Le premier jeu de Tactical Adventures ambitionne de vous plonger au cœur du jeu de rôle papier… mais sur PC. Reprenant de nombreux codes (et les règles !) de Donjons & Dragons, Solasta: Crown of the Magister propose une expérience addictive qui séduira les fans du genre.
L’auberge : le Tinder des aventuriers
Dès le départ, nous avons été conquis par les propositions de Solasta: Crown of the Magister, et ce sentiment n’a fait que ce renforcer quand nous avons pu discuter avec Tactical Adventures, son développeur. À l’aube de sa sortie en version finale, le RPG a de solides arguments pour nous attirer vers ses contrées fantastiques.
Après un démarrage un peu cliché – les héros inconnus qui se rencontrent à la taverne, appelés par un gouvernement pour lui venir en aide –, le titre prend rapidement ses marques et déroule son histoire.
Il y a un paquet d’années de cela, un Grand Cataclysme a frappé le monde et le royaume des Hauts Elfes a depuis laissé la place à une région désolée appelée Badlands. Beaucoup souhaitent s’y aventurer pour récupérer des richesses passées, et c’est pourquoi le Conseil des Legs a été mis en place afin que la paix soit préservée.
Le royaume des Hauts Elfes a […] laissé la place à une région désolée appelée Badlands.
Mais depuis quelque temps des événements troublants sont venus perturber tout ce beau projet, puisque le fort de Caer Lem ne donne plus signe de vie. Évidemment, on vous y envoie et les nouvelles ne sont pas bonnes : une ancienne race particulièrement hargneuse a refait surface et constitue une menace importante pour le monde. Vous allez devoir découvrir ce qui se trame et, chemin faisant, vous en apprendrez beaucoup sur l’univers riche de Solasta ainsi que sur son histoire.
Le scénario de Solasta se révèle prenant et nous accroche plutôt bien. On sent que les développeurs ont cherché à créer un univers complet et on prend plaisir à le découvrir avec notre compagnie de héros. L’écriture est au niveau, même si on a pu voir quelques moments clichés au démarrage – une fois que Solasta a largué les amarres, tout s’enchaîne à merveille.
Une histoire de dés en 3D
On démarre l’aventure avec 4 personnages que l’on peut composer de A à Z avec une liberté totale si on le souhaite. Il est même possible de recréer ses personnages de jeu de rôle papier et ça, c’est franchement cool. Bon, moi j’y ai été soft et j’ai pris les personnages précomposés par Tactical Adventures.
Ce qu’on remarque, c’est que le studio a cherché à donner un peu de profondeur à ceux-ci en leur octroyant des traits de caractère qui vont influencer leurs paroles. Je suis particulièrement fan de Maiwen, guerrière qui n’a pas la langue dans sa poche et qui, lors d’un combat où le rôdeur Miles a foiré un tir, n’a pas manqué de lui faire remarquer que c’était particulièrement naze.
En situation de dialogue à choix multiples, on aura ainsi des options différentes en fonction de ces fameux caractères – même dans les cas où c’est pour arriver au même résultat, on apprécie cette petite touche. Il y a au passage des choix de dialogue importants que vous pourrez faire en fonction de caractéristiques, un peu à la manière de Divinity: Original Sin 2. Certaines lignes de dialogue automatiques seront soumises aux mêmes restrictions et vous verrez en direct si votre personnage réussit son jet de dés ou non – et donc s’il a ce qu’il faut pour balancer son ligne, ou si on passe à autre chose.
Vous remarquerez rapidement que les dés ont une importance capitale dans Solasta: Crown of the Magister.
Vous remarquerez rapidement que les dés ont une importance capitale dans Solasta: Crown of the Magister. L’équipe de développement a choisi de les mettre en avant (on peut même les customiser dans les options) et… c’est… jouissif ! Cela revient simplement à mettre en exergue les petits calculs qui se font en arrière-plan, mais forcément quand on est coutumier du jeu de rôle papier, ça fait son petit effet. Cela présente en plus l’avantage d’induire un petit suspense supplémentaire lorsqu’on réalise une action. C’est tout con, mais ça fait des merveilles sur l’ambiance.
Tu pousses le lézard un peu trop loin, Maurice
Solasta utilise le système du tour par tour pour ses combats. Chacun démarre par un jet d’initiative qui détermine l’ordre dans lequel les personnages vont pouvoir agir. À partir de là, on peut échaffauder une stratégie pour pouvoir éliminer efficacement les adversaires tout en protégeant ses personnages chéris.
La chose est assez classique, mais on note l’inclusion des attaques et actions d’opportunité qui permettent notamment de protéger un allié lorsqu’on est à proximité ou bien de frapper un ennemi qui aurait l’imprudence de nous tourner le dos pour s’éloigner. La verticalité a une importance déterminante, de même que les abris, puisqu’elle influencera votre capacité à toucher un adversaire à distance.
Les combats sont bien équilibrés et l’intelligence artificielle se montre satisfaisante. On note la possibilité de se servir du décor – faire tomber un rocher pour aplatir un ennemi, tirer sur un stalactite pour générer des dégâts dans une zone. Surtout, la composante discrétion est bien gérée, avec la possibilité de garder des personnages furtifs pendant que les autres sont repérés. J’ai ainsi pu me servir de mon rôdeur tapis dans l’ombre pour dessouder des adversaires à l’arc sans qu’il soit repéré, parfois pendant des combats entiers. La dimension tactique de Solasta est très bien orchestrée, et les combats sont toujours des moments que j’apprécie beaucoup.
La dimension tactique de Solasta est très bien orchestrée, et les combats sont toujours des moments que j’apprécie beaucoup.
Tout ceci est aidé par un chouette level design qui met un gros accent sur la verticalité. On pourra ainsi percher son archer en hauteur pendant qu’on envoie un voleur frapper le dos d’un ennemi qui est déjà aux prises avec notre guerrier. Tactical Adventures a apporté beaucoup de soin à la construction des niveaux, et cela se ressent aussi dans l’exploration.
Il y a toujours des éléments supplémentaires à aller inspecter, des portions de niveau à découvrir pour récupérer un peu de loot en rab. Mon principal regret vient du fait qu’on n’a pas vraiment de zone cachée, les développeur ayant tenu à ce que personne ne loupe du contenu – ce qui est dommage, puisque c’est le genre de petite pépite qui personnellement m’incite davantage à refaire un jeu.
Aussi, ce qu’il y a d’intéressant avec la verticalité, c’est la possibilité de pousser les ennemis pour les faire tomber – et ça c’est vraiment sympa à faire. Quand vous avez un gros lézard qui vient vous chercher des noises, et que vous vous contentez de le pousser dans le vide (avec un bon jet de dé, ça va de soi), c’est juste magique.
Et il n’y a pas que les niveaux en eux-mêmes dans Solasta, on retrouve aussi une carte du monde sur laquelle il faudra voyager pour atteindre les diverses destinations. Vous pouvez à chaque fois choisir un rythme de marche rapide, normal ou lent, ce qui comprend différents niveaux de risque (vous pouvez vous faire attaquer sur la route) et possibilités de récolter des ingrédients et de la nourriture.
Des visages qui brûlent
Sur le plan graphique, Solasta est un peu ambivalent puisque les phases de dialogue présentent des visages franchement sales. Le problème, c’est que c’est un RPG, donc les phases de dialogue y’en a quand même pas mal.
D’un autre côté, les phases d’exploration et de combat sont en vue aérienne, et là pour le coup ça fonctionne très bien : le jeu est très beau, avec de belles animations et des effets visuels réussis. Dans un RPG, j’aime toujours prendre un magicien ne serait-ce que pour profiter des effets visuels des sorts, et Solasta ne m’a pas déçu là-dessus non plus, loin de là.
Je retiens la direction artistique superbe. On a une belle variété d’environnements qui sont conçus avec goût et talent.
Surtout, je retiens la direction artistique superbe. On a une belle variété d’environnements qui sont conçus avec goût et talent. Je me remets encore de la bibliothèque emplie de bouquins volants et d’arcanes – qui au passage offre un petit volet d’exploration bien sympathique.
Tout ceci est complété par une très chouette bande son qui accompagne bien l’action. La composition se montre largement au niveau et c’est bien le genre de BO que je me verrais bien ajouter à mes playlists pour en profiter dans mes sessions de RPG papier.
Couronnement
Solasta: Crown of the Magister est une très bonne expérience qui retranscrit très bien (autant que faire se peut) les combats de RPG papier. On est face à un jeu réalisé par des passionnés de Donjons & Dragons, et ça se sent. Le titre propose une très chouette aventure dont vous auriez tort de vous passer… d’autant qu’il est possible pour la communauté de créer ses propres campagnes.
Ce qu’on a aimé :
- Des dés, partout, tout le temps
- Verticalité à l’honneur et bien exploitée
- Des combats qui retranscrivent à merveille l’ambiance D&D
- Très beau en vue aérienne, avec une direction artistique inspirée
- La personnalisation poussée des personnage et l’influence sur les dialogues
- Bande-son de qualité
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Quelques petits clichetons au démarrage
- Les visages, c’est juste pas possible là
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous cherchez une expérience se rapprochant du jeu de rôle papier et la possibilité de créer vos propres aventures.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous attendez un scénario avec de nombreux embranchements influencés par vos choix.
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080
- CPU : Intel Core i7-9700K @5GHz
- RAM : 16 Go DDR4
- Installé sur SSD
Solasta: Crown of the Magister sort le 27 mai 2021 sur PC et est déjà disponible en accès anticipé.