15 ans plus tard, Mario et ses potes refoulent enfin le gazon d’un terrain de football. Bon, personne ne siffle quand un joueur projette des explosifs sur ses adversaires ou quand Wario se promène nonchalamment avec la balle à la main, mais il paraît que c’est comme ça que ça se joue dans certains clubs obscurs des Pays-Bas. C’est du grand n’importe quoi, mais c’est diaboliquement fun.
Le footoir
Après les habituelles activités réservées aux riches comme la course automobile, le tennis ou le golf, ça fait un bien fou de revoir la clique de Mario s’atteler à un sport de roturier, 15 ans après Charged Football. Enfin, une partie seulement, parce que si la nouveauté principale du nouveau titre de Next Level Games (Luigi’s Mansion 3) est de pouvoir composer l’équipe de bloodsport de ses rêves (pour moi, c’en est).
Contrairement à Charged Football qui montrait rapidement ses limites (si on comptait jouer de manière sérieuse), le studio américain a clairement eu de grosses ambitions pour le gameplay Battle League Football : toutes les facettes du jeu ont été raffinées, et plusieurs mécaniques à maîtriser s’entrecroisent pour un joli bordel organisé. C’est parfois brouillon, mais aucune action n’est laissé au hasard.
Il suffit de voir la longueur du didacticiel qui prend bien le temps de s’assurer que vous avez bien saisi toutes les mécaniques : Battle League Football peut se révéler être assez intimidant si on compte jouer de manière sérieuse. Outre les tacles d’une violence extrême (mais toujours très drôle grâce à des animations très soignées), le titre me fait beaucoup penser à Blood Bowl : chaque action comporte des risques différents, et le secret de la victoire réside dans le fait de ne pas trop tirer sur la corde.
Entre les différents types de passes, les tacles, les esquives, les sprints, les différents types de tirs et les fameuses hyper-frappes, il y a mille et une raisons pour que quelque chose se passe terriblement mal, offrant immédiatement un avantage à l’adversaire. Mais ça en vaut la peine : grâce à un système de timing parfait pour l’ensemble de ces mécaniques, les risques sont souvent récompensés par des concrétisations particulièrement satisfaisantes. Il faut travailler ces gardiens au corps, alors capables d’arrêter les tirs les plus improbables. L’inverse est également vrai…
L’autre différence majeure est que Blood Bowl est un jeu au tour par tour, tandis que Battle League Football va HYPER MEGA VITE. Il y a tellement d’options offertes à un moment T qu’on a du mal à traiter tout ce qu’il se passe sur le terrain, mais c’est ce dynamisme qui intéressera sûrement les joueurs allergiques à FIFA. Ah oui, c’est vrai. FIFA n’existe plus.
Mais malgré le bazar ambiant, Battle League Football trouve souvent un point d’équilibre agréable, bien que les mêlées générales provoquées par un terrain un poil trop restreint peuvent régulièrement apporter des pointes de frustration. D’autres mécaniques s’assurent alors que la violence ne soit pas la seule et unique solution (on aimerait bien), comme les spectateurs qui distribuent des objets à l’équipe qui vient de subir un tacle gratuit. Ces cadeaux du ciel ne sont pas à sous-estimer, parce qu’ils ont clairement le pouvoir de garantir des buts dans certaines configurations, alors même si c’est rigolo, mollo sur les bousculades.
Pour apporter davantage de profondeur à un gameplay déjà plus malin qu’il en a l’air, les statistiques des joueurs font clairement la différence sur le terrain, renforçant les différentes actions. Ajoutez à cela un système équipement qui permet d’affiner les spécialisations, et vous pouvez réellement créer une équipe qui correspond parfaitement à votre façon de jouer. À vous de voir si vous aimez une équipe hétéroclite qui permet de réagir à plus de situations, ou si vous préférer imposer un style de jeu à l’adversaire.
Et puis, je n’aurais jamais cru qu’on puisse admirer Harmonie en armure composite complète autre part que sur Deviantart.
“SECOND POTEAU BOWSEEEEEER”
C’est justement sur sa promesse principale que Battle League Football botte peut-être en touche : avec des équipes de 4 joueurs, seuls 10 sont disponibles au lancement. Nintendo a promis de remédier au problème avec de futures mises à jour gratuites, à l’instar de Tennis Aces, mais un roster de Mario Strikers sans Daisy est particulièrement morne.
Pourtant, je ne peux m’empêcher d’admirer le boulot abattu par Next Level Games au niveau de la réalisation : la caractérisation des personnages par leurs animations est sensationnelle et il y a une énergie de fou sur le terrain. Il m’est simplement impossible de passer les célébrations de but quand Waluigi se tortille la moustache d’un air satisfait.
De la même manière, en dehors d’un mode Coupes qui représentera votre source principale d’argent pour débloquer les quelques pièces d’équipement de vos joueurs, et malgré un mode Galactique qui vous fera rager comme jamais, le contenu solo est famélique. Clairement le principal intérêt de ce Battle League Football se trouve dans ses modes multijoueurs.
Cela se ressent d’ailleurs dans le gameplay : acceptant jusqu’à 8 joueurs en local, le titre est également pensé pour que chaque joueur soit autonome sur le terrain, quitte à donner un tacle à un coéquipier pour le propulser un peu plus loin… et si c’est dans un adversaire, c’est mieux. Là où une partie en solo peut vite nous perdre dans la sélection de ses 4 joueurs pour être réactif, la coopération est vraiment de mise dans les sessions multis. D’ailleurs, tous les modes de jeux peuvent être joués en coop, même en ligne.
C’est alors qu’on touche du doigt la promesse de l’intérêt sur le long terme : le online. Et franchement, en une bonne vingtaine de parties, je n’ai eu trop à me plaindre du netcode ou de la stabilité de la connexion… ce qui est un petit miracle, on ne va pas se mentir.
Si on peut s’amuser durant des heures avec les parties rapides, Battle League Football met énormément l’accent sur les Clubs Strikers, où jusqu’à 20 joueurs peuvent représenter un même club pour tenter de le faire monter en ligue au fil de saisons de 7 jours.
Seulement, le mode Club Strikers n’est pas un mode classée caché, puisque vous devrez obligatoirement faire équipe avec d’autres membres du club pour disputer des matchs. En voilà un outil communautaire surprenant pour un jeu Nintendo, mais finalement assez basique dans sa mise en place et son exécution, bien que l’on apprécie l’idée de pouvoir le personnaliser davantage au fil des victoires.
On n’a pas la même carapace, mais on a la même passion
Battle League Football est tout ce qu’on peut rêver d’un spin-off sportif de Mario : un gameplay à la fois fun et surprenamment profond, bien qu’on ait des réserves sur la viabilité de soirées canap’ à la cool lors d’une première prise en main. Le titre a une pêche assez folle et rend même les matchs les plus bordéliques assez jouissifs, mais avec un solo qui fait le minimum syndical, est-ce que son approche du online sera suffisante pour garder les joueurs accrochés au gazon ? C’est toujours difficile à dire lors d’un lancement, surtout pour Nintendo qui n’a pas toujours été… exemplaire sur cet aspect. À l’instar de Luigi’s Mansion 3, on espère que Next Level Games saura accompagner le titre sur le long terme comme il se doit. Le moyen terme me va aussi.
Ce qu’on a aimé :
- Gameplay profond basé sur le bénéfice/risque
- Mise à contribution intelligente de la coop
- Statistiques des joueurs qui ont leur importance
- Les animations bougent bien, bon sang
- Tutoriel longuet, mais complet
- Fluide en toute circonstance (60 fps)
- Les coupes Galactiques sont un vrai défi
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Seulement 10 personnages au lancement
- J’espère que vous privilégiez les modes online
- Action parfois brouillonne
- Terrain qui aurait mérité d’être un peu plus grand
- Combos d’objets vraiment trop puissants
- Aspect compétitif réservé aux Clubs Strikers
- Xavier Domergue ne commente pas les matchs
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous voulez jouer au jeu Mario le plus violent qui existe
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous engueulez déjà les gardiens de but par l’intermédiaire de votre TV
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
Mario Strikers: Battle League Football est disponible sur Nintendo Switch.