Voilà une suite qui aura fait couler pas mal d’encre. D’abord annoncé pour fin 2016, le jeu aura été reporté à plusieurs reprises avant d’être finalement annoncé pour le courant de l’année 2017. Mais la patience est une vertu qui finit toujours par être récompensée, et nous pouvons maintenant revenir à South Park pour vivre les nouvelles aventures de Cartman, Kyle, Stan et Kenny.
Test South Park : L’Annale du destin – De l’épée au rayon laser
L’histoire du jeu fait suite au Bâton de la vérité. Si vous n’avez jamais touché au premier épisode et que vous avez pré-commandé cette suite, vous recevrez un code pour découvrir le soft gratuitement et vous occuper une vingtaine d’heures pour vous mettre dans le bain. Vous commencez en tant que « Roi » et devez aider vos fidèles sujets en proie à une terrible guerre. Le magicien, alias Cartman, lance un appel à l’aide et tout le monde doit y répondre. La bataille qui fait rage dans votre rue est propice à l’introduction du nouveau système de combat.
Rapidement, on délaisse l’univers héroïque fantasy à la Seigneur des Anneaux pour dire bonjour aux superhéros. Une rapide visite du repaire du Coon (alias Eric Cartman, encore une fois) nous fera comprendre que les univers Marvel et DC Comics ont clairement inspiré nos jeunes habitants de South Park. Et comme tout héros qui se respecte, votre but sera de retrouver un chat perdu, d’empocher de l’argent et de devenir célèbre en produisant des films sur chaque héros de la ville. Bien sûr, l’ordre de sortie des films n’étant pas au goût de tout le monde, une guerre civile verra le jour. Oui, toute ressemblance avec une franchise de Marvel est voulue. Voilà pour le début de la trame principale. Et pour participer à ces joyeusetés, il faudra créer votre super héros. La personnalisation du personnage est assez simpliste, mais convient parfaitement au titre. Notez au passage que votre couleur de peau définira la réaction des gens à votre égard, rendant le jeu plus « difficile ». Vous pouvez aussi récupérer, au fil de l’aventure, divers objets cosmétiques afin de pousser la personnalisation de votre avatar. Il faudra choisir ensuite votre classe parmi trois disponibles au début : le classique bourrin/tank, le personnage à distance ou le personnage rapide. D’autres classes viendront s’ajouter au fur et à mesure de votre avancée dans l’histoire. Libre à vous de mixer les compétences afin de créer le héros parfait.
Test South Park : L’Annale du destin – J’prends la route de South Park…
Une fois l’introduction terminée, vous voilà lâché dans les rues de la petite ville afin de commencer votre aventure de superhéros. Vous redevenez « le nouveau » et n’êtes personne, il faut donc redevenir célèbre. Pour vous aider dans votre tâche, vous serez accompagné de votre smartphone et des applications qui feront office de menu, un peu comme dans Watch Dogs, en plus simplifié. Les menus sont très simples et faciles à comprendre, les icônes étant quasiment similaire à ceux que nous utilisons dans la vie réelle. On s’y retrouve très vite et l’essentiel est là. La fiche de personnage avec vos statistiques et votre avancée dans les différents objectifs secondaires ; un menu Costumes permettant de changer de skin quand bon vous semble ; un menu d’artisanat de consommables et d’objets (une nouveauté qui fait plaisir à voir) ; une carte des lieux avec vos objectifs en cours et enfin, le plus important, le COONstagram. Viendront s’ajouter rapidement la gestion de vos alliés, de vos pouvoirs et de vos artefacts.
Comme tout bon RPG qui se respecte, L’Annale du destin comporte son lot d’activités secondaires. L’application COONstagram vous occupera longuement, car elle permet d’augmenter votre cote de popularité dans la ville, et donc de débloquer des objets ou des quêtes secondaires. Le but sera de faire des selfies avec le plus de personnes possible afin que ces derniers s’abonnent à votre compte COONstagram. Plus vous avez de « followers », plus vous êtes populaire. Autre exemple, vous devez baptiser toutes les toilettes de la ville en faisant la grosse commission. Cela se présente sous forme de mini-jeu où il faut remplir une barre à l’aide de QTE, le but étant de faire le caca le plus parfait possible. Chaque toilette a un niveau de difficulté et certaines d’entre elles mettront votre habileté à rude épreuve. Bonne merde à vous pour réussir ce challenge. On trouve également le farm de composants pour fabriquer des costumes, des consommables, des invocations ou encore des artefacts.
Il y a donc de quoi s’occuper : chaque objet trouvé, chaque combat, chaque action permet de gagner de l’expérience afin d’améliorer son personnage, ce qui est essentiel pour la survie de votre héros et de ses alliés qui devront souvent mettre à contribution leur super pouvoir dans un système de combat quelque peu remanié depuis le précédent opus. Pour engager le combat, il faut toujours toucher ou frapper un ennemi visible à l’écran. Vous pouvez toujours l’assommer avec un pet pour prendre l’avantage. Une fois engagé, on se retrouve sur un damier et chaque sort d’attaque ou de défense a un effet et une portée et une zone : en ligne droite horizontale ou verticale, autour de votre personnage ou encore en croix. On notera aussi l’apparition du facteur « repoussement » qui permet de repousser un adversaire et de faire des combos si ce dernier touche un autre ennemi ou un quelconque obstacle. Un côté bien plus stratégique qui rend les combats plus lents, mais plus réfléchis, tout en restant très accessibles. Le côté RPG est donc mieux mis en avant et ce n’est pas pour nous déplaire. Surtout que pendant que vous réfléchissez à quelle attaque lancer, les personnages n’hésitent pas à y aller de leur commentaire, dans l’esprit South Park évidemment.
Test South Park : L’Annale du destin – Oh mon dieu, ils ont tué…
Comme on peut le voir, dans le fond, les éléments basiques du RPG sont présents comme ils l’étaient déjà dans le Bâton de la vérité. Mais cela suffit-il pour en faire un bon jeu ? Si vous aimez l’univers de South Park, au moins, vous ne serez pas dépaysé. L’humour propre à la série est toujours bien là, pour peu que vous choisissiez la VO. Car malheureusement, la version française n’est pas doublée par les voix officielles. Et à moins que l’on soit habitué à la VF ou que l’on soit un puriste, ça ne passera pas. Pire, la VF enlève un grand plaisir de jeu tant on ressent le manque d’implication des doubleurs. Mais au moins, les personnes qui n’aiment pas lire des sous-titres ou qui ont du mal avec l’anglais pourront quand même profiter du jeu et de son humour vulgaire et pipi-caca. Côté bande-son, les bruitages et les voix originales sont d’excellente qualité, un des points forts du jeu qui aide énormément à l’immersion. On regrettera par contre le manque de musique d’ambiance à certains moments. À d’autres, elles sont tellement discrètes ou anecdotiques qu’on finit par les oublier. Un petit effort aurait été le bienvenu sur ce point-là.
Concernant la ville en elle même, elle est fidèle à la série, mais on remarquera vite qu’il manque quelque chose. On passe beaucoup de temps à se déplacer à pied dans les rues de South Park, et malgré les quelques téléporteurs mis à disposition par Jimmy, cela devient vite ennuyant. Heureusement que le côté « recherche d’objet » casse cette monotonie du voyage, un certain temps en tout cas. Le manque de vie et d’interaction ainsi que la platitude de certains décors viennent cependant entacher les phases d’exploration. En parlant d’objets à ramasser, c’est aidé de vos pétards ou de vos flatulences qui s’amélioreront au fil du temps que vous allez en trouver. Petit détail sympa : les objets ont à chaque fois un lien avec l’endroit où vous les dénichez. Il est un peu dommage qu’il n’existe pas une sorte de compendium qui recense tout cela avec un petit commentaire.
D’un point de vue technique, ça reste du South Park : c’est clean, c’est fidèle à la série et ça n’est pas très sophistiqué. Après, ce n’est pas ce qu’on demande à un jeu basé sur cette licence. Notons au passage que les animations des attaques sont assez bien faites et dénotent pas mal avec l’univers du jeu. Voir votre personnage lancer un rayon à la Cyclope alors qu’ils sont censés « jouer » les superhéros a de quoi surprendre au début. Vos ennemis aussi d’ailleurs se demandent souvent comment vous faites. Mais c’est ce qui donne son charme au jeu, ce mélange de « vie réelle » et de role play.
Test South Park : L’Annale du destin – Je vous emmerde et je rentre à ma maison
Ubisoft a-t-il rempli son contrat en nous proposant un deuxième jeu South Park de qualité ? Avec le nombre de reports et le retard accumulé, le jeu aurait dû être amélioré, perfectionné. Cela dit, si Ubisoft n’avait pas repris les choses en main, le projet aurait été tout bonnement abandonné, donc ne soyons pas trop durs et tentons de profiter du soft. On applaudira aussi les efforts de promotion qui ont été mis en œuvre : le masque de réalité olfactif, le concours de pet pour avoir son pet dans le jeu… pour ça, rien à dire, Ubisoft a fait fort. En espérant que cela portera ses fruits.
Quant au jeu, on a l’impression d’avoir une simple suite du premier épisode avec quelques ajouts nécessaires pour faire bonne figure. Le contexte mis à part, on retrouve les mêmes éléments qui ont fait le succès du premier opus, à savoir l’ambiance, l’humour et le ridicule de la série. Ubisoft a énormément misé là-dessus et chaque commentaire, chaque situation est propice à nous faire rire. Tous les gros stéréotypes sont présents (je vous laisse imaginer ce qui se passe quand nous devons affronter nos peurs dans une petite pièce sombre d’une église par exemple) et on voit que les créateurs de la série s’en sont donné à cœur joie. L’occasion pour eux de retranscrire un énorme épisode de la série sous forme de jeu vidéo, tout comme c’était le cas avec « Le Bâton de la vérité » au final. Un jeu qui devrait plaire au fan, mais qui rebutera le joueur non initié.
► Points forts
- L’humour propre à la série
- La nouvelle mécanique de combat, plus tactique
- L’humour à la South Park
- Le système de craft (bien que simpliste)
- La personnalisation de son avatar
- La VO, toujours aussi jouissive
- L’humour bordel !!!
► Points faibles
- La VF
- Le manque d’ambition et d’ajout réel
- La platitude de certaines phases de jeu
InCOONtournable
Testé sur PS4.
South Park, l’Annale du destin est sorti le 17 octobre 2017 sur PC et PS4.