En ayant vu le taux record des ventes de Nintendo Switch, Bethesda s’est dit que ce n’était pas une mauvaise idée de porter ses jeux sur la console japonaise, histoire de remonter la note PEGI moyenne du catalogue. Le reboot de DOOM était donc un excellent candidat pour démontrer le potentiel insoupçonné de la petite console hybride. La vraie question : était-ce bien raisonnable ?
Seul sur Mars
Sans conteste, DOOM possède sûrement l’une des auras les plus impressionnantes dans le monde du jeu vidéo. Après sa sortie, tout ce qui était à la première personne s’appelait un DOOM-like, avant que le terme FPS dans les années 2000 ne fasse son apparition. Après un DOOM 3 intéressant, mais qui ne correspondait pas vraiment à l’aspect “bourrin” que l’on pouvait se faire de la série, DOOM revient sous une nouvelle forme plus proche de la formule originale, mais tout en restant un shooter résolument moderne, prouvant qu’Id Sofware est le vrai papa du Super Shotgun, malgré l’absence de John Carmack et de John Romero.
L’enfer a encore envahi les complexes de l’UAC sur Mars et le Doomguy se réveille au milieu de tout ce merdier. Incarnation de la violence et habité par une haine sans borne envers les démons, le DOOM Slayer (son nouveau petit nom) compte bien bouter l’enfer hors de Mars en massacrant les diablotins, zombies ou autres cacodémons à tour de bras. C’est à ça qu’on reconnaît un bon DOOM. On retrouve un arsenal varié et dévastateur, de nouvelles capacités pour l’exploration (comme le double saut ou la possibilité de grimper un rebord), de nouveaux ennemis, des anciens revisités et une violence omniprésente qui finit par devenir triviale (ce qui correspond au thème).
DOOM est un putain de bon jeu, en contrecourant de ce qui se fait en matière de FPS à notre époque : un gameplay rapide, nerveux, viscéral et engageant. On retrouve les niveaux semi-ouverts qui ont fait les lettres de noblesse des DOOM-like des années 90 et les ennemis que vous croiserez ne resteront pas planqués à couvert. On enchaîne les salles et les arènes à la vitesse de la mort et il ne reste derrière le joueur que corps de démons mutilés et désolation. C’est bourrin et certes peu subtil, mais les capacités du joueur sont stimulées en permanence : tuer les démons et esquiver leurs attaquer, chercher la marche à suivre et explorer les niveaux pour découvrir les secrets. Et tout ça sans compter sur le travail formidable de Mick Gordon pour la bande originale (meilleure bande-son de l’année 2016 aux Video Games Awards) sans lequel ce nouveau DOOM aurait paru bien fade.
Si ce nouveau DOOM est un sacré bol d’air frais dans un océan de shooter générique, il n’est pas exempt de défauts. Les Glory Kills (finitions au corps à corps) sont classes, mais deviennent une mécanique de jeu trop forcée et rébarbative, qui font parfois même l’affront de mettre les armes à feu au second plan, la progression du personnage via des points d’améliorations donne l’impression d’être superflue et de ne pas avoir vraiment sa place dans un jeu comme DOOM, ainsi qu’un level design parfois à mille lieux de ce que pouvait nous offrir John Romero à l’époque de DOOM II. Si ces défauts peuvent être relou quand on y fait trop attention, une fois qu’on lâche prise, on y pense plus et on se fait plaisir.
La campagne principale (avec une narration surprenante pour un DOOM) se termine en une quinzaine d’heures et possède une rejouabilité certaine avec tous les secrets à découvrir et les niveaux de difficultés supérieures injustes, mais gratifiants. Le multijoueur ne rappelle pas la grande époque de la création du Deathmatch, mais reste sympathique et divertissant.
DOOM DANS TON LIT !
Maintenant que vous connaissez DOOM et l’amour que je lui porte, il est temps de passer cette version Nintendo Switch au peigne fin.
Pour commencer, il était sûr qu’il fallait faire des concessions. Adieu les 60 FPS de la Xbox One et PS4 (ce qui relève encore du miracle aujourd’hui), le jeu est alors capé à 30 images par seconde à une résolution de 720p, que ce soit en mode télé ou en mode portable. On perd alors le côté fluide qui faisait le sel de DOOM, car quand il y a une dizaine d’ennemis qui tournent autour de vous et que vous devez les esquiver tout en balançant du calibre 12 à tout va, c’est parfois compliqué de comprendre tout ce qu’il se passe à l’écran, surtout en mode télé avec un 720p parfois brouillon, avec un Motion Blur qui fait souvent plus de mal que de bien à la lisibilité et la fluidité du jeu.
Pour les habitués du titre, c’est vraiment très étrange et peu engageant, mais une fois mis à part cette concession technique, on est impressionné par la capacité de la console à rendre de manière stable et sans baisse de framerate (qui est déjà suffisamment bas comme ça) un jeu aussi beau avec un hardware aussi petit. En effet, même si la faible résolution n’aide pas, le jeu est de qualité graphique totalement similaire sur les autres consoles. Si les DOOM ont toujours été connus par leur innovation technologique et leur optimisation quasi parfaite, cette version Nintendo Switch prend tout son sens. La blague récurrente d’internet sur le fait de savoir si un grille-pain peut faire tourner le premier DOOM est cristallisée, et les aventures de Doomguy peuvent donc prendre leur envol sur la console de Nintendo. Avec une résolution bloquée en 720p, je ne peux que conseiller de privilégier les sessions en mode portable, même si l’expérience TV n’est pas aussi horrible qu’on pourrait le croire.
Cette version Nintendo Switch inclut également le multijoueur avec tous les DLCs gratuits et payants sortis jusque là. Le 30FPS peut handicaper parfois le gameplay nerveux du titre, surtout en ligne, mais on fini par s’y faire et à apprécier l’expérience grâce à la richesse du contenu. Il est à noter en revanche que le fameux mode SnapMap (qui permet de créer des cartes et modes de jeu via un éditeur puissant) n’est malheureusement pas inclus dans cette version Switch qui, malgré toute ma sympathie, ne possède pas de système de stockage suffisamment robuste et la puissance nécessaire pour inclure un tel outil.
DOOM DANS TES CHIOTTES !
Le portage de DOOM sur Nintendo Switch est une réussite relative, mais une réussite tout de même. Les différentes concessions qui ont été faites pour pouvoir tourner sur la configuration de la Switch sont dommageables, mais le résultat reste impressionnant. La Nintendo Switch crache ses tripes et arrive à rendre un jeu aussi beau que la concurrence tout en restant finalement jouable. Si vous avez déjà joué à DOOM, l’intérêt du titre sur Switch sera vite limité, voire rebutant. Cependant, si vous avez craqué pour la dernière console de Nintendo, que vous aimez jouer depuis vos toilettes ou dans le métro, que n’ayez pas d’autres consoles ou un PC qui puisse le faire tourner, et que DOOM vous intéresse, son acquisition est conseillée. Bon, ça fait beaucoup de conditions pour justifier un achat, mais j’irais en enfer pour DOOM. Panic Button peut-être assez fier de son portage.
► Points forts
- Retour gagnant d’une licence forte
- Bourrin à souhait
- Plein de subtilités
- Campagne longue
- Mode multijoueur avec tous les DLCs inclus
- Bande originale du siècle par Mick Gordon
- Aussi beau que sur les consoles concurrentes
- Écran portable de la Switch sublimé en mode nomade
► Points faibles
- 30FPS parfois handicapant
- 720p qui pique les yeux en mode TV
- Quelques (rares) baisses de framerate
- Pas de SnapMap
- Progression du personnage poussive et superflue
- Deuxième partie de la campagne un peu faible
- L’équilibrage trop à plat des armes en multi
L’enfer dans ta poche
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse offerte par Bethesda.
Trailer de DOOM sur Nintendo Switch
DOOM est disponible sur PC, Xbox One, PS4 et Nintendo Switch.
Achat Goclécd.fr (PC) ou Amazon (Xbox One, PS4, Nintendo Switch)
sur une TV 720p 32" donc HD ça doit être très bien mais sur une 4K 156" qui doit upscaler a tour de bras, c’est sur que ça doit pas être top notch. (nulle part je ne vois ces précisions, le mot "TV" est pourtant bien insuffisant)
Par contre du 720P sur un écran de 6" , LOL quoi… sur un CRT 13" en 800×600 DoooM était magnifique (toutes évolutions d’effets lumineux déduites bien sur)
De toute façon quand on sait que DOOM est même sur les Freebox V5 depuis des années…. c’est plutôt une honte que la switch n’arrive pas a faire mieux que ce que tu expliques ^^