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Après de nombreux reports et à l’aube de la next-gen, le 3e opus de la série Watch Dogs sort enfin. Après Chicago et San Francisco, c’est la ville de Londres qui est à l’honneur dans un futur proche à portée de vue… un brin oppressant, dans tous les sens du terme. Deadsec s’est exporté à l’international et vous incarnez un de ses agents, en lutte contre la montée d’un néo-fascisme aidée par la technologie. Enfin, un de ses nombreux agents.
Remember, remember, the 5th of novembre 2037
Vous pensiez que l’année 2020 était compliquée à vivre ? Attendez 10 ans et cela pourrait s’empirer selon Watch Dogs Legion. L’État est devenu le pantin des mégacorporations qui font désormais la loi. Les citoyens de Londres sont arrêtés au moindre signalement d’un algorithme douteux et le chômage provoqué par l’automatisation de métiers qui pensait impossible aggrave les choses. Certes, la criminalité a chuté drastiquement, mais à quel prix ? Le piège de la technologie s’est enfin resserré sur l’humanité.
Pour une société qui se défend d’avoir des messages politiques dans ses jeux, Watch Dogs Legion a tout d’un épisode anxiogène de Black Mirror, où le titre multiplie d’ailleurs les références à la série. La Livre sterling s’est effondrée, remplacée par une cryptomonnaie, les oreillettes de réalité augmentée sont communes, de nombreux monuments et lieux historiques ont été privatisés, voire militarisés pour garder la population en ordre, et la surveillance généralisée permet de connaître l’agenda et les relations d’une personne en temps réel.
Pour une société qui se défend d’avoir des messages politiques dans ses jeux, Watch Dogs Legion a tout d’un épisode inquiétant de Black Mirror.
Ce morceau de futur à portée de vue fait plutôt froid dans le dos, particulièrement immersif avec un Londres plus vrai que nature. Ubisoft prouve une fois de plus qu’il sait faire des mondes ouverts, notamment calqués sur la réalité. On reconnaît parfaitement le parlement britannique, mais beaucoup moins le niveau d’alerte de sécurité nationale projeté de manière holographique sur Big Ben. Des gardes lourdement armés patrouillent les rues, les drones tueurs “anti-terroristes” aussi.
Forcément, quand on creuse un peu, Albion mène des opérations un peu louches : intrusion systématique de la vie privée, quand il ne s’agit tout simplement pas de trafic d’êtres humains — la crise des migrants est à son apogée — en collaboration avec la mafia locale. Toutefois, Deadsec veille au grain. Le groupe de hackeurs/justiciers veut ouvrir les yeux à la population et prouver que la situation n’est plus vivable, invitant chacun à se rebeller en donnant l’exemple. Ajoutez un peu de V pour Vandetta dans votre œuvre Ubisoft et nous avons un contexte parfaitement dans l’air du temps.
Deadsec veille au grain. Le groupe de hackeurs/justiciers veut ouvrir les yeux à la population et prouver que la situation n’est plus vivable.
Malheureusement, cette ambiance saisissante est trop régulièrement rattrapée par une trame principale sans vraiment d’ambitions, sans parler d’une approche punk/fun de la révolte citoyenne. Si Watch Dogs premier du nom était un poil trop edgy pour servir son propos, le second opus avait trouvé un bon équilibre entre sujet sérieux et légèreté. Dans Legion, entre une IA à l’accent britannique qui lâche des blagues toutes les deux répliques, une mamie qui pratique le Krav-maga et un streamer qui exécute un backflip sur le dos d’un garde, on est clairement dans la deuxième catégorie.
Anarchists in the UK
La principale innovation apportée par Legion, c’est la possibilité d’incarner n’importe qui après une courte phase de recrutement. Pas de système de Light RPG lourdingue dont Ubisoft a le secret, mais simplement des compétences liées au personnage que vous contrôlez. Chaque personne croisée dans la rue est susceptible de posséder des capacités qui peuvent se révéler utiles. On peut rapidement être surpris par un banquier expert en explosifs ou d’une mère au foyer qui s’est commandé un fusil d’assaut sur le Dark Net. Heureusement, les mélanges vraiment farfelues sont assez rares, bien qu’il méritent d’exister.
Certains agents ont des facilités à pirater les dispositifs connectés à ctOS, par exemple, quand d’autres sont plus taillés pour le combat, en mêlée ou avec des armes à feu. Si certains gadgets sont communs à tous les membres, d’autres outils sont liés aux personnes qui les manient. Une fois qu’on a compris cela, on passe volontiers les premières heures à scruter la vie privée des passants pour déterminer s’il possède les qualités requises pour compléter son gang, chaque spécialité pouvant altérer les opportunités de gameplay de façon surprenante.
Pas de système de Light RPG lourdingue dont Ubisoft a le secret, mais simplement des compétences liées au personnage que vous contrôlez.
Une situation peut être réglée de manières bien différentes, même si une méthode donnée sera toujours plus efficace qu’une autre selon le contexte. Le repérage et l’infiltration sont toujours conseillés, mais si vous avez la flemme où n’avez pas de remords à flinguer de pauvres agents de sécurité qui n’ont rien demandé, vous pouvez tout faire péter. Il est même possible de réussir une activité sans jamais mettre un pied dans la zone interdite via le piratage, grâce à un level design plutôt diversifié et intéressant.
L’exploration est d’ailleurs totalement libre. Vous pouvez contribuer au soulèvement des différents boroughs de Londres dans l’ordre que vous souhaitez, avec des agents uniques à la clé. Les dernières missions de chaque quartier sont d’ailleurs assez chouettes avec des phases de gameplay souvent uniques.
Une situation peut être réglée de bien des manières différentes, bien qu’une méthode sera toujours plus efficace selon le contexte.
Malheureusement, comme souvent dans les jeux Ubisoft récents, la sensation de découverte s’efface vite. Si on apprécie la liberté d’approche, Legion n’est jamais réellement punitif quand le joueur fait n’importe quoi. La plupart des avant-postes peuvent être nettoyés sans réelles accroches ou conséquences. À quoi bon s’embêter avec le hacking si tout peut être réglé facilement par la violence ? Idem pour les drones de chantier qui permettent de passer outre des pans entiers de level design, en autres.
L’infiltration perd également de son intérêt quand on se rend compte que les gardes sont sourds et lâchent l’affaire trop rapidement à la moindre suspicion. Ils n’ont pas de vraies contre-mesures quand un robot-araignée est en train de les faire tourner en bourrique depuis 20 minutes, par exemple. L’I.A peut être abusée bien trop facilement. Même constat pour les courses-poursuites dans la ville qui n’offrent aucune tension.
Si on apprécie la liberté d’approche, Legion n’est jamais réellement punitif quand le joueur fait n’importe quoi.
Dans le genre des trucs qui ne changent pas : la conduite est toujours aussi ignoble. On laissera parfois volontiers la voiture autonome nous emmener à bonne destination. Sinon, il y a le métro londonien qui permet de se téléporter à n’importe quelle bouche… déjà visitée, bien évidemment. Les mystères du Jeu vidéo.
Bloody rootkit
C’est dommage, parce que les fondations de Legion reposent sur des systèmes assez impressionnants quand on se penche dessus. Les habitants de Londres ont tous un train de vie qui leur est propre : ils ont un métier (qui désigne généralement les compétences), un emploi du temps sur 24 heures, un quartier d’habitation désigné et des relations. Bien sûr, la même chose s’appliquer à ces derniers, et ainsi de suite.
En découle alors une narration par le gameplay assez surprenant pour un jeu Ubisoft. En se baladant dans la rue, l’interface met en évidence des personnes en relation avec les membres de Deadsec, ainsi que d’éventuels ennemis mortels. Rien n’est choisi au pif, puisqu’il peut très bien s’agir d’un garde neutralisé par un bon coup de pied dans l’entrejambe quelques missions auparavant. De la même manière, mieux vaut agir quand la petite sœur d’un autre membre du gang se fait contrôler par une patrouille.
Les fondations de Legion reposent sur des systèmes assez impressionnants quand on se penche dessus. Les habitants de Londres ont tous une vie qui leur est propre.
Ce sont ce genre d’événements imprévus qui apportent un peu de variété à la routine, comme un agent kidnappé — et donc indisponible — qu’il faudra aller libérer sans tarder. Oui, vous pouvez perdre définitivement un agent, bien que la mécanique de mort permanente soit facultative. On s’attache très vite à ses agents et certains deviennent des chouchous tout désignés pour tel ou tel type d’activité.
Si vous désirez réellement recruter une personne en particulier, vous pouvez alors consulter son emploi du temps personnel et tenter de lui filer un coup de main sur une tâche particulière afin qu’il accepte de rejoindre Deadsec. C’est très organique et assez vertigineux quand on y pense, mais le potentiel systémique qui en découle n’est jamais réellement exploité. Il y a des fans d’immersive sims qui tueraient pour avoir un système similaire.
C’est très organique et assez vertigineux quand on y pense, mais le potentiel systémique qui en découle n’est jamais exploité à fond.
On apprécie d’ailleurs fortement le travail titanesque qu’a dû représenter le générateur de citoyens. De la morphologie à la façon de marcher en passant par la personnalité et la voix, il y a beaucoup de diversité dans les rues de Londres, et chaque personnage répond naturellement à un autre pendant les dialogues. Certes, de grosses briques de construction finissent par se remarquer, mais Ubisoft a fait un gros effort pour la magie opère pendant un moment certain.
No Future
Pas de doute, Watch Dogs Legion est un jeu Ubisoft moderne: un monde ouvert immersif et fonctionnel, des sous-systèmes surprenants là où on ne les attend pas, mais le titre n’arrive pas vraiment à en tirer profit. La sensation de répétition se pointe rapidement et les opportunités de gameplay offertes sont limites trop nombreuses pour proposer une expérience équilibrée. Reste alors une bande de justiciers/hackers réunis au fil des actes de révolte aux quatre coins de Londres à laquelle on s’attache vraiment, et certaines histoires mémorables se créent d’elles-mêmes.
Ce qu’on a aimé :
- Un Londres futuriste crédible et oppressant
- Des agents variés aux capacités qui le sont tout autant
- Liberté d’exploration et d’approche
- Une simulation de la vie à Londres surprenante
- Le level design
- De la bonne musique, bien anglaise
Ce qu’on n’a pas aimé :
- On a beaucoup trop de mal à se sentir impliqué
- Un gameplay permissif qui se casse un peu trop facilement
- Un certain potentiel qui n’est jamais atteint
- Ça se répète vite, quand même
- Des activités annexes inintéressantes
- Qui a mis tout ce fun dans ma dystopie ?
- L’optimisation PC a été piratée
- Les podcasts qui repartent à zéro
Ce jeu est fait pour vous si :
Vous voulez découvrir une nouvelle ville revisitée par Ubisoft ; vous aimez créer des histoires par le gameplay.
Ce jeu n’est pas fait pour vous si :
Vous pensez que le Cyberpunk, c’est sérieux ; vous ne supportez pas voir un potentiel inexploité.
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Configuration de test :
- GPU : NVIDIA RTX 2080 Ti
- CPU : Intel Core i9-9900k
- RAM : 32 Go DDR4
- Installé sur SSD
Watch Dogs Legion est disponible sur PC, Xbox One, PS4, et bientôt sur Xbox Series X|S et PlayStation 5.
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