Cela faisait 12 ans – 22 si on ne compte pas le troisième épisode qui dénote complètement par rapport aux deux premiers – que l’on attendait le retour du grand messie des FPS, celui par qui le défouloir ultime est arrivé. Après une refonte complète de ce qui devait être Doom 4 et une annonce l’année dernière à l’E3, nous y voilà enfin : le reboot de Doom, intitulé savamment DOOM, est arrivé avec ses grosses bottes de Space Marine qu’il n’a envie de mettre qu’à un seul endroit. Je vous laisse imaginer lequel. DOOM SHAKALAKA !
Mitraillage de mirettes
C’est l’une des premières choses qui attirent notre attention pour la simple et bonne raison que c’est ce qui nous tombe immédiatement sous les yeux : les graphismes de DOOM sont bel et bien très bons. Si ce n’est quelques rares textures – et pas les plus voyantes – qui auraient pu bénéficier d’une plus grande finesse, le jeu est beau quel que soit le décor, depuis les plaines ensablées de Mars aux intérieurs de la base de recherche. D’une manière générale, nos mirettes en profitent bien et ça se retrouve jusque dans les détails, notamment lorsque notre cher Space Marine trouve une arme et l’examine de près.
D’ailleurs, ça me fait penser qu’il y a eu un grand soin d’apporté à la mise en scène sans pour autant qu’elle devienne lourde dans son omniprésence. Au contraire, c’est la petite pincée de sel sur le steak sanglant et démoniaque juste quand il faut : ramasser une carte sur un cadavre, lui arracher un bras pour tromper la reconnaissance digitale, le relever pour faire une chorégraphie de la macarena… oh wait. Bref, tout y est pour qu’on puisse s’immerger dans le monde apocalyptique de DOOM.
Les combats, au niveau graphismes, sont également très réussis et je pense notamment aux démons qui éclatent ou s’affaissent après avoir été vaincus. On notera également le nuage de fumée noire qui apparaît lorsqu’une roquette explose sur un ennemi. Celui-ci ne va bien évidemment pas s’arrêter de vous pourchasser – sauf si c’est un démon mineur, dans ce cas-là seules ses jambes sortiront dudit nuage – et avancer au milieu de cette fumée, qui va se dissiper de manière complètement crédible et fluide. Ca paraît rien, mais je vous mets au défi de trouver légion de jeux qui sont capables de gérer aussi bien la fumée produite par l’explosion des munitions. Tant qu’on est dans les combats et le graphisme, le gore est présent jusque dans la façon dont on se fait éliminer : les Cacodémons peuvent, d’un coup de mâchoire, arracher le ventre de notre Marine, qui va bien sûr baisser les yeux pour regarder. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres ! Je ne vous parle même pas du Revenant qui nous arrache les bras pour s’en servir de gourdin. Bon appétit.
DOOMe a favor and die
Promis, ce sera le seul jeu de mots avec DOOM de ce test. Pour le best of plébiscité par Patrick Sébastien, c’est par là. Passons aux choses sérieuses et arrêtons-nous un moment sur le gameplay du titre. Je le dis d’emblée : je suis un grand fan de la licence Doom depuis la sortie du premier opus en 1993 et des appréhensions compréhensibles m’assaillaient depuis l’E3 l’année dernière. En effet, comment opère-t-on le reboot d’une telle légende sans se vautrer totalement la gueule sur le pavé ? Un jeu qu’on appelle désormais rétro, c’est un feeling, une histoire, une nostalgie. Pour exemple, toujours du côté d’id Software, le reboot de Wolfenstein m’avait ravi tout en me décevant car le bon vieux Wolfenstein 3D me rappelait à son bon souvenir constamment… et le feeling avait bien changé. Normal, me direz-vous, quand des décennies séparent deux volets. Et bien j’ai aujourd’hui la preuve que le feeling peut rester quasiment intact quelle que soit la durée. Bien entendu ce n’est pas exactement la même chose, mais le même plaisir est au rendez-vous. Les combats sont nerveux et exigeants, le level design est élaboré et intelligent, les ennemis sont résistants et les références et autres easter eggs parsèment ce nouveau DOOM.
Vous trouverez en effet ça et là des portions de niveau qui appartiennent en fait aux premier et deuxième Doom, ce qui devrait ravir les fans. Le bestiaire nous propose des démons refaits à neuf et plus criants de “naturel” que jamais. Tout ceci permettra aux amoureux de la licence de la première heure d’avoir la petite larme à l’œil – tiens, un mouchoir. Pour tes yeux ! Je sais que DOOM t’excites, mais tout de même – tout en autorisant les nouveaux venus à s’éclater dans un monde qui a aussi été fait pour eux. Le mélange est suffisamment bien orchestré pour ne pas perdre ni le nouveau, ni l’ancien joueur. Je vous souhaite donc à tous un bon défouraillage dans les règles, car ce qui fait le sel de DOOM, j’ai nommé les combats, n’a rien perdu de sa superbe.
Montre-moi tes dents que je les fracasse
Voilà un jeu qui mérite son PEGI 18 ! Et ça fait du bien de voir que pour une fois les développeurs n’ont pas fait leurs mijaurées et n’y sont pas allé avec le dos de la cuillère. Le monde de DOOM est un monde violent, sanglant, fruit des pires cauchemars impliquant une intervention démoniaque et tout ce que cela implique. En conséquence, il n’était bien entendu pas envisageable de faire dans le politiquement correct pour sucer la poire au plus grand public possible et se la jouer gaming mielleux, le gaming qui s’ennuie – coucou Diablo III. Les salles sont remplies de corps pendus par les pieds et dépecés, les sacrifices humains à grands renforts de symboles occultes sont légions, le sang est devenu une confiture qu’on tartine jusqu’à plus soif, en un mot : MERCI id Software. L’aseptisation constitue une tendance abjecte qui uniformise et chiantise – je fais des néologismes si je veux, d’abord – tout ce qu’elle touche, et c’est une tragédie. C’est sans concessions que DOOM revient sur le devant de la scène, prouvant bien qui est le patron rien que dans sa direction artistique.
Et tout cela se retrouve jusque dans les combats. DOOM impressionne par la nervosité et la violence qu’il dégage. Sur pression de la détente du plus célèbre des fusils à pompe, des bouts de corps volent dans un feu d’artifice de paillettes rougeoyantes cependant que vous vous mettez à hurler : “Hell yeah !” Bien entendu, la tronçonneuse fait son grand retour également et j’adore la rationalisation de son utilisation qui a été imaginée. Dans les premiers Doom, vous aviez beau trouver ça badass de vous balader tronçonneuse à la main, vous aviez surtout toutes les chances de vous faire dérouiller. Ici, l’outil du bûcheron – que vous êtes un peu dans l’âme – élimine (ou sculpte, ça dépend comment on voit les choses) les adversaires en un seul coup, pour peu que vous ayez assez de carburant. En effet, selon le démon qui vous fait face, cela vous coûtera plus ou moins cher de le transformer en Picasso. La tronçonneuse intervient donc comme une sorte de joker jouissif qu’on peut sortir très souvent. Les exécutions, pour leur part, raviront petits (vous êtes malade ou quoi ? Pour une fois que le PEGI est important à respecter. CALMEZ-VOUS !) et grands grâce à une mise en scène géniale qui changera en fonction de la partie du corps que vous visez mais aussi de votre position par rapport à l’ennemi. La seule chose que je reprocherai à ce système, c’est qu’on a un peu trop la sensation que ce n’est que du pixel : le poing du Space Marine traverse avec une facilité très déconcertante les tronches du peuple des enfers. Bien sûr, il apparaît évident que son armure le lui permet, mais un peu de résistance nous donnerait paradoxalement un plus grand sentiment de puissance et de réalisme.
Les niveaux sont très bien conçus et sont un brin ouverts, ce qui fait que vous avez toujours plusieurs chemins à emprunter et explorer. Les secrets sont au passage nombreux et rappellent eux aussi les premiers Doom. De même que le level design ! La grande nouveauté est la verticalité et elle est très bien gérée, nous amenant à plusieurs reprises des passages où l’on évolue tel un lapinou de rebord en rebord, ce qui fait les yeux doux aux jeux de plateforme (c’est une excellente idée puisque cela temporise les phases d’action intenses en proposant un gameplay autre). On salue également la volonté des développeurs de proposer toujours plus avec des défis pour débloquer des runes démoniaques, vous octroyant quelques bonus. D’autres encore, se présentant un peu sous forme de succès, vous demanderont d’éclater par exemple 25 ennemis depuis les airs. Tout ceci est bien intégré et prolonge l’expérience. Mention spéciale aux améliorations d’armes et d’armures qui permettent de se retrouver avec des engins complets et très variés sans pour autant virer du côté de la facilitation du gameplay.
Soupe de Space Marines sur son lit à peine équilibré
DOOM propose son multijoueur et c’est un peu là que le bas blesse. Je ne joue pas à DOOM pour cet aspect, loin de là, et je ne pense pas que quiconque le devrait. D’autres se concentrent là-dessus et le font très bien mais ce n’est pas l’objet principal de ce FPS. Quoi qu’il en soit, le multi existe ici bel et bien et je me dois donc de le juger pour que ce test soit complet. Ce qui peut le mieux le résumer est une “incompréhensible addiction”. Ca défoule, ça vole dans tous les sens, c’est marrant et une force irrépressible nous conduit à continuer, mais un immense défaut, élémentaire, affecte le multijoueur de DOOM, et c’est l’équilibrage, complètement foiré. Si les cartes sont plutôt bien pensées, le bunny hop (action qui consiste à sauter en permanence pour éviter les tirs) est une véritable plaie, ici plus qu’ailleurs, étant donné la vitesse du jeu. Un moyen simple de limiter ce comportement consisterait à réduire son avantage réel en diminuant sa rapidité d’exécution.
Mais le pire reste le fait que certaines armes semblent parfaitement inutiles : quid du fusil d’assaut qui fait 9 de dégâts par coup porté au but (sur un adversaire monté sur ressorts, je vous le rappelle) avec une cadence de tir au mieux dérisoire comparée au solo ? Tout le monde joue donc allègrement au lance-roquette, au minigun ou au fusil à pompe. C’est un peu dommage quand la diversité de l’armement permettrait ici un véritable festival. Vous me direz, l’avantage, c’est que ce sont clairement des points qui peuvent être améliorés à travers des patchs. Oui, mais ça demande un travail considérable, et à l’heure actuelle, je juge ce que je vois. Ne vous méprenez pas cependant, on s’amuse beaucoup dans ce multijoueur. Ce sont juste ces aspects qui sont bien trop vitaux pour ne pas nous faire grincer des dents alors qu’un tel jeu ne devrait pas provoquer ce sentiment.
La personnalisation est ultra poussée, à la manière d’un Halo, avec la possibilité de modifier chaque partie de l’armure de notre Space Marine, de lui appliquer deux couleurs et des motifs. Même chose du côté des armes. Le vrai point positif de ce côté-là est clairement le fait que le contenu proposé est étoffé et que vous gagnez de nouveaux éléments cosmétiques après chaque échauffourée. Le sentiment de récompense est bien présent et, couplé à la nervosité du gameplay, on est sans cesse poussé à rechercher une nouvelle partie pour s’abreuver de notre bol quotidien de violence.
Un mot sur SnapMap, qui est un superbe outil à défaut de proposer aux modders de tout faire de A à Z. Il est complet et permet de réaliser énormément de choses, des niveaux jusqu’aux modes de jeu. Les premières créations sont prometteuses et je pense que de beaux projets vont voir le jour grâce à SnapMap, qui est au final une bien belle initiative de la part d’id Software, dont les développeurs ont conscience de l’importance de la communauté modding pour la licence Doom.
DOOMination ultime
Oups, un deuxième jeu de mots…
Vous l’aurez compris, DOOM est le digne descendant des deux premiers Doom. Le feeling est préservé de manière quasiment intacte, ce qui est une prouesse que je ne pensais honnêtement pas réalisable. En choisissant de revenir aux sources et de proposer un FPS “classic” hardcore sans concessions et sans politiquement correct à la ***, id Software se démarque considérablement sur le marché du First Person Shooter. DOOM offre un vrai défi (merci, putain merci) dans un monde qui a VRAIMENT l’air envahi par les armées démoniaques (remerci, reputain remerci), tout en attirant à lui les anciens comme les nouveaux joueurs. Le scénario, loin d’être aussi tarte que ce à quoi on pourrait s’attendre, m’a véritablement plu. Il ne prétend pas rivaliser avec des pointures en ce domaine, mais dans sa catégorie, il est clairement au niveau. Le titre d’id Software a pour lui une action haletante et gore à souhait et un level design de talent. Et ce ne sont là que deux de ses nombreuses qualités. Je vous enjoins donc à vous jeter sur ce DOOM, du meilleur cru qui soit. Malgré des exécutions perfectibles et un multi qui pourrait vraiment briller après quelques ajustements, c’est aujourd’hui à mon sens un des seuls (sinon le seul) FPS tendance solo qui vaille le coup qu’on le ponce encore et encore. Oh, et n’oublions pas la bande son qui déchire sévère. Ca aussi, ça manque depuis quelques temps.
► Les points forts
- Durée de vie très bonne (jusqu’à 15h, plus si vous y allez avec la difficulté max et la volonté de trouver tous les secrets).
- Le feeling Doom, le seul, l’unique.
- Aucune concession : pas de politiquement correct, beaucoup de sang. 100% Doom.
- Mise en scène et direction artistique.
- C’est beau, mes enfants !
- SnapMap envoie du lourd.
- Level design, verticalité et passages en plateformes.
- Les défis, améliorations d’armes et d’armures.
- Une bande son à se damner.
► Les points faibles
- Un multi qui laisse à désirer, notamment au niveau de son équilibrage.
- SnapMap ne permet pas aux modders la liberté totale.
- Les exécutions manquent de punch car trop peu de résistance face au poing de notre brave Space Marine.
ça donne envie :)
J’hésite encore à l’acheter … Peut être plus tard :)
Pareil, je le prendra p-e quand il coutera vingt balles :)
Merci pour le test, j’attends le résultats du concours de DOOM :D.
Merci pour ce test realise de maniere professionelle qui reflete l’opinion de la presse specialisee !
Merci pour ce commentaire réalisé de manière absurde
<a href=’http://www.warlegend.net/members/crapelle/’ rel=’nofollow’>@Crapelle</a> toi t as pas le droit de mettre qu il est absurde mon commentaire aussi, d autres s en chargeront… :)
J’ai vu tout le jeu limite en stream sur la Warlegend TV donc plus la peine de le buy xD