Si jamais vous êtes en panne d’inspiration pour un jeu de guerre sans fusils d’assaut, pensez aux Vikings. Des fameuses cornes imaginaires, en passant par le Valhalla et les drakkars, la bande à Odin ne manque pas d’arguments pour être sujet à des jeux en tous genres. Après un Evoland fort original dans son concept, les Bordelais de Shiro Games reviennent dans le classicisme avec Northgard, un jeu de stratégie un peu fourre tout avec comme stars les Vikings. Mais pour quel résultat ?
Northgard la pêche
Northgard, c’est l’histoire de Rig, fils d’un influent Jarl. Alors que son père présentait à ses fidèles un plan pour explorer Northgard, de sauvages barbus font irruption dans son hall et dérobent ses plans de navigation, massacrant tous ses sujets au passage, excepté vous. Vous n’avez alors d’autres choix que de prendre votre courage à deux mains et partir à la conquête de Northgard, pour sauver l’honneur de votre père.
Le tout prend place dans une ambiance sonore et visuelle très mignonne. Il est étonnement agréable de voir de redoutables guerriers Vikings dans un style cartoon du plus bel effet.
Les choses sérieuses commencent alors. Le jeu se présente comme un pot-pourri des plus grands jeux de stratégie connus du grand public. Un peu d’Age of Empires par ci, un peu de Settlers par là, voire même une petite touche de 4X. Difficile de mettre Northgard dans une case tant il mange à tous les râteliers de la stratégie.
Tout ce que vous devez savoir, c’est que vous commencez avec votre chef de clan, 4 pécores, une maison commune (un forum d’Age of Empires) et c’est tout. Ensuite, à vous de vous organiser pour collecter des ressources, construire des bâtiments et recruter une poignée de guerriers pour coloniser les territoires voisins.
La campagne de Northgard se laisse agréablement suivre, au gré d’un rythme prenant et d’objectifs variés. Au cours des 11 chapitres, vous unifierez les clans de la terre désolée pour mettre fin à l’expédition du maléfique Hvaedrung.
Malgré un manque de variété dans les décors, chaque mission débute avec un clan différent au fur et à mesure que vous les unifiez, vous laissant parfois le luxe du choix du clan de départ. Malheureusement, les clans restent des clans vikings, et ont trop peu de différences pour être mémorables (un clan passe mieux l’hiver, un autre est axé conquête).
Le jeu se présente comme un pot-pourri des plus grands jeux de stratégie
Sachez également que le jeu dispose d’un mode de parties solo et multijoueur, où vous pouvez choisir votre clan. Des modes où l’on regrettera une faible personnalisation des parties, au niveau des ressources ou des catastrophes naturelles. Un moindre mal pour le contenu du jeu, dont la campagne peut facilement vous prendre une quinzaine d’heures.
Au nooooord, c’était les colons
Northgard se prend en main très rapidement, à défaut d’être un jeu facile. En partant de 4 crasseux et un chef de clan, vos objectifs seront (très) longs à atteindre et vont vous demander une attention de tous les instants. Dans Northgard, le bois sert à construire et à se chauffer, tandis que la nourriture sert… à nourrir, et également à coloniser les territoires voisins.
Le jeu est simple à comprendre, mais difficile à maîtriser. Le début de la partie est clairement le moment le plus important. Une cabane d’éclaireur vous servira à explorer les alentours et à repérer les territoires les plus intéressants à coloniser. Certaines zones comportent des cerfs et des terres fertiles qui vous permettront d’accroître votre production de nourriture. D’autres comportent des choses moins sympathiques comme des loups, des draugr, ou des kobolds, avec qui il est possible de commercer (juste les kobolds, pas les loups évidemment).
Passage obligé de tous les jeux de gestion, la construction de bâtiments se révèle assez décevante, car pas assez variée. Les clans n’ont pas de bâtiments propres et la construction se résume à une poignée de bâtiments agricoles, militaires, sans véritable identité viking. Un manque de variété regrettable d’autant plus que l’histoire de la campagne finit par faire la part belle à la mythologie nordique.
La construction de bâtiments se révèle assez décevante
Au-delà de la colonisation obligatoire de zones voisines, il est à noter qu’on ne peut construire qu’un certain nombre de bâtiments dans une certaine zone. Un facteur qui certes ajoute une dimension tactique, mais qui ne laisse que très peu de place à l’erreur. Vous avez construit un bâtiment inutile à l’approche de l’hiver ? Vous avez un bâtiment désaffecté ? Vous n’avez plus qu’à le détruire ou coloniser une nouvelle zone… si vous avez encore de la nourriture. Dès le deuxième niveau de difficulté,
Northgard peut se révéler au mieux assez punitif, au pire impitoyable. Les missions de campagnes sont d’ailleurs bizarrement équilibrées, oscillant entre le très facile et le “Bon, ok, j’ai merdé sur cette partie, je vais la refaire”.
Si Northgard est relativement corsé, il demeure assez facile de voir pourquoi sa colonie est en difficulté. L’interface est quasiment parfaite et les détails de consommation/production des ressources sont bien affichés. Si vous êtes en galère de nourriture, vous pouvez transformer un guerrier musculeux et fermier en un rien de temps. Une fonction utile, qui n’enlève rien à la multitude de facteurs à surveiller dans une partie.
Hiver et contre tous
Si vous vous attendiez à déchaîner des hordes de guerriers barbus sur votre adversaire en un rien de temps, vous pourrez être bien déçu de la tournure d’une partie classique de Northgard. En plus de n’être doté que de trois types d’unités militaires, Northgard a un rythme d’expansion assez lent. Il faudra parfois patienter une bonne quarantaine de minutes avant que votre clan ne dispose d’une armée digne de ce nom, autrement dit une dizaine d’hommes.
Car la saveur de Northgard, ce n’est pas tant la conquête, c’est aussi et surtout la survie. Ici, pas le temps d’organiser des pillages pour Odin, l’environnement est hostile et vous le fait savoir. Garder sa colonie à flot demande une attention de tous les instants, car l’hiver viendra quoiqu’il arrive mettre votre colonie à rude épreuve. Passer l’hiver est déjà un sentiment jouissif.
L’hiver, parlons-en justement. Toutes les quatre saisons, l’hiver frappe votre clan et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne ressemble pas à l’hiver parisien et ses chutes de neige anodines. Ici, l’hiver augmente votre consommation de nourriture et de bois, souvent de manière drastique. Il n’est pas rare de voir nos réserves de nourriture descendre à zéro pendant l’hiver, alors pensez bien à faire des réserves de bois et surtout de nourriture sous peine de voir mourir de faim Olaf et Sigurd qui font de la cueillette dans les bois.
Pour corser le tout, les unités militaires consomment aussi plus de nourriture que les villageois, vous forçant intelligemment à gérer chaque habitant de votre colonie du mieux possible. C’est dans les situations les plus difficiles que finalement, faire passer un villageois de bûcheron, à brasseur, à pêcheur se révèle très pratique.
Un joli mélange, agréable à jouer
Au final, on peut décrire Northgard comme un mélange des genres qui fait à peu près tout correctement, sans exceller pour autant. Passé une ou deux catastrophes naturelles, le jeu se révèle plus être un jeu de survie-gestion-colonisation qu’un jeu de stratégie guerrière à proprement parler. Un joli mélange, agréable à jouer, qui pêche par excès de classicisme dans ses mécaniques. Toutefois, si vous n’en avez pas marre de l’hiver après ces derniers mois bien froids, il est parfaitement recommandable.
► Points forts
- Campagne agréable
- Progression bien rythmée
- Mignon
- Prise en main et interface impeccables
- Une attention de tous les instants requise
- Micro gestion de la population
- Des saisons qui changent le gameplay
►Points faibles
- Peu de bâtiments
- Aspect militaire limité
- Parties qui traînent en longueur
- Parfois impitoyable
- Clans interchangeables
Un bon jeu de survie-king
Northgard est disponible sur PC
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