À l’occasion des Jeux olympiques de Tokyo, Mario et Sonic mettent de côté leur rivalité pour mettre en avant l’esprit sportif et inculquer quelques trucs aux joueurs sur le Japon.
On joue là, c’est sérieux
Les Mario & Sonic aux Jeux olympiques n’ont pas la meilleure des réputations. Souvent associés à un Mario Party-les-bonnes-idées-en-moins, l’utilisation à outrance du motion gaming depuis la Wii n’a pas vraiment aidé la série qui revient tous les quatre ans — sans parler des Jeux d’hiver — à être un choix de jeu sérieux.
Seulement, l’année prochaine, ce sont les JO de Tokyo, et les Japonais sont très fiers d’organiser un tel événement (ceux qui ont lu Akira savent comment cela va se terminer). Mine de rien, les jeux vidéo sont un pan de la culture nippone qui rayonne sur le reste du monde et avec de telles icônes du médium, il serait dommage de ne pas en profiter.
En sus d’ajouter les nouvelles épreuves des Jeux olympiques qui vont faire leur début en 2020 à sa collection, Mario & Sonic aux JO de Tokyo se veut être un véritable guide pour les éventuels touristes qui voudraient se rendre au pays du soleil levant pour voir des sportifs concourir pour l’or. On n’est pas loin de la propagande avec un regard tendre sur l’événement en lui-même, mais : situation exceptionnelle, dispositif exceptionnel.
De Nintendo en passant par Sega aux organisateurs officiels, on sent que tout le monde est très investi dans le projet et que représenter son pays est un honneur. De plus, voir Sonic et ses shitty friends en tant qu’ambassadeurs du Japon, c’est un délire de fandom qui dépasse les rêves les plus fous.
Dans un souci de vendre l’événement, ce nouveau Mario & Sonic va même encore plus loin en proposant une petite rétrospective des JO de Tokyo de 1964, les premiers Jeux olympiques organisés par un pays d’Asie. Il paraît que c’était un événement important pour eux. Qui dit rétrospective, dit “rétro” et le titre en profitera pour faire découvrir aux plus jeunes la sainte époque des jeux de sports où se détruire le pouce et les techniques peu orthodoxes étaient nécessaires pour l’emporter. Qui connaît la technique de la bague ?
Instant Replay
Sega sports a particulièrement soigné son expérience solo avec un mode histoire assez long, bien que très linéaire pas vraiment passionnant (un visual novel, on pourrait dire). C’est pensé “tout public” et particulièrement les plus jeunes. Cela dit, c’est toujours rigolo de voir la bande à Mario et Sonic interagir entre eux.
Piégés par Bowser et Eggman, Mario et Sonic sont envoyés en 1964 pour participer aux Jeux olympiques de l’époque et doivent remporter des épreuves pour revenir dans le monde réel. Ce qui est intéressant, c’est que les deux rivaux de la première guerre mondiale des consoles de 91-95 retrouvent alors leur parure d’antan, soit des graphismes rétro pour un gameplay qui l’est également.
Avant le motion gaming, nous n’avions que des boutons à disposition pour mouiller le maillot, et les épreuves rétro sont là pour rappeler la grande époque des Track and Field. La recette du succès ? Marteler les boutons comme un possédé et avoir un bon timing lorsque l’épreuve l’exige. Ni plus ni moins. Ces épreuves sont assez amusantes par l’efficacité de leur simplicité, mais difficile de songer à y passer des heures (surtout que les pouces, ça s’use).
En revanche, on trouvera le mélange 8-bit de Mario et du 16-bit de Sonic très étrange et un peu “out of place”. À croire que Sega sports n’a pas joué à Super Mario World 3.
On fera alors des aller-retours entre le monde réel et le passé où chaque groupe essaiera de résoudre la situation de son côté, sans oublier d’apporter des raisons plus ou moins valables ou crédibles de faire des épreuves des JO en parallèle, sur une carte de Tokyo qui situe les réelles installations de l’événement de 2020. Pire ! Vous trouverez ici et là de multiples trivias sur l’histoire des JO de 64 ou sur la conception de ceux de l’année prochaine.
La blague de “ce jeu essaie de me faire apprendre des trucs” a déjà été faite quelque part, mais savoir que la charpente du récent stade d’athlétisme est constituée de bois de différents arbres des 77 cantons du pays pour symboliser leur union, c’est beau. Plus utile en soirée mondaine que dans la vraie vie, mais c’est beau. J’ai hâte d’insupporter les personnes avec qui je regarderai les épreuves à la TV.
Au-delà de ça, le mode histoire propose quelques mini-jeux pensés pour un seul joueur, parfois à la difficulté assez présente, mais rien de folichon.
Les Jeux qui piquent
Évidemment, le cœur du jeu reste les épreuves olympiques à la carte à jouer seul ou en multi local (et en ligne pour ceux qui aiment l’idée). En dehors de quelques classiques comme le 100m, on retrouve 4 nouvelles épreuves inédites qui rendent hommage aux nouvelles disciplines qui vont faire leur grande première l’année prochaine sur le terrain : l’escalade sportive, le skate (qui a de vrais vibes de Tony Hawk’s Pro Skater), le karate et le surf.
Avec les capacités des Joy-Cons qui n’ont rien à envier des vénérables Wiimotes, les contrôles par mouvements sont une fois de plus mis à contribution, mais on préférera très souvent utiliser les boutons classiques pour certaines épreuves. Les plus simples comme le 100m ou l’éternel tir à l’arc sont souvent les plus amusantes, et certaines n’hésitent pas à complexifier un peu la donne avec des subtilités bien trouvées, ma préférée étant sûrement le lancer de javelot, mais force est de constater que ça ne marche pas toujours.
Malgré une phase d’explication assez exhaustive et techniques spéciales qui se révèlent à force de jouer, tout n’est pas toujours clair. Par exemple, le lancer de disque a un potentiel de fou avec le mimétisme du vrai geste, mais ça ne marche pas et on passe son temps à pester contre les commandes, un véritable sport qui n’a pas changé depuis 10 ans. De plus, cette épreuve est l’une des rares à posséder sa propre phase d’essai avant le véritable lancer, preuve que les développeurs savent que c’est particulièrement casse-gueule. On aurait aimé une vraie phase d’essais pour du beurre à l’instar de Super Mario Party. Autre exemple : Je n’ai tout simplement pas compris comment fonctionnait l’escalade avec la reconnaissance de mouvements, malgré de nombreux essais.
Malheureusement, le lancer de disque est loin d’être la seule épreuve qui souffre du motion gaming, et inviter des potes pour gâcher sa soirée à maîtriser les commandes de bases n’est pas un plan de ouf, même accompagnée des meilleures pizzas du coin. On sélectionnera alors quelques épreuves où cela fonctionne vraiment sans accrocs, et ceux où on préféra l’utilisation des boutons (obligatoire pour les épreuves rétro). D’ailleurs, sachez que certaines épreuves nécessitent un ou deux Joy-Cons par joueur, mais les boutons nécessiteront toujours qu’une seule manette.
C’est également le retour des épreuves Rêves, plus fantaisistes dans leur contexte et plus ambitieuses que le reste de la sélection. Un jeu de combat à quatre participants avec de la tactique, un jeu de tir dans les rues de Tokyo et un drôle de mélange entre Mariot Kart et Sonic Riders, ces épreuves sont assez complémentaires et assez amusantes une fois qu’on a choppé les subtilités, mais laissez de côté le motion gaming, malheureusement.
Dans les autres regrets, on pourrait reprocher au jeu de ne pas nous laisser le choix dans le déroulement des épreuves individuelles en multijoueur. Les juger et se moquer de la performance des copain·ines qui suent à secouer leurs manettes faisait du charme de la convivialité de la série (et des Party Games en général), mais toutes les épreuves sont toujours joués en même temps en écran splitté, ce qui pourra même ruiner un peu la lisibilité d’un mini-jeu qui demande un peu de doigté.
De même, enchaîner des épreuves, c’est sympa, mais on aurait également aimé un mode “décathlon” (ou autre, que sais-je) pour organiser un semblant de championnat ou tournoi. Plutôt que d’évaluer la performance globale de chaque joueur pour désigner un vainqueur, on doit se contenter d’enchaîner les épreuves une à une. C’est un reproche tout à fait personnel, car la sélection fait le travail, mais tout de même. Ce n’est pas le genre de fonctionnalité qui soit — à mon sens — particulièrement compliquée à ajouter.
Va y avoir du sport
Vous saviez que le Gymnase métropolitain de Tokyo avait été construit en 1956 ? En jouant à Mario & Sonic aux Jeux olympiques de Tokyo 2020, vous l’auriez su. Le titre reste dans la lignée des anciens titres licenciés par le CIO, mais Sega Sports a tout de même fait un effort pour arrondir les angles, avec un mode solo sympa, une flexibilité dans le choix des commandes des différentes épreuves et l’ajout de mini-jeux rétro assez amusants. Malheureusement, ce n’est pas Tokyo 2020 qui effacera les aprioris sur la reconnaissance de mouvements, bien que de gros efforts ont été faits. Avec une sélection d’épreuves correcte, il manque quelques fonctionnalités pour recommander pleinement le titre pour des soirées de folies avec le gang adepte de vidéos affichées (et honteuses) sur les réseaux. Cependant, avec un peu de patience dans la prise en main, le Tokyo 2020 trouvera surement sa place dans la ludothèque de la Switch familiale.
► Points forts
- Un mode solo passe-temps agréable
- Une sélection d’épreuves hétéroclite
- De la subtilité pour ceux qui veulent battre des records
- Les épreuves rétro qui font la part belle à la nostalgie
- Une envie de vendre les vrais JO de Tokyo
- Choix du type de contrôle par épreuve
- La reconnaissance de mouvements fonctionne…
► Points faibles
- … quand elle en a envie
- Manque des fonctionnalités pour lier le tout
- Il est quand même un poil lent le mode histoire
- Le motion gaming pas super précis (quand l’épreuve n’est pas mal fichue)
- Les épreuves rétro ne sont pas les plus passionnantes
- Certaines épreuves Rêves auraient mérité d’être plus simples
Gotta go un peu trop fast
Mario & Sonic aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 sera disponible le 8 novembre sur Nintendo Switch.