Test Shiness : The Lightning Kingdom – Le RPG japonais à la française vaut-il le coup ?
Shiness : The Lightning Kingdom avait su attirer le regard des joueurs lors de son annonce, grâce à un univers enchanteur coloré et à un système de combat original. Trois ans après la campagne de financement sur Kickstarter et grâce à l’aide de Focus Home Interactive, Enigami, le studio en charge du projet, sort enfin son bébé. Jeu de rôle français dans un pur style japonais, avouez que l’offre paraît alléchante. Mais l’est-elle réellement ?
Test Shiness : The Lightning Kingdom – De l’importance d’un mot clé
Shiness, c‘est une belle aventure, celle d’une bande de potes fermement décidée à faire un jeu vidéo. Sous l’impulsion de Samir Rebib, l’auteur du manga dont le jeu est tiré, le studio se lance dans une création ambitieuse qui ne répond qu’à moitié à ses promesses. Finalement, quand on parcourt l’univers du jeu, une maxime revient régulièrement : “c’est dommage”.
Il faut l’admettre, Shiness n’est pas le jeu qu’il aurait pu être. Le concept, certes prometteur, n’est pas mené jusqu’au bout et on se retrouve avec un jeu bâtard entre les mains. À mi-chemin entre jeu de rôle et jeu de combat, le titre peine à remplir son office. Si les idées sont bonnes, elles manquent cruellement de finition à tel point qu’il arrive parfois (certains diront souvent) de pester contre le jeu.
Malgré tout, Enigami est parvenu à fournir un premier jeu d’une qualité que certains studios ne sont jamais parvenus à atteindre, cumulant échecs après échecs. Le studio français est sur la bonne voie pour nous faire rêver.
Test Shiness : The Lightning Kingdom – Une narration enfantine et clichée
Le titre nous met dans la peau de Chado et de son ami Poky qui partent à la recherche des terres de la vie, sous l’impulsion de Terra, une Shiness. Les Shiness sont des esprits élémentaires qu’il vous sera possible d’utiliser et qui accompagnent le personnage principal tout au long de l’aventure.
Chado se retrouve dans le pétrin dès le début de l’histoire lorsque son bateau volant s’écrase et qu’il perd son ami. C’est déjà le début des ennuis. Vous devrez par la suite progresser dans des terres inconnues et hostiles. Le postulat de départ est simple, mais suffit à promettre une aventure pleine de voyages et de découvertes. Là ou le bât blesse, c’est que les dialogues et autres interactions entre les personnages souffrent du syndrome d’une écriture trop simpliste, voire bâclée.
On se retrouve parfois même face à des scènes qui feraient pâlir d’envie les mauvaises pages “malaisantes“. Dignes de “yo momma“, certaines punchlines donnent l’impression d’être véritablement écrites par un enfant. Si on ne doute pas que ce soit l’effet recherché, il est ici carrément raté et cela donne lieu à des dialogues souvent mièvres et niais. Et ce constat s’applique malheureusement à l’ensemble des personnages.
Si le design des protagonistes est, dans l’ensemble, réussi, ça n’est pas le cas de leur personnalité. Ils manquent trop de charisme et sont trop lisses pour être convaincants. Inspirés du manga shonen, ces mangas boostés aux amphétamines écrits pour un public de jeune adolescents, on sent que Shiness peine à rattraper les cadors du genre, nous laissant avec des sous-produits d’une culture pourtant terriblement riche.
Pour la narration en elle-même, celle-ci passe par des pages de manga plutôt réussi, tantôt doublée, tantôt non (à moins que nous n’ayons subi les affres d’un des multiples bugs du jeu). Ces vignettes sont superbes et supportent très bien le propos du jeu ; néanmoins, elles ne suffisent pas à servir une histoire finalement peu intéressante. Malgré tout, celle-ci est suffisante pour nous pousser à avancer ; on en aurait juste attendu davantage avec des personnages plus recherchés (bien qu’ils soient relativement attachants, si vous aimez les enfants un peu bruyants).
Test Shiness : The Lightning Kingdom – Des combats fourre-tout
Sur le papier, l’idée peut sembler originale, voire même intéressante. Un hybride de jeux de combat et de jeu de rôle, il faut admettre que c’est alléchant. Malheureusement, Shiness ne parvient à composer avec la richesse d’aucun des deux systèmes et on se retrouve avec un mode de combat assez pauvre.
Vous combattez ici dans des arènes fermées ou vous pourrez distribuer coup de pied et coup de poing à un adversaire unique (bien qu’ils puissent se succéder dans un même combat). Mais vous pouvez également utiliser du Shi afin de lancer des magies associées à un élément. Encore une fois, l’idée est bonne mais mal exploitée. Ces magies sont assez peu intéressantes et ne sont souvent que des versions déclinées en chaque élément de la classique boule de feu.
Pourtant, il y avait vraiment de quoi enrichir drastiquement le système de combat. Malheureusement, on se retrouve ici à l’opposé à cause d’une mauvaise utilisation de la mécanique. Pour lancer une magie, vous devrez avoir suffisamment de Shi de l’élément concerné (voyez le Shi comme du mana ou du chakra). Ce Shi, vous pouvez le recharger en vous concentrant, comme pourrait le faire Naruto avec du chakra. Seulement, il faut attendre que les barrières de l’arène soient de la même couleur que l’élément que vous voulez recharger pour pouvoir le faire. Vous rechargez toujours l’élément de la même couleur que l’arène.
On se retrouve alors face à une double contrainte : celle de s’arrêter pour charger son Shi, mais aussi celle de devoir attendre que la couleur de l’arène soit la bonne. Cette idée n’est pas bonne, qu’on se le dise ! C’est juste le meilleur moyen de casser le dynamisme des combats et de faire en sorte que le joueur insulte son écran. Ajoutez cela à une caméra qui se place mal et vous avez de quoi vous énerver assez rapidement, même si ce second problème reste plus rare.
En dehors de cela, Shiness repose sur un système de contres que l’on pourra assimiler à la transposition de Naruto. Cliquez sur le bouton au bon moment et vous cassez le combo de votre adversaire, créant ainsi une ouverture. Néanmoins, son utilisation est limitée et vous ne pouvez donc pas spammer la touche. Toutefois, le nombre d’utilisation se recharge beaucoup trop vite et la limite devient finalement sans grand intérêt, vous permettant de spammer la touche comme un bas du front.
Il est d’ailleurs à noter que si vous n’exploitez pas cette mécanique, le système de combat est réellement pénible et je vous promets que vous ne supporterez pas le jeu. C’est d’ailleurs le cas contre certains ennemis qui nous font juste regretter d’avoir poursuivi l’aventure. Malgré tout, il faut s’accrocher un peu avant de pouvoir maîtriser l’ensemble des mécaniques de combats. Au bout du compte, on finit par passer de bons moments à combattre. Les combats sont rarement très longs, mais il arrive que ceux-ci soient d’une longueur tout bonnement exaspérante. À boire et à manger encore une fois.
Test Shiness : The Lightning Kingdom – Une solide patte graphique qui compense une faiblesse technique
Un point fort, qu’il faut concéder à Shiness, c’est la puissance de sa direction artistique. Si le cell-shading utilisé ici manque de finesse, le travail est honnête et fait son office, mais il sert surtout à renforcer le design manga du titre et à donner au jeu une véritable personnalité, appuyée notamment par un design des personnage et de l’univers solide. Le monde est joli et Enigami est parvenu à construire des décors qui peuvent réellement être somptueux.
Néanmoins, il est difficile de parler de l’univers sans aborder la technique qui, soyons clairs, est aux fraises. On constate en effet que la qualité graphique du titre est vraiment faible avec des textures qui font penser à une console de plus de dix ans. Dans la même veine, il est fréquent de passer à travers certains éléments du décor qui ne bénéficient pas toujours de boite de collision propre (la boite de collision ou hitbox est l’élément invisible qui gère les collisions dans un jeu vidéo).
Ce même défaut s’applique d’ailleurs aux sauts puisque le personnage passe parfois au travers d’éléments que l’on pensait tangible, poussant même le vice jusqu’à bloquer le personnage entre deux boites de collision collées. Vous l’aurez compris, il reste encore beaucoup de travail à ce niveau-là. On reprochera d’ailleurs principalement le placement de certains murs invisibles vraiment agaçants.
La pratique est d’ailleurs particulièrement mystérieuse ici puisqu’il n’est pas rare de ne pas pouvoir sauter une simple petite rambarde, nous contraignant dès lors à faire le tour et nous faisant ainsi perdre plusieurs secondes. Plusieurs secondes, ça n’est pas bien grave me direz-vous ; le problème, c’est quand ces secondes se multiplient jusqu’à en devenir proprement pénible.
Il serait malgré tout bien mesquin de s’attarder davantage sur ce point tant il est compréhensible pour un studio à l’effectif réduit de ne pas pouvoir fournir un jeu à la technique irréprochable. On pardonnera plutôt aisément les quelques errances que l’on remarque à ce niveau en espérant tout de même une amélioration dans les productions futures.
Pour ce qui est de la musique, rien de bien remarquable. Elle fait l’affaire, sait se montrer présente et discrète. Bien qu’elle ne soit jamais dérangeante, on aurait peut être apprécié qu’elle soit davantage présente dans certains moments clés, permettant de renforcer la narration et les révélations du scénario. Il arrive d’ailleurs en de rares occurrences qu’elle soit carrément étrange.
Test Shiness : The Lightning Kingdom – Un monde tantôt enchanteur, tantôt agaçant
Il est difficile de rester totalement hermétique au monde coloré et poétique de Shiness et le studio est parvenu à créer des décors envoûtants et à l’esthétique forte. L’idée d’îles célestes qu’on rejoint grâce à un bateau volant est un facteur d’émerveillement bienvenu. Mais malgré ça, il est aussi difficile de ne rester que positif à l’encontre de ce monde offert à l’exploration. Les décors, souvent trop vides manquent de détails qui les auraient rendus plus vivants.
En plus, certains choix de design rendent les déplacements pénibles et il devient même agaçant de devoir se déplacer sur la carte. Si les murs invisibles sont pardonnables, on se demande réellement pourquoi il n’est pas donné au joueur la possibilité d’effectuer des déplacements rapides afin de pallier aux multiples allers et retours qu’il doit effectuer, dans un level design qui manque parfois de logique allongeant davantage les déplacements.
En plus de cela, la navigation est cassée par la nécessité de devoir refaire des “énigmes” que l’on a déjà faites. C’est l’exemple d’une porte que l’on doit ouvrir en posant des pierres sur deux boutons à pression. À chaque fois que l’on veut repasser par cette porte, on doit refaire la manipulation. Était-ce bien nécessaire ? D’autant que ça n’est pas comme si l’énigme était bien compliquée même la première fois. Alors la dixième fois, vous comprendrez que c’est véritablement lourd et redondant.
En parlant d’énigmes, si cet aspect est le bienvenu dans ce genre de jeu, l’intérêt est tout de même très limité puisque celles-ci consistent bien souvent à ce que je viens d’exposer. Autant vous dire qu’elles ne servent souvent qu’à casser maladroitement la progression. On pourra dire la même chose des quêtes annexes : si elles ont le mérite d’exister, finalement, elles ne font qu’accentuer l’aspect redondant du titre et la navigation foireuse.
Et ce qui est étonnant, c’est que malgré tous ses défauts Shiness parvient à vous faire passer de bons moments. Certes, ça n’est clairement pas le jeu de l’année. Certes, il manque cruellement de finitions et de maîtrise. Mais pour une équipe jeune et au budget limité, il faut admettre que c’est un premier jet appréciable. Finalement, après un départ compliqué à pester contre le jeu, on finit par se prendre un petit peu d’affections pour lui, pour mieux râler contre certains passages qui nous font demander si un game designer a vraiment travaillé sur le titre.
► Points forts
- Une esthétique agréable
- Un monde enchanteur
- Des personnages sympathiques et bien designés…
- Des quêtes annexes…
- Un système de combat mieux pensé qu’il n’en a l’air
►Points faibles
- La technique à la ramasse
- La navigation pénible
- … mais qui manquent cruellement de charisme
- … pas franchement mémorables
- Les énigmes beaucoup trop faciles et inutiles
- Le scénario écrit à l’arrache ?
- Le système de combat en rebutera certains
Par le pouvoir de l’amitié, nous triompherons !
Shiness : The Lightning Kingdom est disponible depuis le 18 avril sur PC, PS4 et Xbox One.
Shiness : The Lightning Kingdom est disponible chez notre sponsor GoCleCD (PC).
Dur :o
haha ouais grave dur :s
Ouch… Il ne suffit pas de faire Français pour bien faire…
11/20 parait dur mais le teste ma quand même donner envie de l’essayer, après pour un petit studio indépendant français ça à l’air pas trop mal :)