Square Enix fait souffler un vent de nostalgie sur le RPG Japonais ces temps-ci avec la sortie successive des remakes de Final Fantasy 7 et de Trials of Mana. Si le premier parvient à moderniser l’un des grands classiques du genre pour le hisser au niveau des production actuelles, qu’en est-il du second ?
Histoire de ne pas faire moi aussi dans le remake
Rangez les fourches et les torches, je viens en paix. À l’image de l’aperçu réalisé sur ce jeu il y a un mois je tiens à préciser quelques points importants avant de vous lâcher dans ce test.
Je n’ai toujours pas joué à Seiken Densetsu 3 (opus dont Trials of Mana est le remake) et je critiquerai donc cette œuvre comme un J-RPG classique (dans son appellation la plus noble). Si la série des Mana n’est pas vraiment chère à mon cœur, d’autres licences de l’époque le sont et me permettent d’être sensible à toute la nostalgie que dégage le titre.
Au terme de la démo gratuite du jeu (testée pour l’aperçu), j’ai souligné voire encensé cette nostalgie, tout en relevant des questions quant à la progression dans le jeu et l’évolution de son histoire. L’heure est désormais au verdict, bien plus mitigé que je ne le pensais.
Si le scénario est classique (avec son gimmick d’un nombre précis d’objets à réunir), il ne faut pas oublier qu’il reprend la trame principale du jeu d’origine sorti en 1995. Alors certes l’histoire avance à 100 à l’heure, est pleine de clichés et peinera à surprendre mais ne dépaysera en aucun cas les habitués du genre. Le problème n’est donc pas tellement le scénario ici, mais bien plus sa mise en scène.
C’est dans les vieux plot qu’on fait les meilleures souches
Et l’histoire autant en parler de suite tant elle divisera les joueurs. Le synopsis est simple : l’Arbre de la déesse Mana se meurt tandis que dans l’ombre les forces du mal sont à l’oeuvre. Vous incarnez trois héros, natifs de royaumes différents, embarqués malgré eux dans une quête pour sauver le monde. Il vous faudra pour cela réunir les 8 esprits élémentaires disséminés à travers les continents afin d’ouvrir un portail vers l’Arbre sacré, où repose la légendaire épée de Mana.
C’est niais. Je cherche d’autres mots, peut être plus positifs, mais rien d’autre ne vient. La mise en scène de Trials of Mana se prend bien souvent les pieds dans le tapis pour au final nous proposer un résultat bien trop cucul. Les dialogues font dans l’explicatif pur, certains éléments de l’intrigue sont expédiés à la hâte (le maillet nain par exemple, vous comprendrez) et peu d’émotions parviennent à se dégager de tout ça.
Si le scénario est classique, il ne faut pas oublier qu’il reprend la trame principale du jeu d’origine sorti en 1995.
Le jeu essaye pourtant, à quelques occasions, de vous tirer des larmes via des scènes mélos à souhait, mais le fait avec des personnages trop peu développés pour rendre le tout cohérent.
Cerise sur ce gâteau bien trop mielleux, un problème technique s’est glissé dans l’option qui permet de passer plus vite les dialogues. Appuyer sur la touche pour faire apparaitre le texte d’une cinématique d’un coup (au lieu du classique défilement au rythme de la voix des personnages) entraine une coupure malheureuse sur le dialogue suivant.
Résultat ? Il vous faudra donc choisir entre subir ces scènes dans leur intégralité, ou bien passer à côté de certains éléments de l’intrigue en essayant d’aller un peu plus vite.
C’est d’autant plus dommage que la trame principale de Trials of Mana est portée par un groupe de personnages intéressants et hauts en couleurs qui amènent avec eux des thématiques fortes (bien souvent axées sur la famille).
Il vous sera demandé de composer votre équipe à partir de 3 de ces héros.
Charlotte a perdu ses parents jeune et ne peut, impuissante, que voir son meilleur ami être enlevé, Angela tente de rendre fière une mère qui ne cherche qu’à la sacrifier, Kevin doit faire face aux attentes bien trop guerrières de son paternel, Hawkeye doit endosser le meurtre de son frère d’arme pour sauver celle qu’il aime, Riesze a perdu père, frère et royaume tandis que Duran chercher à rétablir son honneur après avoir été vaincu par un étrange sorcier.
En début d’aventure il vous sera demandé de composer votre équipe à partir de 3 de ces héros. Chacun d’eux dispose d’attaques, de compétences et de classes différentes tandis que des éléments de la trame principale tels que le point de départ, l’antagoniste principal ou bien la conclusion changeront en fonction de votre choix.
Duran Duran
Mais puisque l’histoire a déjà été traité intéressons nous ici aux combats, certainement la plus grosse force du jeu. Trials of Mana propose un gameplay d’Action RPG relativement simpliste (mais pas simplet) à la personnalisation assez poussée.
Lors des combats vous déplacez votre personnage librement au sein d’une zone de combat circulaire. Vous alternez entre attaques faibles et attaques puissantes pour réaliser divers combos basiques aux effets particuliers (dégâts de zones, attaque aérienne, projection, etc…) et pouvez esquiver les attaques adverses symbolisées par des zones d’effets rouges. Le tout se veut accessible, fluide et rend les affrontements relativement dynamiques.
Chaque personnage bénéficie de sorts spécifiques que vous pouvez lancer durant les combats moyennant quelques PM et une jauge se remplit, à mesure que vous parvenez à vaincre des ennemis, pour vous permettre de lancer des coups spéciaux dévastateurs.
Ces sorts, comme les compétences passives de nos héros, s’obtiennent au sein d’un menu baptisé “Evolution“. Le principe est simple, chaque niveau passé permet de gagner un point d’évolution que vous pourrez répartir dans l’une des 5 caractéristiques (Intelligence, Sagesse, Force, Résistance, Chance) de votre personnage. Vous augmenterez ainsi ses stats et débloquerez petit à petit de nouveaux actifs et passifs que vous pourrez utiliser en combat.
Trials of Mana propose un gameplay d’Action RPG relativement simpliste, mais à la personnalisation assez poussée.
Le fonctionnement des passifs est par ailleurs intéressant : certains peuvent être équipés sur n’importe quel héros tandis que d’autres se montrent plus spécifiques. Vous devrez quoi qu’il arrive faire des choix, car les personnages ne peuvent posséder qu’un certain nombre de compétences passives.
Ce système permet de pleinement personnaliser ses héros et de composer l’équipe de ses rêves, mais vient avec une contrepartie de taille : les classes. Passé le niveau 18 vous pourrez acquérir la classe 2 de vos personnages. Vous aurez le choix entre une classe d’ombre ou de lumière, chacune ayant ses forces et faiblesses.
Ces classes apportent un réel vent de fraicheur dans les combats avec, pour certains personnages, l’émergence d’un gameplay particulier. Malheureusement elles arrivent un peu tard et le contenu précédent leur acquisition peut se montrer bien redondant. Elles procurent également un manque de visibilité sur le long terme, car les caractéristiques importantes d’une classe 2 sont différentes d’une classe 1 (occasionnant dès lors la nécessité d’une réattribution de points qui ne peut être effectuée qu’à un endroit précis du jeu, peu pratique).
Rajouter de la chance dans un système de progression, une idée dont on se serait bien passé.
Et quant à parler des classes autant aborder le cas épineux des classes 3 qui vous demanderont d’être niveau 38 et de posséder un item précis pour être débloquées (obtenable de manière aléatoire via des graines, elles-mêmes trouvables dans des coffres ou en drop de fin de combat). Rajouter de la chance dans un système de progression, une idée dont on se serait bien passé.
Il est où le cactus ?
En dehors des combats force est de constater que Trials of Mana s’en sort également très bien. L’exploration est agréable, les espaces que l’on arpente sont diversifiés, et regorgent de coffres cachés et d’objets à récupérer. Le contenu dissimulé est certes basique mais fait très bien son office, ce qui nous pousse à s’aventurer dans les moindres recoins d’une zone.
Au rayon des idées intéressantes, on retrouve P’tit Cactus, une bestiole au design improbable qui se cache dans chaque zone traversée. Plus vous parviendrez à le trouver, plus il vous offrira de bonus (Exp x 2, réduction dans les magasins, équipements spéciaux, etc…). On est encore une fois face à quelque chose de fort simpliste, mais qui, dans sa réalisation, se montre diablement efficace.
L’exploration est agréable, les espaces que l’on arpente sont diversifiés, et regorgent de coffres cachés.
RPG de la vieille époque oblige, le monde s’ouvrira à vous passé un certain point via l’utilisation d’un navire (enfin navire, l’appellation n’est pas des plus exactes) puis d’un appareil volant (et là je ne vais même pas rentrer dans les détails). Si la magie opère lorsque l’on commence à arpenter le monde par les flots, avec toute la nostalgie que cet instant peut dégager, on regrettera le manque de territoires annexes à visiter. En définitive on débloque des lieux importants pour la trame principale, guère plus.
Ce contenu annexe, il se retrouvera bien plus une fois l’histoire finie puisque Trials of Mana propose un nouveau chapitre inédit (qui s’ajoute assez bien au scénario original), ainsi qu’un palier de classe supplémentaire (classe 4) à débloquer pour chacun des personnages jouables. Ajouté au new game + et aux variations de l’histoire selon le choix de nos héros de départ, c’est un contenu plus que conséquent qui vous attend dans ce remake.
Techniquement à la hauteur
Petit passage par la technique avant de conclure, Trials of Mana s’en sort plutôt bien côté direction artistique. Certes le rendu coloré voire un peu kitsch ne plaira pas à tout le monde, mais il est indéniable qu’un travail admirable a été effectué pour passer Seiken Densetsu 3 au monde de la 3D. Certains décors sont franchement réussis et le jeu ne m’a, pour ma part, jamais visuellement dérangé.
Côté bande-son les thèmes de Trials of mana ont été remastérisés pour ce remake et le rendu est impeccable. Les plus nostalgiques pourront laisser l’ancienne BO du jeu tourner, même si on regrettera un manque de diversité dans les compositions (les thèmes sont très sympathiques, mais souvent réutilisés d’un lieu à l’autre).
Côté doublage rien à redire si on se met d’accord sur le fait que le doublage anglais n’existe pas (jouez-y en VO par pitié).
Nostalgique, mais pas que
Trials of Mana est loin d’être exempt de défauts. Sa mise en scène laisse à désirer, il souffre de quelques problèmes de rythme et certaines décisions en termes de progression sont sujettes à débat. Mais il a pour lui un système de combat percutant et une exploration agréable. Surtout, il a cette étincelle de nostalgie qui m’a rappelé tous ces classiques que j’ai pu découvrir plus jeune. En définitive le jeu ne parvient pas à se hisser à notre époque alors il nous ramène dans la sienne, et c’est en soit une réussite.
Ce qu’on a aimé :
- Le système de combat accessible et dynamique
- Le choix des héros et leur personnalisation
- La bande-son remasterisée
- L’exploration simpliste mais agréable
- La nostalgie que dégage le titre
Ce qu’on n’a pas aimé :
- Les dialogues bien trop cucul
- La mise en scène maladroite
- La progression assez mal gérée
- Peu de contenu annexe à l’exception du endgame
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous êtes du genre nostalgique, aimez personnaliser votre équipe de combattants et les histoires simplistes ne vous rebutent pas.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous n’aimez pas les J-RPG, les dialogues cuculs et vous ne supportez pas de jouer en VO.
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- Nvidia GeForce GTX 770
- Intel Core I7-4770
- 8Go de Ram
Trials of Mana est disponible sur PC, PS4 et Switch