Après un premier titre aussi surprenant que généreux, fusion improbable entre deux univers que tout oppose, Mario et les Lapins Crétins refont équipes pour sauver la galaxie d’un mal mystérieux. Même si la surprise ne prend plus, tactique, éléments RPG et humour font toujours bon ménage.
Adorables abominations
Voilà déjà 5 ans qu’Ubisoft a réussi à nous surprendre – c’est rare – avec Kingdom Battle, un tactical RPG qui marie l’univers de Mario avec celui… des Lapins Crétins, ces petites mascottes insupportables imaginées dans le tartare d’Ubisoft Montpellier. On se souvient encore de Yves Guillemot et Shigeru Miyamoto épaule contre épaule sur la scène de l’E3, tout fiers d’avoir filé des putains de flingues à Mario et ses amis.
Toutefois, pendant la présentation, il y a eu un détail qui n’a laissé personne indifférent : un insert sur David Soliani, Directeur créatif chez Ubisoft Milan, les larmes aux yeux, se rendant compte qu’une de ses idoles – Miyamoto, pas Guillemot – était en train était en train de valider son travail, alors qu’il venait de lui prêter sa licence la plus prestigieuse.
Le culot ultime est peut-être le fait que Kingdom Battle est sacrément drôle, tout en dosant parfaitement ce qui faisait le charme premier des Lapins Crétins.
En réalité, Nintendo a plutôt l’habitude de prêter ses franchises à d’autres studios, tant qu’il y a une idée intéressante à exploiter, un respect sans borne pour le matériau d’origine, et un niveau de finition exemplaire. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Mario + The Lapins Crétins: Kingdom Battle réunissait toutes ces qualités, étant à la fois un tactical RPG accessible sans être inintéressant, ainsi qu’une lettre d’amour à l’univers de Mario. Mais le culot ultime est peut-être le fait que le titre est sacrément drôle, tout en dosant parfaitement ce qui faisait le charme premier des Lapins Crétins.
Ainsi, Kingdom Battle a été suffisamment bien reçu pour que Nintendo autorise le développement d’une suite. Très fan du premier titre, j’avais peur que Sparks of Hope n’ait rien de neuf à proposer sur la table, mais avec le concert de plusieurs studios d’Ubisoft et une équipe 4 fois plus grande que le jeu précédent, il était finalement sage de faire à nouveau confiance à Soliani.
X-complètement crétins
Sparks of Hope ne profite clairement pas de l’effet de surprise de Kingdom Battle, mais quelques changements – souvent bienvenus – à la formule originale permettent de justifier son existence, d’autant que les ambitions ont été bel et bien revues à la hausse.
Fini le level design linéaire qui entrecoupe puzzles et combats, chaque planète profite d’une exploration ouverte, avec quelques touches de backtracking pour ceux qui visent le 100% et découvrir leurs secrets. La caméra est également bien plus rapprochée, donnant la possibilité d’admirer des décors qui se lâchent un peu, sublimés par un moteur Snowdrop qui tient plutôt bien la route sur Switch (bien qu’il faille se contenter de 30 FPS).
Fini le level design linéaire qui entrecoupe puzzles et combats, chaque planète profite d’une exploration ouverte.
Toutefois, la différence majeure entre les deux opus vient surtout des combats tactiques. On a toujours l’impression de jouer à un “mon premier XCOM“, mais avec quelques twists de gameplay qui donne toujours plus de personnalité à l’ensemble. On vise clairement l’accessibilité, mais comme son aîné, le titre ne manque pas de profondeur pour autant.
Les différents personnages sont davantage spécialisés, chacun équipé d’une arme au comportement unique (mention spéciale à Peach et son Para-Shotgun), quitte à proposer pour la première fois de vraies opportunités de combats rapprochés. Il n’y a plus besoin d’améliorer les armes, d’ailleurs, puisque l’évolution du matos passe dorénavant par les fameux Sparks, des compagnons à équiper librement qui peuvent apporter des bonus élémentaires et autres capacités actives particulièrement efficaces.
Les différents personnages sont davantage spécialisés, chacun équipé d’une arme au comportement unique.
C’est surtout en passant du fameux système de grille à un système de déplacement libre que Sparks of Hope se distingue le plus. Le gameplay devient beaucoup plus flexible, rendant certaines phases d’observation et de planification cruciales pour l’emporter. Tant qu’un personnage n’a pas tiré, il est totalement capable de faire des allers-retours dans son rayon d’action.
Un peu obscur au premier abord, le système se trouve être très limpide une fois en main, et c’est généralement à ce moment-là qu’on le trouve particulièrement pété : il est possible d’aller de positionner un personnage d’un côté pour servir de marchepied à un collègue qui a besoin d’une allonge de rayon d’action, de repartir dans un sens pour aller buffer un autre grâce à un Spark, puis de se déplacer une dernière fois vers son poste de tir, sans oublier de glisser dans les tibias d’un adversaire au passage, de quoi infliger des dégâts gratuits (voire d’activer certains effets).
Tant qu’un personnage n’a pas tiré, il est totalement capable de faire des allers-retours dans son rayon d’action.
Faire travailler son équipe de concert est crucial pour être efficace, et si on se surprend parfois à trouver des synergies qui cassent un peu le jeu, certains scénarios de combat uniques sont dans la lignée de Kindgom Battle, où la frontière entre le “puzzle” et “le tactile” est assez fine.
Sparks of Hope se révèle déjà bien moins difficile, rendant la progression de la campagne principale déjà bien plus fluide, avec des défis optionnels pour ceux qui espéraient veulent exploiter à fond les mécaniques de jeu.
Si le jeu précédent était surprenamment dur à pas mal occasions, Sparks of Hope se révèle déjà bien moins difficile, rendant la progression de la campagne principale déjà bien plus fluide… mais comme dit plus haut, Sparks of Hope pousse également à l’exploration, avec des défis optionnels qui apportent quelque chose sur la table à ceux qui espéraient pouvoir exploiter à fond les nouvelles mécaniques de jeu. Il n’est pas rare de se retrouver dans des combats que l’on pense totalement déséquilibrés, jusqu’à ce qu’on trouve la bonne solution. On retombe alors sur cet aspect “puzzle” des combats chers à Kingdom Battle.
Très recommandable pour un adulte qui cherche un bon tactical aux idées originales, mais sans trop prendre le chou pour autant, Sparks of Hope est surtout tout trouvé pour une audience bien plus jeune. Univers rigolo et héros sur la jaquette à part, le titre fait tout en son pouvoir pour ne pas être frustrant, sans pour autant avoir le vice de prendre les jeunes joueurs pour des idiots. C’est une excellente introduction dans un genre qui peut vite faire peur, pouvant potentiellement pousser les mordus à découvrir d’autres expériences un peu plus poussées.
C’est surtout dans ses options d’accessibilité que Sparks of Hope brille le plus, avec une difficulté à la carte, jusqu’à proposer un mode Invincibilité pour les plus impatients. À une époque où les cheat codes ont quasiment disparues (je blâme la culture des succès), c’est très chouette d’avoir pensé à ça.
Rabbid Galaxy
Et on les comprend les personnes qui voudraient terminer Mario + The Lapins Crétins: Sparks of Hope quoi qu’il en coûte : le choc entre l’univers de Mario et celui des Lapins Crétins fait toujours autant d’étincelles, avec une histoire un brin simpliste, mais qui profite d’une narration si généreuse en mise en scène que l’on suit l’aventure avec entrain et enthousiasme.
Le choc entre l’univers de Mario et celui des Lapins Crétins fait toujours autant d’étincelles.
Alors que la bande à Mario travaille sur un moyen de renvoyer les Lapins Crétins dans leur monde depuis le Megabug, une nouvelle forme de corruption débarque et met la galaxie toute entière en péril. La terrible Cursa cherche à réunir des Sparks, issus d’un croisement entre des Lumas et des Lapins Crétins, et exploiter leur énergie pour un sombre dessein.
Si Kingdom Battle rendait hommage à plein de facettes la plus célèbre franchise de Nintendo, Sparks of Hope fait surtout pas mal d’allusions à Mario Galaxy, dont on sait les fans nombreux, grâce à son sens de l’aventure et de la découverte. À bord du fier TF-AL (ça ne devrait pas me faire rire), Mario et les Lapins Crétins partent alors à la recherche d’Harmonie en explorant différentes planètes. Une drôle de lapine bien trop badass pour un jeu qui se veut enfantin et au passé trouble, Edge, rejoint la troupe… ainsi qu’un certain Bowser. Les ennemis d’autrefois…
Le travail artistique abattu est assez remarquable, surtout du côté des animations soignées qui donnent énormément de cachet à l’ensemble.
Si on retrouve naturellement moult clins d’œil à l’univers de Mario, Ubisoft prend cette fois le temps de proposer quelque chose de plus personnel, où chaque planète possède son propre petit lore rigolo, notamment via des gardiens hauts en couleur que l’on prend vraiment plaisir à découvrir. Le travail artistique abattu est assez remarquable, surtout du côté des animations soignées qui donnent énormément de cachet à l’ensemble, ce qui profite énormément aux nombreuses cinématiques qui rythment habilement l’aventure.
Et qu’est-ce que le jeu est drôle, bon sang ! On peut avoir un contentieux contre les Lapins Crétins, mais le titre sait toujours doser leur débilité comme il faut pour éviter de tomber dans la caricature, tout en proposant des gags visuels qui font très souvent mouche. Sans une ligne une de dialogue, on comprend les personnalités de chacun, et même les relations qui apportent une certaine épaisseur aux enjeux. Si on m’avait dit que je me sentirais investi dans un jeu avec des Lapins Crétins…
Les dialogues sont étonnamment bien écrits, avec des blagues qui prennent souvent au dépourvu. Slapstick et vannes bien trouvées, tout y est.
Pourtant, sûrement dans un but de dynamiser les dialogues monopolisés à 90% par Beep-O, Sparks of Hope est loin d’être muet. Le petit robot rond est enfin doté d’une voix, et il en va de même pour les Lapins Crétins qui s’amusent à commenter leurs actions durant les phases tactiques. Il faut accepter le ton très “C-3PO” de Beep-O, mais promis, aucun moment gênant ou cringe n’est à déplorer. C’est même tout le contraire, puisque les dialogues sont étonnamment bien écrits, avec des blagues qui prennent souvent au dépourvu. Slapstick et vannes bien trouvées, tout y est.
D’ailleurs, comptez au moins 25 heures de gameplay pour boucler l’histoire principale, tandis que l’exploration complète des planètes et la complétion des défis annexes peuvent bien vous occuper une bonne demi-douzaine d’heures supplémentaires. Ce n’est pas toujours passionnant, mais à l’instar du reste du titre, le tout se fait sans friction, avec une idée claire des objectifs à accomplir et de leur emplacement.
Mariage heureux
En apportant de nouvelles idées qui effacent en même temps les quelques défauts de Kingdom Battle, Mario + The Lapins Crétins: Sparks of Hope se présente clairement comme une digne suite qui voit les choses en plus grand. Plus flexible, on prend un sacré plaisir à prendre en main le gameplay tactique si particulier du jeu d’Ubisoft Milan, tandis qu’on découvre son univers barré à travers une exploration libérée, convenant alors à la plupart des profils de joueurs. Le titre est surtout drôle, loin d’être lourd, et étonnamment engageant, tout en prenant davantage ses aises avec l’univers de Mario, sans jamais lui manquer de respect pour autant. C’est même tout le contraire.
Ce qu’on a aimé :
- Gameplay tactique avec une sacrée personnalité
- Exploration plus libre avec son lot de contenu annexe…
- Personnalisation de l’équipe plus poussée
- Animation vraiment soignée
- Mise en scène engageante
- Drôle
- Non, mais pour de vrai
- C’est quand même joli pour de la Switch
- Difficulté à la carte
- Lapin Harmonie
Ce qu’on n’a pas aimé :
- … même si on n’aurait pas dit non à du rab
- Certaines missions peuvent être craquées bien trop facilement
- Navigation dans les menus pas toujours au top
- Quelques ralentissements en mode TV
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous avez aimé Kingdom Battle ; vous cherchez un XCOM-like malin, mais à la cool ; vous voulez être membre du fanclub de Lapin Harmonie.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous avez peur de rigoler un bon coup.
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
Mario + The Lapins Crétins: Sparks of Hope est disponible sur Nintendo Switch.