Après un portage satisfaisant de DOOM sur Switch commandité par Bethesda, Panic Button tente de réitérer l’exploit avec Wolfenstein 2: The New Colossus. Est-ce que B.J Blazkowicz est toujours aussi badass et borderline sur la plateforme qui accueille Mario et Zelda ? On va voir ça.
Billy fait de la résistance
Quand un énième reboot de Wolfenstein a fait surface en 2014, honnêtement, on n’en attendait pas grand-chose. Pourtant, il fut la preuve que l’avenir des FPS solo était entre de bonnes mains chez Bethesda. Développé par Machine Games, le titre offrait un gameplay très classique, mais ultra efficace, accompagné d’une écriture et d’une narration surprenantes pour le genre, toujours avec une irrévérence sans précédent envers le régime nazi (sur lequel qu’on aime bien taper dessus, quand même).
Wolfenstein 2: The New Colossus sorti l’année dernière a réussi à reprendre la formule du premier épisode… mais en mieux. Le titre est loin d’être avare en dialogues et cinématiques, et l’écriture gagne encore en puissance et en finesse. Les situations sont encore plus absurdes que jamais (un petit voyage sur Vénus), et le gameplay s’affine afin de gagner réellement sa propre personnalité. Qu’on soit armé d’une machette, d’un (ou deux) fusil d’assauts ou d’un canon laser, on dézingue de l’aryen à tour de bras, et ça fait du bien. Tout ça avec la voix française de Bruce Willis, Patrick Poivey (R.I.P Patrick Béthune).
Noté 18/20 dans nos colonnes lors de sa sortie, Wolfenstein 2: The New Colossus était bien une suite digne de la légende de B.J Blazkowicz, dit Blazko le Barjo (on préfère quand même Terror Billy). Le monde révisionniste de Wolfenstein est magnifiquement construit et arrive à projeter sans effort le joueur dans un monde où l’Allemagne nazie aurait gagné la Guerre. Immersif et jouissif à jouer, on pousse la réflexion et la violence jusqu’à onze pour un impact encore plus important que son prédécesseur.
L’hybridation, ce n’est pas pur !
Du coup, avec le succès commercial de la Nintendo Switch, Bethesda semble avoir vu la Vierge et a décidé de porter quelques-uns de ses succès sur la petite console hybride. Pour l’instant, l’éditeur s’en tire sans trop d’accrocs. Après un portage de Skyrim mi-figue mi-raisin et un DOOM efficace, mais imparfait, le troisième gros titre à sortir sur Switch n’est nul autre que Wolfenstein 2: The New Colossus.
Le jeu tourne sur le vénérable Id Tech 6 qui est également le moteur phare d’Id Software et de DOOM. L’Id Tech est connu pour être une vitrine technologique, exemple parfait d’un code propre et optimisé (pas étonnant avec John Carmack comme géniteur). Si Wolfenstein 2 est développé par Machine Games, c’est bien à Panic Button qu’il en incombe de porter ce nouveau jeu sur la Switch. Le studio s’était justement distingué en portant DOOM sur la petite console pour un résultat satisfaisant à la limite du bluffant. Faire tourner un jeu moderne sur un hardware aussi petit semble relever de la magie noire, et pourtant ça tourne, et ça tourne bien. Avec l’expérience que le studio a accumulée sur DOOM, on peut s’attendre à du lourd pour cette version Switch de Wolfenstein 2.
Le premier truc qui frappe quand on lance le jeu, c’est se rendre compte à quel point la patte graphique fait toujours autant mouche. Il y a beaucoup de shaders trompe-l’oeil à l’oeuvre dans l’Id Tech 6, mais il faut avouer quand dans la plupart des scènes, on se croirait presque sur PS4 et Xbox One. Le jeu est toujours aussi joli et l’aspect graphique garde son côté anxiogène et étouffant entre deux fusillades, grâce à un éclairage volumétrique de qualité.
À l’instar de DOOM, le jeu tourne en 720p, que ce soit en mode TV ou en mode portable. Contrairement au titre d’Id Software, en revanche, le gameplay est un peu plus fin et demande plus de doigté quand il est question d’aligner des têtes de nazis. Même si l’aspect général du jeu reste agréable à l’oeil, il est parfois difficile de distinguer les cibles dans certaines scènes à cause de la faible résolution. Certaines textures sont clairement baveuses, vues de près, et les autres personnages principaux ont perdu en finesse. Des soucis de chargement de textures se font sentir aussi et il faut parfois quelques secondes pour qu’un objet ou un texte dans le décor que l’on observe précisément s’affiche correctement. Une fois qu’on fait abstraction des concessions graphiques, le jeu n’est clairement pas vilain et reste très impressionnant pour de la Nintendo Switch.
Le plus chouette, c’est que Wolfenstein 2 délivre toujours autant d’effets visuels sympathiques pendant les combats, comme les lasers et les effets de particules qui volent dans tous les sens quand le joueur découpe de la tôle ou fait péter une charge de son dieselkraftwerk. Il est impressionnant de voir que les textiles des uniformes nazis et les ragdolls sont toujours aussi bien régis par le moteur physique.
Une stabilité en super-béton
Comme DOOM, Wolfenstein 2 est originellement prévu pour tourner en 60 FPS sur consoles de salon. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a sûrement été possible de porter les deux titres sur Nintendo Switch. Malheureusement, cette transition se paye cher et on abandonne le nid douillet du 60 FPS pour un format à 30 images par seconde, pourtant plus classique pour l’environnement console. Les joueurs habitués à jouer à des shooters à la première personne à 30FPS ne seront donc pas dépaysés.
Si DOOM arrivait à tourner de manière satisfaisante, cela se gâtait dans les grandes arènes. Le jeu se ralentissait exprès pour éviter de perdre le joueur dans un framerate sous Ventoline. Pour Wolfenstein 2, on sent que Panic Button était en terrain connu. Si DOOM était satisfaisant, Wolfenstein 2 est remarquable. Le titre est d’une stabilité à toute épreuve et même le combat le plus explosif n’arrive pas à mettre à genou la puce Tegra de la console de Nintendo. Avec toutes ces concessions, le plus important, c’était que le jeu reste jouable en toutes circonstances, et c’est clairement le cas. Même dans les scènes avec le plus de personnages à l’écran (disons un défilé Nazi), le framerate ne bouge pas d’un iota.
Le motion blur y est également pour beaucoup. S’il n’est pas désactivable, il est déjà bien moins prononcé que sur DOOM et donne réellement un petit coup de pouce à la sensation de fluidité. Bon, du coup, les screenshots ne rendent pas justice à la qualité graphique passable du jeu, mais promis : ça bouge bien tout en étant plus que correct visuellement, et c’est le principal.
En fait, plutôt que de mettre tous les potards au minimum en espérant que ça passe comme sur DOOM, Panic Button a plutôt essayé d’effectuer une optimisation par petites touches en y apportant un soin tout particulier. Par exemple, certaines textures ont été rabaissées plus que d’autres et des animations de PNJ ont été simplifiées. Certes, ça n’arrange pas l’aspect graphique du jeu qui en prend encore pour son grade, mais la boîte de portage a fait des économies de bouts de chandelles dès que cela était possible, et ça paye. Wolfenstein 2 sur Switch est clairement bien plus abouti techniquement que DOOM, qui était déjà lui-même impressionnant.
À cela, vous pouvez rajouter les fonctionnalités exclusives de la Switch qui ne changeront pas la face du jeu, mais qui restent intéressantes. Comme DOOM, il est alors possible de jouer avec le gyroscope, ce qui apporte une précision supplémentaire non négligeable dans les combats. Bon, ça demande pas mal de temps d’adaptation, mais l’expérience devient gratifiante et assez unique, avec une sensation de précision proche de la souris (cette mécanique est indispensable dans Splatoon, par exemple). Les vibrations HD sont également mises à contribution : en mode portable ou avec deux Joy-Cons séparés, les manettes vibrent individuellement selon l’arme qui est tirée, si B.J en tient une dans chaque main. Effet garanti.
Ça va faire führer
Panic Button a réussi à transformer l’essai. Fort de son expérience avec le portage de DOOM, cette version de Wolfenstein 2: The New Colossus aurait pu difficilement être mieux à la vue des circonstances. Le jeu est souvent moche si on le compare aux autres plateformes, certes, mais il reste jouable dans toutes les conditions possibles grâce à son framerate qui ne flanche pas. Malgré les concessions graphiques, le jeu reste agréable en main et se laisse dompter avec plaisir. Différence d’images par seconde et résolution à part, on est réellement très proche d’une expérience qu’on pourrait avoir sur une PS4 ou Xbox One. Bien sûr, si vous avez le choix, il est toujours plus sain d’opter pour la version PC voire celle des consoles concurrentes, mais la version Switch de Wolfenstein possède ses propres qualités liées à la console hybride. Si la Nintendo Switch est votre plateforme de jeu principal et/ou dézinguer du nazi pendant le trajet du boulot ou en voyage est un fantasme de toujours, cette version portable des nouvelles aventures de B.J Blazkowicz est clairement un achat intéressant.
► Points forts
- Une histoire et une narration engageantes
- Un gameplay bourrin plus subtil qu’il n’y paraît
- Une VF de très bonne facture (avec la voix de Patrick Poivey)
- Mick Gordon à la bande-son
- Baisses de framerate très rares
- Visuellement satisfaisant pour de la Switch
- Gyroscope et vibrations HD mis à contribution
- Buter du nazi, pardi
► Points faibles
- Quelques faiblesses dans le gameplay agaçantes
- I.A trop simpliste
- Parfois brouillon à cause de la faible résolution
- Des concessions graphiques partout
- Quelques glitchs visuels
- Aucune information sur les DLC pour le moment
Deux ancêtres du FPS enseignent dorénavant la vie aux jeunes
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse Nintendo Switch, offerte par Bethesda.
Wolfenstein 2: The New Colossus sera disponible le 29 juin sur Nintendo Switch, et l’est déjà sur PC, Xbox One et PS4.
Un jeu qui prouve que la switch en a bien plus sous le capo que certains le prétendent ! ;)