En voilà un qui se sera fait attendre. Ghost of Tsushima vient enfin faire briller son armure de samouraï rutilante, et c’est aussi classe que ça en a l’air.
Les Mongoles à la mer
Jin est le dernier survivant du clan Sakai. Recueilli dès son plus jeune âge par son oncle, le seigneur Shimura, il devient un guerrier hors pair et c’est en compagnie des autres warriors de l’île de Tsushima qu’il s’en va défendre ses ouailles sur les plages de sable fin avec son sabre fin.
[Le] jeu se déroule au XIIIe siècle, à l’époque où les Mongoles zyeutent gentiment les terres nippones
En effet, l’histoire du jeu se déroule au XIIIe siècle, à l’époque où les Mongoles zyeutent gentiment les terres nippones en se disant que ça serait cool d’aller s’y installer.
Lors d’une bataille particulièrement éprouvante, les Japonais s’inclinent – plus exactement ils sont font incliner – et l’oncle de Jin est capturé. Seul autre survivant du combat, notre héros est néanmoins très blessé et ce n’est que grâce au secours d’une bonne âme qu’il s’en sort.
Dès lors son objectif va consister à transformer les Mongoles en tranches de salami afin de libérer son île de l’envahisseur.
Ça chauffe au sud, Sakai au nord
Ce qu’on remarque immédiatement dans Ghost of Tsushima, c’est la grandeur de la carte, répartie en 3 régions distinctes. Il est bien entendu question d’un monde ouvert que l’on pourra parcourir de part et part, et mine de rien ça vous prendra du temps.
Plus vous monterez au nord, plus les ennemis deviendront ardus à battre, et c’est potentiellement un petit reproche que l’on peut faire au titre de Sucker Punch : les adversaires ne montent pas de niveau en même temps que vous. Ce qui fait que si vous vous concentrez sur l’histoire principale et revenez ensuite dans les terres du sud, vous ne rencontrerez qu’une opposition très faible, bien peu intéressante à affronter.
En revanche, ce qui est quand même bien foutu, c’est cette diversité sublime des paysages. On évoluera ainsi au milieu de feuilles automnales, dans des marais, entre des arbres nus habillés seulement d’un manteau d’hiver… Les jeux de couleurs sont tout simplement magnifiques et tout cela est rehaussé de particules qui virevoltent en permanence sans pour autant grignoter les performances de la PS4 Pro utilisée pour ce test.
Les jeux de couleurs sont tout simplement magnifiques.
Même si graphiquement tout n’est pas parfait dans le détail, on peut véritablement parler de tableaux pour ce qui est de l’ensemble tant Ghost of Tsushima nous attrape les yeux pour ne plus jamais les lâcher. Les panoramas sont quasiment poétiques, à l’image du reste du jeu, qui se concentre d’ailleurs sur cet aspect.
J’te dévisse la tête et j’te chie d’l’haïku
Ghost of Tsushima vous propose, plus que des quêtes, des récits – bon, on ne va pas épiloguer sur cet épisode de novlangue : ce sont des quêtes, principales comme secondaires. Le truc, c’est que vous ferez la rencontre de plusieurs personnages centraux, et chacun aura droit à sa suite de quêtes qui vous permettront d’en apprendre plus sur son histoire et la façon dont il ou elle vit l’invasion de Tsushima.
Ces personnages sont plutôt attachants et assez fidèles à ce qu’on peut retrouver dans les récits japonais. Les stéréotypes sont ici bien utilisés pour produire un scénario assez loyal aux enjeux présentés dans le cinéma japonais, auquel Ghost of Tsushima se revendique clairement être un hommage. Il y a d’ailleurs un filtre « Kurosawa » avec lequel vous pouvez jouer l’aventure et qui est évidemment lié au cinéma du célèbre réalisateur. Une touche d’originalité très appréciable et appréciée (par moi en tout cas).
La poésie se retrouve jusque dans les activités secondaires qui parsèment la carte : on aura ainsi des haïkus à composer « soi-même » en mettant bout-à-bout des vers proposés par le jeu.
Point de vue gameplay, [les haïkus], c’est l’encéphalogramme plat de l’intérêt.
Alors clairement c’est sympa dans l’idée parce qu’on choisit les vers en fonction d’où on oriente la vue, donc on voit d’où Jin puise son inspiration : dans la nature. Par contre d’un point de vue gameplay c’est l’encéphalogramme plat de l’intérêt, en droite lignée avec la plupart de ce genre d’activités en règle générale. Heureusement on aura quelques duels de samouraïs à aller chercher de ci de là.
La nuit, tous les chat-mouraïs sont gris
Les récits sont de leur côté bien plus intéressants, déjà pour les personnages crédibles et bien écrits qu’ils proposent (mention spéciale à Kenji, qui est un archétype vu et revu, mais qui rappelle que quand c’est bien fait… ben ça fait toujours mouche) – mais aussi parce que c’est là qu’on va aller déboîter de l’envahisseur.
Très rapidement, Jin va devoir sacrifier le Bushido, code d’honneur des samouraïs, s’il compte survivre et surtout libérer son île. Le one man army, c’est bon pour DOOM. Il va donc devenir une sorte d’hybride entre rônin et ninja. Usant de subterfuges et d’armes plus ou moins recommandables, Jin Sakai va bâtir sa légende pour devenir un fanal d’espoir : le fantôme de Tsushima. C’est pas con, c’est le titre du jeu
[Jin] va […] devenir une sorte d’hybride entre rônin et ninja.
Et là, très rapidement j’ai eu une crainte.: celle que la voie de la discrétion ou celle de la confrontation prenne le pas sur l’autre. C’est un peu le risque avec un double gameplay – que l’un des deux ne présente pas autant d’intérêt que l’autre.
Les développeurs sont parvenus à éviter cet écueil, tout simplement en rendant les combats exigeants. Plus vous avancerez dans le jeu et dans le monde, plus vous serez confronté à des ennemis coriaces. Rien de bien surprenant jusqu’ici. Mais c’est surtout leur comportement qui vous compliquera la tâche, puisqu’ils attendront précisément le moment où vous avez l’opportunité de tataner leurs copains pour vous mettre des taquets.
Tête qui roule n’amasse pas mousse
Lorsque vous aurez atteint un certain point dans le jeu, des camps adverses vont commencer à apparaître. Les petits diamants indiqueront des points mineurs, tandis que les symboles de ferme ou de yourte vous signaleront la présence de nombreuses forces adverses. C’est notamment pour ce genre d’activité de nettoyage – mais pas que -, que vous aurez besoin d’être discret afin de vous faciliter la tâche.
Vous aurez également l’opportunité de choisir la meilleure approche lors des récits, et bien souvent vos assauts mêleront les 2 voies.
Bien souvent vos assauts mêleront les 2 voies.
Lorsque vous voudrez vous la jouer frontale, vous aurez l’opportunité de faire une confrontation, un move que les développeurs ont rapidement mis en avant. Sur simple pression d’une touche (mais uniquement lorsque le HUD l’affiche), vous pouvze provoquer les adversaires. Vous devrez alors appuyer sur triangle et dès que l’ennemi attaque, relâcher la pression pour le tuer d’un coup. Grâce à des compétences, vous pourrez ainsi tuer jusqu’à 3 ennemis, et même 5 avec une armure en particulier. Autant vous dire que ça fait une sacrée différence dans les affrontements.
Seul petit reproche que j’ai à faire à ce niveau-là : c’était quand même vachement plus élégant et dynamique au moment du trailer de gameplay. Là les ennemis suivant le premier mettent du temps avant de se jeter sur vous et ça rend le tout nettement moins classe.
En revanche, on apprécie le fait que plus vous aurez affaire à des ennemis coriaces, plus ceux-ci non seulement seront rapides, mais en plus auront tendance à essayer de vous feinter : si vous relâchez trop tôt, vous tombez presque à 0 point de vie.
Un film dont vous êtes le héros
Le combat à proprement parler emprunte un peu à Sekiro dans le sens où il faut exploser la garde d’un adversaire afin de pouvoir lui mettre une race. Pour cela vous disposez de coups puissants, puis de coups rapides une fois la garde détruite.
S’ajoute à cela une influence Nioh, puisque vous devrez adopter différentes postures pour vaincre. La différence vis-à-vos de Nioh est qu’ici il y a bien nécessité de changer de posture, et ce en fonction des armes de vos ennemis. Si vous attaquez un épéiste avec la posture destinée aux boucliers, vous mettrez beaucoup plus de temps à dégommer sa garde et, de surcroît, la plupart de vos attaques seront inefficaces.
En réalisant une parade parfaite, vous pourrez en plus réaliser de lourds dégâts à votre cible, et tout cela s’étoffera via un arbre de talents très touffu et plutôt bien pensé. Ainsi vous sera-t-il par exemple possible de transformer une esquive de dernière seconde en opportunité de mettre un petit coup de katana à votre ennemi.
Un ballet de lames faisant encore une fois un bel hommage aux films de samouraï
Le résultat est un ballet de lames faisant encore une fois un bel hommage aux films de samouraï, avec une satisfaction touchant du bout des doigts les échanges fougueux d’un Sekiro, en particulier contre les boss.
Samouraï en kit
L’infiltration n’est pas en reste, mais ne se montre pas au niveau des combats ouverts. On voit parfois des ennemis assez myopes ou sourds. Malgré tout la sauce prend plutôt bien et on prend plaisir à décimer des camps qui ne sont pas non plus remplis de couillons complets.
Là aussi les hommages sont bien présents, avec notamment la possibilité d’assassiner un adversaire à travers une porte.
Et tout au long de l’aventure, il sera possible de dégoter des armes de fantôme, qui sont en fait les accessoires parfait du petit ninja : kunais, bombes fumigènes, bombes collantes, la totale. Ces armes vous seront à vrai dire surtout utile en combat ouvert pour temporiser et faire parfois de lourds dégâts.
Tout ceci est fort complet me direz-vous. Oui, un peu trop même.
Tout ceci est fort complet me direz-vous. Oui, un peu trop même. Car si tout à un intérêt et appelle à l’utilisation, il faut sélectionner postures, armes de fantôme et armes de lancer à la volée, tout en gérant la fiole d’Estus/potion de vie version Ghost of Tsushima. Dans le feu de l’action, avec 14 Mongoles qui sont là pour vous faire passer le goût du pain et vous prendre en traître, j’aime autant vous dire que ça peut vite devenir ingérable.
D’autant que la sélection de posture n’est pas toujours bien simple, puisqu’il faut d’abord appuyer sur R2 avant de pouvoir sélectionner la posture avec triangle, carré & co. Si vous appuyez en même temps sur les 2 touches, c’est mort.
En dehors de ce petit cafouillage, le gameplay action de Ghost of Tsushima fonctionne comme un charme et c’est un vrai plaisir du début à la fin de l’aventure.
Un titre qui ne doit pas retourner dans l’ombre
Ghost of Tsushima est une vraie chouette proposition de combat de ninja/samouraï. Le meilleur des deux mondes est réuni pour proposer une aventure unique avec quelques relents de grands noms comme Sekiro, Nioh ou Tenchu. Une fresque magnifique et violente à parcourir d’urgence, ne serait-ce, pour commencer, que pour le plaisir des yeux.
Ce qu’on a aimé :
- Les confrontations
- Superbes panoramas variés
- Affrontements excitants parfois vicieux
- Belle histoire hommage aux films de samouraï
- Un vaste monde à explorer
- Des personnages attachants
Ce qu’on n’a pas aimé :
- On s’y perd parmi tous les raccourcis
- Les intros des confrontations deviennent redondantes
- Les confrontations sont moins dynamiques qu’annoncées dans les enchaînements d’ennemis
- Les activités secondaires mériteraient d’avoir un gameplay moins… tertiaire
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous êtes amoureux du cinéma classique japonais ; vous cherchez un digne successeur à Tenchu
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous cherchez une aventure courte à faire tranquillou bidou
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- PS4 Pro
Ghost of Tsushima est disponible sur PS4.