Test ROCCAT Skeltr – Un clavier Cyberpunk
La guerre des consoles, c’est bien. La guerre des périphériques Gaming, c’est mieux. Pendant que les uns essaient de nous vendre des consoles HD qui n’en sont toujours pas, d’autres tentent de nous refourguer la meilleure façon de jouer sur nos belles machines de guerre. Et alors tous les arguments de ventes y passent, et le plus souvent, les moins attendus.
Un design tout droit sorti de 2077
Le ROCCAT Skeltr est donc le nouveau clavier haut de gamme de la marque au fauve. Si la bête se vend aux alentours de 180 € tout de même, on est en droit de s’attendre à ce qu’il y a de mieux pour nos battlestations. Au premier abord, la finition est au poil avec un moulage solide et un plastique sablé agréable au toucher, on pense que la qualité de fabrication est au rendez-vous et que le prix est justifié. Le design a un look solide avec un brin d’agressivité qui n’est pas pour me déplaire. Les LEDs RGB sont plutôt précises manquant un brin de pêche, mais sont visibles en toute circonstance, ce qui est très bien. Cependant, niveau connectique, on reste sur du classique avec deux fiches jack pour casque et micro ainsi qu’une prise USB externe. Plus, une petite prise Jack déportée dont on verra l’utilisation plus tard.
On se rend vite compte que les touches low-profil sont des membranes bien à l’ancienne, alors qu’on pouvait s’attendre aux meilleures touches mécaniques du marché. Si vous êtes déjà habitué aux claviers mécaniques comme moi, ce saut en arrière (selon les goûts) devient alors très étrange, d’autant plus qu’on pourrait penser que les touches sont un peu petites. Les fautes de frappe seront courantes lors des premières utilisations. Une fois ce cap franchi, on trouve finalement le clavier assez confortable. Surtout quand on fini par trouver le repose poignet bien caché dans les cartons de la boîte (que j’ai failli jeter avant de me rendre compte qu’il manquait quelque chose). On rajoutera les classiques touches de macro sur la partie gauche du clavier et trois touches sous la barre espace plutôt appréciées, mais trop courtes et trop dures.
Une fois passée la première mise en main, on essaie de voir l’offre unique que peut nous proposer ROCCAT avec son Skeltr (qui a un nom imprononçable d’ailleurs). Si on fait attention à la pub autour du clavier, le principal argument de vente est de pouvoir coupler son Smarphone ou sa tablette avec le soft de ROCCAT. Cela nous rappelle la bonne époque où Logitech voulait nous vendre des claviers avec des écrans LCD intégrés qui servaient finalement à rien. Pour le coup, à vous de choisir le prix de l’écran puisque c’est votre téléphone qui en fait l’office… mais la question de l’utilité se pose toujours. Grâce à un réceptacle au sommet du clavier, libre à vous de positionner votre appareil d’appoint comme vous le voudrez, à la verticale comme à l’horizontale.
Une fois son joujou en place, il faut avouer que ça a de la gueule. La prise USB et la prise Jack sont d’ailleurs tout destinées à l’accueil de notre smartphone, puisqu’un petit câble fourni ira vite se loger dans la prise micro USB. Avec déjà deux câbles à brancher entre le clavier et l’appareil, ça commence à être le festival du câble. Mais j’ai un autre souci, puisque avec mon Galaxy S7, il est impossible de brancher les deux en même temps, car le coude du micro USB empiète sur la prise jack, qui devient alors inaccessible. Il faudra donc utiliser une fiche droite classique que l’on dégotera nous-mêmes…
“Votre compétence de Hacking n’est pas assez élevée”
Une fois qu’on a branché tout ça, il faut s’intéresser aux drivers, et là… ça commence à devenir un peu n’importe quoi. Si les fonctions de paramétrage sont efficaces avec un gestionnaire de macro puissant et un système de personnalisation correct, il vous faudra installer deux logiciels pour profiter du plein potentiel du clavier (et un troisième si vous voulez qu’un jeu compatible interagisse avec les lumières RGB ou avec d’autres périphériques ROCCAT).
Le ROCCAT Swarm est le logiciel driver de base : c’est lui qui vous permet de changer les profils et vos paramètres, et de connecter votre terminal Smartphone ou tablette via votre réseau Wi-Fi. Une fois l’appareil connecté, son application pourra afficher des informations relatives de votre PC comme la charge CPU ou la température, de contrôler les fonctions basiques de Windows et de directement changer les paramètres de Swarm. Le problème est le fait que Swarm, aussi bien le driver que l’application mobile, est aussi puissant qu’il n’est pas ergonomique. On se cherche très souvent dans la pléthore d’options et on part souvent découragé du fait qu’on ait pas trouvé le paramètre que l’on cherchait. Mais bon, une fois que ça marche, ça fait l’affaire. Bémol dans mon expérience personnelle, il y a une latence souvent gênante dans les fonctions windows qui mettent parfois quelques secondes à fonctionner après pression sur la touche (quand l’instruction est bien arrivée, ce qui n’est pas toujours le cas).
Nonobstant (=mais), à mon sens, le principal argument de ROCCAT est le deuxième logiciel qui fonctionne en parallèle : PowerGrid. D’ailleurs, PowerGrid ne nécessite pas d’avoir un périphérique ROCCAT pour fonctionner, testez-le donc vous-même. PowerGrid permet d’avoir une foule de raccourcis affichés sur l’écran de votre terminal avec un profil propre à chaque jeu. Vous pouvez télécharger sur le store des profils officiels plus ou moins complets ou d’autres créés par les utilisateurs pour certains jeux qui ne seraient pas officiellement supportés. Si certains profils sont pratiques comme celui de Teamspeak qui vous permettra d’afficher directement les utilisateurs et l’activité du salon sur lequel vous êtes, généralement, on se contentera de boutons qui feront offices de raccourcis avec de beaux designs (et encore, ça dépend si le profil est travaillé). Extrêmement puissant et complet, il faudra en revanche s’accrocher pour exploiter à fond vous-même l’éditeur de profils à cause, encore une fois, d’une interface trop peu ergonomique. Autre curiosité, PowerGrid lance un deuxième service indépendant de Swarm, ce qui castera alors deux serveurs sur votre seul réseau.
Dernier argument, le clavier offre la possibilité de contrôler directement votre téléphone pour vous aider à gérer vos sessions de jeu en gardant un lien avec le monde extérieur. Connectez le Stalkr en Bluetooth avec votre Smartphone et vous pourrez taper directement sur votre clavier pour dire à votre copine entre deux rounds de CS par SMS que vous n’êtes pas disponible. Si elle est en colère et demande des explications en vous appelant directement, vous pourrez tout aussi directement lui répondre “Сука Блять” à l’aide de votre casque audio via une touche dédiée ; d’où l’intérêt de le brancher en Jack, comme dit plus haut. C’est une fonction plutôt maligne qu’on s’amuse à utiliser, mais sans plus.
“Allo ? Mr. Robot ? J’ai besoin d’un ou deux tuyaux.”
Pour synthétiser deux semaines d’utilisation, je dois avouer que je suis assez circonspect. Le clavier est une souffrance à utiliser à son plein potentiel. Je rappelle qu’il faut installer plusieurs logiciels pour tout faire fonctionner (d’ailleurs PowerGrid fait en majorité les mêmes choses que Swarm). Il faut installer deux applications différentes sur votre terminal, et il faut trois types de connectiques pour ne serait-ce l’associer ! Le Wi-fi pour PowerGrid et Swarm, le Bluetooth et le Jackl pour les fonctions téléphone et clavier, et le micro USB pour le brancher au PC. Quand je dis que c’est un clavier Cyberpunk, c’est pas uniquement grâce à son design sympa, c’est vraiment parce que c’est une véritable usine à gaz qui part dans tous les sens et qui donne une sensation d’hyper connectivité inutile. Deux câbles, deux connexions sans fils et trois logiciels, ça paraît pas un peu gros quand même ? Une seule connexion USB n’aurait pas suffi ? Je pense que c’est une question de limitation technique et de ressources au niveau développement logiciel et application. Mais quand même, c’est tout sauf user friendly. Autre chose contre intuitive, Power Grid ne fonctionne qu’en mode vertical, ce qui n’est pas du tout ergonomique. Utiliser une tablette en devient compliqué parce que sur PowerGrid, étant alors à la verticale, ma shield parasitait alors mon champ de vision, empiétant alors sur mon écran de bureau… Il faudra ruser avec des profils bricolés avec des boutons à l’horizontal pour espérer utiliser l’appli comme on l’entend. Cela gâche aussi un peu tout l’espace disponible du réceptacle du clavier.
Quand bien même cela marcherait parfaitement, il y a de gros soucis. Premièrement, la fonction téléphone est rigolote, mais elle est limitée du fait que vous devez avoir un casque jack et non un casque USB comme moi… Autre problème, j’ai réussi à associer Swarm un instant, mais je suis depuis incapable de le réassocier avec mon téléphone (par ailleurs, du peu que je l’avais utlisé, les informations de mon PC ne s’affichaient pas). J’avais testé et apprécié à l’époque PowerGrid, qui m’avait été très utile et agréable lors de mes longues parties d’Elite: Dangerous, pour ne citer que lui, mais depuis le début de mon test, je n’ai pas réussi à le refaire fonctionner sur mon PC, étant introuvable sur le réseau. Ce test m’a d’ailleurs été très douloureux à réaliser puisque l’application PowerGrid m’a flingué mon téléphone à force de tester la connexion de manière désespérée, me forçant à appliquer une remise à zéro usine. En dépit de cela, j’ai besoin de rebooter ma machine de temps en temps pour refaire fonctionner Swarm, sinon l’application perds la connexion.
Je suis dans le Turfu, et j’y comprends que dalle
Le ROCCAT Skeltr me laisse perplexe. On a affaire à un clavier haut de gamme qui est censé se démarquer du marché avec des fonctions inédites, mais il sera destiné à une niche d’utilisateurs qui savent exactement ce qu’ils veulent, et encore. Le Skeltr est bien trop cher, très laborieux à mettre en place et souvent trop peu ergonomique pour une utilisation quotidienne. C’est dommage, car, lorsque ça marche ou quand on arrive à trouver un intérêt à telle ou telle fonction, on est face à un périphérique puissant qui ne se contente pas d’être un simple clavier. Si vous êtes déjà habitué aux produits ROCCAT et familier avec l’utilisation de Swarm et de PowerGrid, ce clavier est peut-être une option d’achat solide et complète. Autrement, il est difficile de le conseiller à côté d’un Razer Blackwidow ou d’un Corsair K70, ne serait-ce que pour l’absence de touches mécaniques qui sont des valeurs sûres dans cette gamme de prix. Pour rester chez ROCCAT, je ne peux que suggérer le Suora qui fait le café pour deux fois moins cher.
► Points forts
- Design à la fois sobre et puissant.
- LEDs RGB de qualité.
- Incorporation d’une tablette ou d’un Smartphone.
- Fonctions téléphone pratiques.
- Outils de personnalisation puissants.
- PowerGrid utile, si on s’accroche.
► Points faibles
- Beaucoup trop cher.
- Touches à membranes dans cette gamme ? Sérieux ?
- Très laborieux à mettre en place (Wifi + Bluetooth + USB + Jack).
- Trop de connectiques à gérer.
- Trop de logiciels à gérer.
- Fonction téléphone incompatible avec casque USB.
- Trop peu de jeux gérés intégralement
- Applications et logiciels parfois bugués.
- Réceptacle téléphone pas assez large (peu pratique avec une coque de téléphone).
Ce test a été réalisé sur un matériel fourni par le constructeur.
Vous pouvez vous procurer le ROCCAT Skelter dès maintenant à la FNAC.
Ty pour le test. Effectivement pour le prix on pouvait s’attendre à mieux, notamment à des touches mécaniques !
Merci pour ce test,qui est tout de même assez décevant vu le prix de la bête. Dommage
Pour un tel prix,je ne conçois pas une note inférieur à 17 et encore.