C’est en 2014 que les Français de chez Cyanide Studio nous avaient surpris avec un Styx: Master of Shadows ma foi très réussi. Reprenant les origines de Styx, le jeu (non sans défauts) avait su tirer son épingle avec un gameplay d’infiltration pur et dur garni de bonnes idées. C’est donc sans surprise que 3 ans plus tard, le studio remet le cou-vert avec une suite intitulée Styx: Shards of Darkness et placée sous le signe de l’amélioration.
Styx, en vert et en os
Le premier volet de la série retraçait la création de la race gobeline avec une perspective intéressante. Suite à ces événements, la peste verte continue de faire des ravages. La multiplication des gobelins est telle que les humains finissent par créer un escadron d’élite, le C.A.R.N.A.G.E. afin de les éradiquer. Vous incarnez toujours le gobelin Styx, plus cynique et bavard que jamais, perdu au milieu de ce chaos, menant une vie de voleur et de receleur dans le village humain de Thoben. Mais très vite, lors d’un contrat de routine, vous vous retrouverez face à Helledryn, capitaine de l’escadron C.A.R.N.A.G.E, qui vous proposera un marché : Voler le sceptre de l’ambassadeur Arsidi en échange d’une grosse quantité d’ambre. Mais évidemment les choses ne vont pas se passer comme prévu et notre antihéros va se retrouver embarqué dans une toute nouvelle aventure.
Le personnage de Styx a été véritablement soigné dans cet opus, aussi bien au niveau de sa modélisation que de sa personnalité. Le gobelin possède un humour savoureux et enchaîne les références pop culture à tout va, ce qui le rend très attachant. Concernant la durée de vie, il est assez difficile de donner une approximation à un jeu d’infiltration qui pourrait se terminer en 5h si vous vous contentiez de rusher la quête principale par le chemin le plus facile. Mais le jeu offre tellement plus qu’il serait dommage de s’en priver. Pour ma part, il m’a fallu environ 20 heures pour le terminer en prenant mon temps. Rajoutez 10 heures si vous voulez le boucler à 100%. On notera toutefois une histoire moins intéressante (mais mieux mise en scène) que celle proposée dans Styx: Master of Shadows et une bande son quelque peu en retrait.
Le personnage de Styx a été véritablement soigné dans ce second volet, aussi bien au niveau de sa modélisation que de sa personnalité.
Il existe également un mode coopératif à deux joueurs jouable en ligne. À tout moment, un ami peut vous rejoindre dans la peau d’un de vos clones et faire l’histoire complète avec vous. En sachant que lorsque vous êtes deux la difficulté des ennemis reste la même, mais vous ne pouvez plus parer les attaques, votre barre de vie est partagée et la réanimation de votre binôme vous fera perdre la moitié de votre santé restante.
Des vertes et des pas mûres
Petit studio oblige, les graphismes accusent un retard certain. Malgré le nouveau moteur graphique, certaines textures restent grossières. En revanche, le jeu tourne sans problème en 60 fps constants avec un I5 4790k, une GTX970 et 16Go de RAM. Comme énoncé plus haut, la modélisation de Styx quant à elle est exemplaire et notre ami gobelin possède une finition faciale irréprochable. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant pour le reste du casting. La plupart des PNJ rencontrés ont des gueules de patients opérés au sécateur et leurs animations aussi bien faciales que corporelles sont plutôt rigides.
Mais les petits gars de chez Cyanide rattrapent le coup avec une direction artistique plus réussie mise en valeur par une gestion de la lumière plus poussée que dans le premier opus. D’ailleurs, c’était un des reproches faits à ce dernier. Ici, finis les environnements cloisonnés et monotones de la tour d’Arkenash, Styx: Shards of Darkness propose un cadre beaucoup plus ouvert. Passant d’une forteresse elfe à un zeppelin en plein vol, le joueur visitera une succession de niveaux aux esthétiques très variées.
Un arbre de compétences assez verdoyant
Concernant le gameplay, Cyanide reprend la recette tout en améliorant la sauce. Les mécaniques d’infiltration sont on ne peut plus classiques mais restent toutefois très bonnes et ont déjà fait leurs preuves dans le premier opus. Styx dispose maintenant d’un arbre de compétences beaucoup plus étoffé. À chaque fin de mission vous gagnerez des points en fonction de votre performance (aucune alarmes déclenchées, objectifs secondaires accomplis, etc.) qui vous permettront de débloquer de nouveaux pouvoirs. Et une fois dans votre hub, vous pourrez accéder à votre armurerie (pour changer d’équipement) et également rejouer les précédentes missions afin d’obtenir un meilleur score et ainsi débloquer tous les objectifs annexes.
Les mécaniques d’infiltration sont on ne peut plus classiques mais restent toutefois très bonnes et ont déjà fait leurs preuves dans le premier opus.
On retrouve certaines compétences du premier volet comme la possibilité de vomir un clone (afin d’activer des leviers à distance ou servir de leurre), le classique pouvoir d’invisibilité ou encore la fameuse fiole d’acide qui permet de dissoudre les cadavres. Mais chacun de ces pouvoirs possède maintenant plusieurs améliorations bien pratiques. Vous pouvez par exemple vous téléporter sur votre clone à tout moment ou permettre à l’invisibilité de se transmettre à votre cible afin de l’assassiner en toute quiétude.
Les interactions avec le décor sont également toujours présentes qu’il s’agisse de vous cacher dans des armoires, d’empoisonner la nourriture (en vomissant dessus, c’est plus classe) ou de faire tomber des lustres sur la tête des ennemis. Il y a aussi quelques nouveautés comme piéger les cloches d’alarme ou faire rouler un tonneau d’acide “accidentellement” sur de malheureux gardes. Ces derniers ne sont d’ailleurs pas très futés. Il y a tout de même une légère amélioration par rapport au premier volet mais les ennemis ont toujours la fâcheuse tendance à devenir aveugle dès qu’il y a un peu d’ombre. Sachant que j’ai fait le jeu en difficulté normale, il est très probable qu’ils soient plus vigilant en difficulté supérieure.
Vous croiserez également durant vos escapades des tables d’artisanat, elles font partie des “grosses” nouveautés du titre. Ces établis vous permettront, entres autres, de refaire le plein de potions ou de fabriquer des objets bien utiles dont le puissant piège d’acide. Toutefois, il faudra récolter les différents matériaux nécessaires à la création de ces objets disséminés un peu partout à travers les niveaux. Un bon moyen de pousser le joueur à explorer le moindre petit recoin de la carte.
De la vert…icalité en veux-tu en voilà
Et pour faciliter cette exploration, notre ami à peau verte dispose maintenant d’une palette de mouvements plus étoffée et plus fluide. Finis les morts stupides en essayant de s’accrocher à un rebord ou sauter sur une poutre, le maniement de Styx se fait maintenant avec plus d’aisance et de précision. La construction des niveaux a aussi été améliorée tout en gardant cet aspect vertical qui faisait la force du premier volet. Le titre offre un nombre hallucinant de chemins alternatifs, vous ne vous sentirez jamais bloqué ou injustement impuissant face à une situation. En observant bien, il y aura toujours une ouverture ou une diversion à exploiter.
Finis les morts stupides en essayant de s’accrocher à un rebord ou sauter sur une poutre, le maniement de Styx se fait maintenant avec plus d’aisance et de précision.
Autre point important et qui avait été en outre reproché dans Styx: Master of Shadows : les missions ne se résument plus à aller bêtement d’un point A à un point B. Chacune d’elles propose désormais des objectifs facultatifs. Il suffit, par exemple, d’écouter une conversation entre deux gardes pour débloquer l’emplacement d’une salle secrète et récupérer une nouvelle dague pour Styx. Ajoutez à cela les différents jetons à collectionner et les matériaux d’artisanat à récolter et vous aurez de quoi vous amusez.
En conclusion, Styx: Shards of Darkness est une très bonne surprise et n’a rien à envier aux grosses productions. Dans la droite lignée de son aîné, le jeu nous propose des mécaniques d’infiltration rodées et maîtrisées. Malgré des graphismes datés et des animations de personnages parfois rigides, le jeu est un pur plaisir à jouer. La construction des niveaux et la liberté laissée aux joueurs permettent – un peu à la manière d’un Dishonored – de laisser libre cours à son imagination. Styx quant à lui, est plus croustillant que jamais et enchaîne les punchlines à tout va. En clair, une très bonne pioche, foncez !
► Points forts
- Des mécaniques d’infiltration bien rodées
- Beaucoup de possibilités d’approches
- Les interactions avec le décor
- La verticalité des niveaux
- Le mode coopératif
- La direction artistique
- Les environnements variés
- Une bonne durée de vie
- Styx
► Points faibles
- Techniquement daté
- Une IA perfectible
Croustillant
Notre test est basé sur la version PC.
Styx: Shards of Darkness est disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One.