Test Persona 5 – Le J-RPG tient son nouveau maître
Après un quatrième opus excellent sorti en 2009, Persona, la série spin-off de Shin Megami Tensei, revient à la charge après 8 ans d’absence. Si la série est relativement méconnue en Europe, elle bénéficie pourtant d’une solide réputation. À la croisée des chemins entre J-RPG pur jus et simulateur de vie et de rencontre, la série d’Atlus nous présente cette année sa cinquième mouture, avec néanmoins le même défaut que tous ses prédécesseurs : l’absence de traduction. Anglophobes s’abstenir, le jeu n’est traduit qu’en anglais et je vous déconseille vivement la lecture de ces lignes si vous êtes en froid avec la langue de Shakespeare.
Test Persona 5 – Bienvenue à Tokyo
Vous incarnez, dans Persona, un jeune homme arraché à sa ville natale après avoir tenté de sauver une jeune femme des griffes d’un politicien véreux. Expulsé de son lycée et renvoyé de chez lui, notre héros est envoyé sous probation dans la grande ville sous la surveillance de Sojiro Sakura. Bienvenue à Tokyo.
Ce qui frappe immédiatement dans Persona, c’est la saveur du Japon. Atlus est parvenu à retranscrire parfaitement l’ambiance tokyoïte. À mi-chemin entre ville géante, hautement technologique et ultra dynamique et petits quartiers tout droit sortis d’un Japon rural qu’on connaît moins. Impossible de ne pas ressentir l’impression de marcher dans les rues d’une ville aux multiples facettes.
C’est dans un de ces quartiers que vous allez évoluer rapidement, Yongen Jaya. C’est ici que se trouve le Leblanc, le café appartenant à votre nouveau tuteur. Si la relation est houleuse au départ, il ne tient qu’à vous de désamorcer un peu la situation par la suite. L’homme vous laisse malgré tout vous installer dans une petite pièce miteuse située à l’étage de son restaurant. Mais pas le temps de vous mettre à l’aise bien longtemps puisque vous devrez bientôt reprendre la route de votre vie étudiante.
Test Persona 5 – Dis, tu veux être mon ami ?
C’est dans la Shujin Academy, votre nouvelle école, que vous ferez vos premiers pas dans l’univers de Persona. Si c’est déjà difficile d’être la nouvelle tête dans un lycée, imaginez quand en plus, vous traînez les casseroles de votre personnage. Les bruits courent que le petit nouveau est un bonhomme violent et peu recommandable.
Malgré tout, vous devrez vous faire votre place dans ce petit monde. L’aspect social de Persona est primordial. Il faudra vous faire des amis dans votre nouvelle ville. Pour ce faire, vous devrez sortir avec vos nouvelles connaissances. Ces sorties prennent la forme de petite scénettes à l’interaction limitée. Votre seul impact sur celles-ci étant vos réponses aux questions posées régulièrement. Si on peut croire que ces scènes n’ont aucun intérêt, il n’en est rien. Chacune de ces scènes est écrite à la perfection et vous permet d’en apprendre plus sur les personnages concernés.
On finit vraiment par se prendre d’affection pour les personnages que l’on rencontre. Il est agréable de constater que chacun a bénéficié d’un travail d’approfondissement et d’écriture. Les personnages sont recherchés et rarement caricaturaux, on se surprend même à finir par apprécier des personnages qui partaient bien pour nous agacer plus qu’autre chose. Il vous faudra par ailleurs parvenir à gérer votre emploi du temps avec un maximum d’efficacité, car ce ne sont pas les activités qui manquent à Tokyo.
Alors, qu’allez-vous préférer ? Prendre un bain aux sources ou sortir avec des amis au restaurant ? Ou peut-être que vous préférerez simplement aller voir un film au cinéma ou lire un bon livre à la maison ? Chacune vous permet d’obtenir des points dans une caractéristique particulière de votre personnage comme le charme ou encore l’intelligence. Vous pourrez également travailler pour gagner de l’argent, qui pourra bien évidemment se rendre utile par la suite.
Parallèlement, vous devrez enquêter sur les phénomènes étranges qui se passent dans Tokyo, ou plutôt dans un monde caché et mystérieux.
Test Persona 5 – Il est le héros que Tokyo mérite, mais pas celui qu’il faut à ses citoyens
Le multiverse, comme on l’appelle dans le jeu, est la face cachée de notre monde. Il représente en fait les pensées refoulées des individus qui peuplent notre univers. Il s’y trouve notamment les Palaces, les lieux qui représentent la psyché malsaine d’un personnage en particulier. Chaque Palace est propre au personnage, dont les désirs particulièrement tordus ont grandi à tel point que la personne en question ne parvient plus à les réprimer dans la vie réelle.
Ces lieux à l’architecture torturée représentent divers sujets, souvent sombres. C’est d’ailleurs un des fers de lance de Persona. Si, certes, les personnages sont des adolescents, les sujets abordés sont on ne peut plus matures. Entre la torture, le harcèlement sexuel, le suicide ou encore la dépression, le soft se montre sans concessions. Malgré la gravité des événements, nos personnages ne se laissent pas abattre et les situations prêtent souvent à rire et à sourire, sans jamais tomber dans le ridicule.
C’est cette maturité qui transpire à chaque instant dans le scénario et qui le rend si savoureux. S’il parait au premier abord nébuleux, en abordant des sujets qui semblent loin de nos personnages, il se découvre progressivement au fil de l’aventure et de vos passages dans les Palaces.
Dans ceux-ci, vous devrez non seulement combattre, mais aussi avancer malgré les pièges ou encore les obstacles qui encombrent ces mondes étranges. Ces obstacles sont d’ailleurs, parfois, des objets réels manifestés directement dans les pensées profondes du personnage dont vous explorez la psyché. Vous devrez alors vous en débarrasser dans le monde réel pour que celui-ci disparaisse dans le monde connexe.
Les Palaces constituent la partie importante de votre exploration. S’ils sont généralement relativement linéaires, il existe toujours quelques endroits cachés à y découvrir. Il est d’ailleurs agréable de constater que ces lieux bénéficient de petites mécaniques propres à chacun pour les différencier encore davantage que par leur simple esthétique. Le second point sur lequel tous diffèrent est bien évidemment les personas qu’on peut y rencontrer et combattre.
Test Persona 5 – Personne ne bouge, ceci est un hold-up !
Si Persona tranche avec une majorité de titres, il y a bien un domaine ou il renoue avec le classique, ses combats. On se retrouve ici avec un tour par tour, a priori quelconque, avec néanmoins quelques nuances qui le dynamise très largement.
La première est le système “d’un de plus” qui arrive lorsque vous frappez la faiblesse d’un adversaire. Vous avez l’opportunité de frapper une fois supplémentaire à chaque fois que vous touchez là où ça fait mal. De la même manière, vous pouvez passer le relais à un allié pour lui passer la main en lui octroyant en plus un bonus de puissance pour ses prochaines attaques. De la sorte, vous pouvez finir les combats les plus faciles en un temps record et organiser vos tours efficacement pour les combats plus ardus. Si elle parait gadget au premier abord cette mécanique représente un vrai plus dans la mesure où vous pouvez enchaîner les attaques affectant les faiblesses de vos adversaires avec un maximum d’efficacité.
Si vous parvenez à faire tomber tous vos ennemis au sol votre équipe se met en position de Hold-up. Par le passé, vous pouviez lancer directement une attaque All Out, où toute votre équipe se lance à l’assaut de l’ennemi. Dorénavant, vous avez la possibilité d’effectuer une telle attaque, mais aussi de lancer la conversation avec l’ennemi pour lui soutirer argent, objets ou encore leurs services. Ce nouveau système participe encore à l’enrichissement global des mécaniques de combat et marque davantage les décisions à prendre, engager le dialogue étant toujours une manœuvre risquée en cas de refus.
Les combats du jeu sont sans concession et vous devriez vous préparer à quelques échecs. Ce qui s’applique à vos adversaires s’applique également à vous. Si vous ou vos petits camarades sont frappés sur leur faiblesse, attendez-vous à mordre la poussière voir même à ce que l’un d’eux soit prit en otage. Dans la même veine en fin de combat, pas question de récupérer des points de vie ou de magie. Ça n’est pas le cas non plus quand vous trouvez une safe room, qui vous permettent de sauvegarder. Les Palaces sont pensés pour être faits en plusieurs fois, inutile d’insister si votre équipe n’est pas en forme.
Si les combats sont difficiles, ils ne semblent jamais frustrants, la défaite provenant le plus souvent d’une erreur de jugement que d’un injustice du jeu. Vos adversaires sont soumis aux mêmes règles que celles qui s’appliquent à vous.
En cas de game over, on appréciera grandement l’option qui vous permet d’accélérer la vitesse des dialogues. Si vous n’êtes pas familier de la série, vous ne pouvez pas savoir à quel point mourir contre un boss était frustrant lorsque vous n’aviez aucun moyen de passer rapidement le dialogue qui précédait le combat. On apprécie la diminution de la frustration liée à la mort quasi-inévitable de votre groupe.
Test Persona 5 – Tu es moi et je suis toi
Ce système de combat repose d’ailleurs en très grande partie sur l’utilisation des personas. Si votre personnage peut utiliser des attaques physiques des attaques à distance grâce à un pistolet, il est avant tout un vaisseau pour ses personas. Grâce à eux, il peut utiliser un panel varié de sorts et se renforcer. Effectivement, il faut prendre en compte non seulement les statistiques de notre personnage, mais aussi, par-dessus, celle du persona dont il est équipé durant le combat.
Chaque persona possédant différentes attaques et statistiques, on comprend rapidement que les possibilités sont immenses pour faire de votre personnage le combattant ultime. Associé au fait que vous pouvez changer de persona une fois par tour, la richesse du système de combat dépasse l’entendement, si tant est que vous parvenez à utiliser efficacement les faiblesses de vos adversaires et le passage de relais.
Mais si les personas sont vos principaux alliés, ce sont aussi vos principaux ennemis. Effectivement, avant qu’ils vous rejoignent, vous devrez souvent les combattre. C’est durant les Hold-up que vous parviendrez généralement au cours d’une courte phase de dialogue. Si le système est sympathique et repose sur la personnalité de l’adversaire que vous avez en face, les réponses sont parfois un peu énigmatiques et il n’est pas toujours évident de savoir trop où l’on va. Malgré tout le système est assez bien pensé avec par exemple des adversaires timides qui n’aimeront pas les réponses ironiques ou un peu rudes, etc.
Si vous parvenez à les convaincre, ils vous rejoindront, sinon ils vous attaquent ou fuient. Mais obtenir des personas peut également se faire via la fusion. Il faut prendre entre 2 et plus persona et les fusionner pour en créer une nouvelle. Cette fusion est un outil puissant qui vous permet d’utiliser la force de vos relations pour donner des niveaux supplémentaires aux créatures fraîchement créées. Le système est particulièrement simple d’accès sans pour autant sacrifier la richesse puisque ce sont plus d’une centaine de créatures que vous pourrez recruter durant votre partie.
Test Persona 5 – L’esthétique d’un tableau
Non content de proposer un gameplay léché, une histoire mystérieuse et finement écrite et des personnages hauts en couleur, Persona s’offre en plus le loisir d’être magnifique. Je ne parle pas ici de la beauté technique d’un Battlefield, mais davantage de la beauté délicate d’un Van Gogh. Oui, on en est à ce point.
Il est difficile de faire plus créatif en terme de design que ce qu’Atlus est parvenu à faire avec son soft. Le jeu est un hommage vivant et vibrant aux animes et aux comics en proposant en plus une bande son groovy jazz qui colle parfaitement à l’ambiance. La thématique du voleur est utilisée avec goût et fait mouche dans la thématique métaphorique de la série. Le jeu propose d’ailleurs régulièrement des cinématiques dignes d’anime qui renforcent et subliment encore plus l’esthétique du jeu.
Pour ne rien gâcher, les menus sont superbes. Il ne me semble pas avoir déjà vu des menus qui vaillent vraiment la peine qu’on en parle, excepté ceux dont la navigation donneraient envie de vomir aux ergonomes. Ici tout est fluide et clair en jouant en plus sur un aspect comics parfaitement réussit. Tout dans Persona est stylisé de la sorte, des fenêtres de dialogues aux déplacements des personnages. Si les textures font finalement pâles figure face au reste, il est impossible de s’arrêter uniquement sur ce fait sans considérer l’ensemble esthétique du titre.
Malgré tout, on regrettera la décision de Atlus de n’avoir trouvé, pour empêcher le spoil, que la très mauvaise idée de bloquer la fonction “share” native de la PS4. Les joueurs ne peuvent ni partager de vidéo, ni prendre de screenshots s’il n’est pas en possession d’un boîtier d’acquisition. Si la démarche est étrange, elle empêche en plus le jeu d’être partagé par les joueurs, bien que cette dernière soit en train de faire une sorte de mauvais buzz. Espérons qu’Atlus reviendra sur sa décision d’ici peu.
► Points forts
- La narration aux petits oignons
- L’odeur du Japon, le goût de Tokyo
- Une esthétique magnifique et innovante
- Plusieurs centaines de Persona
- La musique groovy-jazz
- Une ambiance comme peu savent en faire
- Des dialogues savoureux en veux-tu en voilà
- La richesse des personnages et des relations
- Les combats difficiles mais jamais frustrants
- Une durée de vie ultra solide
- Les menus beaucoup trop classes
- Quelques petites surprises qui font plaisir
- Plusieurs fins
- La mécanique en ligne, discrète mais utile
►Points faibles
- Départ un peu lent
- En anglais uniquement
- Pourquoi vouloir à tout prix bloquer la fonction share ?
- Vous aimiez vraiment votre vie sociale ?
Le meilleur RPG japonais de la PS4, osera-t-on dire, le meilleur jeu de l’année ?
Persona 5 est sorti sur PS4 et PS3 en version anglaise sous-titrée anglais uniquement.
Une pépite !
Je ne connais pas du tout merci pour ce test qui m fais découvrir la saga.
merci pour ce test,encore un top.dommage qu’il soit en anglais