Sorcerer King est un jeu de stratégie 4X dont vous n’avez peut-être pas entendu parler des masses. Les jeux de Stardock Games sont en général assez éloignés des feux de la rampe alors qu’ils proposent des aventures sympathiques vous offrant quelques heures agréables dans leurs univers de pixels. Sorcerer King ne déroge pas à la règle et s’inscrit dans un contexte résolument fantasy vous invitant à prendre part à une croisade contre le Roi Sorcier (je sais, heureusement que je suis là pour vous faire la traduction). A la croisée du genre 4X et des combats à la Heroes of Might & Magic, le jeu de Stardock Games propose une vision rafraîchissante du jeu de stratégie, au risque de ne pas pousser le vice assez loin…
Croisement des espèces
Au début de votre partie, le monde est déjà plongé dans les ténèbres. Le mal a gagné et son représentant, le Sorcerer King, règne en maître absolu. En tant que héros, votre objectif est de terrasser le Sorcerer King avant qu’il ne parvienne à lancer son sort ultime, lui donnant accès à l’immortalité et mettant fin à la partie. Vos actions auront un impact sur la progression de celui-ci. Soyez un vilain petit garçon ou une vilaine petite fille, et le compteur progressera bien plus rapidement. En plus de ça, des « éclats de magie » sont dispersés un peu partout sur la carte et les détruire permet au Sorcerer King de progresser rapidement dans son incantation, vous devrez donc, avant même de penser à tuer le souverain sombre, éliminer ses troupes chargées de la destruction de ces éclats. Sorcerer King est référencé comme un jeu de stratégie 4X. Si le terme ne vous est pas familier, il vient de l’abréviation de quatre termes anglais : explore, expand, exploit et exterminate (soit exploration, expansion, exploitation et extermination), le x étant prononcé « ex » en anglais. Il s’agit donc de RTS rassemblant certaines spécificités que l’on retrouve notamment chez Civilization, le plus célèbre représentant du genre. Mais là où Sorcerer King apporte une touche intéressante et se démarque, c’est dans l’incorporation d’un système de bataille faisant écho à Heroes of Might & Magic. Ainsi, dès que vous engagez le combat avec une armée ennemie, vous êtes transporté vers un plateau grillagé, théâtre de l’affrontement prochain. A vous alors de choisir comment vous déplacez vos unités sur le champ de bataille et surtout quelles unités ennemies vous choisissez de cibler. Vous disposerez en plus pour vous aider de livres de sorts vous permettant, au moyen d’un montant limité de mana, de lancer des sortilèges offensifs, défensifs ou utilitaires afin de soutenir vos troupes. Attention toutefois, vous ne pourrez au départ lancer qu’un seul sort par combat. Choisissez donc avec sagesse et, surtout, stratégie. L’incorporation d’un tel système de sort n’est en soi pas bien nouveau mais peut, tout du moins au début du jeu, influer le cours de certaines batailles et sauver des troupes. En revanche, ces sortilèges ont malheureusement tendance à décliner dans leur efficacité et plus on se rapproche de la bataille finale avec le Sorcerer King, plus leur inutilité devient manifeste. Mais le 4X et la stratégie tour par tour ne sont pas les seuls atouts de ce titre. On retrouve en effet des éléments RPG bien sentis. Je vous l’accorde, le choix d’un héros avec lequel vous voulez affronter les hordes du mal n’est pas la nouveauté du siècle puisqu’elle a déjà été pas mal exploitée, mais dans Sorcerer King, on a la bonne idée de vous proposer la personnalisation de ce héros. Bien sûr, la vignette de ce héros restera la même, mais vous pourrez changer son nom ainsi que ses troupes de départ, ses livres de sort et sa compétence héroïque. Il est toutefois dommage qu’on ne puisse pas changer l’histoire personnelle du héros afin de créer sa propre légende. Même si les conversations avec le Sorcerer King sont paramétrées en fonction du héros en face de lui et de son histoire, on aurait pu au moins avoir des choix multiples concernant les différentes étapes de la vie de notre champion, ce qui aurait permis de ne pas foutre en l’air le paramétrage des dialogues tout en offrant une personnalisation relativement agréable. Car pour tout fan de RPG, le plus palpitant est avant tout de créer un personnage avec un passé. Les seules options dont nous disposons à ce niveau-là sont quelques lignes de narration nous offrant des choix sur la façon dont nous avons géré la crise suite à l’accession à la toute-puissance du Sorcerer King et qui reviennent en fait à savoir si nous débuterons avec des ressources supplémentaires, des fantassins ou des archers. En revanche, la mise à disposition de deux arbres de compétences est bienvenue. Vous aurez donc pour vous aider celui du Souverain et celui du héros lui-même. Vous devrez avancer dans les deux et chacun vous proposera, bien entendu, des options différentes. Cela vous permettra, entre autres, d’augmenter la taille de vos armées, de donner des boosts et capacités spéciales à certains types de troupes, etc… Le véritable point fort vient de la possibilité d’équiper ses champions et ses troupes. Tous disposent de leur propre inventaire et vous pouvez ainsi améliorer les statistiques de chaque unité en lui offrant des équipements. Cela apporte une perspective très intéressante mais on regrette franchement que ces changements d’attirail ne se voient pas en jeu. En effet, l’impact visuel est nul et, ainsi, même si votre petit soldat riquiqui au moment de son recrutement s’est vu affublé d’une armure de plaques complète, les développeurs comptent sur vous pour utiliser un outil gratuit et disponible immédiatement : votre imagination. C’est quand même franchement dommage de proposer un système de personnalisation et de ne pas aller jusqu’au bout de l’idée, d’autant que le jeu dont Sorcerer King est dérivé, j’ai nommé Fallen Enchantress, proposait lui-même une modification visuelle ne serait-ce que des héros. Pourquoi dans ce cas ne pas réitérer cette caractéristique franchement appréciable ? Malgré tout, cet encart sur l’équipement me permet de mentionner la présence de l’artisanat, qui pour le coup est franchement bien réalisé. Simple d’utilisation et instinctif, il vous permettra de créer de nouveaux équipements, potions et sorts à partir de ce que vous ramasserez sur la carte dans des coffres et à l’issu des batailles remportées. Bien entendu, l’arsenal le plus efficace se créera au moyen des matières premières les plus précieuses et donc les plus rares. Vous devrez alors choisir les unités que vous préférez améliorer, tout en sachant qu’une fois mortes, vous perdez l’équipement qu’elles portaient. Un système d’enchantement est également disponible afin d’ajouter des stats à un équipement au moyen de gemmes, exclusivement récupérables au cours de vos pérégrinations également.
Un contenu étoffé au scenario simpliste
Ce qu’on apprécie le plus en fin de compte dans Sorcerer King, c’est son atmosphère qui rappelle les scénarios un peu simplistes de certains films de fantasy, desquels on ne saurait dire pourquoi on les aime tant. On les aime, c’est tout. Oh allez, avouez que je ne suis pas le seul à avoir une tendresse particulière pour Le Labyrinthe avec un David Bowie au sommet du mauvais goût vestimentaire, témoignage lointain des beaux jours de la poutre apparente. L’idée d’affronter un grand méchant tout-puissant baptisé le Roi Sorcier dans un monde magique et féérique en proie au désespoir et qui n’attend qu’une chose, l’arrivée du héros providentiel, c’est quand même ultra cool, non ? Afin d’alimenter cette atmosphère, le RPG revient au galop et plante des auberges un peu partout sur la carte. Y entrer démarre des mini-quêtes secondaires, souvent uniquement textuelles, qui vous mettent devant des choix à réaliser. En fonction de ce que vous choisirez, l’issue sera bien entendu différente mais cela aura également un impact sur votre réputation et sur l’avancée de la barre de progression du lancement du sort ultime du Sorcerer King. Il vous sera par exemple tout-à-fait possible de tuer un voleur inoffensif pour lui piquer ses biens mal acquis, vous récupérerez potentiellement du bel équipement, mais vous alimenterez la barre de progression du sort du Sorcerer King. Si vous choisissez d’épargner le manant et d’au contraire lui faire un sermon pour le remettre dans le droit chemin, vous réduirez la progression du sort et vous gagnerez un point d’honneur. Ceci influera sur votre réputation et au bout d’un certain nombre de points, vous recevrez un sort gratuit pour récompenser tel ou tel aspect de celle-ci. Si par exemple vous prenez soin des animaux, vous finirez par vous faire remarquer et les esprits des animaux de la forêt vous offriront un sort vous permettant de faire apparaître une bête au cours de vos batailles. En parlant de vous faire remarquer, il est intéressant de savoir qu’au début de la partie, le Sorcerer King vous repère (en bon seigneur du mal, il sait TOUT ce qui se passe sur son territoire) mais vous tolère. Il veut en réalité vous manipuler de façon à ce que vous rejoigniez docilement ses rangs plutôt que vous affronter directement, le fourbe ! Au fil de vos actions, il reviendra régulièrement vers vous pour vous demander si vous avez besoin d’aide (acceptez pour avoir un petit avantage, mais aussi faire progresser l’avancement de son sort d’immortalité) et s’inquiéter de vous voir vous étendre comme vous le faites. En fonction des réponses que vous lui donnerez, il vous considérera comme une plus ou moins grande menace, finira par vous envoyer ses administrateurs pour vous espionner pour enfin entrer en guerre ouverte avec vous.
Une gigantesque et unique carte de campagne
Ce qui peut paraître très étonnant dans Sorcerer King, c’est que la campagne se déroule sur une seule et même carte. Ainsi, on s’éloigne des jeux de stratégie plus « traditionnels » dans lesquels l’histoire se déroule sur une série de cartes différentes, chacune étant en fait un épisode dans la narration. Le fait d’avoir une seule carte immense implique ici plusieurs choses, la première d’entre elles étant que l’immersion est indéniablement renforcée notamment grâce à un réalisme accentué. Le fait de faire tout le chemin nous séparant du Sorcerer King en bataillant contre les hordes du mal zone par zone, intensifie le côté épique de la quête. La carte est de plus découpée en plusieurs zones, correspondant aux anciens royaumes que le Sorcerer King a conquis, toutes séparées par un portail magique dont il vous faudra trouver la clé pour avancer. Cela permet d’éviter au joueur d’être complètement largué et de se perdre dans son avancée sans savoir vers où se diriger. L’avantage est que ce n’est pas trop limitatif puisque chaque zone est de bonne taille et regorge d’auberges, de camps de monstres, d’éclats de magie, etc… A propos des camps de monstres : ils sont à l’origine d’armées dont certaines sont très puissantes dès le départ. Sous la pression de la barre de lancement du sort d’immortalité, on veut avancer sans forcément s’occuper de tous les camps. Je vous déconseille toutefois cette option car vous vous retrouverez vite pris en tenaille, incapable de défendre vos villes sur deux fronts et cela vous en coûtera quelques-unes. De ce point de vue, j’ai trouvé le jeu assez mal équilibré, une diminution du nombre de camps ou du niveau de certaines armées adverses permettrait de rendre la victoire plus envisageable. Qu’on en soit à ce niveau en mode difficile, je veux bien, mais je vous parle du mode normal ici. L’inconvénient du parti pris de la carte de campagne unique, c’est que peu importe le héros que vous choisissez, le point de départ est toujours le même et tous les éléments sont rigoureusement situés au même endroit, offrant le même loot et les mêmes quêtes secondaires. Pas de surprise à la relance donc. Toutefois, lorsqu’il s’agit de ces deux derniers éléments, on peut comprendre que les développeurs n’aient pas voulu intégrer la composante aléatoire étant donné que l’histoire, elle, ne change pas à chaque nouvelle partie, alors pourquoi le monde devrait-il faire différemment ? Si la répétitivité vous fait peur, il est tout-à-fait possible de générer une map avec les caractéristiques que vous voulez ou de façon aléatoire, à l’image de ce que propose par exemple Civilization. Cela permet de varier les plaisirs et de transformer Sorcerer King en boîte de chocolat. On ne sait jamais sur quoi on va tomber. Pour revenir brièvement sur le caractère unique de la carte de campagne, notez également que vous n’avez pas vraiment le droit à l’erreur. Si vous êtes vaincu, même si vous avez passé 10 heures à bâtir votre empire, vous devrez recommencer depuis le début de la campagne, ce qui est potentiellement très décourageant. Bien sûr, des sauvegardes sont à votre disposition et il vous sera ainsi plus utile que jamais de les gérer consciencieusement.
Un jeu pour les amener tous et dans les ténèbres les lier
A la croisée des genres entre RTS 4X, stratégie tour par tour et RPG, Sorcerer King vous propose une belle aventure au gameplay rafraîchissant. Ce que je peux vous garantir, c’est que le plaisir sera au rendez-vous mais que vous resterez malheureusement parfois sur votre fin. On a, par moments, véritablement l’impression d’un jeu pas abouti, que ça soit au niveau des équipements n’apparaissant pas sur les unités ou des graphismes parfois plastiques. Toutefois, il ne faut pas lui ôter ses belles qualités et je me suis personnellement beaucoup amusé à la tester. Disposant d’un scénario teinté de nostalgie, d’une narration efficace emprunte d’humour et de légèreté et d’une composante stratégie bien étudiée et multi-aspects, Sorcerer King vous propose de belles heures de jeu au défi relevé.
[Points Positifs]
- Un STR 4X au gameplay varié
- Une patte graphique charmante
- Un aspect RPG travaillé et sympathique
- Looooonnng
- Possibilité d’équiper des objets à vos armées
- Les éléments renvoyant aux jeux de rôle papier
- Légèreté et humour
[Points Négatifs]
- Une personnalisation de début d’aventure dérisoire
- Un début de partie trop difficile, parfois ingérable
- L’équipement des armées n’apparaît pas en jeu, c’était pourtant le cas pour Fallen Enchantress
- Des graphismes parfois un peu trop “plastiques”
Configuration Minimale
- Système d’Exploitation : Windows 10 /8.1 / 7 SP1 / Vista SP2
- Processeur : 2,2 GHz Dual Core
- Mémoire : 2 GB de RAM
- Carte Graphique : Carte 512 MB compatible DirectX 9.0c
- DirectX : version 9.0c
- Espace Disque : 5 GB de diponible
On ne dispose malheureusement pas d’informations fiables sur une configuration recommandée, mais vous pouvez voir à la config minimale qu’il n’y a pas besoin d’avoir une bécane d’enfer pour faire tourner Sorcerer King. Si ce STR vous plaît et que vous désirez vous y essayer, il est disponible chez notre partenaire GoCleCd.fr.
thanks pour le test!
Wp pour le test :)