Après nous avoir livré pléthore de jeux prônant le recyclage jusqu’à leurs suffixes respectifs, le studio Nadeo décide de revenir aux sources avec un remake de son épisode Nations, sobrement intitulé Trackmania.
Dérapage contrôlé
Alors que les premiers rayons de soleil commencent tout juste à chatouiller les routes de campagne, la série de jeu de course arcade Trackmania décide de faire son grand retour sur nos écrans.
Quatre ans après un épisode Turbo plutôt réussi, les studios Ubisoft et Nadeo effectuent un véritable retour aux sources avec la sortie d’un nouvel opus, remake déguisé du vieillissant Trackmania Nations.
Ubisoft et Nadeo effectuent un véritable retour aux sources.
Fini donc les véhicules différents des épisodes Valley, Canyon et Lagoon, ici il est question de piloter une unique Formule 1 à la manière des vieux opus. Pas de panique Messieurs, vous aurez donc de nouveau l’occasion de retrouver les sensations incroyables de parcourir une piste de rallye (et toutes sortes de offroad) aux commandes d’une Formule 1.
Bien évidemment, les différences avec les récents opus ne s’arrêtent pas là. Trackmania est avant tout un remake de Nations avec les qualités et les défauts du volet de l’époque.
Tout d’abord, il faut savoir que le titre laisse de côté le modèle économique des récents opus — qui consistait à payer à l’achat — pour revenir sur un système free-to-play. Enfin “free-to-play” il faut le dire vite, car même si ce n’est pas complètement faux, la version free-to-play de ce remake reste tout de même très limitée.
Après tout, Ubisoft reste une entreprise et il faut bien renflouer ses caisses. Il n’est donc plus question de farcir son jeu de publicité en tout genre comme c’était le cas pour Nations et Nations Forever, mais de proposer un modèle économique de type freemium.
Cashmania
Le principe est simple : les joueurs qui ne souhaitent pas débourser d’argent pourront profiter d’une version limitée du jeu avec seulement 25 circuits (qui se renouvelle chaque trimestre), tandis que les joueurs qui craqueront pour un abonnement se verront accéder à bien plus de contenus, comme l’éditeur de niveau, la customisation de sa voiture, l’accès aux clubs (les guildes du jeu) ainsi qu’une multitude de nouveaux circuits.
Il existe à l’heure actuelle 3 types d’accès. L’accès Starter qui est totalement gratuit et qui permet aux joueurs de participer, aussi bien en solo qu’en multijoueur, aux 25 courses de la campagne officielle, renouvelées tous les trimestres. Les circuits créés par les autres joueurs ne seront accessibles que via la Chaîne Arcade, qui propose régulièrement des playlists de circuits.
Ensuite vient l’accès Standard. Il s’agit d’un abonnement à l’année (9,99 euros) qui permet, en plus du contenu gratuit, de profiter entièrement de l’éditeur de niveau et des créations des joueurs, un accès à la sélection “Circuit du Jour” (qui propose chaque jour un nouveau circuit) ainsi que la possibilité de participer à des compétitions quotidiennes. Un prix qui reste honnête, notamment lorsque l’on sait qu’à la fin de leur abonnement, les joueurs conserveront tous les circuits du jour débloqués.
L’accès Club quant à lui est plutôt à destination des joueurs les plus investis. En effet, contre la somme de 29,99 euros par an, les abonnés pourront accéder à des contenus et activités spécifiques comme des campagnes spéciales, des salons en ligne et des compétitions exclusives. En amont, les joueurs bénéficiant de l’accès Club pourront, comme son nom l’indique, créer des clubs (des sortes de guildes) afin de partager leurs créations et organiser des événements. L’accès Club donne également accès à l’Open Grand League, un tournoi organisé par Ubisoft Nadeo permettant de se qualifier pour la Trackmania Grand League.
À l’instar de l’accès Standard, à la fin de leur abonnement Club, les joueurs garderont tous les circuits des campagnes officielles et du mode Circuit du Jour.
Il s’agit là d’un modèle économique qui sied bien plus au genre du MMO que du jeu de course. Alors qu’est-ce qui est passé par la tête des développeurs ?
Trackmania est parti pour durer des années dans la pure tradition des jeux service.
Ce qu’il faut savoir, c’est que Ubisoft Nadeo compte bien dorloter son bébé pendant un long moment. Les développeurs ont prévu une multitude de contenus pour les mois qui arrivent, entre compétitions, tournois, circuits journaliers et événements en tout genre.
Trackmania est donc parti pour durer des années dans la pure tradition des jeux massivement multijoueurs. Avec ce nouvel épisode, Ubisoft Nadeo emmène la saga Trackmania du côté des jeux en tant que service (Game as a service), pour le meilleur comme pour le pire.
Une telle décision fera probablement grincer des dents, et c’est tout naturel. On parle tout de même de payer un abonnement pour jouer à un jeu de course, ce n’est pas rien. Cependant, le prix de l’abonnement de Trackmania est dérisoire si on le compare avec d’autres abonnements du genre. Il s’agit ici de payer 10 euros pour toute une année (pour le format standard). De plus, il ne faut pas oublier qu’à la fin de leurs droits d’accès, les joueurs gardent tous les circuits du jour débloqués, ce qui revient à 365 nouveaux circuits (un par jour donc, c’est bien vous suivez).
Le plaisir de la Track
Concernant le gameplay, on reste dans du Trackmania. La maniabilité très arcade caractéristique de la série est toujours présente pour le plus grand plaisir des fans. On a même remarqué une petite amélioration au niveau de la physique des véhicules, très appréciable.
La maniabilité très arcade caractéristique de la série est toujours présente pour le plus grand plaisir des fans.
Et puisqu’on parle de choses appréciables, on notera également l’ajout de nouveaux blocs “à effets” comme par exemple le bloc Fragile qui oblige à rester cloué sur la route sous peine de casser sa voiture au moindre saut, les blocs qui empêchent de tourner obligeant le joueur à bien calculer sa trajectoire à l’avance, ou encore les cerceaux qui donnent la possibilité de planer façon Retour vers le Futur.
De quoi renouveler le gameplay et nous faire oublier le manque de variété au niveau des environnements des circuits. Le plaisir est donc toujours présent et on retrouve sans problème cette volonté addictive de recommencer encore et encore les mêmes courses afin de débloquer les sacro-saintes médailles Nadeo. Enfin du moins quand elles ne sont pas réinitialisées à chaque mise à jour, n’est-ce pas Nadeo ?
On regrettera toutefois la disparition de la plupart des modes de jeu de l’épisode Turbo comme le Double Driver, Fun ou encore Mono Screen. Les modes emblématiques de la série sont cependant de retour et leur disponibilité dépendra du choix de votre abonnement. En vrac, nous avons bien évidemment le mode multijoueur (en local ou en ligne) qui permet de se mesurer au temps des autres joueurs ; le mode éditeur de niveaux qui permet de créer ses propres circuits afin de les partager (ou non) en ligne ; ou encore le mode Hotseat qui permet aux joueurs de jouer à tour de rôle sur une même machine. Ce nouveau Trackmania se contente donc du minimum syndical et c’est bien dommage.
Un coffre beaucoup trop vide
Ce sentiment de faire le minimum syndical se ressent également dans la sélection des circuits. À l’heure actuelle, Trackmania ne propose pas plus de 75 circuits au total (et pas vraiment les plus inspirés) en comptant les entraînements, la campagne officielle et les circuits du jour. Comparé aux 200 circuits de Trackmania Turbo qui proposés, eux, des gameplay bien différents suivant les véhicules et les lieux choisis, ce nouvel opus ne fait clairement pas le poids, abonnement ou pas.
Alors certes, le contenu du titre viendra s’étoffer au fil des mois, mais pour le moment, Trackmania fait clairement office de démo jouable.
Pour le moment, Trackmania fait clairement office de démo jouable.
Et c’est sans parler des graphismes qui sont à des années-lumière de Turbo. Alors oui, Trackmania reste beau si l’on prend le côté purement technique en compte. Les textures sont nettes, les reflets sont jolis, mais c’est justement là le problème : tout est beaucoup trop lisse, trop plat.
Certains me diront “Oui, mais c’est un remake de Nations, c’est normal.” Oui, mais non. Il s’agit en effet d’un remake et non d’un remaster. Alors forcément, vu que tout se déroule dans un stade, on perd forcément toute la beauté des paysages et des environnements des épisodes Valley, Canyon et Lagoon — mais ce n’est pas le problème. Pour preuve, Trackmania Stadium est plus joli et se déroule dans un stade… et il a plus de 7 ans.
Une belle démo
En définitive, Trackmania est un bon moyen de faire connaître la licence à de nouveaux joueurs. Plus accessible que les anciens épisodes Nations et Nations Forever et plus joli visuellement, ce nouvel opus n’en reste pas moins extrêmement fainéant pour l’heure. Avec seulement une 60e de circuits — si l’on exclut les entraînements — et la disparition d’une bonne partie des modes de Turbo, on ne peut décemment pas dire que Trackmania brille par son contenu. En tout cas, rien qui ne justifie pour le moment de craquer pour un abonnement. Reste à voir ce qu’Ubisoft Nadeo nous prépare pour les années à venir. Le studio semble avoir une feuille de route bien remplie et ça fait toujours plaisir. Le principe de proposer un nouveau circuit par jour reste une bonne initiative afin de renouveler l’expérience. Initiative qui, malheureusement, ne trouvera son plein potentiel que dans plusieurs mois. En attendant, Trackmania Nations Forever reste disponible gratuitement sur Steam.
Ce qu’on a aimé :
- Le feeling Nations bien présent
- Les nouvelles fonctionnalités de blocs
- L’éditeur de niveaux bien plus ergonomique
- Le suivi promis par Ubisoft Nadeo
- Les clubs
Ce qu’on n’a pas aimé :
- La version gratuite trop limitée
- Le manque flagrant de circuits
- Le manque d’inspiration pour les courses
- La direction artistique très (trop?) minimaliste
- L’abonnement obligatoire pour pouvoir profiter pleinement du jeu
- La disparition de certains modes de jeu
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous avez été déçu par les récents Trackmania et le feeling Nations vous manque.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous possédez déjà Turbo.
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- Nvidia GTX 1080
- AMD Ryzen 5 1600X
- 16GO RAM
Trackmania est disponible sur PC uniquement.