Après nous avoir livré un Battlefront 2 qui restera dans les mémoires pour de mauvaises raisons, Electronic Arts a décidé de faire appel à Respawn Entertainement pour nous sortir le prochain jeu estampillé Star Wars. Et autant vous dire tout de suite que le studio californien a décidé de mettre le paquet afin de raviver la flamme des amateurs de la licence. Pari tenu pour Jedi: Fallen Order ?
Plus Lucas Arts qu’Electronic Arts
On ne l’attendait plus et pourtant il est là. Après avoir pris les joueurs pour des cons avec la sortie de Battlefront 2 et annulé pléthores de projets placés sous le signe de la république Galactique, Electronic Arts semble enfin décidé à faire quelque chose de bien avec la licence Star Wars.
Pensez-vous, un titre d’action-aventure, sans lootboxe ni entourloupe aucune, chez EA en 2019. Il y a de quoi donner le tournis. Et pourtant, c’est exactement ce que propose Jedi: Fallen Order, le premier gros projet Star Wars à vocation solo depuis la sortie du Pouvoir de la Force 2 en 2010.
Jedi: Fallen Order est un ovni au milieu du catalogue microtransactionesque d’EA — et ça fait un bien fou.
Développé par Respawn Entertainment — à qui l’on doit l’excellent Titanfall 2 et plus récemment Apex Legends — Jedi: Fallen Order est clairement un ovni au milieu du catalogue microtransactionesque du géant américain. Et ça fait un bien fou.
Note sur la version PS4 :
J’ai eu l’occasion de tester aussi bien la version PC que la version PS4 de Jedi: Fallen Order et je dois dire que l’expérience n’a pas été la même sur l’une et l’autre plateforme. En effet, le titre sur PS4 classique souffre de plusieurs soucis techniques qui sont venus considérablement changer la perspective que je pouvais avoir du titre.
Autant sur PC, Jedi: Fallen Order est beau, fluide et plutôt bien optimisé dans l’ensemble (quelques ralentissements lors de chargements de zone), autant sur PS4 c’est une autre histoire. Et je ne parle pas simplement de beauté visuelle, mais bien de problèmes qui viennent titiller méchamment l’expérience de jeu.
Tout d’abord, le titre souffre de temps de chargement absolument affreux qui rappellent ceux de Bloodborne à sa sortie. Tout comme ce dernier, Jedi: Fallen Order se veut exigeant et dans les difficultés les plus élevées, la mort est loin d’être exceptionnelle. Les temps de chargement peuvent parfois atteindre plus d’une minute, et ce, à chaque réapparition. Je vous laisse imaginer l’horreur lorsque vous êtes coincé sur un boss un poil récalcitrant.
En amont, ma PS4 avait tendance à cracher ses poumons durant une bonne partie de l’aventure, notamment dans les zones un peu plus ouvertes. Outre le côté confort visuel, cela vient malheureusement impacter le gameplay sur lequel vient s’ajouter un délai absolument horrible sur chacune des actions du joueur — ce qui rend certains combats inutilement durs et frustrants.
À côté de ça, j’ai également remarqué une lenteur au niveau de la navigation sur la carte — rendant l’utilisation de cette dernière plutôt pénible. Lenteur que je n’ai aucunement retrouvée sur PC, allez savoir.
BD-1, Cal-0
Jedi: Fallen Order prend place 5 ans après les événements de l’Épisode 3: La Revanche des Siths et l’exécution de l’ordre 66 par le chancelier Palpatine. Accusés de haute trahison, les Jedis sont pourchassés et tués par l’Empire. Dark Vador et ses dangereux inquisiteurs sillonnent désormais la galaxie à la recherche de survivants.
Au milieu de tout ce merdier, vous incarnez un Padawan survivant du nom de Cal Kestis (interprété par Cameron Monaghan de la série Gotham) qui tente de faire profil bas sur la planète décharge de Bracca.
Alors qu’il vivait son quotidien de ferrailleur, un événement va l’obliger à dévoiler au grand jour ses pouvoirs de Jedi. Il fera très rapidement la connaissance de la Deuxième Sœur, une inquisitrice particulièrement dangereuse et implacable, qui n’aura de cesse de pourchasser notre jeune Padawan dans toute la galaxie. Dans une lutte acharnée pour survivre, Cal aura pour mission de percer les secrets d’une civilisation disparue, les Zeffos, dans l’espoir de rebâtir l’Ordre Jedi.
Pour cela, notre protagoniste se verra accompagné de personnages secondaires plus cosmopolites les uns que les autres. Que ce soit Greez, le capitaine bourru, Cere l’ancienne Jedi torturée ou les différents personnages rencontrés durant l’aventure, le casting de Jedi: Fallen Order est plutôt réussi et porté par une VF de qualité. Mention spéciale tout de même à BD-1 qui vole à lui seul la vedette à tous les autres, tant le soin apporté au petit droïde est impressionnant. Tout est fait pour vendre des jouets faire de BD-1 le robot le plus attachant de la licence — et c’est le cas.
Mention spéciale à BD-1 qui vole à lui seul la vedette, tant le soin apporté au petit droïde est impressionnant.
Quant à la tête du héros critiquée par un grand nombre de joueurs, il faut remettre tout ça dans son contexte. Oui, le héros manque de charisme et j’ai été le premier à pester dessus. On n’est loin d’un Kyle Katarn ou d’un Starkiller, mais il faut garder en tête que Cal n’est, au début du jeu, qu’un jeune Padawan perdu au beau milieu d’une galaxie hostile. Au fur et à mesure de l’aventure, on finit par s’attacher à cette petite tête rouquine, et on irait même jusqu’à la trouver classe par moment — si, je vous jure.
Loin d’être déchu
Jedi: Fallen Order se parcoure avec un plaisir non dissimulé, d’autant plus si l’on est fan de l’univers de Georges Lucas. Les différentes planètes possèdent chacune leur propre identité avec des environnements qui invite en permanence à la contemplation. Ce n’est pas tant grâce à l’Unreal Engine 4 — qui fait une nouvelle fois des merveilles — que du travail monstrueux effectué par les artistes de Respawn Entertainment au niveau de la direction artistique du titre.
On déplorera tout de même une gestion des liquides plutôt décevante, des textures parfois simplistes (notamment au niveau des feuillages) et quelques baisses de framerate lors des chargements de zones. Rien toutefois qui n’impacte le gameplay, au contraire de la version PS4 qui souffre, elle, de vrais soucis techniques.
Mais le cœur du jeu se situe au niveau du gameplay, et le moins que l’on puisse dire c’est que l’innovation n’est pas son point fort. Jedi: Fallen Order pioche sans vergogne des idées parmi les ténors du genre — mais il le fait bien.
L’innovation n’est pas le point fort de Jedi: Fallen Order.
L’exploration se fait à la manière un metroidvania, avec des capacités que l’on débloque au fur et à mesure de notre progression, incitant les joueurs à revenir sur leurs pas afin d’ouvrir de nouveaux passages et secrets. Cependant, Respawn a également eu l’intelligence de le coupler avec un peu de Dark Souls. On retrouve donc le fameux level design à base de raccourcis et feux de camp, ce qui rend les aller-retour beaucoup moins pénibles. On n’a jamais l’impression de faire du backtracking à outrance.
En amont, le joueur aura le choix de se reposer à des points de méditation afin de récupérer toute sa vie et faire le plein de stim de soin. Néanmoins, cela aura pour effet de faire réapparaître tous les ennemis de la zone. Une mécanique contre-immersive, je le conçois, mais qui apporte une réelle plus-value lorsqu’il s’agit d’exploration.
Surtout que les différents éléments à récupérer apportent toujours un petit quelque chose, ce ne sont pas juste des chiffres à afficher dans son tableau des scores. Les échos de force racontent l’histoire autour de l’objet permettant d’approfondir le lore canon de Star Wars, tout en nous donnant une bonne portion d’expérience. Les différents coffres nous récompensent, quant à eux, avec des éléments cosmétiques, que ce soit pour Cal, BD-1 ou carrément le Mantis (le vaisseau de Cal).
Tandis que les essences de vie ou de force permettent, à la manière d’un Zelda, d’augmenter respectivement sa jauge de vie et de force. Vous pourrez même parfois débloquer de nouvelles améliorations (optionnelles) en explorant des recoins cachés, comme la capacité de pirater certains droïdes, par exemple.
N’est pas From Software qui veut
Cette influence Darksoulesque se poursuit également dans les combats avec une emphase mise sur les parades et les timings précis. Le jeu nous offre une palette de mouvements généreuse, accompagnée de chorégraphies stylisées au sabre laser. C’est beau, c’est fluide (enfin, du moins sur PC) et ça a du punch. On ressent la puissance de chacun des coups de notre sabre laser — d’autant plus accompagné de l’excellent travail effectué sur le sound design du jeu. Bref, on s’y croirait.
Le jeu nous offre une palette de mouvements généreuse, accompagnée de chorégraphies stylisées au sabre laser.
De son côté, le système de garde peut être déroutant au premier abord. Il s’agit pourtant d’une excellente addition — inspirée de Sekiro, un autre jeu de From Software — qui permet d’ajouter une dimension tactique aux combats, surtout dans les difficultés les plus élevées.
Non, le souci vient plutôt des hitbox de certains ennemies, bien trop permissives, ainsi que de l’inconsistance de la réaction de notre personnage, rendant les esquives bien plus difficiles et frustrantes à utiliser que les roulades, ou encore la parade. N’est pas From Software qui veut.
Toutefois, cela n’enlève en rien le plaisir de trancher du Stormtroopers à coup de sabre laser. Enfin, “trancher” est un bien grand mot, puisque le titre ne possède pas de démembrements sur les êtres humains. Et même s’il est assez simple de comprendre la logique derrière une telle décision, surtout venant de Disney, on ne peut s’empêcher de trouver ça dommage — surtout lorsqu’on voit la puissance des démembrements sur les nombreuses bestioles du titre.
Et je vous vois venir avec vos grands speeders, alors je vais simplement vous répondre oui… et non. Oui, le jeu possède de fortes influences envers les productions de From Software comme expliqué plus haut, et non, le jeu n’est pas aussi exigeant — enfin, dépendamment de la difficulté choisie. En effet, à l’image des démembrements, Respawn a voulu plaire au plus grand nombre afin que, d’un côté, les joueurs qui ne sont là que pour Star Wars puissent profiter de l’aventure sans frustration aucune, tandis que les hardcores gamers peuvent s’essayer à un défi bien plus corsé avec le mode Grand Maître Jedi.
Jedi: Fallen Order se paie même le luxe d’intégrer des fonctionnalités de RPG de manière très fluide dans son gameplay. En effet, Cal ne possède pas de niveau, mais gagne tout de même de l’expérience en affrontant ses ennemies. Expérience qui permet de débloquer des capacités passives ou actives dans l’arbre de compétences. Il n’est donc pas question de farmer les mobs pour augmenter ses statistiques et ainsi défoncer tous les ennemis. Non, les modes de difficultés sont là pour ça.
Au fur et à mesure que vous débloquez de nouveaux pouvoirs de Jedi, cela débloquera de nouvelles compétences liées à ce pouvoir. Par exemple, l’iconique lancer de sabre ne sera disponible que lorsque vous aurez maîtrisé la traction de force, sinon, bah… votre sabre tombe au sol quoi, soyez pas cons.
À force d’espérer
Force est de constater que Jedi: Fallen Order est une véritable lumière dans ces temps obscurs. Très loin de tous ces jeux à service, Electronic Arts nous offre ici une aventure entièrement solo, purgée de toutes microtransactions et enfilades de toutes sortes. Malgré une présentation à l’E3 dernier qui laissait présager le pire, le titre est finalement une excellente surprise — et on ne peut que saluer le travail abattu par les équipes de Respawn Entertainment. Jedi: Fallen Order est une lettre d’amour à tous les fans de l’univers de Georges Lucas. Mais même une lettre d’amour peut avoir des fautes d’orthographe et Jedi: Fallen Order n’est malheureusement pas exempt de défauts. Ses animations parfois bancales et ses allers-retours incessants pourront en rebuter plus d’un. Pourtant, cela fait un moment que nous n’avions pas pu toucher à un grand jeu estampillé Star Wars. Jedi: Fallen Order n’est pas parfait, certes, mais il possède clairement la meilleure campagne solo d’un jeu Star Wars depuis la sortie de Knights of the Old Republic II en 2005.
► Points forts
- Une direction artistique à tomber
- Une mise en scène digne d’un Uncharted
- Le mélange Metroid/Dark Souls bien intégré
- Des énigmes plutôt retorses
- BD-1
- Enfin un jeu qui récompense l’exploration
- Une ambiance sonore quasi parfaite
- Un réel sentiment de progression
- Le respect du lore Star Wars
- BD-1
- Un level design aux petits oignons
- Une histoire classique, mais efficace
- Très bonne durée de vie (25h environ)
- Je vous ai parlé de BD-1 ?
► Points faibles
- Une version PS4 classique au rabais
- Une optimisation pas toujours stable
- Des hitbox ennemis trop permissives
- Des animations parfois étranges
- Manque de personnalisation concernant Cal
Poncho comme la braise
WarLegend.net a bénéficié d’une copie fournie par l’éditeur du jeu.
Star Wars Jedi: Fallen Order est disponible sur PC, Xbox One et PS4.
Un jeu que je n’attendais pas que j’ai fait et que j’ai adoré.
Ton test le décrit bien d’ailleurs.
BD-1 est bien pensé, pas trop bavard comme un S.A.M de ME:A, et on si attache fortement.
L’histoire du padawan, permet d’expliquer facilement la monté des pouvoir de la force, et les flashback sont bien amené.
Le travail sur la motion capture et là et le jeu devient un vrai film interactif qui aurait pu être StarWars 3.1
J’adore la Fin (petit spoil : même si ça me fait pensé a Big bang theory : avec une réflexion de Peny sur un film d’Indiana Jones).
Bonne surprise bon jeu, qui donne envie d’en avoir plus (surtout en parallèle avec la série Mandalorian).
Bonjour, je voulais savoir si les critiques concernant la version PS4 du jeu existent également sur la version PS4 PRO ? merci :)
Malheureusement, je n’ai pas pu tester la bête sur PS4 Pro, mais du peu que j’ai vu sur le net, en mode résolution, le framerate semble être un peu plus stable que sur PS4 classique. En performance, ça vacille entre 50 et 40fps.
Aucune idée, par contre, au niveau du confort de jeu, désolé !
Merci pour la réponse rapide :) J’ai encore le jeu sous blister (le temps de finir le platine de Death Stranding), donc je me suis dit que si vraiment c’était injouable, je peux encore changer pour le prendre sur PC… Je vais méditer ^^