Le HTC Vive est parvenu aux joueurs pour la première fois en avril 2016. Depuis, le chemin s’est révélé tortueux pour l’entreprise taïwanaise, qui continue pourtant d’avancer. Proposant initialement davantage d’expériences que de jeux à proprement parler malgré un très bon aspect technique, qu’en est-il aujourd’hui, un an et demi après son lancement ?
La pomme de Taïwan
Le HTC Vive est livré dans une boîte classieuse, dont on pourrait imaginer qu’elle a été expédiée par Apple. À peu près de la taille de l’emballage d’une console, elle s’ouvre pour révéler trois compartiments dans lesquels sont nichés les deux “lighthouses” (capteurs permettant de situer le casque et les manettes), le couple de “wands” (littéralement “baguettes”, il s’agit des manettes) et bien entendu le précieux : le casque de réalité virtuelle. Le tout est emballé dans du plastique de qualité.
Collée sur la face interne supérieure de l’emballage, une grande enveloppe contenant les instructions préliminaires à l’utilisation de votre nouveau joujou. En sortant les éléments détaillés ci-avant, vous pourrez accéder à la tripotée de câbles et accessoires dont vous avez besoin. Le HTC Vive est fourni avec une interface reliant le casque au PC ainsi que toute la connectique utile et deux supports pour visser les “lighthouses” si toutefois c’est votre intention. On note que deux chevilles sont incluses si vous décidiez de percer vos murs afin de bien maintenir les deux périphériques, mais préférez acheter des chevilles Molly si vous devez fixer dans du Placo (nous y reviendrons dans notre guide dédié à l’installation de votre espace VR pour HTC Vive).
Le HTC Vive est livré dans une boîte classieuse, dont on pourrait imaginer qu’elle a été expédiée par Apple.
Doctorat en HTC
À première vue, la quantité d’éléments que l’on déballe effraie un peu : “ai-je besoin d’avoir fait Polytech’ pour installer ça ?” On est finalement rassuré par les explications visuelles fournies non seulement dans la boîte mais aussi via le logiciel HTC qui nous guide pas à pas dans l’installation. On ne va pas se mentir : on galère un peu en tant qu’utilisateur tout neuf. La faute à beaucoup de câbles, mais une fois l’étape de la première fois passée, tout nous paraît simple comme bonjour. Prévoyez tout de même une demi-journée d’installation, comprenant les branchements, les éventuels aménagements pour faire une place suffisante dans la pièce où vous comptez utiliser le casque et la mise en place des “lighthouses” (perçage compris). En parlant de ces dernières, il est important de savoir qu’il faut, dans l’idéal, qu’elles soient positionnées à au moins 2,5 mètres de hauteur et de part et d’autre de l’utilisateur, ce qui n’est mine de rien pas toujours évident (c’est pour ça qu’on vous fait un petit guide pour vous faciliter la vie).
Malgré plusieurs branchements, aucun risque de s’emmêler les pinceaux dans plusieurs amarrages au PC puisque dans les faits, seul un câble parcours la distance entre le casque et l’ordinateur
J’ai mentionné la quantité de câbles, mais un excellent point pour le HTC Vive est le rassemblement des câbles du casque à un tronc commun. Cela signifie que malgré plusieurs branchements, aucun risque de s’emmêler les pinceaux dans plusieurs amarrages au PC puisque dans les faits, seul un câble parcours la distance entre le casque et l’ordinateur. La vie de l’utilisateur n’en est que simplifiée, même si l’idéal consisterait en la disparition pure et simple dudit câble. En effet, en tournant sur soi-même (et c’est en permanence), on enroule le câble, il faudra donc, entre chaque utilisation du HTC Vive, penser à raffermir le câble. Et bien entendu, il faut fréquemment prendre soin, le casque vissé sur la tête, de faire passer ses pieds par-dessus le câble quand il s’emmêle dans nos pattes. Pas franchement rébarbatif, juste ennuyeux.
Fait chaud, non ?
Enfilons enfin le HTC Vive. Pesant 100 grammes de plus que son concurrent l’Oculus Rift, le casque n’en est pas pour autant pénible à porter. Le poids est relativement équilibré même si, en utilisation longue, une fatigue peut se faire sentir (nous recommandons l’utilisation du Vive Deluxe Audio Strap). La qualité des écrans OLED 1200*1080 pixels est clairement au rendez-vous et permet de très belles performances en privilégiant complètement l’immersion. Par rapport à l’Oculus Rift, il y a un je-ne-sais-quoi qui fait que l’image paraît de meilleure qualité, mais je ne suis honnêtement pas en mesure de déterminer quoi, d’autant que la résolution est la même pour les deux casques. Aucune comparaison possible avec le PSVR pour ceux qui se poseraient la question : les casques PC ne jouent clairement pas dans la même cour que le casque de PlayStation, technologiquement parlant.
Aucun problème pour jouer durant plusieurs heures (excepté bien sûr pour les jeux avec motion sickness, j’y reviendrai). L’immersion est totale et c’est à ce moment qu’on se rend compte que tous ceux qui nous ont rabâché : “franchement tu ne peux pas savoir ce que c’est tant que tu n’as pas essayé”, ces gens-là avaient mille fois raison. Et ça vient d’un type qui a passé un an à regarder des vidéos et se documenter sur la VR en en venant systématiquement à la conclusion suivante : à côté du jeu vidéo “traditionnel”, ça fait pâle figure. Le fait est qu’il est question ici d’une toute nouvelle façon d’appréhender le jeu vidéo et d’y jouer. Quel bonheur pour un fan inconditionnel de RPG tel que moi de véritablement tenir un bouclier dans une main et une épée dans l’autre, de tirer une flèche en ayant la sensation que la corde de l’arc se tend au bout de mes doigts. Fan de FPS, là encore je suis conquis. À travers des jeux comme Onward, Pavlov, Raw Data, j’en passe et des meilleurs, on prend un plaisir fou à redécouvrir le jeu de tir en vue (plus que jamais) subjective sous un nouveau jour.
Aucun problème pour jouer durant plusieurs heures
Le seul soucis que j’ai repéré avec l’utilisation prolongée du HTC Vive est cette sensation de chaleur au niveau du casque, qui va conduire le joueur à transpirer. Problème : la mousse faisant interface entre front et casque la garde bien, cette sueur… il existe heureusement des mousses de remplacement et même certaines qui ne sont pas en mousse, ce qui règle le soucis. Ce n’est franchement pas bien préjudiciable.
C’est moi qui ai fait ça ?
Signalons au passage qu’une fois le casque branché, la configuration est d’une simplicité déconcertante. Via un logiciel, on indique si l’on joue de manière statique (peu de place) ou si on peut se mouvoir (au moins 2,5 m sur 1,5 m). Bien entendu, la deuxième option est la plus agréable grâce au fameux “Roomscale” dont seul HTC profite à l’heure actuelle. Grâce à une HTC Wand, on délimite clairement l’espace dont on dispose – j’ai remarqué une légère imprécision, quelques centimètres au plus, dans l’établissement des limites de la zone de jeu, faites donc attention à tout objet fragile à proximité (virez-les de là, en fait).
Pour en revenir au “Roomscale”. Il s’agit en fait de la possibilité de se déplacer physiquement dans la réalité et que cela soit retranscrit dans le jeu. Il s’agit d’une technologie exclusive au HTC Vive et, il faut bien le dire, absolument géniale tant elle renforce l’immersion mais aussi les possibilités de gameplay. Le pendant de cela, c’est évidemment la possibilité d’évoluer dans un monde à 360°, là où l’Oculus Rift ne propose par exemple qu’un monde à 180° à moins de bidouiller sévère pour un résultat pas franchement convaincant ni fluide. Dans Vanishing Realms, nous démarrons par quelques pièges : des haches sortent du mur à l’horizontal, nous voilà alors à ramper au sol pour éviter de finir en viande à hamburger. Dans Arizona Sunshine : nous nous penchons à l’intérieur des bâtisses par des portes que nous entrouvrons afin de jeter un œil – on sait jamais, il y a des zombies vicieux (la question est plutôt : y en a-t-il qui ne le sont pas ?). Malgré tout, il ne faut pas se faire d’illusion, il finit par être indispensable d’utiliser la téléportation ou le déplacement via la manette, étant donné qu’on ne se trouve pas réellement dans le monde virtuel en question.
Roomscale : […] une technologie exclusive au HTC Vive et, il faut bien le dire, absolument géniale.
Le suivi des mouvements – casque et manettes – est irréprochable. Nous n’avons constaté aucune perte de signal ou positionnement erratique des périphériques. Pas de décrochage, une haute fidélité. Que demande le peuple ? C’est au passage en jouant en réalité virtuelle qu’on se rend compte à quel point on ne sait absolument pas viser avec une arme. Ce qui est à la fois rassurant et tristoune quand on a passé tant d’heure sur nos bons vieux FPS.
Tout le catalogue Steam, plus celui de l’Oculus
L’énorme avantage du HTC Vive est que la firme taïwanaise s’est associée à Valve, ce qui signifie catalogue Steam, autrement dit modding, Steam Greenlight et liste de jeux à rallonge… On approche désormais des 400 titres VR disponibles. Bien entendu, il y a à boire et à manger, mais le catalogue commence véritablement à prendre de l’ampleur avec des jeux phares comme Arizona Sunshine, Skyworld, Superhot VR, Raw Data, The Gallery, Serious Sam : The Last Hope, etc. En définitive, on ne parle plus d’expériences VR mais bel et bien de jeux à part entière, et le train est désormais lancé à pleine vitesse avec l’appui d’éditeurs comme Bethesda qui arrive avec Skyrim VR, Fallout 4 VR et DOOM VFR.
Mais les exclusivités, c’est has been, aussi est-il possible d’accéder au catalogue Oculus via le hack Revive (que Facebook, qui possède l’Oculus Rift, a décidé de ne pas interdire). Il est ainsi possible de jouer aux superbes hits pour lesquels FB a payé dans le but d’avoir une exclusivité totale ou temporaire, ce qui inclut le sublime Robo Recall d’Epic Games, mais aussi les excellents Lone Echo, From Other Suns, Chronos, etc. Il s’agit d’une force car la réciproque n’est pas complètement vraie : les possesseurs d’Oculus Rift peuvent accéder au catalogue Steam mais le nombre de bugs et incompatibilités rapporté est plus important.
Le problème du motion sickness est de mieux en mieux géré.
Le problème du motion sickness est de mieux en mieux géré, on le constate avec un titre comme Onward qui a réussi à le contrer grâce à des déplacements fluides et doux. Bien entendu, certains jeux vous conduiront irrémédiablement à pousser la porte des toilettes pour renvoyer votre déjeuner, mais moi qui suis très largement sujet au mal des transports et qui écris ce test, je n’ai que rarement été malade à cause de la VR grâce au système de téléportation proposé dans la grande majorité des cas ou bien via une marche correctement calibrée à la Onward.
Tous les jeux cités ici et bien plus sont au passage en cours de test et bénéficieront d’articles prochainement sur WarLegend.net.
À HTC bien… mais ça reste un budget
Le HTC Vive constitue le meilleur casque VR du marché à l’heure actuelle avec ses excellentes capacités de tracking, son immersion aux petits oignons grâce à des mondes à 360° avec sa technologie exclusive “Roomscale”. Le prix de ce casque est récemment descendu de 200€, ce qui le porte à 700€ (le casque profite fréquemment de promotions qui permettent de récupérer des jeux gratuits et le Vive Deluxe Audio Strap). Cela reste un budget, mais je dirai qu’en l’état actuel, le HTC Vive vaut le coup pour l’expérience révolutionnaire qu’il propose et l’accès à de nombreux jeux Steam et Oculus de qualité. On note de plus la volonté de beaucoup d’entreprises de créer des accessoires pour le HTC Vive, allant de gants destinés à vous opposer une résistance en fonction de ce que vous saisissez ou faites, à un boîtier supprimant le fil reliant le casque au PC. Les HTC Wands prennent bien la main même si les Oculus Touch se montrent bien plus séduisantes et immersives. Le suivi de nos actions est à toute épreuve et, après une installation un peu longuette, il suffit littéralement de lancer SteamVR et d’enfiler son casque. Une nouvelle façon d’envisager le gaming, littéralement, pour peu qu’on soit prêt à passer le cap du prix, la concurrence proposant des tarifs bien plus avantageux.
► Points forts
- Roomscale : se déplacer physiquement, c’est aussi se déplacer dans le monde virtuel (pour la grande majorité des jeux qui le proposent)
- 360°
- Catalogue de jeux de plus en plus fourni (et déjà bien rempli)
- Possibilité de jouer facilement aux titres Oculus Rift, sans bug observé
- Deux écrans OLED avec bonne résolution
- Excellentes performances
- Tracking à toute épreuve
- La meilleure qualité d’image (légèrement meilleure que l’Oculus Rift, bien que nous ne trouvions pas d’explication technique)
- L’appui de Steam et tout ce que ça implique
- Le développement de nombreux accessoires pour enrichir l’expérience
► Points faibles
- À la longue, ça chauffe la tronche
- Malgré la baisse de prix, celui-ci reste prohibitif
- Pour le son, il faut ajouter son casque (ou un Vive Deluxe Audio Strap). Un casque par-dessus le casque quoi.
- Le fil reliant le casque et l’interface PC peut se prendre dans les pieds de l’utilisateur
C’est bon mais c’est cher
Ce test a été réalisé avec la configuration suivante :
- NVIDIA GeForce GTX 1080
- 16 GB de RAM
- Processeur Intel Core i5 4770K
Configuration recommandée par le constructeur :
- NVIDIA GeForce GTX 1060 / AMD Radeon RX 480
- 4 GB de RAM
- Processuer Intel Core i5-4590 / AMD FX 8350