Test Endless Space 2 – Explorer, Exploiter, Exterminer, s’Extasier
Après une copie satisfaisante sur le premier titre et un essai transformé sur Endless Legend, les parisiens d’Amplitude Studios mettent à contribution toute leur expérience cumulée pour donner leur version Harder, Better, Faster, Stronger de leur vision du 4X spatial.
Test Endless Space 2 – Mais qu’est-ce que c’est qu’ce BINS ?!
Le premier Endless Space ne révolutionnait pas grand chose dans le monde du 4X, mais son univers intéressant et son interface d’une ergonomie extrême en faisaient un titre des plus solides. Rien n’était vraiment complexe ou original, mais le jeu avait dans son intérêt plein de petites facettes qui se complétaient pour créer un gameplay carré et efficace. Quand on lance une partie d’Endless Space 2, on s’y sent tellement chez soi que c’est comme si qu’on n’avait jamais quitté la maison. Retrouver la même interface et tous les boutons au bon endroit pourrait passer pour un manque d’évolution ou de prise de risque, mais il n’en est rien. C’est tellement propre qu’un designer de chez Apple en pleurerait. La bonne idée du titre est le scan. Sur une simple pression de la barre espace, l’interface se transforme pour se contenter de montrer les informations intéressantes, qui changent selon un simple niveau de zoom sur votre empire. D’un seul coup d’œil, vous pouvez connaître vos relations diplomatiques, les routes commerciales, les productions BINSI d’un système puis par planète, etc. C’est très utile, puissant, et bien pensé, et l’amour du studio pour les écrans clairs et compréhensible transparaît.
C’est un souci récurent des 4X : on a beaucoup d’informations abstraites, qui sont parfois très difficiles d’accès. Dans Endless Space, toutes les informations essentielles sont toujours à portée de vue ou à portée d’un clic, et il y aura toujours un tooltip pour le moindre chiffre, le moindre objet ou le moindre concept. Le jeu n’est pas vraiment compliqué pour un habitué du genre, mais il est très consistant dans les paramètres que le joueur doit gèrer : les ressources BINSI (Brume, Industrie, Nourriture, Science, Influence), l’évolution de la population de son empire et sa répartition, les technologies à développer, les infrastructures, le schéma des vaisseaux, la diplomatie, le commerce, la gestion des héros, les quêtes, et l’une des plus grosses nouveautés de ce deuxième opus : la politique.
Le système politique peut passer pour un détail dans la globalité du jeu, mais il influence finalement tellement de choses qu’il en devient assez savoureux. Vos actions ont des conséquences politiques qui ont une répercussion directe sur votre efficacité à régner sur votre empire. Les avis politiques de votre peuple sont répartis entre 6 opinions générales : Militariste, Industrialiste, Scientiste, Pacifiste, Religieuse et Écologiste. Par exemple, l’opinion militariste monte quand vous participez à des guerres, avez une approche diplomatique agressive, construisez des flottes ou des infrastructures militaires, ou lors de certains choix d’événements. Tous les X tours, la population de votre empire vote et des majorités sont élues au sénat, et selon quelle opinion est majoritaire, vous aurez alors accès à des lois qui lui sont liées. Les lois sont des bonus tellement puissants qu’ils vont généralement orienter votre jeu à elles seuls. Si on compte jouer avec ces lois, il faudra réfléchir à deux fois avant de faire la moindre action et se poser la question sur l’impact politique que cette dernière pourrait avoir. Plus une majorité est présente au sénat, plus elle devient expérimentée et puissante, et plus ses lois sont balèzes.
Mais attention, chaque race et chaque population autochtone assimilée à votre empire réagit plus ou moins différemment à chaque courant de pensée. Les fachos de l’United Empire peuvent évidemment être des écolo-religieux, mais des actions industrialo-militaristes auront un attrait plus important à leurs yeux. Si vous pensez que le système de lois ne vous avantage pas à un moment ou si vous voulez faire confiance à votre peuple pour prendre la bonne orientation, vous pourrez alors changer votre système politique sur un spectre assez large. Une démocratie permet d’activer plus de lois simultanément mais entraîne plus de représentations au Sénat, et donc une orientation politique potentiellement non souhaitable. À contrario, une bonne dictature n’offre pas d’opposition au Sénat à la majorité présente mais limite le nombre de lois activables et le peuple peut se soulever à la moindre désapprobation sur vos systèmes. C’est profond, élégant, et chaque conséquence fait parfaitement sens.
Test Endless Space 2 – Qui contrôle la Brume, contrôle l’univers
L’autre gros point fort du soft est l’accentuation de la différence entre les différentes races disponibles. Si chaque empire majeur possède son propre esthétisme et son propre background, il offre maintenant ses propres mécaniques de gameplay en sus des simples bonus statistiques qui le caractérisaient en jeu. L’United Empire peut par exemple acheter une technologie ou des constructions directement contre de l’influence ; les Vodyanis migrent de système en système à bord de vaisseaux Arches, les Riftborn peuvent manipuler le temps sur un système, les Cravers peuvent surexploiter des planètes jusqu’à épuisement de manière irréversible, etc. S’ajoutent à cela des technologies uniques aux différentes factions et votre manière de jouer ne sera jamais la même selon la race que vous jouez et l’interaction que vous aurez avec celles de vos adversaires. Le système de quêtes repris d’Endless Legend permet également de varier les parties avec des récompenses immédiates, des événements aléatoires, et des choix à faire avec des conséquences parfois drastiques sur l’évolution de votre partie.
Les combats spatiaux font également leur grand retour dans cet épisode et le système a reçu un certain lifting. Amplitude a bien compris que même si leurs combats étaient bien jolis, les joueurs cliquaient bien plus souvent sur “résoudre le combat automatiquement” que sur “voir le combat”, surtout en multijoueur ou chaque joueur ne pouvait pas se permettre d’attendre que les deux autres cons aient fini de faire piou piou dans l’espace. On retrouve le système de cartes qui déterminera le comportement de votre flotte pendant l’affrontement, mais tout sera paramétré dès le départ, en ne choisissant qu’une seule carte, contre trois auparavant. Il faut alors prendre en compte plusieurs paramètres : le type de dégâts des armes, leur portée, le type de protection utilisé, les modules de soutien, et à quelle distance vont rester les vaisseaux de votre flotte face à l’adversaire. Il faut également essayer de se renseigner sur l’arsenal adverse et tenter de le contrer en adaptant sa carte stratégique, ou bien en configurant directement les vaisseaux avec l’équipement adapté.
Même si assister aux combats a un intérêt limité dans leur compréhension (pour les férus du theorycrafting qui veulent savoir ce qui se passe au cas par cas), il faut avouer que ça a une sacrée gueule. La direction artistique du studio a encore fait mouche et tous les aspects visuels, sonores et narratifs du soft sont inspirés et intéressants. L’univers des Endless n’a jamais été aussi riche et les longs textes qui expliquent les technologies et narrent les quêtes ne sont jamais ennuyants, donnent un contexte, et sont parfois très drôles avec un humour très français. Chaque empire commence sa partie avec une cinématique d’introduction de toute beauté qui lui est propre et nous projette immédiatement dans l’univers. La bande son n’est pas en reste puisque FlyByNo est toujours à la tambouille musicale, donnant alors du plaisir immédiat aux oreilles, donnant le ton pour chaque race, avec des thèmes qui resteront en suspens dans votre esprit, bien longtemps après avoir quitté le jeu.
Test Endless Space 2 – Endless possibilités
On pourrait facilement penser que cette nouvelle itération d’Endless Space ne serait qu’une version améliorée du premier opus, mais la reprise des fonctionnalités intéressantes d’Endless Legends et le gameplay repensé en surface avec quelques idées inédites qui font mouches en font un des meilleurs 4X de ces dernières années avec sa personnalité qui lui est réellement propre. La rejouabilité est immense, la prise en main immédiate avec juste ce qu’il faut de profondeur, et les défauts du premier épisode sont aux abonnés absents. Le jeu n’est pas parfait et il reste quelques problèmes à régler pour en faire un titre qui frôle l’excellence. Cependant, le suivi légendaire du studio Parisien pour ses softs, en complément de son système Games2Gether qui permet un échange constant avec la communauté afin de mieux cibler les améliorations et ajouts de contenu, ainsi que le futur ajout de mods en feront sûrement, dans un moins d’un an, un jeu digne de son titre : Endless.
► Points forts
- Très joli
- L’interface
- Races aux mécaniques uniques
- Le système politique
- Plein de subtilités à maîtriser
- Multijoueur toujours aussi efficace
- La narration engageante pour un 4X
- Bande originale de haute volée
- Le soutien du studio sur le long terme
►Points faibles
- Ralentissements en fin de partie
- Pas mal de bugs de script
- Compagnies commerciales sous-exploitées
- IA pas toujours rationnelle (même si pas dégueu)
- Quelques soucis d’équilibrage (les Luméris se noient sous la Brume)
- Batailles spatiales uniquement contemplatives
Dans l’espace, personne ne vous entend soupirer : “One… More… Turn…”
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse PC fournie par l’éditeur de ce jeu.
Endless Space 2 est disponible sur PC.
Acheter Endless Space 2 moins cher chez notre sponsor, Goclecd.fr.
Intéressante revue qui image bien le peu que j’ai vu de ton test sur la WL TV l’autre soir.
J’aimerais bien savoir ce que sont les Compagnies commerciales sous-exploitées.
Par contre le veux cliché "facho-écolo-militariste" est vraiment présent ? C’est un peu dommage si ils ont gardés ces vieux archétypes du siècle dernier.
Hâte de le jouer moi aussi,.
Je le teste aussi du coup.
Il est beau c’est vrai mais c’est du Unity, le moteur pour smartphone, donc rien de mirobolant d’ailleurs la config max est légère. C’est bien, ça permet de le jouer au max sur ma 960 de 2014.
J’aime bien le réglage taille de IU adaptable pour ne pas avoir des écriture minuscules c’était un des points noir du 1er qui m’oblige a le jouer en résolution dégradée. Alors que Endless Legend savait déjà faire comme il faut
Il parait plus compliqué, beaucoup d’ajouts, mais finalement c’est vrai qu’il est facile a prendre en main malgré l’ajout de pas mal de micro gestion qui finalement enrichissent bien le jeu. Cela dit ça reste lent, des parties longues a prévoir pas très rythmées.
Très bien aussi le système de combat repensé qui permet d’accélérer la visualisation tout en enrichissant la stratégie de combat. Je ne suis pas convaincu par le design "stade de foot" mais ça va être comme l’autre : on passe le combat sans passer par l’IU "avancée"
Beaucoup de statistiques pas très utiles, comme le déroulement des élections" ou tu déroules sans agir, 3 étapes pour cela me semble remplissage.
Pas encore vu le reste, pas les grosses coques ni les mondes vastes et peuplés. Mais j’ai compris ce que tu voulais dire pour les compagnies commerciales qui sont finalement des routes commerciales façon CIV mais sans possibilité d’agir dessus. reste a voir l’équilibre IA, pour le moment elles sont justes intraitables ou très chères mais pas agressives bien que en guerre . Mais elles raflent tout de même tous les exploits sans pour autant s’étendre rapidement. A creuser.
Après ma 1ère partie de 8h, à chaud je lui donne un 15/20.
Mais ton article tape juste je lui donne un 18 ,-))