Annoncé il y a maintenant 3 ans lors de la Gamescom 2014, Hellblade : Senua’s Sacrifice pointe enfin le bout de son nez. Le titre “triple A indépendant” de Ninja Theory nous livre une aventure purement psychotique sur fond de mythologie nordique, pour laquelle il faudra avoir les nerfs solides. Dans un mélange d’action et de folie cauchemardesque, Hellblade délivre une expérience tout bonnement sublime.
Test Hellblade: Senua’s Sacrifice – Psychose contagieuse
Pour commencer par le commencement, l’histoire du jeu suit le personnage de Senua dont l’instabilité mentale nous apparaît très rapidement puisque les premiers dialogues se passent… dans sa tête. La psychose dont elle est atteinte s’annonce ainsi comme l’élément central du jeu. Elle n’en est pas moins déterminée à accomplir sa quête qui consiste à pénétrer dans Helheim, AKA l’enfer de la mythologie nordique. Bien évidemment, celle-ci n’y va pas pour faire bronzette mais pour quelque chose d’un peu plus noble : sauver l’être aimé. Si de prime abord le scénario semble quelque peu bateau, il n’en est rien. Outre le ton très sombre dont on fait vite les frais – il faut dire que les cadavres en pagaille qui sont empalés dans ce qui sert d’introduction, ça annonce bien la couleur – Hellblade offre une histoire poignante et intense. Du fait de sa linéarité, celui-ci laisse cependant peu de place a du contenu annexe, seules des runes sont dispatchées un peu partout sur notre route. Ces dernières relatent avec précision les différentes histoires de la mythologie nordique et ajoutent de la profondeur au scénario.
Le périple de Senua est extrêmement tortueux, souvent malsain, les ténèbres nous talonnent à chaque instant et nous laissent sur le qui-vive durant la totalité des six heures de jeu. Une telle durée peut paraître courte – et ça l’est en fait – mais une fois arrivé au bout, on aurait tendance à être heureux que ce soit terminé. Ne vous méprenez pas : ce sentiment apparaît justement parce que la réalisation de Hellblade est excellente. L’anxiété, le stress, la panique… telles sont les émotions que l’on est enclin à éprouver en jouant au titre de Ninja Theory. Tous les éléments du jeu servent le même dessein : placer le joueur dans la tête de Senua, littéralement. Les développeurs se sont d’ailleurs entourés de patients atteints des maux de l’héroïne et d’experts en psychiatrie afin de retranscrire au plus juste ce trouble mental auquel nous faisons face. Autant dire que le résultat est au rendez-vous.
L’anxiété, le stress, la panique… telles sont les émotions que l’on est enclin à éprouver en jouant au titre de Ninja Theory
Notre guerrière celtique a donc la particularité d’entendre des voix dans sa tête, l’une étant d’ailleurs quelque peu omnisciente puisqu’elle fait office de narratrice. N’allez cependant pas penser que les voix en question n’interviennent qu’à certains moments précis du jeu – elle sont présentes durant la totalité de l’aventure. Du moment que l’on avance, elles commentent vos faits et gestes, allant du conseil avisé à l’avertissement paranoïaque. La moindre porte que vous tentez d’ouvrir, la moindre irrégularité qui se présente à vous, où même un simple craquement de brindille entraînera une réaction de leur part. Si cela sert parfaitement les desseins du titre et son immersion, il en découle également une narration parfois un brin “fouillis” qui s’explique aussi par une écriture qui, bien que très bonne, veut souvent en faire trop.
Test Hellblade: Senua’s Sacrifice – La bande son des dieux
Hellblade constitue la preuve qu’un jeu peut atteindre l’excellence avec pour fer de lance une immersion divinement exquise. Dès le départ le jeu conseille fortement l’utilisation d’un casque audio et on comprend très vite pourquoi : les doublages, les bruitages, les musiques… la bande son de Hellblade frôle la perfection ! Les mots me manquent pour décrire avec justesse à quel point celle-ci est tout simplement époustouflante. Ninja Theory est parvenu avec brio à utiliser le son comme un élément de gameplay à part entière. Que ce soit pendant “l’exploration” ou lors des combats, votre ouïe est autant sollicitée que votre vue, et prend parfois même le pas sur cette dernière. Certains passages se déroulent par exemple dans une obscurité quasi-complète, et notre ouïe devient le meilleur outil pour nous permettre d’éviter les vilaines bébêtes qui y rodent.
Les doublages, les bruitages, les musiques… la bande son de Hellblade frôle la perfection !
On notera d’ailleurs l’absence totale d’HUD, ses fonctions étant laissées aux gentilles voix dans notre tête. C’est ainsi que lors des combats, vous aurez le droit à “Derrière toi !” crié à l’unisson, juste avant que l’un de vos ennemis ne vous transperce le dos. Mais en dépit d’un tel élément de gameplay, à aucun moment le joueur ne peut se sentir en confiance. Nos voix intérieures peuvent nous guider comme nous induire en erreur et en viennent même à se foutre de notre tronche. De la répétition naît la folie et, avec Hellblade, Ninja Theory nous en fournit la preuve irréfutable. Qu’il s’agisse des voix dans votre tête ou des entités de l’ombre cherchant à briser votre esprit, tout se répète ! Tout est pensé pour jouer avec votre cervelle – pour ne pas dire torturer – à tel point que l’on est souvent en proie à l’angoisse voire à la panique. Et si la bande son sert cet objectif de la plus belle manière qui soit, il en va de même pour le level design et l’aspect visuel en général.
Test Hellblade: Senua’s Sacrifice – Libère ton esprit Néo… heu Senua !
Comme dit plus haut, Hellblade constitue un jeu dans lequel le joueur ne peut avoir confiance. Trompé par ce qu’il entend, il l’est aussi par ce qu’il voit – le titre utilise la perception de Senua – et par conséquent la vôtre – comme élément principal de son gameplay. Autant dire qu’avec sa psychose, cela devient vite un magnifique bordel visuel. Les différentes puzzles nous poussent à utiliser notre matière grise afin de progresser dans le jeu. Très bien réalisées, ces énigmes nous conduisent à chercher le bon angle de vue ou à passer par des portails spécifiques afin de déjouer des illusions. Malheureusement et malgré la courte durée du jeu, même si les énigmes restent globalement intéressantes à résoudre, elles ont tendance à se répéter.
Dès les premières minutes du jeu, l’aspect graphique du titre vous en met plein les mirettes. D’ailleurs, en plus de l’ouïe, la vue constitue un autre sens qui sera sollicité tout au long de notre périple. Les jeux de lumière, les effets de flou, l’animation, tout est parfaitement maîtrisé et sert de prétexte pour nous plonger dans cet univers psychédélique sans commune mesure. La réalisation, d’une qualité sans pareille, incite parfois à se demander si l’on se trouve toujours dans un jeu vidéo. Ajoutons des décors somptueux empreints d’une direction artistique aux petits oignons qui offre un bel hommage à la mythologie nordique.
Des décors somptueux empreints d’une direction artistique aux petits oignons qui offre un bel hommage à la mythologie nordique.
Test Hellblade : Senua’s Sacrifice – Heureusement qu’on peut taper sur des trucs
Étonnamment, les combats ne sont qu’en second plan du titre de Ninja Theory. Ils n’en restent pas moins terriblement jouissifs et délivrent une intensité remarquable sans qu’une seule seconde l’immersion n’en pâtisse. Cela est majoritairement dû aux voix intérieures qui comblent l’absence de HUD. En résulte une dimension unique grâce à un système de combat qui nous impose d’être concentré pour entendre les murmures nous avertir des dangers imminents. Ainsi, même avec un grand nombre d’adversaires hors-champs, le joueur ne se retrouve pas sans défense, si tant est qu’il est toujours enclin à tendre l’oreille.
Là encore, grâce à l’excellente réalisation, les animations, très fluides, procurent un dynamisme qui n’a rien à envier au genre action-RPG. Si quelques combos sont présents avec trois types de frappe distincts (rapide, lourde et brise-garde), le système reste relativement simpliste : on tape, on pare, on esquive et on tape encore. Senua dispose tout de même d’un atout de poids pour les moments difficiles, à savoir la concentration. Servant d’outil pour l’observation et la résolution des énigmes tout au long de l’aventure, la concentration peut s’utiliser en combat pour modifier la perception du temps et ralentir l’action. Grâce à un système simple mais efficace, on se réjouit presque de croiser enfin les monstres dont on se cachait jusqu’à présent pour leur dézinguer la tronche. Sans rire, cela fait un bien fou. Les combats s’avèrent néanmoins peu nombreux et il est dommage que le bestiaire ne se montre pas plus varié, avec seulement six ou sept ennemis différents.
Probablement pour rester dans l’optique de la psychose, Hellblade est dépourvu de toute forme de tutoriel. Il faudra prêter une oreille attentive aux voix dans votre tête – mais pas que – qui expliqueront les détails – aussi bien qu’un psychotique puisse le faire. Senua se tenant à la lisière de la destruction mentale, elle a depuis longtemps passé l’étape de l’apprentissage. Pourquoi diable y aurait-on droit ? Cela étant dit, la difficulté, prise dans sa globalité, n’est pas nécessairement insurmontable. On apprécie tout de même la possibilité de pouvoir la modifier à la volée, sans avoir à revenir au menu. Notez au passage que la progression sera effacée si vous mourez trop de fois. Un élément supplémentaire qui vient vous tirailler l’esprit dès les premiers instants du jeu. Dommage qu’il soit presque nécessaire de mourir volontairement pour en arriver là, le nombre requis étant très élevé (environ cinquante aux dernières nouvelles). Cela reste toutefois une fonctionnalité sympathique qui ne manquera pas d’en stresser plus d’un. Du Hellblade tout craché en somme.
Test Hellblade : Senua’s Sacrifice – Une pépite noire, mais une pépite quand même
Rares sont les jeux qui prennent autant le joueur par les tripes. Hellblade: Senua’s Sacrifice constitue une véritable perle de narration et d’immersion dont il est difficile de ressortir indemne. Dans un mariage parfait entre bande son maîtrisée et direction artistique qui frise l’excellence, le titre de Ninja Theory propose une expérience hors du commun. Du début à la fin, on ressent une pression quasi-infernale au même titre que l’héroïne et l’on en vient à partager ses émotions, aussi sombres soient-elles. On regrette malgré tout que l’aspect de mort définitive ne soit pas davantage mis en avant, il faut en effet mourir trop de fois à l’heure actuelle pour que cela suscite une réelle crainte chez le joueur. Par ailleurs, il est dommage de constater que les développeurs n’ont pas envisager un système de rejouabilité tant les combats sont jouissifs et donnent sans cesse envie d’en avoir plus. Enfin, quelques inégalités au niveau des textures et du framerate (mais jamais pendant les combats, ce qui est déjà fort louable) sont à déplorer, mais rien qui ne puisse venir entacher cette fantastique expérience.
►Points forts
- Direction artistique maîtrisée à la perfection
- Visuellement bluffant
- Une bande son tout droit venue des cieux
- Immersion totale dans un esprit psychotique
- Système de combat simple mais intense
- Effets visuels et sonores utilisés intelligemment
- Une histoire follement romanesque
► Points faibles
- Un (vrai) système de rejouabilité aurait pu être un plus
- On ressent vite une légère redondance
- Bestiaire peu varié
- Quelques inégalités sur les textures
- La narration part parfois en vrille
- Baisses occasionnelles de framerate (jamais en combat)
Ce n’est pas dû à votre psychose, c’est bel et bien un excellent jeu
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse PC fournie par GOG.
Hellblade : Senua’s Sacrifice est disponible sur PS4 et PC en version digitale uniquement depuis le 8 août.
Vous pouvez vous procurer Hellblade chez notre sponsor GoCléCD.fr
VIVEMENT VIVEMENT VIVEMENT !!
ça donne envie en tout cas!
Moi qui suis fan de la culture nordique je pense me laisser tenter !
Ce jeu est juste parfait, la bande-son est magnifique. Le travail qui a été réalisé par les devs est juste incroyable ! GG à eux ! je conseille vraiment ce jeu