Hood: Outlaws & Legends se propose de vous plonger dans l’univers de Robin des Bois afin de réaliser des cambriolages en coopération, mais la forêt de Sherwood a un peu les troncs qui partent de traviole.
Parcours fléché
Jeu coopératif, Hood: Outlaws & Legends reprend des personnages emblématiques de la légende de Robin des Bois, de même que la fameuse devise “voler aux riches pour donner aux pauvres”. 2 équipes de 4 joueurs s’affrontent sur 5 cartes afin de réaliser 3 étapes – toujours les mêmes –, à savoir :
- Voler la clé de la chambre forte au shérif
- Ouvrir la chambre forte
- Extraire le coffre
Il faudra jouer de discrétion, car si les gardes vous repèrent, non seulement ils se jettent à votre poursuite, mais vous êtes de surcroît marqué sur la carte et l’écran des adversaires. Éliminer les gardes qui vous ont vu aura pour effet de vous faire retomber dans l’anonymat, mais le mal aura été fait.
Vous pourrez incarner 4 personnages différents, chacun ayant ses spécificités :
- Robin – archer
- Marianne – assassin
- Tooke – combattant support
- John – tank
Tous pourront obtenir jusqu’à 3 atouts permettant de modifier leurs compétences. Ceux-ci sont plutôt sympathiques et orienteront votre façon de jouer, sans qu’on se retrouve non plus avec des builds diamétralement opposés. Robin pourra par exemple effectuer des attaques au corps-à-corps générant plus de dégâts ; Tooke lancera des fioles de soin plutôt que de poison, etc.
[Les cosmétiques] sont, pour tout dire, franchement quelconques.
Ces atouts se débloqueront à mesure que vous gagnerez de l’expérience. Chaque personnage peut monter jusqu’au niveau 10, et il y a en plus un niveau de joueur qui va jusqu’à 100. Vous débloquerez aussi des vêtements et armes, purement cosmétiques, chemin faisant.
Ces derniers n’ont rien de vraiment marquant et sont, pour tout dire, franchement quelconques. Vous pourrez tous les débloquer en l’espace d’une trentaine d’heures maximum, le temps de vous arroger suffisamment de victoires.
Shérif, fais-moi peur. S’il-te-plaît.
Car dans Hood: Outlaws & Legends, ce sont bien les victoires qui se révèlent particulièrement importantes. Vous allez devoir assassiner à tout-va sans vous faire repérer pour atteindre le shérif – qui au passage est invincible à moins de lui faire goûter de l’explosif : s’il vous attrape, vous êtes mort –, récupérer sa clé et finalement ouvrir la chambre forte pour amener le coffre au point d’extraction.
Si vous réussissez à jouer suffisamment discret, l’équipe adverse ne saura pas vraiment où vous emmenez le coffre jusqu’au moment où il sera posé pour extraction. À partir de là, vous devrez vous affairer à une manivelle pouvant accueillir jusqu’à 2 joueurs pour évacuer le coffre. Cette évacuation est représentée par une barre de progression jalonnée de marqueurs en diamant. En atteindre un empêche la barre de redescendre derrière ce niveau.
Dès qu’un niveau est atteint, des petites pièces d’or apparaissent sous celui-ci, assorties d’une couleur en fonction qu’il s’agisse d’un accomplissement de votre équipe ou de l’équipe adverse. Dès lors, on se dit que cela partage les richesses du coffre entre les 2 équipes en fonction de qui participe le plus à l’extraction du précieux.
Que nenni ! Tout ce qui compte, c’est que vous soyez dans l’équipe qui réalise le tout dernier jalon, soit l’extraction finale. Mais alors pourquoi ces jalons sous forme de piécettes qui se débloquent ? Aucune idée. C’est véritablement une question que je me pose depuis le départ. Il m’est arrivé de voir mon équipe faire tous les jalons excepté le dernier, réalisé par l’équipe adverse : s’en est suivi l’écran de défaite et un pécule de 68 minables pièces d’or (les gagnants récupèrent systématiquement entre 500 et 600 pièces d’or). Une incohérence d’autant plus rageante qu’elle rend futile toute la progression faite avant.
La dimension “cambriolage” en prend un sacré coup dans la tronche.
Toutefois, ce système permet aussi des moments intenses où la victoire est arrachée au dernier instant. Le souci demeure l’incohérence des signaux que le jeu nous renvoie et, de fait, une sensation d’injustice bien frustrante.
En parlant d’extraction, vous devriez savoir qu’elle présente un gameplay très différent de la phase de cambriolage. Il s’agit d’extraire le coffre le plus vite possible, et à ce moment-là bon nombre de gardes ont déjà bouffé le pavé. Ce qui fait que les joueurs courent à travers la carte sans plus trop se soucier d’eux. Dès lors la dimension “cambriolage” en prend un sacré coup dans la tronche.
Le principal souci encore une fois est la cohérence et il s’agit là d’une erreur de game design qui risque fort d’être difficile à rattraper. Cela ne veut toutefois pas dire qu’elle génère une situation qui n’est pas amusante. L’aspect combat plus ouvert est aussi appréciable et les joueurs un peu expérimentés savent qu’une certaine discrétion, au moins pour Marianne et Robin, est de mise pour gagner efficacement. Comme dans de nombreux jeux multijoueur, c’est aussi une question de joueurs.
Assassinat à rallonge
Les personnages s’équilibrent plutôt bien dans les parties et tous ont un intérêt, ce qui fait que les équipes composées de chacun des brigands ont généralement les meilleurs atouts pour s’en tirer.
Robin pourra harceler les ennemis qui extraient le coffre, Marianne assassinera ceux qui passent devant son nez tandis que John sa jettera dans la mêlée avec son marteau avec un Tooke sur ses talons, prêt à faire jouer sa masse d’armes sur plusieurs adversaires. Tout cela, au niveau équilibrage, fonctionne bien.
Les personnages s’équilibrent plutôt bien dans les parties et tous ont un intérêt.
Le problème, c’est bel et bien le design des combats en lui-même et c’est à mon sens le plus gros souci de Hood: Outlaws & Legends à l’heure actuelle. Il y a certaines choses qui demandent de l’adaptation, mais il y en a d’autres qui se révèlent carrément insupportables et complétement incohérentes.
C’est surtout le corps-à-corps qui est franchement à revoir. Un coup léger peut être contré grâce à une parade parfaite. Quand le jeu le veut bien. Ou le netcode, ou que sais-je ? Il m’est arrivé un nombre incalculable de fois de faire une parade parfaite (replay à l’appui)… sans aucun effet. Sauf que normalement cela déstabilise l’adversaire et vous donne l’opportunité de le punir sévèrement. Dans ce cas, c’est moi qui suis puni.
Les assassinats font le sel du jeu, mais contre les joueurs il est vraiment à la ramasse. Vous pouvez être planqué tranquille dans un buisson, si un joueur passe devant vous et que vous martelez la touche d’assassinat… rien ne se passe. Même si vous lui collez au train, cela n’aura aucun effet à moins que votre adversaire soit lui-même accroupi ou qu’il s’arrête de courir. On se retrouve donc dans une situation ridicule ou l’assassin sprint derrière sa proie pour ne pas le perdre, en espérant qu’il ne se retourne pas ou qu’un de ses potes ne se pointe pas durant les longues, très longues secondes ou on le poursuit.
D’un autre côté, en plein combat, on verra des joueurs se baisser et tourner dans tous les sens en martelant la touche d’assassinat jusqu’à ce que, sur un coup de bol, ça passe. Heureusement, ces cas sont encore assez peu fréquents (mais pas rares) du fait que seuls les joueurs les plus assidus ont pigé le truc, mais ça va bien entendu changer… Sumo Digital a du pain sur la planche pour que son jeu demeure un minimum agréable, à défaut d’être cohérent.
En revanche les stratégies qui se mettent en place au sein des équipes offrent des perspectives intéressantes, pour peu que les joueurs jouent leur rôle efficacement. Les cartes sont plutôt bien construites, même si on repère des copier-coller éhontés (il n’y a que 5 cartes, pour rappel) de portions entières ou presque d’une carte à l’autre. Dans tous les cas, on peut déverrouiller des raccourcis, faire tomber des cordes et prendre le contrôle de points de réapparition, véritablement cruciaux dans la lutte pour la victoire.
Bien souvent, ceux qui sauront maintenir leur contrôle sur un point en particulier parviendront à arracher la victoire.
Robin la belle capuche
Bien que pétri d’incohérences et de manquements, le titre de Sumo Digital et Focus Home Interactive présente donc un certain intérêt, mais qui a besoin d’être développé via des mises à jour urgentes.
La dimension stratégique est là, mais elle est mise à mal par un game design bancal qui a du mal à tenir la promesse d’un jeu de cambriolage en coopération jusqu’au bout. Les affrontements entre les équipes, de leur côté, présentent un aspect tantôt jouissif, tantôt rageant, qui fait la part belle aux différences des personnages tout en faisant montre de grosses lacunes au corps-à-corps.
Le titre se montre sous de beaux atours, avec de jolis graphismes et une direction artistique sombre et soignée. De ce côté-là, il n’y a rien à reprocher à Hood: Outlaws & Legends, qui offre des visuels dignes à la légende de Robin des Bois.
La réalisation sonore est de son côté mise à mal par des répliques répétées en boucle par les personnages et une musique, là aussi bouclée (et surtout très rapidement bouclée), lorsque le coffre est extrait. Il s’agit de détails, mais des détails qui viennent s’ajouter au reste des lacunes du titre.
Sherwood a besoin d’un reboisement
Hood: Outlaws & Legends souffre de sévères soucis, mais il est tout de même en mesure de vous apporter de bons moments pour une trentaine d’euros. Loin d’être un incontournable, il reste quand même un bon potentiel qui ne demande qu’à se découvrir davantage. En ce qui me concerne, j’y retourne avec plaisir régulièrement pour quelques parties, pour jouer Marianne et Robin qui offrent à mon sens le plus d’intérêt par rapport à la proposition de base : la discrétion et l’assassinat. Ne reste plus qu’à Sumo Digital et Focus Home Interactive de se montrer à la hauteur et de finir leur jeu convenablement, car il ne peut être décemment considéré comme bouclé à l’heure actuelle.
Ce qu’on a aimé :
- La phase d’infiltration avant l’extraction du coffre
- Des personnages équilibrés
- La direction artistique sombre et inspirée
- Les assassinats de gardes
- Des cartes bien construites avec des raccourcis à débloquer
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Des skins peu inspirés
- Les combats au corps-à-corps et assassinats de joueurs à la ramasse
- Il n’y a aucun réel encouragement à jouer la discrétion lors de l’extraction
- Manque global de cohérence
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous cherchez un jeu compétitif dans l’univers de Robin des Bois, version sanglante.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous n’avez pas envie de vous taper un accès anticipé qui ne s’avoue pas.
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080
- CPU : Intel Core i7-9700K @5GHz
- RAM : 16 Go DDR4
- Installé sur SSD
Hood: Outlaws & Legends est disponible sur PC, PS4/5, XB1 et XSX/S.