Premier d’une série, Man of Medan vous propose de vous la jouer slasher sur un mystérieux bateau de la Seconde Guerre Mondiale au funeste destin. Le même que celui des héros ?
C’est la décision de leurs vies
On doit déjà Until Dawn à Supermassive Games. Et comme ça a plutôt bien marché, les développeurs ont décidé de reprendre la même formule, mais en partant cette fois-ci sur le principe de l’anthologie d’horreur : une série d’histoires flippantes, sauce slasher movie. Nous avons donc affaire à un jeu à forte teneur en QTE, l’ambition étant de laisser davantage la place à l’ambiance et au scénario plutôt qu’au gameplay.
Un groupe de joyeux chasseurs d’épaves. Forcément ils sont jeunes, forcément ils sont un peu couillons (slasher oblige).
Vous prenez les commandes d’un groupe de joyeux chasseurs d’épaves. Forcément ils sont jeunes, forcément ils sont un peu couillons (slasher oblige). Partis en mer, leur chouette petit emploi du temps se retrouve bien vite chamboulé et les voilà à bord d’un bateau nettement plus gros que le leur : un paquebot datant de la Seconde Guerre Mondiale. Les restes de l’équipage et les événement inquiétants qui ne tardent pas à se produire ne présagent absolument rien de bon.
Man of Medan constitue le 1er volet d’une série d’histoires d’horreur, que vous découvrirez avec le Conservateur (doublé par Benoît Allemane – Morgan Freeman, James Earl Jones… -, rien que ça), protagoniste intrigant qui vous explique les enjeux et fait de vous, joueur, un personnage de l’histoire : vous êtes celui qui décidez pour les héros, vous êtes donc responsable de leurs vies. Il vous le martèle : les choix ont des conséquences, et pas forcément celles que vous soupçonneriez.
Paquebot, flippant aussi
Le moteur de Supermassive Games n’a toujours pas à rougir, avec de chouettes décors bien modélisés (avec moins de faux pas, j’ai l’impression, que pour Until Dawn, et ils étaient déjà peu nombreux). Toutefois, certains visages ne sont pas franchement au niveau. C’est particulièrement vrai pour celui de Julia, tout simplement vide d’émotion la plupart du temps, tandis que celui du Conservateur est parfait. C’est un peu dommage car la crédibilité des visages et expressions faciales sont un atout majeur dans l’empathie et l’immersion.
Des environnements lugubres à souhait.
La direction artistique se montre quant à elle plutôt sympathique, avec des environnements lugubres à souhait. On pouvait craindre un manque de saveur étant donné qu’on évolue dans un bateau, mais les développeurs ont su relever le défi.
Comme pour Until Dawn, la musique d’intro est moderne, et même si j’ai plutôt du mal en général avec cela car cela peut donner une impression assez cheap, ça passe encore une fois très bien. En revanche l’intro par le Conservateur est un peu foirée en raison de la boucle de son évidente qui passe en arrière-plan. C’est genre super manifeste tant le début de la boucle est évident. Pour le reste de la direction sonore, on retrouve bien sûr les petits bruits angoissants qui participent à l’atmosphère. En revanche, on a parfois des manques de cohérence, comme lorsque les personnages sont censés chuchoter et qu’au lieu de ça ils parlent à un volume normal alors qu’il y a tout de même plus ou moins risque de vie ou de mort, excusez du peu.
Plongée en eaux doubles
Si vous avez joué à Until Dawn, vous serez en terrain parfaitement connu. Man of Medan n’apporte pour ainsi dire rien de nouveau côté gameplay solo, comme suggéré plus haut : des séquences d’exploration très balisées entrecoupées de choix binaires et de QTE, avec de temps en temps une activité de rythme (appuyer sur la touche au bon moment pour obtenir le bon rythme cardiaque et ne pas se faire repérer). Cela accompagne aisément le scénario, focus principal, mais on n’aurait pas dit non à un brin d’audace, boudiou !
Des séquences d’exploration très balisées entrecoupées de choix binaires et de QTE […]. On n’aurait pas dit non à un brin d’audace !
La nouveauté vient de la possibilité de jouer en duo en ligne. Chacun peut alors influencer la décision prise, ce qui modifie bien entendu les événements. Chacun peut aussi mourir, or l’objectif est de finir le jeu avec tout le monde en vie. Cela rajoute un peu de piquant et de dynamisme, et ça ne fait pas de mal. On note aussi la possibilité de jouer façon soirée TV, 5 personnes pouvant alors se passer la manette à tour de rôle pour incarner les différents personnages.
Il existe de nombreux objets et documents sur lesquels mettre la main afin de comprendre ce qui est arrivé sur le paquebot. On note le retour des images, sous forme de tableaux, permettant de visionner des prémonitions et d’orienter vos choix lors de moments cruciaux. Vous devrez pour cela les trouver dans le décor, mais elles ne sont généralement pas bien difficiles à déceler, pour peu que vous observiez un peu votre environnement.
Et là, ça cale
Sur la globalité, Man of Medan offre de beaux moments de mise en scène avec un chouette jeu sur les premiers plans/arrière-plans. La tension est présente tout du long et, même si l’on s’attend aux moments critiques (car c’est un slasher et qu’il y en a tout le temps), les jump scares fonctionnent à tous les coups.
De beaux moments de mise en scène avec un chouette jeu sur les premiers plans/arrière-plans.
Le scénario se révèle plutôt intriguant et intéressant, toutefois on nous révèle un peu trop tôt ce qui se trame – mais je peux être influencé par la brièveté d’une partie, à savoir 5h. Attention, il ne s’agit pas de la durée de vie de Man of Medan, qui réclamera que vous recommenciez plusieurs fois pour avoir toutes les scènes. Malgré tout, une fois qu’on a compris l’envers du décor, on l’a compris, et ça donne tout de même bien moins envie de s’y remettre.
Et dans le fait de devoir refaire le récit plusieurs fois se loge un problème : lors de ma 1e partie, il y a eu plusieurs moments où je n’ai tout simplement pas compris comment certains personnages étaient passés d’un point A à un point B. “Non mais attend la dernière fois que je les ai laissés ils entreprenaient telle action très importante, et là je les retrouve tout est fini, je ne sais même pas ce qui s’est passé ni si ce qu’ils ont fait a eu de l’intérêt.” Man of Medan ne vous montre pas de manière suffisamment explicite ces ellipses, car elles se confondent dans la narration et la mise en scène globales. Résultat : on a des moments de décrochage, et ce n’est pas normal. Il ne devrait pas être nécessaire d’avoir à refaire le jeu pour avoir un récit qui tient debout, mais bien pour en avoir une autre approche, le voir sous une autre lumière, etc.
Medan le panier
The Dark Pictures Anthology démarre bien sa petite croisade horrifique du slasher avec Man of Medan. Si le scénario offre une première partie qui se finit sur un goût de trop peu, il est néanmoins suffisamment intriguant pour qu’on y retourne volontiers. Le gameplay est radicalement mis en arrière-plan pour se concentrer sur l’histoire et la mise en scène, cette dernière étant pour le coup bien réussie. On regrette malgré tout une direction sonore parfois incohérente, de même que les décrochages du fameux scénario. Reste à voir ce que donneront les choix opérés ici dans les prochains jeux, puisque tout est lié.
► Points forts
- Mise en scène soignée et efficace
- Atmosphère du slasher par excellence
- Histoire intrigante et assez bien menée
- Chouette direction artistique
- Graphismes soignés
► Points faibles
- Même si le gameplay est au second plan, ça serait quand même pas mal d’étoffer un peu
- Assez court, avec un intérêt de rejouabilité somme toute limité
- Des ellipses mal maîtrisées
- Certains visages manquent franchement d’expressivité
Souquez les artimuses !
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080
- CPU : Intel Core i7-9700k @ 5GHz
- RAM : 16 Go DDR4
- Installé sur SSD M.2
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse PC fournie par l’éditeur de ce jeu.
The Dark Pictures Anthology: Man of Medan sera disponible le 30 août 2019 sur PC, PS4 et XB1.