Le fameux crossover entre les univers de Mario et des Lapins Crétins vient enfin de débouler sur Nintendo Switch et l’heure est désormais au verdict : risée de la cour de récré ou starlette du lycée ?
Test Mario + The Lapins Crétins – Une lettre d’amour interdit
S’il y a bien une chose qui est dommage avec le jeu d’Ubisoft, c’est que la surprise n’ait pas été totale lors son annonce officielle à l’E3. Travail collaboratif entre différents studios d’Ubisoft à travers l’Europe et un Nintendo qui a su être convaincu avec un concept fort, Mario + The Lapins Crétins est avant tout un hommage profond et sincère de la part de David Soliani, directeur créatif d’Ubisoft Milan à son personnage favori, Mario, et son héros personnel, Shigeru Miyamoto. Malheureusement, quelques mois avant l’E3, le projet est en fuite sur Internet. L’idée de mélanger les bestioles créées par Michel Ancel devenues depuis mascottes insupportables et omniprésentes d’Ubisoft avec le héros de jeu vidéo le plus célèbre du monde avait de quoi faire penser à une mauvaise blague à l’époque – ou à un épisode de Kamoulox. Pourtant, il s’est avéré que Shigeru Miyamoto a été si séduit par le prototype présenté par l’équipe d’Ubisoft Milan qu’il ne se soucia plus du respect de la licence du bonhomme à moustache et donna carte blanche. Malgré ça, le mélange reste hautement improbable.
Ça faisait longtemps que les Lapins Crétins avaient arrêté de me faire rire… ce qui est le cas pour beaucoup de monde je pense. Depuis que Michel Ancel a perdu le contrôle sur ses créatures, l’univers Ubisoft a été inondé par ces lapins débiles qui ont perdu leur cachet attachiant (attachant et chiant). Si l’exposition du pourquoi et du comment sur l’invasion du royaume Champignon par les rongeurs aliénés est très survolé, on est surpris de voir à quel point le mariage fonctionne à merveilles. Pour un monde aussi minimaliste que celui de Mario, l’attention aux détails force le respect. La mythologie du royaume Champignon est respectée à la virgule près et le moindre ajout de la patte d’Ubisoft est millimétré et dosé. Ça a l’air pompeux dis comme ça, mais c’est vrai. Les animations des personnages sont de très bonne facture, très variées selon les situations et souvent très drôles… et ça fait un bien fou de voir les Lapins Crétins enchaîner des gags visuels qui font enfin rire à nouveau. Même Lapin Peach qui semble être une accro à Snapchat n’est pas la caricature que les trailers voudraient laisser croire. Le moteur Snowdrop qui a embelli New York dans The Division arrive à donner un cachet et une atmosphère au titre. Bien que pour un souci de direction artistique il n’y ait pas énormément de polygones à l’écran, il faut avouer que pour une Switch, le jeu est loin d’être moche, et contrairement à d’autres consoles, toujours en 1080p. Bon, quelques ralentissements subsistent, mais vu la nature du gameplay, rien de foncièrement gênant.
Une mention spéciale à la bande originale qui réinterprète les célèbres mélodies de Mario ne manière subtile et intelligente tout en s’insérant parfaitement dans l’action.
Ça fait un bien fou de voir les Lapins Crétins enchaîner des gags visuels qui font enfin rire à nouveau.
Test Mario + The Lapins Crétins – Kamoulox !
Bon, on a fusionné deux univers qui n’ont rien en commun, et après ? On fait quoi comme jeu ? Comment que ça se joue ? Quitte à avoir des Lapins Crétins, autant en faire un jeu intelligent, n’est-ce pas ? Mario + The Lapins Crétins est donc un jeu de stratégie tactique au tour par tour. À la manière d’un XCOM — et si on ne comprend pas trop pourquoi Mario se résout à utiliser un blaster — les membres de votre équipe devront se mettre à couvert derrière des éléments du décor et répliquer aux tirs ennemis. Si l’on n’est pas face à la complexité apparente du titre susnommé (avec le moteur de probabilité qui va avec) , il ne faut pas réduire le titre à un banal tactical pour enfants et casuals. Les règles sont plus simplistes mais pourtant tout aussi profondes une fois un certain nombre de compétences et compagnons débloqués. Les chances de toucher sont toujours assurées ou au pire divisées par deux en cas de couvert léger. Le positionnement est alors crucial et la moindre erreur peut se payer en points de vie de manière totalement gratuite. Les couverts se détériorent en cas d’attaque et il faudra alors se repositionner constamment sur le champ de bataille. Beaucoup d’options basées sur le mouvement sont possibles selon la situation et les perfectionnistes auront quelques outils pour tout prévoir à l’avance à la case près. Pas trop en avance, parce que la synergie des personnages (ennemis compris) est telle que tout peut changer du tout au tout en un seul tour. L’approche du gameplay doit presque être prise plus à la manière d’un puzzle game dont le niveau change constamment qu’un jeu de stratégie militaire pure… et ça, c’est totalement Mario.
Chaque personnage possède ses propres forces, faiblesses et capacités : Mario est un attaquant mobile, Luigi un sniper fragile, Lapin Peach un support, etc. Votre équipe de trois composée, chacun pourra effectuer trois actions par tour : attaquer avec l’arme principale ou secondaire, se déplacer ou utiliser une capacité spéciale. On revient sur la notion de puzzle game car ces actions sont exécutables dans n’importe quel ordre. Le but étant alors trouver la meilleure séquence possible pour infliger un max de dégâts à l’équipe adverse… ou parfois éviter une catastrophe imminente. Les règles sont limpides, le gameplay fluide et l’aléatoire a très peu d’emprise sur le dénouement du combat. Il y en a pourtant, mais il se situera sur la fourchette de dégâts de vos armes et la probabilité de déclencher des effets supplémentaires selon l’arme équipée et choisie. Les tirs ratés à 95% de chances de toucher n’existent pas ici… et c’est loin d’être une mauvaise chose. Cependant, n’est pas XCOM qui veut, et il ne faudra pas compter sur une sauvegarde rapide si tout se passe horriblement mal.
Plein de petites règles s’appliquent à votre environnement et à la synergie de vos personnages. Par exemple, certains blocs de couvert déclenchent des effets spéciaux si touchés, et rater un tir exprès sur un ennemi planqué devient une habile manœuvre tactique. L’un des points les plus importants est la possibilité des personnages d’utiliser leurs coéquipiers comme tremplins pour atteindre une zone plus éloignée ou en hauteur. La mobilité d’une équipe dépend alors énormément de la répartition de celle-ci. Bon, il reste quelques curiosités de game design, comme la possibilité de charger les ennemis pour infliger des dégâts lors d’un déplacement — ce qui est cool — mais qui autorise en sus un déplacement complet depuis le point d’origine — ce qui est bizarre. Les ennemis sont également diversifiés et chacun possède ses propres capacités à la manière des héros. Certains de ces ennemis possèdent d’ailleurs leurs propres règles, et il faudra en prendre en compte comme un paramètre supplémentaire sur le champ de bataille.
L’approche du gameplay doit presque être plus prise à la manière d’un puzzle game dont le niveau change constamment qu’un jeu de stratégie militaire pure… et ça, c’est totalement Mario.
Test Mario + The Lapins Crétins – C’est pas un jeu pour les Lapins
Si la campagne solo peut se terminer en une vingtaine d’heures, n’allez pas croire que ça sera un long fleuve tranquille. Une fois le premier monde terminé avec quelques accrocs sur des combats qui demanderont pas mal de réflexion, la difficulté globale grimpe en flèche à partir du deuxième chapitre. Pour monter en puissance, point d’expérience ou de niveaux. Certaines batailles et trouvailles sur la carte du monde vous octroieront des orbes de puissance qui pourront être dépensés dans les divers arbres de talents afin de débloquer capacités actives et passives. Fait intéressant, vous pourrez réattribuer ces points comme bon vous semble. Si un combat vous donne du fil à retordre, repérez les personnages les plus utiles et débloquez les capacités intéressantes, le but étant de trouver la parade ou d’exploiter à fond une faille de l’ennemi. La bataille n’a pas commencé que vous réfléchissez déjà. Les armes se multiplient au fur et à mesure de l’aventure et devront être achetées avec des pièces pour être utilisées ensuite à volonté. Si les dégâts augmentent naturellement au fil de l’aventure, leurs effets secondaires devront être choisis soigneusement car vous avez généralement un budget limité, ce qui vous conduira souvent à améliorer l’équipement d’un ou deux personnages à la fois. Une fois un monde terminé, vous pourrez terminer les défis qui vous donneront puissance et argent supplémentaires. Ces derniers ne sont pas à prendre à la légère car ils présentent très souvent leurs propres objectifs avec quelques twists tactiques. Certains vous imposeront d’ailleurs de trouver la seule et unique solution en jouant avec la composition de votre équipe et ses arbres de talent. Revenir en arrière vous permettra d’ailleurs de trouver le niveau caché dans chaque monde avec moult récompenses à la clé.
En parlant d’exploration, si ces phases semblent être une facette secondaire du jeu, c’est loin d’être le cas. On y retrouve toute la malice du level design d’un Mario sans le côté action. Les quelques énigmes qui vous bloquent le passage ne sont jamais compliquées, mais trouver tous les secrets en jouant avec la perspective de la caméra et résoudre les pires puzzles permettra aux collectionneurs chevronnés de trouver armes, récompenses et objets collectibles à admirer au musée. Il faudra faire marche arrière régulièrement à chaque nouveau pouvoir de BEEP-0 débloqué pour interagir avec des éléments du décor, à la manière d’un métroidvania. Finir le jeu à 100% est un vrai défi qui vous gardera devant votre Switch pas mal d’heures.
Si la campagne solo peut se terminer en une vingtaine d’heures, n’allez pas croire que ça sera un long fleuve tranquille.
Test Mario + The Lapins Crétins – Lapins Compris
Mario + Lapins Crétins: Kingdom Battle est un OVNI. Un OVNI qui implique le saint univers de Mario qui plus est. Et pourtant, force est de constater qu’Ubisoft n’a pas fait les choses à moitié et n’a absolument rien laissé au hasard. Respect de la licence de Nintendo et gameplay intelligent toujours engageant sont les maîtres mots de ce tactical tour par tour. Même les Lapins Crétins eux-mêmes en redeviennent des personnages de jeu vidéo presque crédibles, renouant avec le glorieux passé de leurs jeux sur Wii. Le jeu est souvent drôle, charmant, s’adresse à tout le monde et ne prend pas le joueur pour un crétin à défaut d’être un lapin. Si Nintendo n’a pas sorti de titre majeur en ce mois d’août, c’est parce qu’Ubisoft veillait au grain, car Mario + The Lapins Crétins est clairement un titre incontournable de la Switch qui commence à étoffer une ludothèque imposante et intéressante.
► Points forts
- Mariage parfait entre deux licences phares
- Un tactical à la fois simpliste et profond
- Challenge présent
- Joli
- Drôle
- Luigi qui dab
► Points faibles
- Quelques ralentissements
- Scénario sous-exposé (c’est Mario, mais quand même)
- Le champ de bataille devient parfois imprévisible
- Luigi qui dab
BWAAAAAAAAAAAAAH !!!
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse Nintendo Switch fournie par l’éditeur de ce jeu.
Mario + The Lapins Crétins: Kingdom Battle est sorti sur Nintendo Switch.
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