Test Sniper Ghost Warrior 3 – On tire un (bon) coup
Développé et édité par CI Games, Sniper Ghost Warrior 3 est sorti récemment et nous met dans la peau d’un soldat se battant corps et âme pour sa patrie et son frère. Si le jeu ne fait pas dans la dentelle, il a parfois quelques coups de mou et se répète rapidement.
Test Sniper Ghost Warrior 3 – Elle est où Jeanne ?
Tout commence avec une cinématique : on y voit l’amitié très forte qui vous lie à votre petit frère. Après quelques discussions d’aîné à cadet en mode “Oui, tu sais, je suis un soldat, mais la guerre, c’est quand même pas bien”, vous apprenez que votre personnage adore manger du poulet. Très intéressant, donc.
Plus sérieusement, après la cinématique d’introduction, on nous met directement dans le bain en plongeant les deux frères au cœur du conflit en Géorgie. Pourquoi vous ? Parce que vous n’êtes qu’une machine à tuer, un pantin qui agit en bon petit soldat, évidemment. D’ailleurs, on soulignera l’honnêteté du studio qui admet avoir créé un scénario assez simpliste : les deux personnages se chamaillent et se font la morale à propos de la guerre et de la manipulation en tant que “bon soldat”. De ce côté, ça semble assez honnête, il faut l’avouer. Et puis nous rappeler la réalité des choses, ça ne fait jamais de mal.
Tout au long du prologue, vous apprendrez à vous déplacer, à vous cacher, à tirer, à tuer au corps-à-corps, à patienter ainsi qu’à utiliser votre drone de reconnaissance. Ce petit gadget sera d’ailleurs très utile dans vos péripéties de Terminator. Après avoir fini le prologue, le temps passe et vous vous retrouvez soudainement plongé dans un monde ouvert.
Gros point faible : le scénario est plat, très plat. Non seulement il est plat, mais en plus il n’y a pas de rebondissements. On a déjà vu ce genre d’histoires avec des agents doubles, des trahisons et des manipulations de nombreuses fois. C’est triste à dire mais le scénario n’est pas bon, il ressemble à s’y méprendre à un très mauvais film d’action. On serait tenté de penser que “ce n’est pas grave, les personnages seront un minimum attachants” : eh bien non. Ils sont aussi vides d’intérêt que l’histoire même. Concrètement, votre personnage veut retrouver son frère, et pour ce faire, bah va falloir buter des méchants parce que quand même, le frérot est trop fort pour se faire abattre après s’être fait capturer… pas vrai ?
Le scénario repose là dessus. Vu de l’extérieur, vous êtes un bon soldat obéissant, donc forcément il faut abattre tous les méchants et saboter leurs plans. C’est tout. Vous vouliez un scénario avec du suspens ? C’est raté, tout est prévisible ou presque et on finit par jouer sans même se rendre compte qu’il y a une histoire. Le plus drôle reste encore la pseudo-romance entre le héros et son “ex” qui se cherchent mutuellement. Les animations faciales sont tordantes tellement elles sont étranges.
Par ailleurs, des missions secondaires sont également présentes, afin de changer un peu de l’histoire principale. Vous devrez aller libérer des avant-postes et des otages, éliminer des cibles… Oh mais attendez, on ne ferait pas exactement la même chose que dans le scénario ? C’est bien ça, les missions secondaires ne proposent rien de rafraîchissant en soi, si ce n’est ajouter une dimension plus utile au monde ouvert. Monde qui, précisons-le, peut être traversé à l’aide des voyages rapides, présents un peu partout. À force, on finit par ne plus trouver aucun intérêt à se balader à travers la carte si ce n’est admirer la verdure et les quelques installations des marchands de fruits et légumes.
Test Sniper Ghost Warrior 3 – Où allons-nous ? Clap clap clap ! En Géorgie !
Si, à première vue, le monde ouvert censé représenter les différents environnements de la Géorgie semble plutôt bien réalisé, force est de constater que dès que l’on y regarde de plus près… ça bave de partout. Clairement, de nombreuses textures ne sont pas agréables à voir et ça, tout au long du jeu. Les décors sont jolis sans forcément nous émerveiller. Fort heureusement, le jeu se rattrape assez rapidement avec son gameplay, mais nous reparlerons de celui-ci un peu plus tard.
Le CryEngine (le moteur du jeu) fait bien son boulot de manière générale, mais il faut tout de même rester humble à ce niveau là. Certains bugs graphiques ne sont pas jolis à voir et certains endroits sont bien moins travaillés que d’autres. En somme, des bugs, vous allez en croiser. Et malheureusement, il ne s’agira pas que de bugs graphiques.
Si vous avez de la chance, vous aurez le plaisir de découvrir des bugs qui vous font traverser les murs et vous bloquent dedans alors que vous étiez sur le point de terminer la mission. Ou même, vous allez vous accroupir et de rester bloqué à cause d’un endroit un peu trop étroit. C’est plutôt charmant de se dire que l’on va recommencer depuis le dernier point de passage. Évidemment, une grande frustration en ressortira, et il n’est pas impossible que cela vous démotive pour terminer la mission en cours.
Test Sniper Ghost Warrior 3 – Sniper, Ninja, Chuck Norris et MacGyver
Après avoir testé Sniper Elite 4, j’avais une certaine appréhension par rapport au gameplay et à la répétition que le titre “imposerait”. Du fait que vous incarnez un tireur d’élite, votre mission consiste globalement à tuer votre cible et à vous tirer fissa avant que les ennemis ne rappliquent. Ce qui, vu comme ça, rend l’expérience assez limitée. Mais il n’en est rien ! Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai constaté que les trois manières de jouer (Sniper, Fantôme et Guerrier) se complètent suffisamment pour varier les plaisirs.
Composé de trois arbres de compétences différents, chacun de ces modes sera personnalisable et facilitera votre expérience. Par exemple, vous pourrez stabiliser votre respiration plus longtemps pour mieux viser ou même ramasser des butins dès que vous passerez sur un cadavre (ce qui vous permet de ne pas perdre de temps à les fouiller).
En mode Sniper, votre seul et unique but sera de rester très loin de votre cible et de tout ce qui peut nuire à votre mission tandis que vous serez à la recherche de l’emplacement idéal pour exécuter celui qui a signé son arrêt de mort. Alors en bon soldat, vous ferez d’abord un petit balayage de la zone avec un drone de reconnaissance (ou en piratant les caméras de surveillance) afin d’éviter les possibles nuisances, puis vous marquerez votre objectif principal, qui se trouvera être une ordure de la pire espèce et tout le tintouin qui justifiera le fait que vous lui colliez une balle entre les deux yeux.
En Fantôme, c’est déjà un peu plus tactique : il vous sera possible d’installer des pièges, et votre mode de déplacement se cantonnera souvent à la position accroupie. Ainsi vous pourrez vous faufiler derrière un garde, l’interroger pour savoir où se trouve votre ennemi, le neutraliser puis aller chercher le gros gibier. Bien que peu évidente à utiliser en permanence si vous n’êtes pas un fin stratège, la tactique du fantôme reste une optique fun à entreprendre. Et puis, il faut bien admettre qu’égorger vos ennemis dans le plus grand des calme, ça procure toujours son petit effet de plaisir – vous avez dit psychopathe ? En plus de cela, certains éléments vous permettront de vous cacher (des jolies poubelles, par exemple).
Enfin, si vous n’avez pas le temps de niaiser, la “stratégie” du Guerrier est faite pour vous. Vous foncez dans le tas et tirez sur tout ce qui bouge, en faisant tout de même attention aux tirs ennemis et aux objets explosifs alentours. En parlant d’explosifs, il semblerait qu’à cette époque, la Géorgie appréciait grandement les barils rouges. Ces fameux barils pourront être utilisés à des fins meurtrières et totalement barbares. Mais après tout, c’est la guerre, alors autant ne pas se priver des ressources que vos adversaires ont mis à votre disposition.
Entre-temps, vous pourrez aller à votre base pour vous fabriquer des munitions, des gadgets (des mines par exemple), des grenades en tout genre ainsi que différentes améliorations pour vos armes (que vous débloquerez au fil du temps). Il n’y a pas à dire : Jon, c’est un véritable couteau suisse. Malgré ces différentes possibilités, si vous jouez essentiellement Sniper, peu d’options d’artisanat vous seront utiles à part les munitions et le silencieux. On s’en sort assez aisément sans tirer dans tous les sens. En revanche, si le Fantôme ou le Guerrier correspondent plus à votre style de jeu, alors l’éventail d’objets fabricables devrait bien plus vous intéresser afin de varier les plaisirs dans vos péripéties.
Pour résumer, les trois façons de jouer ont toutes leurs avantages et leurs inconvénients. Par conséquent, ce sera à vous de trouver le style qui vous correspond le plus. Si vous souhaitez faire le tireur d’élite polyvalent, vous opterez très certainement pour une stratégie à mi-chemin entre Sniper et Fantôme. Ainsi, vous pourrez couvrir une grande distance sans provoquer d’alerte et vous rapprocher de vos ennemis pour les interroger si besoin est. Les compétences du guerrier serviront alors principalement à encaisser plus de dégâts au cas où la situation ne serait plus sous contrôle.
Test Sniper Ghost Warrior 3 – Tu me vois, tu ne me vois plus !
Puisque l’on parle de situation sous contrôle, c’est une merveilleuse transition pour vous parler de la difficulté du jeu et de l’intelligence artificielle, vous ne trouvez pas ? Si vous n’êtes pas habitué à ce genre de jeu et que vous voulez faire cela dans les règles de l’art (en Sniper donc), il n’y aucun doute sur le fait que certains détails vous échapperont au départ et que vous ne réussirez pas à repérer tous les ennemis avant de passer à l’action. Mais au bout du compte, vous vous adapterez assez rapidement (surtout si vous jouez à la souris). On ressent facilement que le premier niveau de difficulté nous laisse une marge d’erreur. Cependant, ce n’est pas pour autant que vous pourrez vous permettre de la jouer cool : une fusillade pourra rapidement vous plonger six pieds sous terre.
Concernant l’intelligence artificielle, c’est… particulier. Aujourd’hui, nombreux sont les ennemis de jeux vidéo qui sont littéralement aveugles ou idiots. Sniper Ghost Warrior 3 ne corrige pas vraiment le tir (quel humour) même si certains ennemis peuvent avoir un minimum de cervelle et de vue. Le problème principal est que l’intelligence artificielle fonctionne de manière totalement inégale. Parfois, vous vous trouvez dans l’ombre et bien trop loin de votre adversaire : pas de souci pour lui et ses yeux bioniques. Et à d’autres moments, vous pourriez limite prendre un café à côté d’eux qu’ils ne bougeraient pas d’un poil. Quand on y pense, c’est bien dommage car il arrive que les ennemis soient assez futés pour vous mettre en situation de faiblesse. Ceci dit, dès que vous vous éloignez un peu trop du terrain de jeu, ne comptez pas trop sur eux pour vous poursuivre. Ils ont une base à surveiller quand même, faut pas déconner.
Pendant les missions, on regrettera le manque de décors destructibles. Prenons par exemple un sniper posté sur le toit d’un motel, juste devant le logo géant du bâtiment en question. La première chose qui peut vous venir à l’esprit est de faire tomber ledit logo sur le sniper ou même sur les soldats postés en bas avec une balle bien placée. Eh bien vous devrez enlever ces petites stratégies de votre tête car ce n’est pas possible : vous devrez vous contenter des barils d’explosifs. Impossible de détruire les objets fragiles pour les faire vaciller sur vos ennemis. Ce qui est bien dommage, car ça aurait été très fun pour le coup.
Test Sniper Ghost Warrior 3 – J’ai glissé chef !
Sniper Ghost Warrior 3 est un bon jeu en soi, il allie action et infiltration sans problème. Son plus gros défaut restera son scénario plus que cliché et simpliste. À cela s’ajoute les graphismes qui auraient pu avoir droit à un meilleur traitement. Malgré ces quelques défauts, grâce au gameplay ainsi qu’aux petits détails qui rendent l’expérience de jeu unique et variée à la fois, le titre arrive à nous plonger dans l’ambiance d’une véritable guerre où la solitude et vos armes seront vos seules amies. Ah, et il va falloir être un peu patient au départ, les temps de chargement n’auront clairement pas envie d’être à votre service.
► Points forts
- Un gameplay varié avec les différents arbres de compétences
- Une ambiance pesante qui nous plonge dans la gravité des situations
- Un bon ressenti au niveau du recul des armes
- Une bande-son légère mais appréciable
- Un choix d’équipement assez complet
►Points faibles
- Le stagiaire des animations faciales était maltraité à ce point ?
- Une IA totalement inégale
- Quelle barbe, ce scénario
- Des bugs qui vous font recommencer la mission, pour votre plus grand malheur
- Des temps de chargement qui vous laissent le temps d’aller prendre deux (ou trois) cafés
Incarner Chuck Norris version Sniper c’est quand même assez cool.
Sniper Ghost Warrior 3 est sorti sur PS4, Xbox One et PC.
Le jeu est disponible chez notre sponsor GoCléCD.fr (PC) et chez Amazon (PS4/Xbox One).