Le plus célèbre des simulateurs de cassage de bouches de nazis est de retour pour un nouveau tour de manège. Ce bon vieux Blazco n’est pas mort, n’en déplaise au Reich, et il va même se payer le luxe de nous raconter un peu sa vie.
La führer de vivre
L’aventure démarre dans un fauteuil roulant pour Blazco. Après avoir explosé le Boucher – et lui avec -, il doit désormais se déplacer en fauteuil roulant pour commencer, puis dans l’armure de sa compère Caroline. Frau Engel pourchasse notre homme et a bien l’intention de lui faire mordre la poussière. Pour les résistants, une seule voie possible : libérer l’Amérique de l’oppression nazie. On démarre sur les chapeaux de roue : n’allez pas croire que le fait de se déplacer en fauteuil roulant va empêcher le héros d’éclater tout ce qui porte une croix gammée sur son passage.
Ainsi, au rythme de ses bras qui entraînent les roues (véridique), vous avancez en éliminant moult adversaires. Et voilà, le “La” est donné pour la suite du jeu. Car Wolfenstein 2 excelle dans son ton décalé. L’humour est présent tout du long et est savamment distillé de manière burlesque mais sans que ça sonne faux, bien au contraire.
Je pense par exemple au moment où l’on parle à Set et qu’en arrière plan plusieurs ennemis s’essaient successivement à travers son piège invisible pendant qu’on discute tranquillement. Le dernier nazi à tenter le passage le fait après examen plus approfondi du passage et surtout, il le fait sur la pointe des pieds, comme dans un dessin animé où le protagoniste veut éviter de réveiller le “chien méchant” en passant devant sa niche.
Parlons aussi des personnages, tous très bien écrits et avec des personnalités bien marquées. L’homme que l’on rencontre à notre arrivée en Amérique est par exemple totalement dans son délire d’invasion extraterrestre… alors quand on sait en plus qu’il vit à Roswell…
Tout le titre vous offre une pléthore de démonstrations comiques – qui m’ont pour le coup vraiment bien fait rire de nombreuses fois – durant votre aventure et cela participe pleinement à créer l’identité du jeu ainsi que son atmosphère, d’autant que l’univers est complètement barré, vous aurez l’occasion de le constater par vous-même.
L’humour est présent tout du long et est savamment distillé
L’histoire en elle-même est plutôt sympathique mais c’est surtout la narration et la découverte du passé de Blazcowicz qui font se démarquer Wolfenstein 2. Il faut bien le dire, ce supplément apporté au scénario entame le rythme du jeu car vous aurez de longs passages narratifs, mais il s’agit d’une bonne chose car les missions en elles-mêmes sont toujours autant survitaminées et les séquences filmées le sont à la manière d’un film de cinéma, pour un résultat très prenant et à contrepied de l’aspect purement bourrin coutumier des FPS.
Le jeu des acteurs est de plus très bon et participe ainsi à vous immerger dans cette uchronie plus crédible que jamais. Ajoutons à cela les différentes documents que vous pouvez trouver un peu partout, dont certains ont des résonances dans notre monde bien réel.
Destruction de cloison naziale
Venons-en au cœur du titre : le gameplay. En gros, Wolfenstein 2, c’est Wolfenstein premier du nom en mieux. Beaucoup mieux. J’ai beau avoir aimé le précédent opus, celui-ci fait tout mieux que son grand frère. En sus de la narration, mentionnons les gunfights, absolument jouissifs. Les armes offrent un superbe design et on se retrouve enfin avec un jeu qui gère à merveille les effusions de sang. Très réalistes ici, elles sont habituellement négligées. Cela participe à un rendu visuel cohérent et, mis à l’échelle d’un affrontement contre de gros escadrons de nazis, ça envoie sec.
Les combats s’enchaînent, nerveux, avec des ennemis qui, malheureusement et une fois encore, ont souffert d’une ablation du cerveau – on le savait parce qu’ils sont nazis, mais c’est aussi parce que l’IA est à revoir. S’ils ont le réflexe de se cacher, les nuisibles ont tout de même tendance à rester largement à découvert et à venir se faire défourailler à la chaîne.
En définitive, nous ne sommes de toute façon pas dans une simulation tactique mais dans du mitraillage en boucle, ce point n’est donc pas rébarbatif, c’est juste dommage.
En gros, Wolfenstein 2, c’est Wolfenstein premier du nom en mieux. Beaucoup mieux.
L’armurerie est assez étoffée et il est possible de l’améliorer grâce à des sacoches à collecter au cours de l’aventure. Vous pouvez donc ajouter une lunette à telle arme, un silencieux à telle autre, etc. Il existe aussi des armes lourdes que vous allez pouvoir ramasser fréquemment, en particulier le Lasergewehr, qui est comme son nom l’indique si bien un rayon laser aux effets pour le moins destructeurs et surtout désintégrateurs.
La seule chose que l’on regrette véritablement dans les combats en définitive, ce sont les bruitages du corps-à-corps, véritablement mous. C’est un peu comme si Blazko frappait un sac de farine, ça manque de punch. Pour le reste, les enchaînements corps-à-corps/lancer de hache/coups de feu sont magistraux. C’est bien simple, Wolfenstein 2, tout comme DOOM, me rappelle pourquoi j’aime les FPS. C’est old school, mais en même temps moderne, et ça s’enchaîne sans fausse note.
En plus de ça, on se retrouve avec des pseudo-super pouvoirs via un élément d’armure issu de la recherche ennemie : il faut choisir entre un plastron qui permet de se comprimer pour passer par des espaces étroits, des épaulettes qui font office de bélier et des échasses rétractables permettant de vous faire gagner en hauteur.
En musique, aryen suffit
Et justement, pour parler son, mentionnons Mick Gordon (qui a aussi signé la BO de DOOM), toujours au top. La BO de Wolfenstein 2 est très bonne et suit les scènes d’action comme les scènes plus calmes, nous entrainant parfois dans une légère atmosphère de série B.
Le résultat global est largement convainquant mais quel regret que les combats ne soient pas plus accompagnés, à l’instar de DOOM, de bon gros métal qui tache ! Je repense à une scène où des nazis déboulent et que des guitares se mettent à hurler et quand le combat déboule… elles s’arrêtent. Oh bah non !
Des nazis déboulent, […] des guitares se mettent à hurler et quand le combat déboule… elles s’arrêtent. Oh bah non !
Les bruitages sont bons, notamment ceux des armes qui claquent bien aux oreilles. Au passage, ce bon vieux Blazco a changé de voix. Même si la première était très bonne, il faut avouer que Patrick Poivey (Bruce Willis) dans la peau de notre héros, ça défonce tout de même sévère. En revanche, la synchronisation labiale est à revoir : les bouches qui continuent à bouger alors que la ligne de dialogue est terminée, c’est so yesterday.
Nazi Francky, c’est bon !
Ce Wolfenstein 2 déboule sous les meilleurs auspices. Une action relevée et très dynamique, des graphismes léchés et bien plus en phase avec leur temps (ceux du premier Wolfenstein étaient un brin délavés pour l’époque) et des effusions de sang enfin dignes de ce nom, sur fond de bande originale composée avec talent. Que demande le peuple ? À part la libération des États-Unis, bien sûr !
MachineGames a décidé pour l’occasion d’offrir une vraie narration au jeu et on découvre avec plaisir le passé de Blazkowicz ainsi que sa personnalité et ses états d’âme suite à l’événement dramatique qui donne le départ de cette nouvelle aventure. Si la synchronisation labiale est clairement à revoir et que l’IA est toujours faiblarde, on ne peut qu’aimer ce FPS pur jus qui fait la part belle à la dérision.
► Points forts
- Décalé à souhait
- Une bande son très réussie
- Graphismes soignés
- Des effusions de sang travaillées ! Oui !
- Bon doublage
- Radicalement barré
► Points faibles
- Donnez-moi du métal quand je défonce du nazi
- Synchro labiale à revoir
- IA parfois un peu à la ramasse
Le jeu qui rappelle ce que c’est, un bon FPS
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse PC offerte par Bethesda.
Wolfenstein 2: The New Colossus est disponible sur GoCleCd (PC) et Amazon (PS4/XB1).