Subset Games sort enfin son nouveau jeu après le succès retentissant de Faster Than Light, 6 ans plus tôt. Plutôt que de naviguer à travers les étoiles, on essaie de sauver de ce qui reste de la Terre grâce à des robots qui font la taille d’un gratte-ciel dans Into the Breach. Intelligence, discipline et sacrifices seront nécessaires pour triompher face à la menace Vek.
“War, war never changes”
L’humanité a été détruite, et ce, plusieurs fois, décimée par des créatures insectoïdes gigantesques nommées Veks. Vous représentez la dernière force de frappe de l’humanité qui tente de protéger ses vestiges en envoyant régulièrement des escouades de Mechs dans le passé pour tenter de trouver la ligne temporelle où la guerre contre les Veks s’est terminée victorieusement. Seulement, quand on assiste régulièrement à la fin du monde, le temps semble long et le désespoir grandit à chaque run. Parce oui, Into the Breach est un rogue-like, et cette particularité est exploitée aussi bien dans le gameplay que dans sa narration.
Into the Breach est un rogue-like, et cette particularité est exploitée aussi bien dans le gameplay que dans sa narration.
Into the Breach n’a absolument rien en commun avec FTL dans sa façon de jouer, mais ils partagent pourtant tous les deux beaucoup de choses. Avant de parler du gameplay, il faut parler du travail de fourmi de Subset Games. Malgré un rendu visuel pixellisé minimaliste, le jeu possède une ambiance assez incroyable grâce à un univers présenté à demi-mot et libre à l’interprétation. Écrit par Chris Avellone (Fallout 2, Baldur’s Gate, Planescape Torment…) et avec une B.O toujours composée par Ben Prunty (FTL), tout ce que le jeu montre au joueur est parfaitement millimétré.
À chaque fois que vous perdez une partie, vous remontez dans le passé pour essayer de faire mieux. Chaque succès donne un peu de répit, mais une victoire à l’arraché peut coûter cher en sacrifices. Une mission accomplie est parfois simplement un pas de plus vers la tombe. La tâche est lourde et les personnages que l’on croise brièvement sont résolus, mais fatalistes. À la croisée des chemins entre Pacific Rim et Edge of Tomorrow d’un point de vue cinématographique, le danger est grand et le cauchemar peut recommencer à tout instant. Avec très peu, on arrive alors à vivre quelque chose de fort, toujours accompagné par une B.O moins mélodique que FTL, mais tout de même marquante, et qui met parfaitement l’accent sur les instants de réflexions intenses face au danger sans pour autant stresser le joueur davantage.
À la croisée des chemins entre Pacific Rim et Edge of Tomorrow d’un point de vue cinématographique, le danger est grand et le cauchemar peut recommencer à tout instant.
Action, réaction
Bon, c’est bien beau l’immersion, mais comment que ça se joue ?
Into the Breach est un tactical au tour par tour qui ressemble (de loin) à Advance Wars. Cependant, la carte ne fait que 8 cases de côtés et on peut vite se sentir à l’étroit. Faire des dégâts aux Veks est important, mais les barres de vies se comptent sur les doigts d’une main. L’essence du jeu est le contrôle du terrain et les moyens employés pour y arriver, simplifiant encore une fois le gameplay dans le plus simple appareil. Mais attention — Subset Games oblige — un gameplay simple ne signifie pas un jeu sans profondeur, loin de là. Into the Breach en est le parfait exemple.
La vraie différence avec un tactical un tant soit peu classique et qu’il faut absolument prendre en compte la configuration du terrain, les capacités de vos Mechs et des Veks et prendre connaissance de la donnée qui change tout : vous connaissez l’action de l’ennemi avant qu’il ne se produise. Avec des bâtiments à protéger sur toute la carte et généralement en infériorité numérique, il faudra préparer son tour minutieusement avant de l’exécuter.
La donnée qui change tout : vous connaissez l’action de l’ennemi avant qu’il ne se produise.
Vous possédez un simili de barre de vie qui vous suit pendant toute la campagne et si elle tombe à zéro, vous recommencez tout. Cette barre de vie représente l’énergie restant dans le GRID. À chaque fois qu’un bâtiment civil s’effondre à cause d’une attaque de Vek irrésoluble (ou le plus souvent, mal jugée), le GRID baisse. La vie de vos Mechs en revanche, remonte entre chaque mission, et il ne faudra pas hésiter à prendre des coups à la place des civils pour faire bonne figure.
Là où tout se complique, c’est que vous contrôlez des robots géants au milieu d’immeubles contenant des gens à protéger, et les maladresses peuvent avoir des conséquences catastrophiques. Par exemple, un coup de poing classique inflige des dégâts et repousse l’adversaire. Seulement, si un objet se tient derrière lui, les deux prennent des dégâts supplémentaires. À partir de là, il faut apprendre à optimiser ses tours pour êtres certains de mettre les bâtiments hors de danger et de maximiser les pertes ennemies. Ainsi, vous pouvez faire corps avec vos propres unités pour qu’ils se fassent percuter par des ennemis, les envoyer valdinguer sur des montagnes, les jeter dans l’eau ou mieux… les faire s’entretuer en croisant leurs attaques. Il y a mille et une façons de tuer un Vek, et tous les Mechs possèdent des attaques uniques à utiliser en synergie.
Pour être efficace, il faut plus voir Into the Breach plus comme un puzzle-game qu’un jeu de stratégie tactique. Toute action possède une réaction et il faut résoudre des problèmes au cas par cas. Vous pouvez vous déplacer à volonté, mais c’est souvent une fois l’action validée qu’on se rend compte qu’on a fait une connerie, pourtant facilement évitable. Vous avez le droit de recommencer un tour seulement une fois par mission. Le jeu est parfaitement lisible et toutes les informations sont à portée de clic si on prend le temps d’analyser la situation. Cette dernière peut être parfois complexifiée à l’extrême à cause du pas de bol et de différents facteurs, mais le Into the Breach ne vous prendra jamais en traître.
Il faut plus voir Into the Breach plus comme un puzzle-game qu’un jeu de stratégie tactique.
Guerre d’usure
La progression dans Into the Breach se fait en douceur. Vous serez cantonné à une seule île au début, mais en débloquerez jusqu’à trois supplémentaires avant de pouvoir accéder à la mission finale. Chacune possède son propre climat, ses propres objectifs pour gagner des points de réputations et d’énergie et ses propres règles sur le terrain des missions. Tous ces aspects sont très variés d’une mission à l’autre, et chaque phase de gameplay sera radicalement différente par rapport à la précédente. Par exemple, des fusées à protéger qui finissent par décoller détruisent les unités adjacentes, la marée fait avancer l’océan qui noie les Veks, des tapis roulants décalent toutes les actions, des tempêtes de neige immobilisent des unités qui s’y trouvent au début du tour, etc. Il existe énormément de variantes de gameplay qui changent d’une mission à l’autre selon les objectifs et les événements spéciaux liés au terrain. Les joies de la rejouabilité s’en trouvent renforcés.
Il existe énormément de variantes de gameplay qui changent d’une mission à l’autre.
À la fin de chaque île, plus vous aurez accompli d’objectifs à travers les missions, plus vous pourrez acquérir de l’équipement. Cependant, faire évoluer ses Mechs coûte cher, et vous ne pourrez pas augmenter toutes les stats. Même hors des missions, les choix cornéliens se profilent. Une autre méthode pour augmenter son équipement ou gagner des pilotes supplémentaires consiste à finir une île sans rater un seul objectif (difficile) ou de récupérer des capsules temporelles qui viennent se crasher sans prévenir sur le terrain, afin de pimenter un peu plus les parties en ajoutant un objectif secondaire surprise.
Pour progresser de manière encore plus générale en débloquant de nouvelles escouades de Mechs, comme pour FTL, vous devrez accomplir différents succès spécifiques. Si les premiers défis sont assez simples, le tout se corse assez rapidement et finir le jeu à 100% aura raison de vos méninges plus d’une fois. Accomplir la mission finale pour la première fois est un grand accomplissement en soi, et le joueur moyen peut tout à fait s’en contenter. Seulement, même après la première run réussie avec de nombreuses tentatives, le mode difficile vous attend alors. Comme dans FTL, la notion de personnalisation du challenge est également présente grâce à la possibilité de tenter d’accomplir la mission finale sans être obligé de sécuriser les quatre îles ou via la possibilité d’activer un chronomètre pour les speedrunners acharnés.
Fait sympathique, quand vous perdez une partie, vous pouvez choisir un des pilotes à renvoyer dans le passé, afin de pouvoir bénéficier de ses bonus déjà débloqués avec son expérience lors de votre prochaine campagne. Comptez entre une heure et une heure et demie pour terminer (ou perdre) une campagne bien avancée.
Comme dans FTL, la notion de personnalisation du challenge est également présente.
Live. Die. Repeat.
Avec Into the Breach, Subset Games transforme l’essai de Faster Than Light. Si le jeu ne se joue pas du tout de la même manière, on retrouve grosso modo la même narration camouflée avec la même sensation de progression et d’accomplissement qu’on pouvait ressentir six ans plus tôt. Bien moins aléatoire, mais bien plus punitif, Into the Breach va gâcher de nombreuses soirées à râler devant votre PC à cause d’une action mal calculée qui aura eu raison du destin de l’humanité… pour la énième fois. À force de perdre, on finit par prendre de bons réflexes et on pose ses actions en expérimentant de nouvelles stratégies jusqu’à devenir de plus en plus confiant et efficace. On avance réellement par tâtonnement et chaque marche supplémentaire gravie par rapport au précédent essai donne un plaisir sans commune mesure. L’histoire de voyage dans le temps prend alors tout son sens et on finit par voir la lumière au bout du tunnel. À force d’acharnement et d’adaptation, on se convainc que l’humanité ne peut décidément pas mourir.
► Points forts
- Gameplay simplissime pour une profondeur extrême
- Rendu visuel pixel art efficace
- Zéro hasard
- Situations très variées
- Une tension permanente qui pondère fortement les décisions
- Rejouabilité à toute épreuve
- Chaque choix est crucial
- Difficile, mais pas insurmontable
- Taillé pour les amoureux du challenge et de la complétion
- La sensation d’être prisonnier d’un cauchemar sans fin
- Ben Prunty aux synthés
- Pèse 144Mo (oui)
► Points faibles
- On peut lui reprocher d’être avare en scénario (mais participe à son charme)
- Parfois terriblement frustrant à cause d’une mal interprétation des événements
- On aurait aimé pouvoir améliorer plus facilement ses Mechs
- Certaines escouades sont très dures à utiliser dans de mauvaises circonstances
- Anglais uniquement
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse offerte par Subset Games. Testé sur PC.
Trailer de lancement d’Into the Breach
Into the Breach est disponible sur PC
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