Après le carton international de Monster Hunter World, on est étonné de voir le dernier Monster Hunter être une exclusivité Switch. Pourtant, la série est essentiellement connue pour ses opus pensés pour les consoles portables. La console hydride de Nintendo est-elle capable d’accueillir l’expérience Monster Hunter comme il se doit ? Sans détour, c’est un grand oui.
Vif comme un Tobi-Kadachi
Avant que le monde entier ne découvre réellement la franchise Monster Hunter avec World en 2018 sur PS4 et Xbox One, la série de Capcom est très appréciée — surtout au Japon — pour ses opus portables. Aujourd’hui, Monster Hunter Rise compte bien redonner ce frisson de la chasse sur le pouce, en incluant de nombreuses innovations apportées par son prédécesseur… et bien plus.
Le principal intérêt de World se trouvait notamment dans ses énormes niveaux qui mettaient à contribution l’exploration et la topographie, où la connaissance du terrain permettait de prendre le dessus sur les terribles monstres à chasser. Si les régions de Monster Hunter Rise reprennent une dimension plus classique (mais sans segmentation des régions), Capcom a mis les bouchées doubles pour rendre l’expérience toujours plus fluide.
Capcom a mis les bouchées doubles pour rendre l’expérience toujours plus fluide.
En solo comme en multi, vous êtes dorénavant toujours accompagné de votre fidèle Chumsky, un grand chien qui sert également de monture, idéal pour traverser une région en moins de 30 secondes… ou aiguiser votre arme en se déplaçant. Ça a l’air de rien dit comme ça, mais de nombreuses options d’ergonomie comme celle-là, Rise en est rempli. Certes, cet opus pensé pour la Switch n’est pas aussi ambitieux que World en termes de contenu ou d’immersion dans le monde de Monster Hunter, mais il transforme son contexte portable en force qui lui est propre.
Dans le genre, la grosse nouveauté qui fait instantanément mouche est incarnée par le filoptère, une nouvelle mécanique qui permet de zoomer à travers l’environnement à votre bon vouloir (contraient à World où leurs emplacements étaient fixes). Le système requiert un peu de pratique, mais il devient possible de franchir n’importe quel obstacle et d’explorer les moindres recoins des différentes régions, dont le level design est clairement pensé avec cette mécanique en tête.
La grosse nouveauté qui fait instantanément mouche est incarnée par le filoptère, une nouvelle mécanique qui permet de zoomer à travers l’environnement.
Tabasser du Rathalos à coup de corne de chasse reste le principal plaisir du jeu, mais escalader les falaises pour récolter les ruches et autres bidulons qui passent à proximité, c’est quelque chose dont on se lasse difficilement, d’autant plus qu’il est possible de grimper n’importe quelle paroi, sans murs invisibles. Que serait un action-RPG en monde ouvert sur Switch sans son petit hommage à Breath of the Wild ? D’autant plus qu’une petite session d’exploration est très utiles pour se buffer correctement avant la confrontation.
Malin comme un Kulu-Ya-Ku
Monster Hunter Rise n’introduit pas de nouvelles armes à un roster déjà bien éculé, mais l’utilisation des filoptères changent également la donne de ce côté-là. Bon, la prise en main s’en retrouve un poil corsé avec des manipulations de boutons qui ont de quoi faire fourcher les doigts, mais on finit par prendre le pli.
Certaines attaques qui existaient déjà nécessitent désormais une charge de filoptère pour être exécutés, ce qui devrait changer quelques habitudes, mais les mécaniques de combat n’ont jamais été aussi aériennes. Chaque arme profite également de nouveaux mouvements inédits, toujours liés aux filoptères, les plus puissantes usants plus de charges. Toutefois, vous serez parfois obligé de choisir l’attaque Lien de soie qui vous convient le plus avant le début d’une traque.
Chaque arme profite de nouveaux mouvements inédits, toujours liés aux filoptères, les plus puissantes usants plus de charges.
En plus de votre vie, votre endurance et l’aiguisement de votre arme, il faudra désormais garder un œil sur cette nouvelle ressource pour rester optimal. Quelques capacités défensives viennent compléter le tout, comme un rétablissement d’urgence dont on aime abuser. De quoi accélérer les retours dans la mêlée. Prendre de la hauteur en sécurité pour renouveler ses buffs est aussi un sacré atout.
Vous avez toujours rêvé de chevaucher un Anjanath ou une Rathian ? À force de blesser les monstres avec des attaques aidées des filoptères, la bête enchevêtrée dans la soie peut se laisser dompter pendant un temps, ce qui est une occasion idéale pour foutre une raclée à votre proie avec les griffes et les crocs d’un de ses congénères. Toujours très fun, ces phases raccourcissent les combats de façon efficace.
Vous avez toujours rêvé de chevaucher un Anjanath ou une Rathian ?
En bref, Monster Hunter Rise profite de nouvelles mécaniques qui offrent des variations intéressantes à la formule archi-poncée de Monster Hunter. On se demande bien si les prochains opus en profiteront, mais le Chumsky et le filoptère sont tellement bien intégrés qu’on a l’impression qu’ils ont toujours fait partie du décor. De quoi intéresser les néophytes qui pourraient trouver le gameplay d’origine un peu lourdaud, et les vétérans en quête de nouveauté.
Beau comme un Diablos
Le premier truc qui frappe quand on lance Monster Hunter Rise pour la première fois (avant le coup de queue d’un Bishaten enragé), c’est la fidélité graphique offerte par le titre. Sans surprise, on n’atteint pas le niveau de détail de Monster Hunter World, mais toutes les 5 minutes, je n’ai pas arrêté de me faire la réflexion : “sérieux, ça tourne sur Switch ce machin ?”
D’après Digital Foundry, Monster Hunter Rise tourne en 756p en mode TV et en 540p en mode portable, avec un framerate bloqué à 30FPS qui ne flanche quasiment jamais. Quelques soucis de frame pacing pourront parfois faire tiquer les joueurs plus exigeants, mais même avec 4 chasseurs, 4 Chumskys et plusieurs monstres sur le terrain, le framerate reste solide comme un Barroth.
Toutes les 5 minutes, je n’ai pas arrêté de me faire la réflexion : “sérieux, ça tourne sur Switch ce machin ?”
Construit autour du RE Engine et d’un point de vue technique, Monster Hunter Rise est sans conteste l’un des titres les plus solides que l’on peut trouver sur la console hybride de Nintendo . Le relief du terrain manque de polygones et les aplats de textures sont un peu grossiers, mais les shaders et la direction artistique travaillent de concert pour rendre le titre agréable à l’œil en toute circonstance, fluide et — miracle — très lisible. Même les PNJ jouissent d’une modélisation impeccable les jumelles Wyverriennes mascottes/waifus en tête.
Il n’en fallait pas moins pour rendre hommage à l’ambiance japonisante de cet opus et le fameux village de Kamura. Entre les cerisiers en fleurs, les tenues de shinobis et les pagodes abandonnées au fin fond d’une forêt mystique, la direction artistique de Rise se détache très aisément du reste de la série. La bande-son qui l’accompagne est particulièrement mémorable, et ce dès le menu principal.
L’ambiance de Rise se détache très aisément du reste de la série.
Il est juste dommage que la trame narrative soit si vite expédiée, pour finalement n’être qu’un prétexte pour découvrir les régions qui entourent Kamura, le thème de la Calamité étant particulièrement sous-exploité. Comptez une petite dizaine d’heures pour faire le tour de l’histoire principale, bien que l’ensemble du contenu s’étend bien au-delà.
Il est juste dommage que la trame narrative soit si vite expédiée, pour finalement n’être qu’un prétexte pour découvrir les régions qui entourent Kamura, le thème de la Calamité étant particulièrement sous-exploité. Comptez une petite dizaine d’heures pour faire le tour de l’histoire principale, bien que l’ensemble du contenu s’étend bien au-delà.
Solide comme un Barroth
Bien que le COVID ait peut-être eu des répercussions sur le développement de Monster Hunter Rise, on peut tout de même reprocher un contenu initial un brin faiblard par rapport au reste de la série. Toutefois, après le succès du suivi de World, Capcom compte bien suivre Rise de près avec des mises à jour de contenu régulier. L’avenir nous dira si les joueurs resteront scotchés une fois de plus pendant des centaines d’heures.
Le bestiaire comprend 35 grands monstres, dont 11 sont inédits. Si le titre n’offre pas énormément de confrontations épiques dignes de ce nom (pour l’instant), généralement incarnées par les dragons anciens ou les bêtes supérieures, voire des défis de classe G, les nouvelles bestioles ont sacrément de la gueule, avec quelques stratégies inédites à appréhender.
Le facétieux Bishaten et ses projectiles à base de fruits est fun à affronter, l’élégant Mizutsune vous fera transpirer avec son bubble hell et l’intimidant Magnamalo et son feu de l’enfer mérite sa place sur la jaquette. Rien de particulièrement inédit quand on fait une rétrospective de l’ensemble de la série, mais les quelques nouveautés s’insèrent très bien dans l’univers de Rise.
Les nouvelles bestioles ont sacrément de la gueule, avec quelques stratégies inédites à appréhender.
En sus de tout ça, on peut ajouter les quêtes de Calamité, où l’expérience Monster Hunter se transforme en véritable Tower Defense. Posez vos artilleries automatiques ou manuelles, et repoussez les vagues de monstres jusqu’au boss final, avec un joli crescendo dans votre puissance de feu. Ce mode ne propose pas une profondeur absolue et est très bourrin par nature, mais s’avère être une distraction tout à fait sympathique, d’autant plus qu’il ne s’impose qu’à de très rares occasions. Vous pourrez aussi dépecer le monstre qui mène la horde, ce n’est pas négligeable pour rentabiliser le temps investi.
Étant un opus portable, Monster Hunter Rise brille par sa capacité à vous aspirer dans des sessions de jeu ci et là ; vous ayez le temps de chasser seul ou en groupe, puisque les deux modes progressent via des campagnes distinctes. L’interface est toujours aussi brouillonne et intimidante pour les nouveaux venus, mais les vieux de la vieille s’y retrouveront très bien. On s’y attendait un peu, mais la plupart des fonctions communautaires, notamment le système de lobby pour accueillir des amis dans sa partie, manquent toujours autant de souplesse et d’indications claires. J’ai été tolérant et patient avec World, mais la prochaine fois, je préviens, je sévis.
On peut ajouter les quêtes de Calamité, où l’expérience Monster Hunter se transforme en véritable Tower Defense.
Les activités hors chasse ont également gagné en rapidité et en souplesse, où la gestion des miaourcenaires (qui permettent de récupérer des objets en parallèle des chasses) et les échanges avec l’Argosy peuvent se faire directement depuis votre chambre. Une fois qu’on a pris le pli et qu’on sait parfaitement ce que l’on souhaite, on passe rarement plus de 5 minutes à gérer son inventaire et sa progression au village de Kamura. Par ailleurs, la taille compressée de ce dernier font d’Astora un lointain et vilain souvenir. Avoir sa console posée sur une table à proximité peut se révéler très dangereux pour votre productivité.
Quand One More Turn devient One More Monster…
Explosif comme un Magnamalo
Monster Hunter Rise est à la fois très familier et très différent pour les fans de la série, en plus d’être un titre assez accessible pour ceux qui n’ont jamais pourfendu de Rathalos de leur vie à coup de Grande épée. De nombreux ajustements comme le nouveau système de navigation fluidifient drastiquement les phases d’exploration, ce qui permet d’enchaîner les combats contre les monstres comme jamais, ce qui est tout ce qu’on demande pour une version portable de Monster Hunter. Le contenu pour chasseurs hardcore n’est pas encore là, mais il y a déjà de quoi s’amuser en attendant les mises à jour gratuites promises par Capcom. Sacrément addictif en plus d’être, sans doute, l’un des jeux Switch les plus techniquement solides qu’on ait jamais vu. Qu’attendez-vous ?
Ce qu’on a aimé :
- Ça tourne sur Switch, bon sang !
- Le plus aérien des Monster Hunter
- Chevaucher les monstres, fun et efficace
- Bestiaire inédit inspiré
- Arsenal qui arrive à se renouveler
- Temps mort entre les quêtes raccourcis à l’extrême
- Courbes de difficulté et de complexité tout en douceur
- Modes solo et multi distincts
- Mode Calamité/Tower Defense sympathique
- Le charme des environs de Kamura
- Thèmes musicaux qui collent à la peau
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Il est temps de revoir cet interface, Capcom
- Un long tutoriel assez indigeste
- C’est toujours un peu le foutoir dans les touches à assimiler
- Partie narrative sans ambition, même pas un petit peu
- Gestion du multijoueur largement perfectible
- Les joueurs hardcore risquent de trépigner pendant encore quelques temps
- On aurait aimé faire plus avec son roster de Pilpoils
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous attendiez le retour de Monster Hunter sur console portable ; vous voulez découvrir la série.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous n’aimez pas tabasser le même boss pendant 20 minutes ; vous êtes un vétéran qui veut retrouver un semblant de challenge.
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Monster Hunter Rise est disponible sur Nintendo Switch, et le sera sur PC début 2022.