Test Valkyria Revolution – Le spin-off de la honte
À sa sortie en 2008, Valkyria Chronicles avait bénéficié d’une aura particulière et d’un énorme succès critique et populaire. Presque dix ans plus tard, la série revient sur console de salon avec Valkyria Revolution, qui entreprend de nombreux changements. L’aura a disparu et le succès ne sera ni critique ni populaire ; on pourrait plutôt envisager au mieux une crucifixion ou une rapide lapidation.
Test Valkyria Revolution – J’ai mal à ma narration
Valkyria Revolution met en scène un conflit fictif, comme ses prédécesseurs. Exit le cadre de la Seconde Guerre mondiale, bonjour celui de la révolution industrielle. On y découvre le petit royaume du Jutland qui, lassé de la domination de l’Empire Rus et de sa fédération BRuFH, décide de rentrer en conflit avec le géant militaire. Le postulat de départ est finalement assez similaire à celui de Valkyria Chronicles et semble intéressant. Ce qui est malheureux, c’est que tout ce potentiel est gâché par l’envie de Media Vision de multiplier les histoires et les points de vue.
La guerre nous est contée par deux personnages inutiles et inintéressants qui se penchent sur le cas de cinq protagonistes, les “cinq traîtres”. Ces derniers forment une sorte de société secrète ayant pour vocation de se venger de l’Empire en contrôlant les principales institutions et nerfs de la guerre : le renseignement, l’industrie, les médias, la politique et l’armée. Amleth, le personnage du joueur, est placé à la tête de la dernière. Capitaine de l’escouade Vanargand, il est celui qui mène l’affrontement face à l’Empire, accompagné d’une ribambelle de personnages secondaires sans saveur que le studio essaye tant bien que mal de nous faire apprécier en les faisant parler bien trop souvent.
Et c’est un des nombreux torts de Revolution que l’on aborde ici. Les personnages parlent beaucoup trop pour finalement ne rien dire. Ajoutez à cela une mise en scène catastrophique, et on se retrouve face à des scènes “cinématiques” soporifiques qui laissent le joueur envisager le suicide une dizaine de fois par session de jeu. Les opus passés, eux aussi particulièrement loquaces, mais servis par un casting attachant et dotés d’une mise en scène qui avait le mérite d’exister, faisaient mouche.
Historiquement, la série des Valkyria prend son temps sans jamais vraiment frustrer le joueur qui se laisse porter. Ici, il est impossible de ne pas constater à quel point l’ensemble manque de dynamisme. Malgré une lenteur crasse, chaque événement est juste survolé par le scénario qui s’attache à l’impossibilité la plus totale de s’y intéresser. S’il est possible de transformer un mauvais jeu en bonne surprise grâce à une narration aux petits oignons, il semble que l’inverse soit également possible. Si encore le gameplay rattrapait l’ensemble… Tristement, ça n’est pas le cas.
Test Valkyria Revolution – Le saccage d’un genre
Chronicles est mort, vive Chronicles. Mais alors pourquoi se lancer dans un viol pur et dur d’une licence qui avait pourtant réussi à séduire tous les joueurs de jeu de rôle tactique ? Adieu stratégie, adieu tactique ! Il vous suffit maintenant de spammer un bouton dans une pure tradition de musou. Ô malheur, ô désespoir, c’est un mauvais musou. Les jeux du genre ont au moins le mérite de proposer des combats frénétiques et jouissifs, le titre ici présent parvient même à passer à côté de cet objectif et s’offre le luxe de proposer un gameplay aussi mou que sa narration.
Le joueur est plongé dans une arène, plus ou moins grande mais toujours vide, face à des hordes d’ennemis. Pour les défaire, il est possible d’attaquer au corps-à-corps ou à distance à l’aide d’une épée, d’un fusil ou de grenades. Il est également possible d’user de magies (appelées ragnite) relativement classiques : un sort de feu à distance, un en mêlée etc. Le problème : chaque action doit être entreprise lorsque la jauge d’action est remplie. La conséquence : un rythme saccadé qui rend l’action molle et sans intérêt. En plus de ça, les actions sont toujours les mêmes et le personnage n’a à sa disposition qu’un seul et unique combo qui se répète inlassablement.
Malgré tout, la jauge se remplit plus rapidement au fil de l’avancée de la mission et donne au jeu l’allure qu’il aurait dû avoir en permanence, celle d’un défouloir sans grande stratégie ni finesse, mais bien plus sympathique que sa version plus lente. Le joueur a d’ailleurs la possibilité de se mettre à couvert pour regagner des points de vie. Néanmoins, la mécanique ne présente aucun avantage puisque le regain de points de vie est affreusement lent et vous êtes virtuellement immortel contre les ennemis classiques. On préférera plutôt user des soins de nos alliés, bien plus rapides et efficaces.
En parlant des alliés, vous êtes effectivement accompagné de trois personnages supplémentaires. Chacun possède une classe avec des compétences et des statistiques qui leur sont propres. Cependant, peu importe la classe, les différences semblent maigres et assez peu déterminantes. On vous conseillera tout de même de veiller à avoir des personnages qui puissent vous soigner en cas de rencontre de boss notamment.
Les batailles contre les boss sont d’ailleurs bien plus intéressantes que le reste du soft dans la mesure où ceux-ci vous poussent à adopter un semblant de stratégie. Vous ne pouvez pas vous permettre de simplement leur rentrer dedans comme le reste des adversaires. C’est finalement une sorte d’aperçu de ce qu’aurait pu être le jeu s’il avait été bien pensé. Malgré l’intérêt relativement rehaussé durant ces joutes, les boss sont bien trop solides et les affrontements deviennent lassants sur la durée. C’est également l’occasion de constater que nos alliés sont plus des boulets que des aides, et ne servent finalement qu’à soigner le joueur au mépris d’une gestion intéressante de leur comportement.
Test Valkyria Revolution – Vous perdrez bien un peu plus de temps ?
C’est d’ailleurs un des uniques systèmes intéressants dans le titre : vous pouvez modifier le comportement de vos alliés afin de les pousser à adopter une position particulière. Il est ainsi possible de les pousser à se concentrer sur l’utilisation des magies, de les forcer à être loin des combats, de les inciter à attaquer les ennemis à la santé la plus faible, etc. On se rapproche en fait d’un système de gambit similaire à celui de Final Fantasy. Malheureusement, impossible de véritablement constater l’efficacité du système tant nos alliés ont une tendance à se regrouper autours des ennemis de manière constante et particulièrement contre les boss.
Ce qui est dommageable, c’est la disparition de la gestion d’escouade. Par le passé, il était nécessaire de recruter ses troupes avec le choix de personnages plus efficaces en zone rurale ou urbaine ou encore quand ils sont entourés de certains camarades. Ici pas de choix, le roster est définit à l’avance. Chaque personnage correspond à une classe supposée avoir une utilité particulière, bien que la chose soit réellement limitée.
Il est toujours possible d’améliorer l’équipement de notre équipe avec le pôle recherche, permettant de nous équiper de nouvelles armes. De la même manière, il est possible de changer de tenue pour rendre ses personnages plus solides. Le problème étant que rien n’est expliqué et il est impossible de voir l’impact de tel ou tel équipement à l’avance. Si le système du “do it yourself” de Dark Souls qui force à tout essayer et constater de manière empirique fonctionne dans son cas, on constate qu’ici c’est la fainéantise des développeurs qui a parlé. Finalement, ces améliorations sont totalement dénigrées par le joueur à moins qu’il n’ait une réelle envie de perdre son temps.
Dans la même veine, il est possible de se balader dans la ville. Ces promenades ne servent à rien, soyons clairs. Vous pourrez y voir ici et là des “cercles”, c’est-à-dire des regroupements de personnages qui discutent entre eux et qui amènent à une phase de dialogue sans saveur qui vous font douter de la bonne utilisation de votre temps libre. En plus de ça, ces scènes ne sont pas doublées et ne bénéficient pas, comme le reste du titre d’ailleurs, d’une mise en scène.
Test Valkyria Revolution – Quand seule la musique est bonne, bonne, bonne
Un constat immédiat est fait durant les premières minutes de jeu, c’est à quel point le moteur graphique est gâché. Si les personnages sont beaux et fins, rapidement, ils se détachent de l’ensemble du jeu. L’aspect griffonné a pratiquement disparu et la grande partie du jeu tourne sous un moteur quelconque qui affiche un rendu franchement laid. Si certains décors parviennent à envoyer un peu de rêve, la plupart a tendance à donner la nausée. C’est à se demander si de véritables professionnels de la 3D ont travaillé sur le titre. Les environnements, plutôt variés, sont incroyablement vides, parce qu’il ne faut pas déconner, il ne faut pas donner un bon point au jeu.
Pour ce qui est des personnages, le chara design est soigné mais mélange pèle mêle des types aux allures de cow-boys à certains ressemblant à des chevaliers féodaux ou encore à des lambdas du XIXe siècle. Pour la cohérence, on reviendra, mais il ne faut pas cracher dans la soupe, ça n’est pas le point le moins réussit. Malgré tout il y a un véritable point noir. Les animations sont rigides et les déplacements donnent l’impression que le casting s’est collé un balai dans le… genou.
La technique en plus de cela est tout bonnement catastrophique. Les temps de chargement sont relativement longs. Ils surviennent entre chaque phase “cinématique” cassant encore plus le rythme déjà inexistant du jeu. Du crénelage est présent et nous avons même le droit à un clipping de textures et d’ennemis. J’envisage d’ailleurs de revendre ma PS4 pour racheter une PS2 puisque visiblement, on nous a menti, les deux machines ont la même puissance et font tourner des jeux de “qualité similaire”.
On pourra féliciter la musique pour son existence, on aurait aimé qu’elle se pointe avec sa pote la mise en scène, mais bon. On se trouve ici dans de la musique traditionnelle de J-RPG. Rien de très surprenant, mais c’est un des points les plus réussis du soft. On déplore malgré tout l’impossibilité de la musique à porter suffisamment un jeu pour qu’il soit conseillé. Et vous l’aurez bien compris, je ne conseille pas ce jeu. À personne : pas aux amateurs de musous, pas aux amateurs de RPG et pas aux amateurs de jeux vidéo non plus.
Valkyria Revolution est une honte, un jeu à éviter comme la peste. Si la volonté de prendre un risque semble louable, je ne peux absolument pas considérer qu’un studio bénéficiant d’un budget conséquent soit en droit de produire un titre comme celui-ci, allant jusqu’à renier ses racines et violer l’identité d’une série entière. À quel moment un titre comme celui-ci a-t-il pu passer les premières étapes d’un test QA, la question reste entière, en attendant, je vous conseille de retourner sur un bon jeu, Valkyria Chronicles.
► Points forts
- Vous aidera peut-être à trouver le sommeil
- Contempler le ciel me semble dorénavant une douce activité
- Beau par moment
- Les boss sont sympas…
►Points faibles
- …mais tellement tanky, rendant ces combats beaucoup trop longs
- Le charisme d’huître des personnages
- Le manque d’intérêt du scénario
- L’absence totale de mise en scène
- Où diable est passée la tactique dans les combats ?
- Et l’intérêt ?
- Laid la plus grande partie du temps
- Les temps de chargement intempestifs et longuets
Si l’ennui devait être représenté par un jeu, Valkyria Revolution en serait son égérie
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse PC fournie par l’éditeur de ce jeu.
Valkyria Revolution est sorti le 30 juin 2017 sur PS4 et Xbox One.
Valkyria Revolution est disponible chez notre sponsor Goclecd.fr (PS4/Xbox One).