Une console sans Skyrim, c’est un peu une raclette sans fromage ou Activision sans microtransaction : ça n’existe pas. Ainsi, le cinquième opus de la série The Elder Scrolls pose son casque à cornes sur la Nintendo Switch, pour un résultat sans appel.
Je mets les pieds où je veux, et c’est souvent dans la gueule
Dernier épisode solo de la licence en date, The Elder Scrolls V: Skyrim vous emmène en Bordeciel afin de devenir un Dovakiin, un enfant de dragon. Dans un pays déchiré par la guerre civile et une invasion de piafs râleurs que l’on appelle des dragons, vous allez devoir tailler votre route à coups d’épée, de boules de feu, de flèches ou de Thuum – le fameux pouvoir de la voix, popularisé par Alain Finkelkraut -, ou bien un peu de tout à la fois, c’est à vous de décider.
Car Skyrim vous offre le choix, à commencer par celui de votre nom, de votre ethnie et de vos attributs physiques. L’outil de création de personnage est relativement poussé et vous pourrez choisir parmi de nombreuses races, chacune possédant un pouvoir en particulier. Les Hauts Elfes se révèlent par exemple très irritants mais surtout très doués pour la magie, les Brétons y résistent mieux que les autres, etc. Modelez ensuite votre avatar avec des curseurs aussi variés que l’écart des yeux ou la hauteur de pommettes et plus rien ne vous arrête… jusqu’au billot où l’on vous attend pour faire sauter de vos épaule la tête que vous venez de vous appliquer à créer pendant deux bonnes heures.
Un monde gigantesque et fourni.
Fort heureusement, un dragon se pointe pour signer le retour de sa race et vous permet de vous échapper. C’est là que tout s’enchaîne et que vous devez opérer un nouveau choix pour lequel je me garderai bien de vous influencer : les chiens galeux d’Impérialistes qui viennent de tenter de vous assassiner, ou les rebelles Sombrages. Sans proposer des dialogues avec options aux conséquences diverses et variées, Skyrim vous permet néanmoins de décider de la route qu’il vous convient d’emprunter dans un monde gigantesque et fourni.
Tu es un livre ouvert. Littéralement.
On tient en fait ici le défaut principal de Skyrim quant à sa revendication de se présenter comme un RPG, et c’est en fin de compte le même que Fallout 4 : le personnage incarné par le joueur n’a pas de personnalité qui va influencer la perception des autres à son égard et les possibilités de dialogue. Un titre comme Divinity: Original Sin 2 le fait très bien, par exemple. Du reste, vous pourrez, à plusieurs reprises, choisir entre deux voies et même si cela vous permet de vous engager pour la suite des événements, on regrette que cela demeure binaire.
Le personnage incarné par le joueur n’a pas de personnalité qui va influencer la perception des autres à son égard et les possibilités de dialogue.
En découle que les dialogues constituent avant tout des prétextes pour récupérer des quêtes et obtenir des informations supplémentaires sur l’univers du jeu ou les missions en cours, les PNJ se résumant ainsi essentiellement à des livres que l’on feuillette – et ça n’a pas l’air de les gêner puisqu’il restent parfaitement indifférents à nos palpations, les coquinous (comprenez par-là que les animations faciales sont toujours à la ramasse).
Toute cette immensité baignée de glace est notre royaume
Mais ce qu’il y a d’irrésistiblement cool dans Skyrim, c’est la richesse du monde que vous avez à explorer, d’autant que cette version Switch embarque tous les très bons DLC parus : Dawnguard, Hearthfire et Dragonborn. On est sur de l’excellent RPG avec dungeon crawling. Au détour d’un sentier, un tombeau à piller, passée une colline, une grotte à nettoyer de ses Givrepierres, et cette tour au loin ? On dirait bien des péquenots en toge noire à son sommet non ? Peut-on hurler “à l’assaut !” ? Puis-je envisager d’inspecter leurs entrailles avec la pointe de mon épée ? Réponse : fais tout ce que tu veux mon poulet, c’est Skyrim.
Il y aura toujours quelque chose à faire en Bordeciel et vous connaîtrez les joies de l’exploration. Vous en aurez envie. Et l’avantage, c’est que la carte est immense, le contenu dantesque et les quête légion. En gros, pas le temps de vous mettre au tricot (notez que de toute manière une armure protège bien mieux). Et puisque nous avons mentionné le combat, allons au fond du terrier avec le lapin, voulez-vous ? Les affrontements sont réussis même si au final assez statiques : j’appuie sur la touche du bouclier pour le lever et parer, puis je tape à mon tour. Transposons cela à l’arc : je tire ma flèche, j’évite celle de l’ennemi, je recommence. Cela est parfois compensé par la variété des adversaires puisque certains vous chargeront au corps-à-corps pendant que les autres resteront à distance, classique. Mais une fois débarrassé d’une catégorie, on retombe dans le linéaire. L’IA se montre toujours faiblarde, avec des adversaires restant parfois bloqués dans un encadrement trop étroit pour eux. Réaction ? Attendre patiemment de se faire cribler de flèches.
Fais tout ce que tu veux mon poulet, c’est Skyrim.
Se battre et piller, mais avec des joy-cons
Bordeciel se révèle très beau sur Nintendo Switch, profitant des apports de la Special Edition. Les paysages sont magnifiques, les vents glaciaux fouettent l’écran et, que ça soit en mode portable ou en mode TV, pas un pet de baisse de framerate à signaler. Rien, nada. Le titre propose du 720p à 30 FPS et la constance est de mise. À l’image d’un Serious Sam 3 VR: BFE, pour un jeu de 2011, Skyrim est très bien conservé et la direction artistique compense très largement l’âge. Si certains n’ont plus retouché au titre de Bethesda depuis sa version PS3, notez qu’il profite notamment d’un reshading et d’un affinage visible des textures.
Côté gameplay pur et dur, cette version Switch apporte bien sûr la possibilité d’emporter le jeu partout avec soi mais il est question de l’utilisation des joy-cons en combat. Ainsi, chacune de vos mains influe sur ce qui se passe à l’écran. Rien d’aussi incroyable que la VR, bien sûr. Prenons l’exemple du bouclier en main gauche et d’une épée en main droite. Levez la pogne gauche et le bouclier se lève pour parer les coups (de manière fixe), donnez un coup vers l’avant et l’adversaire ramasse ses dents, baissez le bras et le bouclier revient à sa position initiale. Côté droit, peu importe le mouvement réalisé, le personnage réalise un coup d’épée (le choix d’agiter le joy-con verticalement ou horizontalement n’a aucune incidence).
L’utilisation des joy-cons en combat : […] sympathique mais très peu pratique.
Dans les faits, cet élément de gameplay est sympathique mais très peu pratique. On s’en servira un peu histoire de briller dans les garden parties en racontant que bouger sa manette a une influence sur ce qui se passe à l’écran. Plusieurs problèmes : il faut jouer debout – assis, les mouvements sont plutôt mal repérés, aussi énergiques soient-ils -, il y a un petit temps de latence (plus prononcé si assis) et des erreurs peuvent se glisser dans les manœuvres, comme par exemple le bouclier qui donne un coup au lieu de se ranger. Par ailleurs, il n’est par exemple pas possible de tirer à l’arc ou même de bander ce dernier avec cette méthode, il faudra revenir aux bonnes vieilles gâchettes. Enfin, les phases de crochetages sont imprécises et le mouvement du crochet par rapport à l’orientation du joystick est erratique, ce qui vous posera de gros soucis une fois que vous voudrez vous atteler à des serrures au-delà du niveau novice (adepte, si vous êtes un vrai killer).
Fidèle à la légende
The Elder Scrolls V: Skyrim apporte à la Switch un superbe RPG qui vieillit très bien malgré ses quelques défauts. Un monde gigantesque à explorer et rempli d’événements et lieux à piller sur fond de musique passée au rang de classique incontournable et de scénario passionnant. Les apports des joy-cons sont amusants deux minutes mais lasseront rapidement en raison d’une précision pas vraiment à toute épreuve, on retient surtout la possibilité de jouer au jeu et ses DLC partout où l’on souhaite et sans soucis de baisse de framerate. La direction artistique se montre à couper le souffle et le titre profite d’une belle distance d’affichage sans clipping observé. On regrette toujours une IA aux fraises, le manque d’aspect RPG dans les dialogues et leurs possibilités, mais un certain nombre de choix (binaires) s’offriront à vous durant votre (long, très long) périple. Oui, Skyrim est toujours incontournable.
► Points forts
- L’un des meilleurs RPG de tous les temps, encore aujourd’hui
- Un monde riche au contenu dantesque
- Vous aurez envie d’explorer les moindres recoins
- Possibilité de jouer en FPS ou TPS
- Fluide, stable et beau
- Direction artistique superbe
- BO incontournable
- Histoire passionnante
- L’expérience Skyrim dans sa totalité
► Points faibles
- Animations faciales toujours à la ramasse
- IA qui l’est tout autant
- Le manque d’aspect RPG dans les dialogues
- Les combats au joy-cons, lassants et imprécis
- Le suivi erratique du joystick gauche dans le crochetage
Incontournable
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse offerte par Bethesda.
Trailer E3 2017 The Elder Scrolls V: Skyrim sur Nintendo Switch
The Elder Scrolls V: Skyrim sera disponible le 17 novembre sur Nintendo Switch, il l’est déjà sur Xbox 360, Xbox One, PS3, PS4 et PC.
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