Après avoir fait tourner les têtes de ses visiteurs dans Planet Coaster, Frontier réitère avec un spin-off qui tombe sous le sens : Planet Zoo.
Zoophilie
Ah, les jeux de gestion. Véritable passion chronophage pour ceux qui éprouvent de l’amour pour le travail bien fait, Frontier Developments en a fait son fer de lance dans les années 2000 avec Roller Coaster Tycoon et Zoo Tycoon. Le genre semble revenir en force ces dernières années et le studio britannique avait signé un retour triomphant avec son Planet Coaster et son sand-box de l’infini. L’idée de Planet Zoo est alors une évidence.
Le studio britannique avait signé un retour triomphant avec Planet Coaster et son sand-box de l’infini. L’idée de Planet Zoo est alors une évidence.
Seulement, nous sommes en 2019. Les réflexions sur la cause animale ont bien évolué et les zoos sont de plus en plus vus comme des prisons à la gloire du spécisme. Difficile de ne pas recevoir de critique quand il est question de se faire de la thune sur le dos de visiteurs qui viennent admirer des êtres vivants coincés dans des cages. J’hyperbole, mais vous voyez l’idée.
Dans Planet Zoo, le bien être des animaux est alors aussi important que l’état de vos finances, bien que ce second paramètre sera souvent utilisé pour améliorer le premier. Même si on s’amuse à concevoir son propre zoo selon nos envies propres, le titre fait bien comprendre qu’une bonne optimisation n’est pas toujours celle qu’on croit, et c’est tant mieux.
Golden Cobra
Les personnes qui ont touché à Planet Coaster ne seront pas dépaysées : le gros de l’interface et le même, les outils s’utilisent de la même façon et les possibilités sont infinies. C’est une très grosse force, comme un problème potentiel.
Les personnes qui ont touché à Planet Coaster ne seront pas dépaysées.
J’avais pas mal testouillé Planet Coaster à l’époque de sa sortie, mais mes indicateurs d’angoisse crevaient le plafond à chaque fois que je lançais une partie. L’interface est toujours aussi intimidante et on a du mal à savoir où donner de la tête. Malgré quelques premières missions didactiques qui enseignent les bases de façon agréable, le joueur est très vite lâché dans la nature (mdr) avec son diplôme d’architecte de zoo fraîchement en poche. Les notions nécessaires pour jouer de manière fluide et se rendre compte du potentiel du bordel ne sont jamais réellement abordées, et c’est vraiment dommage.
Le moindre bâtiment peut être construit de A à Z, du mur porteur aux plantes décoratives en passant par les gouttières. Tous ces aspects sont purement cosmétiques, mais en se contentant des bâtiments préconstruits, on a l’impression de passer à côté d’une grosse partie du jeu. Le joueur est limite “trop libre” dans ses créations. J’ai souvent eu l’impression d’être en train de passer un test accéléré pour devenir level designer tellement les outils sont profonds. Cependant, sans ça, Planet Coaster et Planet Zoo n’auraient pas du tout les mêmes ambitions.
L’interface est toujours aussi intimidante et on a du mal à savoir où donner de la tête.
Le vrai souci que j’ai avec ça, c’est que la conception du moindre enclos (ce qui relève pourtant entièrement du gameplay) peut prendre énormément de temps avant d’arriver à un résultat convaincant. Les options disponibles sont assez folles et absolument rien n’est laissé au hasard.
En ayant un contrôle total sur le moindre centimètre carré de terrain et le positionnement d’une corbeille à papier au poil de fesses de Mandrill, certaines compositions relèvent parfois de l’œuvre d’art, et les plus chevronnés auront droit à un sentiment de satisfaction sans commune mesure ( quand on ne galère pas trop avec certains outils. Foutues allées).
Certaines compositions relèvent parfois de l’œuvre d’art.
Tout de même, quelques bémols dans la conception du zoo subsistent, notamment sur le système de gestion de l’eau et de l’électricité qui sont finalement assez contraignantes. Un câble électrique ou une canalisation, ça se tire, vous savez ?
En tout cas, le moteur a toujours autant de gueule et se révèle être assez précis dans ses simulations. Il est toujours possible de manipuler le terrain de façon très précise et de se prendre pour Dieu l’espace d’un instant. Si on a déjà joué à Planet Coaster, pas grand-chose de neuf sous le soleil (en dehors du jeu de lumière habituel), mais les vraies stars de Planet Zoo, ce sont bien sûr les animaux.
L’Arche de David
N’allons pas par quatre chemins : les animaux jouissent d’un soin de réalisation exceptionnel. Si les humains ont toujours la même tête d’ahuri, Frontier Developements a opté pour une modélisation quasi-photoréaliste avec un panel d’animations varié et crédible pour les bestioles. Jurassic World Evolution aura finalement servi à quelque chose.
N’allons pas par quatre chemins : les animaux jouissent d’un soin de réalisation exceptionnel.
Admirer deux louveteaux chahuter, un lion ronfler, un lémur escalader un obstacle ou une girafe étendre son cou pour atteindre des feuilles d’arbre, c’est vraiment une expérience à part. On se prend d’affection très rapidement pour ses animaux et on ne souhaite que leur bien. Pour que l’animal se sente à l’aise, son enclos devra respecter des règles strictes, de sa taille, au type de végétation jusqu’à la température ambiante à réguler avec de l’équipement spécialisé.
Évidemment, les normes de sécurité sont aussi importantes et seront différentes à chaque animal. Un tigre qui se balade parmi la foule, ça fait un peu désordre. Là où la simulation devient vraiment puissante, c’est que les animaux arrivent souvent à réagir de façon très naturelle à leur environnement. Le moindre élément du décor peut devenir un abri face à la pluie et un singe peut grimper sur tout et n’importe quoi tout en restant un minimum vraisemblable.
Les animaux arrivent souvent à réagir de façon très naturelle à leur environnement.
Là où Planet Zoo est quand même un meilleur jeu de gestion que Planet Coaster, c’est que le titre joue sur le caractère imprévisible des animaux qui requièrent une attention de tous les instants. Ils peuvent tomber malades, se battre entre eux pour une question de territoire ou bien attendre des petits. Il faut s’assurer que le personnel pourra intervenir dans des délais raisonnables ou L214 risque de prendre d’assaut les allées de votre zoo, ce qui fera fuir les visiteurs (et vous fera perdre de l’argent).
La recherche devient donc un élément important du titre où vos vétérinaires apprendront à mieux subvenir aux besoins des animaux, en inventant par exemple des optimisations d’alimentation (des manières ludiques de nourrir les animaux) ou bien des jouets pour que les bêtes ne s’ennuient pas trop entre quatre clôtures. Bien sûr, la recherche de vaccins pour prévenir contre certaines (vraies) maladies est également primordiale.
La recherche devient donc un élément important. La recherche de vaccins pour prévenir contre certaines maladies est également primordiale.
D’une certaine façon, les visiteurs aussi devront être bichonnés. Soyez sûr de subvenir à leurs besoins en commodités (rafraîchissements, toilettes, souvenirs, etc) et de leur fournir une éducation relative aux animaux via des panneaux d’information. Plus vos visiteurs en sauront davantage sur les animaux qu’ils sont en train d’admirer, plus ils seront enclins à donner des sous pour la préservation de l’espèce, parce que c’est surtout ça le propos de Planet Zoo.
“Ce jeu essaie de m’apprendre des choses ! Aaaah ! “
Planet Zoo ne veut pas que vous gardiez des animaux derrière des barreaux ad vitam aeternam. Frontier Developments s’est fixé pour objectif d’utiliser l’aspect gestion de son jeu afin de faire comprendre au joueur ce qu’il implique d’avoir de réels êtres vivants entre les mains.
Quand il doit répondre aux besoins d’un animal, le titre invite le joueur à ouvrir la Zoopédie pour en apprendre plus sur l’espèce : sa provenance géographique et son climat préféré, la taille moyenne d’un groupe en individus, son cycle de reproduction, le danger d’extinction, etc. On galère parfois à trouver l’info que l’on souhaite et il faudra souvent farfouiller dans une interface avec énormément de fenêtres et d’onglets différents, mais on finit par s’y habituer, même si pas mal d’allers-retours à la souris sont à prévoir.
Le niveau de danger de l’espèce n’est pas une information anodine, car Planet Zoo récompensera le joueur qui tentera de la faire se reproduire. Si votre parc est bien entretenu et vos animaux heureux, les autorités vous octroieront des crédits de conservation qui permettront de recueillir de meilleurs spécimens. En évaluant leur patrimoine génétique, augmentez les chances de reproduction et, une fois adulte, relâchez les rejetons dans la nature pour une réintroduction et participer à la pérennisation de l’espèce.
Quand tous les compteurs sont au vert et que le mercato des animaux opère, on a une vraie satisfaction du travail bien fait, de voir la machine tourner et d’avoir le sentiment de faire quelque chose de bien. Peu de jeux peuvent s’enorgueillir de pouvoir proposer une expérience poussée, riche, amusante et réellement pédagogique. C’est un peu le simulateur de rond-point de Cities: Skylines, mais avec la vie d’animaux en danger.
En matière d’expériences de jeu, chacun peut y trouver largement son compte. Si vous préférez un contexte et des objectifs bien précis à accomplir, saupoudrés de modificateurs de gameplay intéressant et de terrains créés à la main, le mode Scénario est là pour ça, et il est bien plus intéressant que celui de Planet Coaster. Si vous voulez profitez à fond des capacités de création du moteur, optez plutôt le mode Bac-à-sable.
Intervient alors le mode Franchise qui offre le challenge de développer ses zoos aux quatre coins de la planète et de les optimiser jusqu’au bout, sans pour autant s’encombrer d’objectifs particuliers. Le mode Franchise possède même quelques fonctionnalités connectées, avec la possibilité de s’échanger des animaux entre joueurs contre des crédits de conservation. Bon, c’est souvent un peu cassé, car les prix sont très bas, ce qui permet d’avoir d’excellents spécimens pour pas cher, mais l’idée en elle-même reste… bonne ? Je ne saurais trop dire. À vous de trouver l’expérience qui vous convient le mieux.
“Dans 20, 30 ans, il y en aura plus”
Planet Zoo hérite de la puissance phénoménale du moteur de Planet Coaster tout en devenant un bien meilleur jeu de gestion, puisqu’il y a réellement des trucs à gérer (des animaux, dans le cas où vous n’auriez pas compris) avec leur lot de joies et de peines. Par son côté pédagogique, on se sent investi et attaché à ces petites bêtes, et on se décarcasse pour leur offrir une vie aussi douce que possible. De l’autre côté, on n’oublie pas des visiteurs qui ne demandent qu’à passer un bon moment et à s’instruire afin de comprendre ce que la 6e extinction de masses de l’histoire de notre planète implique. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte et chaque heure de jeu propose une nouvelle problématique à résoudre. De ce fait, on ne s’ennuie jamais, surtout quand on sature son disque dur de screenshots. Si, en plus, vous avez la fibre créatrice et que vous n’avez pas peur de vous salir les mains dans sa partie conception, vous risquez de perdre quelques centaines d’heures dans l’optique de créer le cadre de vie parfait.
► Points forts
- De nombreux animaux, plus vrais que nature
- Un sous-texte écologiste correctement transmis
- Un potentiel créatif infini
- Un aspect gestion mieux maîtrisé que son cousin
- En mode relax ou sérieux, chacun son kiff
- Le Workshop fait déjà des merveilles
► Points faibles
- L’aspect créatif met trop souvent de côté l’aspect ludique
- Les aspects avancés auraient mérité leur propre tutoriel
- Impossible de faire une recherche sur un animal avant son arrivée au Zoo
- Parfois galère de créer des choses a priori simples
Nature & découvertes
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080 Ti
- CPU : Intel Core i9-9900k
- RAM : 32 Go DDR4
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse PC fournie par l’éditeur de ce jeu.
Planet Zoo est disponible sur PC.