Test Nioh – Une pépite en armure de samouraï
Le successeur spirituel de Dark Souls vient de débouler sur PS4/PS4 Pro et il est prêt à vous faire souffrir. Le titre de Team Ninja est, du propre aveu des développeurs, très largement inspiré de la série de From Software ; néanmoins, Nioh réussit le tour de force de prendre son indépendance et de pousser le “vice” encore plus loin.
Fais-moi mal, Johnnny
J’en parlais déjà à l’occasion de l’aperçu du jeu, mais Team Ninja nous a concocté le mode difficile de Dark Souls. Les coups des ennemis sont plus pervers, notamment parce que certains se ressemblent beaucoup et vous mettront donc dans le doute quand à la décision d’attaquer ou non. Par exemple, les statues de pierre lancent très souvent une attaque verticale descendant, mais selon l’humeur, celle-ci pourra être suivie ou non d’une autre attaque ascendante. D’autre part, Dark Souls est très largement moqué pour ses roulades ; celles-ci vous rendant pour ainsi dire invincible le temps de l’animation, elles sont au cœur du gameplay de la licence de From Software. Dans Nioh, vous pouvez tout de même vous prendre une fessée. Tentez par exemple d’effectuer une roulade en direction d’un ennemi lorsqu’il attaque, si vous avez un bon timing, ça pourra passer, mais si la lame vous touche, vous êtes touché. Ces éléments et bien d’autres s’ajoutent pour créer une expérience haletante qui devrait mettre vos nerfs à rude épreuve… même si l’on regrette qu’une grande partie des boss soit dézinguable à vitesse grand V grâce à l’arme vivante. En effet, dans Nioh, une jauge se remplit et, lorsqu’elle est pleine, vous pouvez investir votre arme de votre esprit gardien. Vous devez alors invincible et faites de lourds dégâts physiques et élémentaires le temps que la barre d’utilisation se consume complètement. Alors certes, lorsque l’on vous touche, c’est la barre en question qui diminue au lieu de votre vie, mais lorsque vous vous déchaînez avec cette fameuse arme vivante, les ennemis n’ont pas tellement l’occasion de riposter à moins d’être plusieurs puisque votre barre de Ki (endurance) aussi se fait la malle. Espérons que les développeurs reviennent sur cet élément de gameplay pourtant incroyablement jouissif et qui, une fois remanié, pourrait s’intégrer parfaitement à la difficulté du jeu.
Mais je me rends compte que je ne vous ai même pas parlé de l’histoire, quel maladroit je fais ! Vous incarnez William, ancien corsaire tendance pirate anglais (oui, c’est un peu chelou, mais en gros votre navire était tellement en roue libre que ça virait un peu à la piraterie) qui se retrouve emprisonné dans la tour de Londres après quelques années au service de sa majesté la reine d’Angleterre. Au 16e-17e siècle, la guerre fait rage entre [racisme on] les buveurs de thé et les espagnols mangeurs de chorizo (avec les fromages qui puent au milieu) [racisme off] et le conflit semble dans l’impasse… quand les dirigeants découvrent l’existence de l’Amrita grâce aux récits des voyages de Marco Polo : une pierre dite magique qui aurait permis à une petite île de résister encore et toujours à l’envahisseur. C’est là que William est entré en scène pour glaner de l’Amrita pour la reine d’Angleterre… mais il a fini par s’opposer à sa monarque en raison de la puissance inquiétante de l’Amrita. Pis du coup : case prison, sans passer par la case départ.
Aux chiottes la cohérence et la narration
Jusque-là, le scénario, de même que la narration semblent tenir la route et est même plutôt sympathique. Oui mais voilà, les premières heures de jeu font déchanter de ce côté-là. En prison, un esprit dont la particularité est de pouvoir localiser l’Amrita apparaît à William et lui révèle une chose incroyable : un mur de sa prison est branlant et ne demande qu’à être brisé. Du coup, William il bouge son derche à l’endroit désigné par l’esprit et constate avec stupeur la présence d’un putain de trou d’au moins cinquante bons centimètres au centre d’un mur pas franchement stable. Non mais sérieusement ? Il est à ce point couillon qu’il lui a fallu l’intervention d’une puissance supérieur pour lui révéler ça ? Enfin je sais pas, tu te retrouves dans l’une des pires geôles du monde, tu cherches tous les moyens pour en sortir. Et un trou de cinquante centimètres cerné de pierres un brin disloquées c’est déjà un bel indice, non ? Bref, passons. Willy (ouais c’est mon pote, du coup je lui donne des petits surnoms) casse le mur… à un mètre d’un garde qui patrouille et qui visiblement est complètement sourd. Le problème, c’est que des incohérences de ce genre, on en prend plein la figure dans les premières heures de jeu. Tiens, je vous en glisse une dernière : une mission secondaire nous conduit à libérer un village d’une influence démoniaque. Une fois terminée, la commanditaire nous remercie et signale que le chef du village l’a chaudement remerciée. Ah, et aussi, il est parti en murmurant qu’il avait besoin de plus de sacrifices, étonnant, non ? Sérieux, meuf ? Influence démoniaque et sacrifices, il te faut quoi de plus là ? Des cornes qui poussent sur le chef du village alors qu’il hurle : “je suis un adorateur des démons et je les invoque dans le fond de mon jardin en buvant de la limonade ! Lalalalala !” ?
Du reste, on sent bien que l’influence Dark Souls se poursuit dans la narration… mais n’est pas Miyazaki qui veut. Les cinématiques en disent très peu – genre vraiment, c’est de la merde – et c’est à vous d’aller dans les menus et de sélectionner les personnages et événements pour lire des descriptions qui, enfin, vous éclaireront. Et je ne vous parle pas de petits détails, parce qu’on apprend par exemple que Willou est accompagné depuis l’enfance par l’esprit qui l’a visité en prison. Non parce que tout de même, il décide de s’embarquer dans un voyage de plusieurs années pour aller le chercher à l’autre bout du monde après qu’il ait été capturé par l’alchimiste royal. Pendant plusieurs heures, je me suis véritablement demandé pourquoi Wiwi se cassait le cul à aller au Japon. Avouez que c’est balo. En toute honnêteté, je viens d’exposer les plus gros points noirs du jeu, parce que vraiment, ça devait sortir. Mais cela ne devrait pas voir faire douter de la qualité de Nioh, d’une part parce que par la suite, la narration et le scénario se bonifient – sans pour autant devenir transcendants – et d’autre part parce que le jeu de Team Ninja défonce sur presque tous les autres plans.
Le gameplay qu’il est aux petits oignons qui font pas pleurer
Team Ninja a très bien bossé sa copie côté gameplay et je n’ai pour ainsi dire aucun réel reproche à leur faire. Le concept du Ki est parfait. Il s’agit en fait de votre barre d’endurance, et vous pouvez voir celle de vos adversaires. Cela ajoute un élément de gameplay très savoureux : lorsqu’une barre est vidée, elle s’illumine en rouge et il est alors impossible de bouger pendant quelques secondes. Vous pouvez donc allègrement jouer là-dessus, d’autant qu’asséner un coup à un adversaire dont la barre de Ki est vide déclenchera un coup critique ou le mettre à terre pour que vous puissiez l’embrocher. Pour les démons plus puissants et les boss, ils ne peuvent réaliser aucune action tant que vous les frapper. Le problème qui pourrait découler de ça serait, un peu à l’image de Dark Souls, une perte de dynamisme des affrontements, et c’est là que les développeurs ont eu un éclair de génie : appuyer sur R1 après avoir terminé une attaque ou en enchaînement de coups au moment opportun vous redonne du Ki, sachant que si vous le faites à l’instant ultime, vous en gagnez plus et déclenchez une décharge de Ki, qui va nettoyer les zones de royaume de Yokai autour de vous (énergie démoniaque qu’invoquent les démons et qui empêche votre récupération de Ki). Le résultat, ce sont des combats relevés en difficulté mais aussi incroyablement dynamiques et jouissifs, d’autant que R1, adjoint à triangle, carré ou croix, vous permet de changer de position d’attaque (haute : lente et gros dégâts, normale : moyenne, basse : très rapide et peu de dégâts) et donc de composer avec tous les styles pour venir à bout de vos ennemis. Probablement les meilleures mécaniques de gameplay d’action-RPG à l’heure actuelle. Un grand bravo Team Ninja.
Du reste, on retrouve le traditionnel loot, mais aussi des petits Kodamas, sorte d’esprits bienfaisants qui se réunissent aux autels auprès desquels vous pouvez prier pour vous régénérer et sauvegarder. Plus vous en retrouvez dans vos pérégrinations, plus les bonus accordés par leurs bénédictions sont importants. Aux autels, il vous est aussi possible de choisir votre esprit gardien, car il y en a toute une flopée dans le jeu et tous ont leurs inconvénients et leurs avantages – et honnêtement, leur invocation en arme vivante est assez badass. Vous avez également la possibilité de choisir des jutsus (cherchez pas, il n’y a pas le Kage Bunshin), déblocables via l’arbre de compétences “Ninja” et celui nommé “Onmyo”, pour la magie. Cela consiste en des enduits pour empoisonner votre arme, la fabrication de shurikens, kunais, sortilèges, etc. Tout cela participe à la création d’une expérience plus que complète pour le joueur. Pour aller plus loin au sujet des arbres de compétence : chaque arme a le siens et vous propose d’apprendre des combinaisons de touches pour déclencher des attaques particulières ou pour étendre vos combos. C’est très bien pensé et un peu old school, j’adhère totalement car cela complexifie le gameplay juste ce qu’il faut : quand vous apprenez à les intégrer dans vos affrontements, c’est génial, mais si vous ne vous en servez pas du tout, vous ne serez pas lésé pour autant.
Dantesque
S’il y a bien une chose dont vous ne pourrez pas vous plaindre dans Nioh, c’est la durée de vie. Annoncé à minimum 75 heures, je peux vous annoncer d’office que si vous ne posez pas votre cerveau sur la commode pour rusher à fond les ballons, ça sera à priori plus. En plus des missions principales (que vous pouvez refaire à volonté), vous trouverez pléthore de missions secondaires plus ou moins intéressantes. On regrette qu’une partie de celles-ci se déroulent dans les mêmes environnements que les missions principales, mais vous aurez pour chaque mission principale deux missions secondaire se déroulant au même endroit, et donc sur la même carte, mais tronquée. En voyant ça, j’étais courroucé, voyez-vous, car j’ai horreur que l’on rajoute du temps de jeu artificiellement, en faisant du simple recyclage sauce Far Cry. Mais rapidement, on m’a proposé des missions secondaires se déroulant dans des niveaux qui leur étaient entièrement dédié, et à partir de là ça allait beaucoup mieux. De fait, les missions se déroulant dans les mêmes environnements que les missions principales ne me gênent plus et sont au contraire un supplément sympathique, considérant qu’il existe de “véritables” missions secondaires.
Si toutefois vous aviez besoin de davantage pour étancher votre soif, terminer une mission principale donne accès à une mission de crépuscule, dans les quatre-vingt niveaux au-dessus du votre. Si vous aimez la fessée, vous allez ressortir de là avec le postérieur rouge pivoine, je peux vous l’assurer. Par contre, le jeu en vaut clairement la chandelle considérant l’équipement que vous ramassez. En parlant de celui-ci, les noms originaux japonais ont été conservés et participent au respect de l’atmosphère et de l’univers du jeu. Par ailleurs, les armures et armes sont légions, vous aurez largement de quoi vous satisfaire, d’autant que les statistiques des équipements pillés et fabriqués sont semi-aléatoires ; avant de trouver l’équipement ultime, vous allez devoir en étaler des ennemis. L’artisanat, de son côté, apporte un aspect plutôt intéressant et est sympathique, sans plus.
Pour en terminer avec le contenu, je vous signale que vous pouvez parcourir TOUT le Japon. Voilà voilà.
Nioh que c’est bon
Les copies de jeu, c’est souvent de la merde en barquette, il faut le dire. Malgré tout, Team Ninja a ici dépassé ce stade en poussant plus loin des concepts créés ou innovés par From Software. Il n’est pas anodin de signaler que les développeurs ont très attentivement écouté les retours de sa communauté et que le jeu a énormément changé depuis la première alpha, et même depuis la bêta du début d’année dernière. J’étais à l’époque très peu convaincu, je suis aujourd’hui conquis et je ne compte pas lâcher Nioh de sitôt. Malgré mon amour inconditionnel de la licence Dark Souls, je ne peux que souligner les combats haletants et jouissifs de Nioh, soutenus par le génial système de Ki. Visuellement, le jeu est beau mais pas sans lacunes. Certaines textures ne sont pas terribles mais les développeurs se sont assurés qu’il s’agisse des moins voyantes. Les personnages sont très bien dessinés et les animations et effets très jolis. Je regrette cependant les choix très… colorés voire cartoonesques concernant le design des esprits gardiens. On est un peu trop dans la Kawaii à mon goût, surtout par rapport à l’atmosphère assez sombre du jeu. En ce qui concerne les modes de la version PS4 Pro, ils vous permettent véritablement de privilégier ce qui vous tient à cœur : les FPS ou la résolution. Et ils le font bien. Les graphismes profitent vraiment de la puissance de la pro.
Retrouvez notre solution complète de Nioh.
► Points forts
- Gameplay génial
- Arbres de compétences multiples, dont un dédié à la voie du ninja et un autre à la magie
- Beau dans l’ensemble et fluide
- Culture japonaise très bien mise en avant
- Du contenu dantesque
- Une durée de vie qui l’est tout autant
- Les missions du crépuscule : le mode difficile du mode difficile
► Points faibles
- Grosses incohérences scénaristiques, surtout au départ
- Installation de l’histoire complètement à la ramasse (narration foirée)
- La capacité arme vivante est littéralement complètement fumée contre les boss
- Esprits gardiens bien trop kawaii et colorés pour un jeu si sombre
- Certaines missions secondaires se déroulent dans les mêmes environnements que les missions principales
Une nouvelle référence
Nioh est sorti sur PS4/PS4 Pro.
Achat Amazon.
Super test, comme d’hab :)
Je l’ai pris <3 merci pour le test
Merci pour ce test,une très bonne note au final.beau boulot
Need sur PC pliz :D
Moi j’aime bien les petits oignons qui font pas pleurer.