game Master réussit l’exploit de retranscrire au mieux l’expérience du jeu de rôle papier
► Points faibles
- L’inventaire est toujours aussi bordélique
- Pas de doublage des voix en français
Quand c’est aussi fabuleux, je ne vois pas pourquoi il faudrait être timide sur la note
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse offerte par Larian Studios.
Divinity: Original Sin 2 est sorti le 14 septembre sur PC. Notez que nous vous proposons la solution complète ainsi que des guides Divinity: Original Sin 2 à cette adresse.
Achat GoCléCD.
Alors, compare a votre aperçu de 2016 (https://www.warlegend.net/apercu-divinity-original-sin-2-coup-coeur-redaction/) c’est toujours génial ? les musiques sont améliorées ?
c’est ce que l’on peut appeler un sans fautes,merci
Hier est sorti un patch qui permet, entre autre, de bien mieux gérer l’inventaire, avec ce patch, ke pense que la note peux passer à 25/20 :)