Phénomène au Japon qui a fini par prendre d’assaut le monde par la gorge, Monster Hunter est devenu licence incontournable. Toute bonne série a souvent droit à des spin-offs, et ce nouveau Monster Hunter Stories compte bien plaire aux fans de la série (et de JRPG en général) pour enrichir une franchise déjà au top de sa popularité.
Besta Monsta
J’ai un gros souci avec Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin : en tant que joueur qui est tombé amoureux de la franchise avec Monster Hunter World et qui a déjà dépassé les 130 heures sur Monster Hunter Rise, le spin-off a jeté à la benne toutes mes bonnes habitudes d’un seul revers. Rendez-vous compte: on ne tue pas les monstres ; on fait aussi ami-ami avec.
Enfin si, on tue plein de monstres, mais jamais sans votre fidèle Monstie que vous aurez kidnappé dès le berceau et endoctriné grâce à votre Pierre de l’amitié, la parure de tout bon Rider. Contrairement à un chasseur de la Guilde, le Rider ne fait qu’un avec son monstre et exploite ce lien pour faire face à tous les obstacles, du pauvre Aptonoth qui n’a rien demandé à l’Anjanath un brin énervé qui ne mérite qu’un coup de marteau sur le crâne.
Le Rider ne fait qu’un avec son monstre et exploite ce lien pour faire face à tous les obstacles.
Derrière ce JRPG d’apparence classique au protagoniste adolescent (et silencieux), il y a une réelle volonté de donner plus de cachet et de profondeur au monde de Monster Hunter (pas besoin de film pour ça), montrant que l’écosystème n’a pas forcément besoin d’être tranché à coups de grande épée (ou de calibre 12) pour être rééquilibré.
Même si Monster Hunter n’a jamais eu vocation de dépeindre une nature vraisemblable, on perd un peu ce côté brutal et “loi de la jungle” pour quelque chose de plus coloré et kawaii. On reconnaît parfaitement les — nombreux — monstres de la série, mais il faut avouer qu’un Narcaguga ou un Barioth désormais à hauteur d’homme peuvent surprendre les habitués. Clairement, il y a peut-être une volonté de s’adresser à un public plus jeune, mais la direction artistique reste cohérente et ne trahit pas vraiment la série de bases.
On perd un peu ce côté brutal et “loi de la jungle” pour quelque chose de plus coloré et kawaii.
Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin n’hésite pas à exagérer — mais genre beaucoup — les effets visuels pour renforcer l’impact des combats et récompenser les bonnes décisions du joueur, mais comme dit plus haut, il est clairement question d’exploiter le côté ésotérique du monde de Monster Hunter.
Le JRPG profite également d’une réalisation assez solide, surtout via une mise en scène omniprésente pour ses nombreuses cinématiques et discussions entièrement doublées. On n’atteint pas la claque visuelle d’un Monster Hunter Rise et les joueurs PC risquent de trouver le titre visuellement simpliste (expliqué en partie par la direction artistique), mais il faut garder à l’esprit que la Master Race n’était vraiment pas la première cible.
“Ratha le Rathalos”, c’est original
Monster Hunster Stories 2: Wings of Ruin n’est pas vraiment la suite directe du titre sorti sur 3DS en 2016, même s’il en reprend de nombreux éléments scénaristiques, notamment des personnages marquants qui font leur grand retour.
Vous incarnez le petit-enfant de Red, le légendaire Rider du Gardien Ratha. Alors que vous êtes sur le point de devenir officiellement un Rider à votre tour, la nature s’agite : des monstres deviennent fous à cause d’une étrange lueur rouge qui sort du sol, rappelant la période sombre du Fléau noir.
Vous incarnez le petit-enfant de Red, le légendaire Rider du Gardien Ratha.
Durant la crise, le Rathalos gardien disparaît, mais laisse derrière lui un œuf qui contiendrait le Rathalos aux Ailes de la Destruction que l’on dit capable de détruire le monde d’un seul battement d’ailes. Plusieurs factions veulent s’approprier l’œuf à diverses fins, mais c’est à vous qu’il a été demandé de protéger le tout jeune Ratha, tout en vous assurant qu’il ne représentera pas un danger pour le monde.
Votre personnage ne parle pas, mais c’était sans compter sur le retour de l’étrange — et bavard — Felyne Navirou qui fera la causette avec les PNJ à votre place. Vous aurez l’occasion de (re)croiser tout plein de personnages uniques qui vous aideront dans votre quête, dont la wyvérienne Ena, amie de longue date de Red, qui compte lever le voile sur la disparition du Ratha Gardien et la légende des Ailes de la Destruction.
Vous aurez l’occasion de (re)croiser tout plein de personnages uniques qui vous aideront dans votre quête.
Le titre est plutôt bavard, multiplie les combats et pousse parfois au grind, mais des options d’ergonomie bienvenue (déplacements rapides à volonté, combats accélérés, etc.) permettent de garder un rythme soutenu et assez appréciable. Monster Hunter Stories 2 peut-être arpenté en ligne droite, mais n’oublie pas de vous faire profiter de l’ensemble du contenu au passage. Ne vous attendez pas à voir le générique de fin au bout de seulement quelques soirées (ce que laisse entrevoir une démo jouable assez généreuse).
Comme tout bon JRPG qui se respecte, Wings of Ruin est assez long et n’hésite pas à multiplier les tâches assez basiques à accomplir (généralement un monstre précis à chasser) avant que le scénario n’avance, mais c’est pour mieux donner l’occasion au joueur d’explorer le monde et de faire évoluer sa ménagerie de Monsties, ses monstres apprivoisés.
Il y a les mauvais chasseurs, et…
Si l’univers de Monster Hunter est plutôt bien retranscris — essentiellement par son bestiaire, Stories 2 met également en avant tous ces petits trucs qui font le sel de la franchise, du simple clin d’œil aux mécaniques fondamentales du jeu, à commencer par les combats.
Le Rider a tout d’un chasseur de la Guilde, finalement : il utilise les mêmes armes (6 contre 4 pour le premier MH: Stories) et les mêmes tactiques. Transposer l’action et la tactique de la série principale n’a sûrement pas été une mince affaire, mais Stories 2 s’en sort avec les honneurs, proposant la même envie du travail bien fait en prêtant attention aux actions de l’adversaire. L’avalanche de mécaniques à prendre en considération peut parfois dérouter, quitte à en faire trop, mais rien n’est laissé au hasard.
Transposer l’action et la tactique de la série principale n’a sûrement pas été une mince affaire, mais Stories 2 s’en sort avec les honneurs.
En réalité, Stories 2 s’appuie énormément ce qui avait déjà été développé pour l’opus précédent. Certains pourraient y voir un manque de prise de risque, mais les petits trucs ajoutés apportent tout de même une couche de profondeur à un système qui fonctionnait déjà plutôt bien. Étant donné que tout le monde n’a pas eu la chance de tester le jeu paru sur 3DS, c’était l’occasion rêvée pour Capcom de montrer que Wings of Ruin mérite sa place dans la franchise Monster Hunter.
Trouver les failles représente une réelle récompense en soi, doublée par des trophées supplémentaires selon vos performances. Rarement un JRPG m’a été aussi agréable manette en main, mais une second d’inattention et vous voilà en train de faire n’importe quoi… un peu comme le jeu de base, quoi. Monster Hunter Stories 2 a vraiment tout compris de ce côté-là. Des défis d’arènes pêchus et des world boss redoutables mettront vos nerfs à rude épreuve si vous comptez faire prolonger l’aventure.
Trouver les failles représente une réelle récompense en soi, doublée par des trophées supplémentaires selon vos performances.
Comme dans la série principale, le savoir fait le pouvoir : avec un système de shifumi dont le résultat courant dépendra de votre Monstie et du monstre adverse, le jeu encourage à peser les risques en permanence et saisir les opportunités quand elles se présentent. Tout le monde joue en même temps, et gagner un duel augmente les dégâts (et réduit ceux reçus) de façon considérable. En fonction de la partie du monstre visée (quand c’est possible), le type d’arme utilisé augmentera davantage votre efficacité.
Les résultats attendus et les points de vie des monstres sont affichés au fil de la progression et des expérimentations, mais les joueurs de Monster Hunter qui connaissent leur Compendium par cœur seront clairement avantagés. De plus, ils retrouveront les mêmes combos d’armes, avec des effets à mixer pour plus d’efficacité selon la situation. Toutefois, user et abuser des compétences (ou forcer le comportement de son Monstie) coûte des Points d’Amitié, ce qui peut ralentir l’arrivée des attaques montées dévastatrices. Travailler de concert avec votre Monstie augmente la jauge d’Amitié (c’est totalement Shonen, sérieux).
Travailler de concert avec votre Monstie augmente la jauge d’Amitié (c’est totalement Shonen, sérieux).
Comme dans la série principale, le savoir fait le pouvoir : avec un système de Shifumi dont le résultat dépendra de votre Monstie et du monstre adverse, le jeu encourage à peser les risques en permanence et saisir les opportunités quand elles se présentent. Tout le monde joue en même temps, et gagner un duel augmente les dégâts (et réduit ceux reçus) de façon considérable. En fonction de la partie du monstre adverse visé (quand c’est possible), le type d’arme utiliser augmentera encore davantage votre efficacité.
La réelle nouveauté de Stories 2 par rapport à son prédécesseur au niveau du combat, c’est le fait que vous serez épaulé par un compagnon de voyage la plupart du temps, en tandem avec son propre Monstie.
Vous serez épaulé par un compagnon de voyage la plupart du temps, en tandem avec son propre Monstie.
À l’instar de votre Monstie, les compagnons prennent leurs propres décisions (et sont assez généreux en objets de soutien), ce qui donne quelques paramètres en plus à prendre en considération pendant la préparation d’un tour, d’autant plus que les attaques montées combinées représentent les attaques les plus dévastatrices du jeu (avec explosions pyrotechniques et tout le toutim). Il est sage d’essayer de garde sa jauge d’Amitié au même niveau que celui du compagnon.
Et que serait un Monster Hunter sans de la coop ? Si votre compagnon ne vous convient pas, vous pouvez toujours inviter un autre joueur pour vous prêter main-forte, en ligne (ou en local dans le cadre de la Switch). Si les chasseurs de la Guilde ont la règle d’or que de ne taper que sur des monstres, les Riders peuvent se défier entre eux, est vous aurez l’occasion de vous défendre contre des humains et leur Monstie. Contrairement à l’épisode 3DS, quelques règles de combat changent en conséquence, mais le twist propose un intérêt qui lui est propre.
Eugénisme
Concrètement, si vous voulez une bonne alternative à Pokémon, Monster Hunster Stories: Wings of Ruin 2 se pose là. En explorant le monde, vous croiserez des tanières qui apparaissent aléatoirement, sorte de mini-donjons avec des œufs de monstre à la clé.
Chaque monstre possède des caractéristiques et des compétences propres à son espèce, mais présente aussi des gènes aléatoires uniques. Certains de ces gènes sont plus rares que d’autres, et vous allez vite prendre le goût de chasser un maximum d’œufs pour compléter votre répertoire de gènes et les transmettre à vos Monsties préférés, mais en sacrifiant le monstre donneur dans le fameux Rite de Transmission (Monster Hunter reste parfois cruel).
Chaque monstre possède des caractéristiques et des compétences propres à son espèce, mais présente aussi des gènes aléatoires uniques.
Avec un système de Bingo qui crée des synergies entre les différents gènes, on s’improvise savant fou de la manipulation génétique, à minimiser et maxer les statistiques qui nous intéresse. Un peu compliqué au premier abord, le système se révèle très profond, avec énormément de variantes possibles (bien qu’optionnel pour progresser dans l’aventure principale). Toutefois, il ne sera pas de trop pour profiter de l’endgame du jeu abordé plus haut.
Pas mal de mécaniques sont pensées pour obtenir les Monsties les plus intéressants, et certains événements aléatoires auront vite fait de vous dévier de la quête principale. L’envie de papillonner et de récupérer un maximum de matériaux est toujours très fort, d’autant qu’il y a des trucs à ramasser partout, tout le temps, en permanence… ce qui en est limite épuisant.
Pas mal de mécaniques sont pensées pour obtenir les Monsties les plus intéressants.
De ce fait, l’amélioration de son équipement fait partie intégrante de l’expérience Monster Hunter, et elle est aussi présente dans Wings of Ruin. Le crafting n’est clairement pas aussi complexe que celui de la série de base (la gestion des Monsties étant clairement l’attraction principale), et le nombre de matériaux requis n’est pas vraiment exigeant, il s’agit d’un aspect supplémentaire de tout bon Rider qui se doit d’avoir un équipement et des Monsties variés pour palier à toute situation.
Faire qu’un avec la nature (pour mieux lui péter la gueule)
À moins d’être fan et du premier opus et/ou de Monster Hunter en général, l’histoire de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin ne vous transportera pas nécessairement, mais ses systèmes de combat et de progression en valent le détour. Inspirées de la série originale, les mécaniques sont originales, profondes, engageantes si et le contenu est plutôt riche. Si l’idée de chasser pour le sport vous a répugné jusque-là, Wings of Ruin pourrait vous proposer des amis pour la vie.
Ce qu’on a aimé :
- L’univers Monster Hunter
- Une narration plaisante
- Un système de combat intelligent
- La gestion des Monsties
- Un contenu plus que généreux
- Modes coop et PVP
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Un scénario plutôt cliché pour le genre
- Des objectifs principaux redondants
- On se perd parfois au milieu des mécaniques de jeu (pas toujours claires)
- Combats parfois très longs pour pas grand-chose…
- … surtout qu’ils sont nombreux
- Soucis de performance (Switch)
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous êtes curieux de voir l’univers Monster Hunter dans un autre genre.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Claquer 3 super techniques pour ne pas voir le monstre s’effondrer, ça va 5 minutes.
Jeu testé sur Nintendo Switch. WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur.
Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin sera disponible le 9 juillet sur Nintendo Switch et PC.