Maintenant que la nuit est tombée sur Shadowbringers, Final Fantasy XIV range son guerrier des ténèbres pour venir arpenter lunes et merveilles sous le ciel embrasé d’Endwalker. Le voyage fut long, quelques fois périlleux depuis les terres brulées de la 1.0 ; mais pour nous avoir finalement menés jusqu’à cette quatrième extension, en valait-il la peine ? (Oh que oui)
Conditions de test
Bien décider à sauver le monde tel le monsieur sur la jaquette, j’ai enfilé mon meilleur costume de Paladin et arpenté des heures durant la belle Endwalker — suffisamment pour qu’on arrête de compter. Après avoir fait plier la vilenie sous les coups de mon épée tout en protégeant la veuve et l’orphelin avec mon bouclier, j’ai bien entendu fauché mon pesant d’âmes, avant de sagement jouer au Gundam. Mais mon histoire à moi ce s’est pas arrêté là, puisque j’ai bien voulu aller voir le sol de plus près depuis les hauteurs de l’endgame.
Au clair de la lune, mon ami Alphinaud
Lourde est la tâche qui incombe à Endwalker. L’extension doit non seulement reprendre le flambeau de la somptueuse Shadowbringers, mais aussi tirer des ficelles scénaristiques vieilles d’une décennie en vue d’un bouquet final mémorable. La saga “Hydaelyn et Zodiark” de son petit nom, c’est la longue histoire racontée par notre RPGMMO qui atteint ici son point culminant : l’affrontement final entre la lumière et les ténèbres, non sans une bonne dose de cristaux au passage.
Je me contenterai bêtement de présenter l’histoire ainsi, pour évidemment éviter tout “divulgachage” impromptu. Il faut cependant bien comprendre que Final Fantasy XIV n’a pas passé ces onze dernières années à tailler dans la roche un simple scénario manichéen. Au fil de ses extensions, le titre de la Creative Business Division III n’a pas lésiné sur le développement des personnages, protagonistes comme antagonistes, et encore moins sur les enjeux rencontrés, jusqu’à pousser le joueur lui-même à remettre en question ses propres actions — toute proportion gardée bien sûr.
Qu’on ne s’y trompe pas : sous ses airs de bon élève JRPG, Endwalker s’envole vite au-delà de nos premières impressions.
À la suite des nos aventures dans le Premier Reflet — monde “parallèle” au notre — en tant que Guerrier. e des Ténèbres, et des révélations qui en ont découlé concernant Hydaelyn, Zodiark, mais aussi et surtout les Asciens, nous voilà de retour en Eorzéa. L’Ascien du nom de Fandaniel, qui attendait patiemment son tour pour jouer les mauvais garçons après Emet-selch et Elidibus, vient de mettre son plan rocambolesque en marche — avec Zenos Yae Galvus non loin derrière. Notre nouvel antagoniste excentrique a disposé d’immenses tours a l’allure infernale un peu partout dans le monde, qui se retrouve alors en proie à l’apocalypse.
Oui, vous avez bien lu. Endwalker entame sa carrière sur les prémices d’un scénario typique de JRPG, avec un grand méchant en ligne de mire. Mais qu’on ne s’y trompe pas : sous ses airs de bon élève japonais, Endwalker s’envole vite au-delà de nos premières impressions.
La fin du monde a beau toquer à la porte, cela n’empêche pas de démarrer les choses en douceur. Durant ses premières heures, Endwalker prend son temps, histoire d’introduire de nouveaux personnages et préparer la tempête scénaristique qui s’annonce.
Parce qu’à défaut de commencer sur les chapeaux de roues, Endwalker n’a guère l’envie de s’arrêter une fois la machine en route. Et si on peut lui reprocher quelques longueurs grinçantes entre deux événements haletants, notre aventure se voit rythmée par une narration impeccable et une mise en scène qui laisse pantois.
Arpenteurs de l’épique
La dynamique de l’épopée est brillamment servie par des donjons d’envergure, aux design grandiloquents, mais aussi (comme à l’accoutumée) par des Défis dantesques, qui suintent l’épique par tous les pores de leurs pixels. De plus, parmi les 3 défis proposés en ce début d’extension, l’un d’entre eux permet même de faire usage du système d’adjuration — qui revient avec une IA retravaillée pour l’occasion. Un moment fort sympathique renforçant l’immersion auprès de nos amis Héritiers.
La dynamique de l’épopée est brillamment servie par des donjons d’envergure, aux design grandiloquents, et par des Défis dantesques qui suintent l’épique par tous les pores de leurs pixels.
Au bout du chemin, c’est d’une empreinte indélébile qu’Endwalker appose sa marque. Au fil des péripéties, on passe d’un état émotionnel à l’autre, des frissons exaltés au triste constat de notre impuissance, tandis que notre attachement envers ces personnages que l’on côtoie depuis les débuts du jeu — littéralement pour certains joueurs — se voit toujours plus accentué. On se surprend à souffler du nez le temps d’une facétie de ce cher Estinien, avant de se retrouver face à une catastrophe dont la démesure n’a d’égale que notre incapacité à entrevoir une issue.
À sa manière, Endwalker s’impose aussi comme une ode nostalgique a tous/toutes ces Guerriers et Guerrières de la lumière ayant entrepris ce voyage aux quatre recoins d’Eorzea et plus loin encore. Nombreux sont les PNJ rencontrés — durant l’épopée ou non — faisant leur apparition, rappelant non sans une certaine tendresse nos accomplissements passés. Quelques-uns d’entres-eux, liés aux quêtes de job, viennent même faire référence à notre maîtrise de leur art, histoire de nous caresser dans le sens du poil un peu plus.
Parfois un peu forcées, parfois trop succinctes pour en profiter comme on le voudrait, cela n’en reste pas moins tout un tas de petites attentions tirées tel des missiles dans notre petit kokoro.
Si tous ces éléments fonctionnent aussi bien, c’est tout simplement grâce à une écriture de premier ordre. Une prouesse que l’on peu de nouveau attribuée à Natsuko Ishikawa — mais n’allons pas omettre le reste de son équipe — ayant fait ses armes sur la bien-aimée quête du Chevalier Noire, celle de la Tour de Crystal (entre autres), avant d’assumer le rôle de Lead Writer et de délivrer avec Shadowbringers, l’une des meilleures histoires de la série Final Fantasy.
Son retour pour Endwalker s’avérait presque providentiel après ça, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle ne démérite pas son panier de lauriers. Car outre le scénario mémorable, c’est dans les thématiques abordées que l’écriture étonne le plus, n’hésitant pas à pousser dans des questionnements métaphysiques en vue de retourner quelques têtes. Je n’en dirais pas davantage — le spoil divulgachage, c’est mal – mais les propos explorés par Endwalker surprennent à plus d’un titre, et ne laisseront personne indifférent.
Guerroyons au rythme de nos GCD
D’une extension à l’autre, Final Fantasy XIV a apporté des modifications plus ou moins drastiques à l’ensemble du gameplay — bien que cela variait d’un Job à l’autre. Stormblood introduisait par exemple les jauges uniques, remaniait les « cross-skills », tandis que Shadowbringers présentait une « refonte » globale du système de combat avec entre autres le retrait de la TP (jauge qu’utilisaient les combattants non mages).
Plutôt que de remettre à plat le gameplay mis en place par son aînée, Endwalker se contente d’en fortifier la structure.
Sur ce plan, Endwalker se veut moins ambitieuse : plutôt que de remettre à plat le gameplay mis en place par son aînée, elle se contente d’en fortifier la structure, quitte à ce que des jobs ne fassent joujou qu’avec une ou deux nouvelles compétences. Cela n’empêche pas le Paladin — pour ne citer que celui-ci — de proposer sa meilleure version à ce jour, grâce entre autres à des capacités de soin et de défenses revues à la hausse. Mais la pièce maîtresse réside sans doute dans son « combo des Lames » obtenu au niveau 90, qui apporte une sacrée plus-value au job en tête d’affiche.
Certains jobs ont reçu des modifications plus importantes, parfois longuement dues. Je fais notamment référence au Moine et à l’Invocateur, qui peinaient à convaincre jusque là. Le but ici est donc de leur sortir la tête de l’eau ; l’invocateur se débarrasse de son gameplay à DoT (Damage over Time; dégâts sur la durée) pour se laisser aller pleinement au plaisir de l’invocation aux côtés d’Ifrit, Garuda et Titan revigorés.
Quant au Moine, il se découvre une nouvelle utilisation de sa jauge de chakra, ainsi que la jauge de Blitz Magistrale, nouvelle pierre angulaire de son gameplay tout beau tout neuf. Il apprend aussi à mieux respirer puisqu’il perd une partie de ses positionnels (les coups nécessitant d’être placé derrière, sur le côté, etc.) — ce qui vaut pour la plupart des jobs corps à corps d’ailleurs.
Pour ce qui est d’évaluer les qualités de ces refontes, je ne m’aventurerai guère sur ce terrain, ne jouant ni l’un ni l’autre. Joueurs et Joueuses Moine sont pour l’heure assez silencieux, tandis que les Invocateurs semblent plutôt satisfaits dans l’ensemble, si ce n’est leur mention d’un gameplay peut-être un poil trop simpliste. Seuls le temps et les mises à jour seront à même de nous dire si oui ou non, cette extension est devenue leur bonne étoile.
Si Endwalker n’apporte que de « légers » changements au gameplay établi, elle signe en revanche une remise à niveau des valeurs du jeu. La quasi-totalité des statistiques a été revue à la baisse, dans un but purement pratique afin d’éviter de futurs problèmes techniques liés à de trop grandes valeurs. Comme promis, ce nivelage vers le bas ne vient pas remettre en question notre stature héroïque. C’est même un petit peu l’inverse : si le réajustement s’est fait sans accroc dans l’ensemble, le vieux contenu encaisse les claques et les coups d’épée plus difficilement. Une partie des donjons apparait plus aisée, notamment au niveau des boss qui peuvent fondre (c.-à-d. plus qu’avant) à vitesse grand V.
Difficile de déterminer si le résultat est voulu. Toujours est-il que la diminution des valeurs n’impact en rien les capacités de votre personnage. En tout cas, vous ne pourrez pas vous en servir comme excuse si vous deviez jouer la carpette lors de soirées Défis Extrême — qui cela va sans dire, sont déjà de la partie.
Héro pas sage sera fauché
Nouvelle extension oblige, de nouveaux jobs viennent agrémenter la palette déjà bien garnie de Finale Fantasy XIV : Faucheur et Sage. Armé d’une faux et d’un style à toute épreuve, le Faucheur se place parmi les DPS qui désirent voir de gros chiffres à l’écran. Et pour moissonner les âmes, rien de tel qu’un avatar du néant pour filer des mandales d’outre-tombe. Mais si la mort est son dada, ce nouveau job en manque d’hémoglobine dispose d’un gameplay on ne peut plus vivace : sa prise en main intuitive et sa grande mobilité ont tout pour plaire, sans parler des somptueuses animations qui justifient à elles seules le choix du job.
L’essence du Faucheur se trouve dans la gestion des jauges ; les combos de départ (au nombre de 3) viennent en remplir une première, dans le but de faire appel à ce fameux avatar. Une seconde jauge augmente à son tour et donne accès à des compétences spéciales aux jolis dégâts. C’est sans compter sur ses nombreuses AOE (Area of Effect; dégâts de zone) et sa transformation qui devrait ravir les plus ténébreux d’entre nous. À l’inverse du Samouraï, notre botaniste reconverti pense aussi à ses petits camarades avec une capacité boostant leurs dégâts, non sans lui offrir la possibilité de balancer une grosse tatane.
La prise en main intuitive et la grande mobilité du Faucheur ont tout pour plaire, sans parler des somptueuses animations qui justifient à elles seules le choix du job.
Parvenir à gérer les jauges et l’ensemble des compétences spéciales peut demander un léger temps d’adaptation, mais rien d’insurmontable ; le Faucheur s’avance comme un job aussi satisfaisant qu’accessible.
De son côté, le Gundam Sage offre enfin aux soigneurs un nombre pair ; ses noulithes et ses boucliers désistent l’Astromancien de son statut de soigneur à tout faire et apportent la pluie et le beau temps à coup de Pew Pew laser sur le champ de bataille. L’attrait principal du job — outre un style qui en jette — réside dans sa capacité à soigner tout en fusillant les ennemis. On a donc tout intérêt à aussi assurer la castagne en faisant preuve d’anticipation en fonction de l’adversaire. Comme tout bon soigneur qui se respecte, le Sage a accès à tout un tas de sorts utilitaire tel que de la mitigation, du soin instantané pour les coups durs, et dans son cas, un Kaméhameha (qui soigne aussi).
A contrario du Faucheur, le Sage demandera sans doute davantage de pratique avant d’en maîtriser tous les aspects. La gestion des soins et des boucliers peut en effet s’avérer assez complexe, d’autant plus lorsque l’on cherche à optimiser ses dégâts à côté — ce qui vaut pour les autres soigneurs d’ailleurs. Rien qui ne vaille pas l’effort fourni : avec une bonne prise en main, le Sage offre un gameplay riche et savoureux.
Ces deux nouveaux arrivants ajoutent une saveur toute particulière à Endwalker, de par leur gameplay fignolé et engageant. On prend plaisir à les jouer, à parfaire leur maîtrise, tout comme on aime miroiter les effets pyrotechniques dont il nous font grâce.
La-Hee Fantasy
Un test Final Fantasy XIV sans parler des musiques ? Que nenni ! Une fois n’est pas coutume, Masayoshi Soken guide les pas endiablés de cette nouvelle extension sur des sons magistraux. Que ce soit l’heure du moment épique ou de la balade nocturne dans Sharlayan, chaque mélodie est marque de bonheur. Les thèmes s’accordent parfaitement à l’émotion et la mise en scène, rythmant d’une justesse inouïe la trame narrative.
Une fois n’est pas coutume, Masayoshi Soken guide les pas endiablés de cette nouvelle extension sur des sons magistraux.
À mesure qu’on progresse au gré des nouvelles zones, on apprécie autant la direction artistique que les nouvelles musiques qui l’accompagne. Radz-at-Han et ses sonorités indiennes — un thème familier est même repris sous cet angle —, Sharlayan et son acoustique envoûtante ou encore Garlemald et sa fibre mélancolique, les différents prennent ainsi leur force identitaire par le visuel comme par le son ; on s’en imprègne et on aime revenir faire un tour d’horizon pour quelques minutes d’écoute supplémentaires. Mention toute spéciale au thème du dernier lieu visité, tout simplement sublime.
Et c’est sans conteste avec les nouveaux défis que l’extase s’empare de nos oreilles. L’impatience de découvrir ces affrontements grandioses, c’est d’autant dû à leur cadre narratif, à l’épique du combat, qu’à la découverte de nouvelles pistes dont on anticipe la splendeur.
Une euphorie auditive de tous les instants, tirant parfois elle aussi sa source dans la nostalgie, pour des réarrangements nous projetant dans les extensions précédentes — à l’image du thème principal “Footfalls”. Un tenant musical d’anthologie criblée de références à nos gloires passées, et un rappel constant que Final Fantasy XIV est l’une des plus grandes pépites musicales de notre bel univers vidéoludique.
Petit point technique
Les joueurs de FF XIV ont pu le constater et les autres en ont certainement entendu parlé, mais le lancement d’Endwalker ne s’est pas fait sans vagues. En effet, entre l’explosion du nombre de joueurs actifs cet été et l’attente générée par la dernière extension, Square Enix se retrouve avec des serveurs en manque cruel de capacité, dans une période toujours en proie au COVID et aux pénuries de matière première. La plupart des gens font donc face au boss le plus terrible du jeu : les files d’attente.
Des files attentes pouvant durer de nombreuses heures, parfois épauler par une effrayante erreur 2002 qui en vient à repousser les plus braves d’entre-nous. Une situation aussi délicate que frustrante, pour les joueurs comme pour Square Enix, alors contraints de stopper temporairement les ventes du jeu.
Se lancer dans l’aventure Final Fantasy XIV n’est donc point chose aisée à l’heure où sont écrites ces lignes. Sachez toutefois qu’en dehors du problème d’accès, le titre ne présente aucune difficulté technique majeure une fois en jeu. Si tant est que vous parveniez à vous connecter, vous devriez pouvoir profiter de cette belle épopée en toute sérénité.
Ma conclusion sera moins bonne que la sienne
Ces quelques lignes auraient bien du mal à exprimer justement à quel point l’expérience Endwalker est époustouflante. L’histoire captive de bout en bout, parvient à susciter en nous de vives émotions grâce à une narration exquise, sublimée par une mise en scène ô combien frissonnante et des musiques à se damner. Final Fantasy XIV obtient un final absolument grandiose qui cristallise toute la beauté de notre aventure, elle qui attend désormais son prochain chapitre. Oui, c’est un voyage qui en valait la peine, et là où on marchait autrefois à tatillons, on ne montre à présent aucune once d’hésitation à inviter les autres à s’initier à l’épopée. Peut-être est-il temps d’oser, de ne plus tourner autour du cristal, alors que Shadowbringers nous avait déjà mâché le travail : il est là, le meilleur Final Fantasy.
Ce qu’on a aimé :
- Un final fantastique
- Des thématiques inattendues qui prennent aux tripes
- Narration et mise en scène top niveau
- Les nouveaux biomes qui caressent la rétine
- Des améliorations d’interface bienvenues
- Du contenu à ne plus savoir quoi faire
- Le Faucheur et le Sage
- L’ajout des Bunny boys (Viera mâle)
- Les Lapporites
- La bande-son : encore et toujours exceptionnelle
- Les défis : le spectaculaire à notre service
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Les quelques longueurs de l’épopée
- Des retournements de situation un tantinet alambiqués
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous cherchiez encore le meilleur Final Fantasy.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Avez-vous déjà entendu parler du MMORPG acclamé par la critique, Final Fantasy XIV, dont l’essai gratuit vous permet de compléter A Realm Reborn et l’extension primée Heavensward jusqu’au niveau 60, sans limites de temps ?
Configuration de test :
- GPU: RTX 3080 Ti
- CPU: AMD Ryzen 7 5800X
- RAM: 16Go DDR4
- Installé sur SSD
Final Fantasy XIV: Endwalker est disponible sur PC, PS4 et PS5.