Il est clair que les choses démarraient pourtant mal pour Rainbow Six Siege. Si à l’origine, l’annonce du jeu et, par la suite, la diffusion de ses premières séquences de gameplay avaient su enthousiasmer les joueurs et créer l’émoi parmi les fans de FPS tactique pur et dur à tendance réaliste, les phases successives d’alpha et de bêta laissaient présager un sombre destin pour le retour de la célèbre licence toujours aux mains d’Ubisoft. La dernière période de bêta en date, pas plus tard qu’il y a un peu plus d’une semaine, proposait un matchmaking que l’on peut qualifier poliment de “complètement foireux”. Qu’en est-il aujourd’hui à l’heure de la sortie? Rainbow Six Siege tient-il toutes les promesses mirobolantes qu’il a agité au nez de la communauté vidéoludique? Verdict dans le test de War Legend.
Le temps des héros
C’est à la mode depuis quelques années et les Dota 2 et autres League of Legends n’y sont certainement pas pour rien avec leurs héros aux pouvoirs bien définis: des “champions”, si tant est qu’on peut les appeler comme ça sans les faire passer pour des cons, que l’on appelera ici plutôt des opérateurs, sont à l’honneur dans Rainbow Six Siege. A cet égard, on peut également mentionner Overwatch ou même Call of Duty : Black Ops III avec ses spécialistes. Qu’est-ce qu’un opérateur? Et bien au lieu d’avoir un illustre inconnu que vous pilotez à votre guise et envoyez au combat, vous avez un personnage particulier avec son skin, ses compétences, son équipement et son nom. En cela, Rainbow Six Siege s’inscrit parfaitement dans la continuité de la licence – ah qu’il est loin le jour où je faisais souffrir Chavez sur le premier volet. Plusieurs nationalités sont à l’honneur et vous proposent de choisir parmi l’élite mondiale (SAS, FBI SWAT, GIGN, GS 9, Spetsnaz; toi aussi, révise ta géographie des polices d’élites avec War Legend) avec à chaque fois deux défenseurs et deux attaquants disponibles. Cela peut vous paraître un peu léger mais cela nous fait au final 20 opérateurs, ce qui est déjà plutôt solide mais en plus de ça, Ubisoft se propose d’ajouter des DLC gratuits régulièrement pendant un an et ceux-ci contiennent notamment de nouveaux opérateurs, au nombre de huit (mais aussi quatre nouvelles maps, des nouvelles armes principales, des nouveaux modes de jeux et tout et tout).
Ce système est très bien pensé puisque chaque opérateur est bien distinct des autres et son équipement va avec. Ainsi, Sledge, opérateur britannique, dispose d’une énorme masse qui détruit les barricades en un coup; alors que Kapkan, des Spetsnaz, peut poser des pièges explosifs qui se déclenche quand un ami passe le laser fatidique. Globalement, on se retrouve avec une véritable petite armée de gros bras qui peuvent défourailler tout ce qui passe mais, et j’insiste car c’est primordial pour un tel jeu: tous se valent. Il n’y a pas un personnage qui est particulièrement plus fort que les autres. On sent qu’Ubisoft a travaillé l’équilibrage en profondeur et ça se ressent. Choisissez donc votre opérateur en toute quiétude en fonction de votre personnalité et ce qui vous fait plaisir, mais faites-le consciencieusement, car chaque premier opérateur d’une faction vous coûtera 500 bidules de la monnaie du jeu, le coût augmentant de 500 chaque fois que vous achetez un nouvel opérateur de la même police d’élite. Sachez toutefois qu’un attaquant ne peut servir qu’en phase d’attaquer (exemples: désamorcer une bombe, libérer un otage…) et inversement pour les défenseurs (protéger les objectifs précités). Ca peut paraître con, mais croyez-moi, ça vaut le coup d’être précisé. Bien, maintenant que c’est clair, let’s rock comme dirait ce bon vieux Duke Nukem qui, lui, n’avait rien de tactique.
“Je mets les pieds où je veux, et c’est souvent dans la gueule”
Ce qui fait la grand force de Rainbow Six Siege en premier lieu, et ça avait d’ailleurs beaucoup impressionné les joueurs lors de son annonce, c’est son grand réalisme mêlé à la forte destructibilité des décors. Tout ceci contribue à créer une atmosphère tactique à la fois exigeante et extrêmement stratégique. Ayez bien conscience que les bruits de pas sont par exemple primordiaux et que l’information, c’est le pouvoir. Savoir où se situent les ennemis est un avantage considérable que vous pouvez faire valoir grâce à vos caméras où à la communication avec vos alliés. Ubisoft a d’ailleurs eu la bonne idée de proposer la possibilité de discuter en direct et sans avoir de touche à presser avec toute son équipe. Bon, c’est un peu moins glorieux quand c’est Jean-René dont la femme regarde les Feux de l’Amour à côté mais dans les trois-quarts des cas, c’est utile. Autre chose: vous allez mourir très vite sous les balles ennemies. Moi qui ne me servait jamais de la touche “se pencher sur le côté” dans mes autres jeux, je peux vous dire que je m’y suis mis et que même avec ça, je me prends de belles roustes. Si vous détestez la camp, passez votre chemin, ici il n’y a pas de pleurnicherie qui tienne. Vous avez un job à faire, comme chacun présent dans la partie, et ce qui compte avant tout, c’est de le faire et de le faire bien, et bien souvent la camp est le meilleur moyen d’y arriver, ce qui est encore une fois assez réaliste. Les armes se valent et offrent un bon feeling.
La première phase de repérage dans une partie est primordiale: elle permet de trouver l’objectif et de repérer les défenses ennemies ainsi que, éventuellement, les positions de vos adversaires (bon, faut espérer qu’ils ne bougent pas trop après dans le cas où ils grillent votre caméra). Une fois cela fait, vous vous dirigerez vers le bâtiment renfermant votre objectifs ainsi que les méchants. On ne va pas se mentir: Rainbow Six Siege est avant tout jouissif en équipe avec des potes. Préparez vos stratégies, définissez vos rôles, vos points d’entrée, communiquez massivement… Ca ne vous empêchera pas de vous éclater en solo, mais vous passerez à côté d’un énorme pan de fun et de stratégie. Dans tous les cas, vous allez vous éclater si vous aimez les jeux tactiques réalistes car celui-ci s’impose clairement comme une référence. Depuis le moment où vous faites sauter un mur sur lequel vous êtes en rappel jusqu’à celui où vous trouvez votre objectif et neutralisez vos adversaires, en passant par l’instant, digne d’un film, où vous sautez à travers une fenêtre depuis une position de rappel.
La destructibilité est également un argument très fort. Ne prenez aucune couverture pour aquise puisqu’une grande partie du décor est destructible, et pas qu’avec des explosifs. Une arme, ça fait des dégâts, et en l’occurence, ça peut faire de gros trous dans les murs. N’hésitez pas à en profiter pour percer un champ de vision dans une cloison et éventuellement vous en servir pour dégommer quelques malotrus. Vous l’aurez compris, avec cette donnée en plus, le stress monte à son maximum dans une partie de Rainbow Six Siege. Le plus souvent, il y aura des étages et cela complique encore les choses, puisqu’il est possible de placer une charge explosive au sol et donc de créer une ouverture dans le plafond… Faites attention à vos fesses!
Une réalisation au top
S’il est vrai que les graphismes sont à mon goût moins intéressants que ce qu’Ubisoft avait teasé, ils sont tout-à-fait corrects et font parfaitement le job. Le moteur physique du jeu est très bien et la gestion physique en elle-même est assez incroyable. Les destructions sont incroyables de réalisme et forcent le respect tout en accentuant l’immersion déjà poussée du joueur. Les sons sont quant à eux très bien maîtrisés, les armes sonnant très réalistes et les explosions oppressantes. Mention spéciale à la localisation du son qui est très bien faite également, tant du point de vue des bruits en eux-mêmes que de leur spatialisation. Les volutes de fumées sont épaisses et ne laissent pas le regard soupçonner quoi que ce soit au travers, appuyant encore plus en avant l’aspect tactique. Par exemple, il peut être tout-à-fait avantageux d’installer une charge sur une barricade, jeter une grenade flash sous celle-ci, attendre un peu et faire sauter la barricade pour entrer en trombe que la flash explose et que les adversaires sont complètement aveugles. Les stratégies sont de toute façon multiples et c’est à vous de faire votre cuisine.
Les opérateurs ont tous de la gueule et envoient le pâté. Je le redis: non les graphismes ne sont pas oufissimes, mais en l’occurence il sont très corrects. La mise en scène des combats en elle-même est ce qui rend Rainbow Six Siege si jouissif. Car cette mise en scène est faite par les joueurs mais rendue possible par tout ce qu’Ubisoft met à leur disposition. Quelle bonne idée, au passage, que chaque opérateur ne soit sélectionnable que par une personne. Cela permet d’éviter des situations totalement déséquilibrées et permet de mettre en valeur le travail réalisé par le studio de façon à avoir des parties agréables et envisageables pour tout le monde.
Il sera important dans les temps à venir de pouvoir évaluer l’impact des micro-transactions sur le jeu car il est vrai qu’il est possible d’acheter des boosters afin de débloquer du contenu plus rapidement et notamment des accessoires pour des armes. On voit clairement ou se situe le problème à ce moment-là: ceux qui ont un plus gros portefeuille peuvent potentiellement se retrouver à être les joueurs qui s’en sortent le mieux. Ubisoft assure que tout a été parfaitement calibré de ce côté-là mais il faut avouer qu’avec eux, en ce qui concerne tout ce qui a trait au pognon, j’ai appris à me méfier…
Rainbow Six Siege: meilleur FPS tactique.
Beaucoup comparent ce nouvel opus à un Counter-Strike qui reviendrait aux sources. Il est vrai que certains aspects y font fortement penser et on ne peut pas s’en plaindre: il n’est plus à l’heure actuelle de FPS tactique digne de ce nom mettant l’accent sur le réalisme et le skill sur fond de gameplay ultra équilibré. N’en déplaise, un certain niveau est requis pour vraiment profiter de Rainbow Six Siege mais c’est comme tout: ça se travaille et ça s’aquiert. La réalisation du jeu est aux petits oignons, le feeling des armes et tout bonnement top avec des bruitages très bien réalisés. Les explosions et la destructibilité ne sont quant à eux pas en reste puisqu’ils constituent un des atouts majeurs de ce titre, permettant de créer de nouvelles voies et de nouvelles options d’approche et engendrant une situation de stress permanent. Et puis… quel kiff de revoir Rainbow Six sur les planches!
[Points Positifs]
- 20 opérateurs, tous uniques
- Un jeu équilibré
- La destructibilité génialissime
- La tactique et le jeu en équipe au centre des préoccupations
- Des cartes inspirées
- Un bon feeling des armes
- Réalisation sonore et graphique très sympa
[Points Négatifs]
- Si on peut considérer ça comme négatif: skill required
- Le contenu ne demande qu’à être étoffé, mais les DLC gratuits arrivent et ils contiennent GROS
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